leeron - breakin dishes {lee's boat}

breakin dishes 
ft. cameron alden, lee harper

Accroupie, recroquevillée dans un couloir de l'hôpital après qu'on lui ait annoncé les résultats de ses analyses, surprise et effrayée, elle s'était laissée aller à verser quelques larmes, sans grande retenue. Pour être honnête, elle s'était inquiétée quand le médecin lui avait demandé de se rendre au Mercy Hospital afin de discuter de ses examens. Généralement, dans ces cas-là, on envoyait au patient ses analyses par courrier, quand le spécialiste en arrivait au point de décrocher son téléphone pour lui demander de se déplacer, cela n'indiquait rien de bon. Mal à l'aise à l'idée de s'y rendre, l'estomac noué, les paumes humides elle s'était installée sur une de ces chaises inconfortables afin que le médecin lui annonce la nouvelle, avec enthousiasme. Il fallut peu de temps à l'homme en blouse blanche pour comprendre qu'il s'agissait plus d'une surprise que de quelque chose de programmé. Livide, à deux doigts de tomber dans les pommes, des étoiles se baladaient sous son nez alors qu'une chaleur vive l'envahit soudain. Alden lui a demandé s'il était sur, qu'il lui était possible de renouveler les tests au besoin, qu'il y avait forcément une erreur et que l'enfant qui grandissait dans son ventre s'y trouvait depuis près de 6 semaines, mais que pour plus d'informations et d'avantage de tests, elle se devait d'aller consulter un spécialiste.

Voilà, elle avait pleuré 10 bonnes minutes après avoir effectué sa première échographie et d'enfin prendre la décision de rentrer chez elle en se demandant ce qu'elle allait bien faire. Certes, la sergente possédait une maison, avait une bonne situation - tout est relatif - mais, cet enfant, il était le fruit de sa nuit avec Lee. Assise dans son canapé, elle végétait, l'image noir et blanc sur laquelle une espèce de cacahuète se dessinait et l'enveloppe avec les résultats de son checkup dans l'autre. Autant dire que Cameron n'était pas à ce qu'elle faisait les jours qui ont suivi, assaillie de questions diverses et variées concernant ce qu'elle allait vivre et si elle allait le laisser vivre ou non. Devait-elle en parler avec Harper, eux qui venaient de faire la paix après s'être bêtement évités à cause d'un malentendu. Plus de secrets, c'est que qu'ils s'étaient promis, non ? Mais si cela effrayait le quadragénaire, s'il s'offusquait et tournait le dos à la blonde par crainte qu'elle ne se soit servie de lui pour faire un enfant ? Et Maxwell dans tout ça, qui semblait enclin a revenir dans sa vie, comment allait-il le prendre ? Ce qui grandissait dans son ventre ne promettait rien de bon et pourtant, l'allemande n'avait de cesse de songer que c'était peut-être le moment d'être mère. Célibataire, trentenaire, qui sait ce qui lui arriverait, peut-être n'aurait-elle plus jamais l'occasion d'avoir des enfants.

La semaine s'était écoulée et Cameron n'avait pas réussit à s'éclaircir les idées, malheureusement, n'avait pas non plus eut l'opportunité de croiser son ancien collègue et ami, le patrouilleur de choc aux yeux clairs. S'étant réveillée à l'aube, la blonde eut une vive envie de cuisiner de petits cinnamon roll, des œufs brouillés et de presser des oranges. Après y avoir passé près d'une heure, une fois le tout préparé, l'ancienne soldate eut l'envie de partager ce copieux petit déjeuner avec Lee. Après tout, ils n'étaient plus fâchés l'un contre l'autre et une marche sous le doux soleil de Floride lui ferait le plus grand bien, ainsi que l'idée de déjeuner sur le vieux rafiot de son collègue. Là peut-être pourrait-elle aborder la question épineuse des résultats de ses examens. Emballant soigneusement le tout pour le mettre dans un panier en osier, la future maman, pas encore certaine d'être assez maternelle pour mettre au monde qui que ce soit, quittait son manoir pour s'élancer dans la rue, quelque peu stressée à l'idée d'aborder sa grossesse. Mais elle le devait, il devait en être informé. Les quais se trouvaient être au bout de la rue, moins de 500 mètres séparait le voilier de Lee du manoir de Cameron. La démarche assurée, les cliquetis de ses hauts talons rythmaient sa démarche et la légère brise secouait le tissus de sa robe bleue alors que ses boucles blondes bondissaient à chacun de ses pas. Il ne lui fallut que peu de temps pour arriver jusqu'à la caravane flottante du quadragénaire, la jeune femme connaissait bien l'endroit, si bien qu'elle se permit de s'y aventurer librement. Avec précaution pour ne pas se tordre une cheville ou pire, s'écraser au pieds des marches comme il lui était déjà arrivé de le faire durant leurs nuits d'ivresse. Elle finit par déposer le contenu du panier sur la table, se permettant même de sortir deux verres qu'elle emplis de jus. Glissant une main dans ses cheveux, Alden s'en alla sortir de sa grotte l'ours encore endormi. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que 2 paires de jambes dépassaient des draps après qu'elle ait chantonné un ''Bonjour !'' joyeux. Plantée comme un cèpe à l'entrée de la chambre, l'allemande resta un instant interdite, ne sachant que faire alors qu'une paire d'yeux clairs s'ouvraient sur elle alors qu'une magnifique chevelure blonde recouvrait à demi un visage féminin qui lui était inconnu. Une exclamation lui échappa alors qu'elle rebroussait chemin jusque la kitchenette, manquant de tomber par deux fois lors de sa retraite, dans sa précipitation, elle renversa un des verres de jus qu'elle leur avait servit au préalable. Le coeur à deux doigts d'exploser, le sang bouillonnant, la jeune femme ignorait complètement ce qui l'empêchait de déguerpir de là - si ce n'est une vive colère qu'elle ne s'expliquait pas.  

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Dès l'instant où ils s'étaient séparés dans cette salle de pause du commissariat de Doral, Lee s'était efforcé de mettre un peu distance entre lui et l'allemande, s'acharnant dans le boulot, doublant presque son temps de patrouille. Tout prétexte était bon et suffisant pour lui permettre d'oublier un tant soit peu une certaine blonde et un moment partagé qui hantaient un peu trop son esprit à son goût. Il l'avait évité consciencieusement, faisant en sorte d'essayer de réduire les probabilités d'une rencontre impromptue dans les couloirs du commissariat ou dans les rues d'Aventura, faisant en sorte de retarder le plus possible leurs retrouvailles ou de les limiter au strict minimum professionnel. Les journées étaient pourtant longues et difficiles, enfermé dans cette voiture de patrouille ou il ressassait sans cesse à quel point il pouvait être idiot. Ce n'était pourtant pas son genre de s'attacher, et il avait connu nombre de conquêtes qu'il avait planté du jour au lendemain, sans qu'il ne soit particulièrement affecté. Aussi ne comprenait-il pas pourquoi la jeune flic lui faisait cet effet, et ne parvenait aucunement à expliquer ce qui lui arriver ou mettre des mots sur ses propres sentiments.

De toute manière, imbu d'un orgueil démesuré, il se refusait quoi que ce soit depuis qu'elle l'avait platement rembarré alors que lui s'était confessé à demi-mots. Le message était clair. Limpide, même et en grand garçon, Harper se devait d'accepter la décision de Cameron, aussi douloureuse soit-elle pour lui. De plus, pourquoi chercher à gâcher une telle amitié en tentant une amourette qui ne vaudrait probablement pas le coup, ou qui battrait de l'aile après quelques semaines. Il croyait même se souvenir que le règlement des forces de police de la ville interdisait toute relation extra-professionnelle entre deux de leurs agents. Ou bien était-ce à l'armée. Dans tous les cas, toutes les excuses étaient bonnes à saisir pour s'éloigner de la belle et tenter de se convaincre de l'oublier. A cet instant, le sudiste était à des années-lumières de la vérité, loin de se douter des conséquences de leur égarement respectif. Pas une seconde ne se doutait-il qu'à quelques centaines de mètres de lui, dans le ventre de son ancienne coéquipière, poussait un être qui comportait la moitié de ses gênes.

Lorsqu'il n'était pas au travail, Lee passait le moins de temps possible sur son voilier, enchaînant les réunions d'aide aux anciens combattants ou écumant les bars du front de mer, noyant désespérément ses idées dans l'alcool. Il avait décidé de troquer la vérité contre des migraines carabinées chaque matin, et commençait à s'enfoncer dans une routine malsaine depuis dix jours. Mais c'était sans compter une rencontre impromptue, de celle que le hasard ou le destin met sur votre route comme un petit coup de pouce fatidique. Sur la piste d'un bar cubain, le flic avait fait la connaissance d'une jeune journaliste d'une trentaine d'années, blonde, intelligente et terriblement séduisante. Harper et la jeune femme, dénommée Elise, filaient depuis près de quatre jours un parfait idylle, se retrouvant tous les soirs dans les bras de l'autre. Il l'avait soupçonné au début de n'être avec lui que pour lui soutirer des confidences sur l'oreiller, l'occasion de partager la couche d'un flic étant trop belle pour récupérer des montagnes d'informations officieuses, surtout que les affaires concernant la police de Miami étaient monnaie courante ces temps-ci, notamment avec les différentes affaires de corruption. Mais le lendemain, il n'y prêtait plus aucune attention, se contentant juste de se changer les idées, de passer de bons moments en sa compagnie sans savoir ou leur bonhomme de chemin les mèneraient, se laissant complètement aller dans ses bras. Ils étaient sortis la veille, profitant de leur soirée commune en débutant cette dernière par un restaurant romantique, suivi d'une soirée endiablée qui se conclut sur son voilier, amarré dans la marina d'Aventura. C'était la première fois qu'il la ramenait enfin chez elle, osant lui dévoiler une part assez privée de sa personnalité, preuve de la confiance qu'il commençait à lui accorder. La nuit n'avait pas été de tout repos, ce qui lui était égal, puisqu'il bénéficiait de deux jours de repos mérités.

Plongé profondément dans les bras de Morphée, enlaçant des siens la douce créature qui partageait ses draps, Lee ne s'attendait en aucune mesure à être réveillé de la sorte. Le « bonjour » de l'allemande le surpris au plus haut point, et il ne put réprimer un sursaut alors que sa compagne s'écriait d'effroi. Son premier geste fut de la rassurer et d'essayer de reprendre ses esprits, alors que son cerveau tentait tant bien que mal de remettre de l'ordre dans ses idées, comprenant après une ou deux minutes la scène qui se déroulait sur son bateau.  « Tu aurais pu me dire que tu étais marié ! » lui reprocha Elise sur un ton désapprobateur.  « Pas que je sache .. » lui répondit-il de mauvaise humeur, énervé de se faire réveiller ainsi.  « Je m'en occupe, reste là... »ordonne-t-il presque en passant un bermuda beige au pied de sa bannette, saisissant le premier t-shirt venu sans se soucier de son état de propreté. Harper sortit en maugréant de sa cabine, enfilant le bout de coton alors qu'il pénétrait dans la petite kitchenette et coin vie du voilier.  « Putain Cam', tu peux me dire ce qu'il se passe? » s'énerve-t-il doucement, bien décidé à obtenir des explications en s'approchant de la jeune femme. Ses yeux décèlent enfin le petit-déjeuner dressé sur la petite table en teck et l'incompréhension, doublé d'une culpabilité grandissante, le gagnent.  « Je .. euh .. merci ? » balbutie-t-il à la vue du repas, ses yeux intrigués essayant de capter les prunelles de la lionne, jetant un bref regard par-dessus son épaule vers la porte fermée de sa cabine.  « Tu aurais dû appeler ... » s'essaie-t-il après quelques secondes d'un silence gênant lourd de sens, alors qu'il se frotte le visage et ébouriffe ses cheveux, quelque peu ébranlé par l'étrange situation. Lorsque son regard se concentre enfin sur elle, quelque chose lui dit qu'il va passer un mauvais quart d'heure.

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Cameron avait littéralement perdue toute contenance, commençant amèrement à regretter son geste. Pourquoi avait-elle ressenti le besoin de se pointer là sans prévenir, débarquer comme une fleur et oser imaginer que tout se déroulerait selon le plan qu'elle s'était mis en tête. Bien évidemment, ils se seraient assis après que la blonde ait gaiement réveillé son ami, glissant peut-être ses doigts dans les cheveux de ce dernier. Ils auraient pu rire et parler autour d'un petit déjeuner copieux et frais, ainsi, elle lui aurait annoncé la nouvelle qu'elle-même ignorait comment gérer. Force est d'admettre qu'elle allait devoir composer avec ce qu'elle avait sous la main et que les choses ne se présentaient pas sous leur meilleure forme. Elle l'a entendue s'exclamer, l'autre blonde et lui, qui lui aboie dessus. Avant qu'il ne se mette à la rabrouer, l'allemande avait entreprit de nettoyer ses bêtises, ramasser le verre vide et essuyer le jus d'orange qui s'était répandu sur le teck de la table, elle cherchait à s'occuper afin d'oublier ce qu'elle avait vu, canaliser en un sens la colère qui montait en elle à la manière que la pression grimpait dans une cocotte. C'était sa faute, entièrement et complètement sa faute.

"C'est effectivement ce que j'ai réalisé, oui." c'est avec sarcasme que la belle a répondu à son ami, avec dans sa main droite le verre vide alors que de l'autre elle glissait une mèche de cheveux derrière son oreille. Le spectacle lui avait déplut à un point qu'elle ne s'imaginais pas et dans sa tête se jouait un film durant lequel le couple s'adonnait à de fiévreuses activités, ce qui n'aidait en rien la jeune femme à faire redescendre la pression. "J'pensais pas que tu serais avec qu-" elle s'agitait, s'emparait du broc de jus pour remplir le godet qu'elle avait envoyé valsé quelques minutes plus tôt. Jamais elle n'avait eut besoin de téléphoner, il lui était arrivé de retrouver l'ancien militaire mort saoul sur le plancher de son voilier, dans des états pitoyables parfois et jamais il n'avait eut de réaction aussi vive, ce qui ne faisait qu'accroître la vexation de la belle. "J'ai jamais eu besoin de carton d'invitation pour débarquer ici, j'ignorais que ce matin ferait exception pour être honnête." expliqua froidement Alden qui reposa le carafe de jus contre la table en teck y faisant claquer bruyamment le cul du contenant.

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A la décharge de l'allemande, il était vrai que l'ancien combattant ne ramenait que rarement des femmes sous son propre toit, si on pouvait appeler son yawl presque centenaire ainsi, réduisant de fait la probabilité que Cameron tombe sur une pimbêche rencontrée la veille. Pour autant, même s'il avait apprécié dans le temps les visites inopinées de son ami, il ne s'était absolument pas attendue qu'elle se pointe ainsi étant donné leur récente dispute. Une certaine tension émanait de la jeune femme qui fulminait littéralement pour une raison qu'ignorait Harper, qui assistait impuissant à ce qui ressembler à s'y méprendre à une scène de … jalousie ? Lee ne pouvait croire ce qu'il se passait en ce moment, et il se frotta à nouveau les yeux, encore assoupi. Il se dirigea mécaniquement vers sa cafetière à expresso qu'il mit en marche alors qu'il sortait de manière encore plus machinale une cigarette pour essayer de trouver un peu de contenance.  « Café? » demanda-t-il en manquant de s'étouffer avec sa première bouffée de nicotine. Il était rare qu'il fume à l'intérieur de son bateau, trop effrayé par le risque d'un incendie. Harper s'approcha d'elle, posant la tasse sur la table alors qu'il essayait de trouver une réponse qui permettrait de désamorcer la bombe humaine en face de lui. Une fois qu'il se fut lui-même servi, il passa la petite table pour s'asseoir derrière.  « T'as raison, excuse-moi... » souffla-t-il en essayant tant bien que mal de gérer la crise comme il pouvait. Lee pensait que des excuses permettrait de faire redescendre la blonde en pression, et au moins essayer de la ranger de son côté.  « Je .. » « Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe ici? » La porte rabattante de la chambre venait de s'ouvrir sur une Elise désemparée, vêtue simplement d'une chemise du flic, bien trop grande pour elle. Harper ne put s'empêcher de frapper son visage de sa main, tombant des nues. La situation était devenue en une fraction de seconde incontrôlable et son amante tombait comme un cheveu sur la soupe. « Elise, je te présente Cameron, une amie du travail. On bossait aux stups ensemble il y a quelques mois. Cam', voici Elise. Elle est journaliste au Miami Herald. » Lee aurait pu s'abstenir de lui sortir le CV de sa conquête, mais il pensait à mal que des banalités permettrait peut-être de détendre les deux blondes qui se fusillaient littéralement du regard.

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"Pas là nan." a froidement rétorqué Cameron en adressant au quadragénaire un regard noir, un sourcil légèrement arqué, de nerfs, elle commençait à mordre l'intérieur de ses joues. La contrariété ne lui allait que trop mal et la belle en avait conscience. Observant minutieusement les faits et gestes de Harper, elle ne bougeait pas de là où elle s'était planté, perchée sur ses hauts talons. Sa rage lui tordait les entrailles, par reflex elle ne put s'empêcher de caresser son ventre. La caféine n'était pas conseillé pour les femmes dans son état à ce qu'elle avait entendu dire, ayant par ailleurs déjà les nerfs en pelote, une dose de caféine quelle qu'elle soit était loin d'être un choix judicieux. Puis y'a cette voix féminine qui attire son attention, qu'elle ne connait pas mais qu'elle abhorre déjà et qui lui fait serrer les dents. Réaction excessive dont elle a conscience, mais contre laquelle l'allemande se trouve incapable de lutter. Hormones quand vous nous tenez. Alors que Cam s'apprêtait à argumenter contre l'autre blonde, Lee les présente. Les sourcils toujours arqués, le visage crispé, elle adresse un nouveau regard noir à son ancien collègue. Elise. elle a donc un prénom. Joli, autant qu'elle d'ailleurs, ainsi que sa voix et ses longues jambes. Cameron s'efforce de réunir toute sa sagesse Jedi afin de ne faire passer aucun des deux par un des hublot de la pièce dans laquelle ils se trouvent. "Elle va rester là ?" a demandé la trentenaire en se tournant vers l'ours. "Jolie chemise." qu'elle a craché à son sosie avec mépris, sans même lui adresser un regard. "Y'a rien de personnel là dedans, mais rentre chez toi." s'adressant à Elise dans un premier temps pour finir par secouer la tête légèrement avant de se pencher sur l'ancien militaire afin de lui demander le plus sérieusement du monde et sans aucune gène, à voix haute "Tu peux lui demander de partir ?" qu'elle s'habille au moins. Puis merde, Cameron n'avait pas fait des roulés de cannelle pour elle, ni même du jus d'orange. C'est quoi ce délire.

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Au moment où Cameron prit la parole, Harper sut que c'était d'ores et déjà foutu. Accoudé sur la petite table, il ne pouvait s'empêcher de passer sa main sur ses yeux, frottant ces derniers en espérant qu'il allait se réveiller de ce cauchemar horrible. Il était tellement accaparé par la situation qu'il ne prêtait même plus attention à sa cigarette qui se consumait entre ses doigts, se rappelant à lui en chauffant ses phalanges. Jetant cette dernière dans une bouteille de bière à moitié vide, le regard de l'ancien combattant louvoyait entre les deux jeunes femmes. Lee avait l'impression de regarder un documentaire animalier.... Le flic lâcha un dernier soupir avant que sa main ne se tende pour attraper un des roulés à la cannelle qu'il avala d'une traite. Il se surpris à en apprécier le goût dans un moment aussi tragique.  « Non, mais tu vas la laisser faire, Lee ? » Harper fut tiré de ses considérations gustatives par la voix de la journaliste.  « Je te rappelle qu'on est chez toi, et tu la laisses me dire ça ? » Tel un lion dominé par une lionne, les épaules du flic ont l'air de s'affaisser sous le poids du remords.  « Je crois que nous sommes partis du mauvais pied, tous les trois ... » essaye-t-il timidement, sans vraiment y croire.  « Vous voulez pas vous asseoir, qu'on en discute ensemble entre adultes responsables ? » se hasarde-t-il en sirotant son café un peu trop bruyamment. Jamais il n'aurait cru que son voilier serait un jour la scène d'un tel vaudeville.  « Sérieusement ? » La voix d'Elise monte dans les tours.  « Non mais c'est qui, elle, d'abord, pour toi que tu la laisses nous aboyer dessus comme ça ? Une ex un peu tarée ? Certainement pas une collègue de travail. » La journaliste s'énerve, et la raison, mais le sudiste sait pertinemment comment ça va se finir pour elle si elle continue sur cette voie et la dernière chose dont il a envie est d'être le témoin d'un meurtre sous son toit. Bras croisés sur sa chemise froissée, la blonde s'avance vers Alden, un trop plein de fierté dans son regard.  « Alors maintenant, t'es gentille, tu fais demi-tour et tu reviens dans une heure quand on aura fini ce qu'on avait commencé et que je serais partie ... » Et merde … la pauvre venait probablement de signer son arrêt de mort.

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Le meurtre est illégal et quand bien même s'il ne l'était pas, Cameron s'efforçait de garder en tête qu'elle n'avait aucunement le droit de décider de la vie ou de la mort de qui que ce soit au risque de brûler en enfer, les flammes éternelles lécheraient sa carcasse de blonde alors que des corbeaux viendraient lui picorer les iris le tout sous les hurlements de douleur de l'allemande. Elise l'obligeait à détourner le regard, à poser ses prunelles sur cette dernière, la journaliste semblait perdre son sang froid et prenait ses aises, persuadée, sans doute d'être en terrain conquis, ce qui avait pour effet de faire grincer des dents la pauvre Alden qui se contentait d'intérioriser toutes ses émotions et faisait de son mieux pour s'abstenir de la coller au mur avant de lui éclater les dents contre le rebord de l'évier. L'absence de réaction de Lee se fit remarquer et ça n'aidait en rien l'ancienne militaire à se détendre, lui savourait les douceurs que Cam avait préparé à l'aube et se repaissait du spectacle sans mot dire. "Tu veux un scoop Diane Sawyer ?" non, calme, respire. Ses paupières se referment lentement, la belle prend une profonde inspiration, parce qu'après tout, elle n'est pas chez elle ici, Lee est en droit de taper dans ce qu'il trouve tant que ça bouge et elle n'est personne pour y redire quoi que ce soit. Cette créature contrecarrait ses plans, mais il était impossible pour l'allemande de déterminer ce qui la foutait le plus en boule. Sa présence ou le contexte général. "Je suis enceinte." une esquisse d'un sourire narquois étira les lèvres de la blonde, son visage changea quand la sergente détourna son regard en direction de l'ours en train de se goinfrer. "De 6 semaines." un sourcil arqué, le ton froid d'un geste vif elle envoya valsé le broc de jus d'orange qui se déversait sur l'entièreté de la table à laquelle Lee se tenait. "Savourez bien votre petit déjeuner."  leur a t-elle craché en s'engageant dans les escaliers qui menaient à l'extérieur.

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Harper ferme les yeux au moment ou la journaliste répond à Cameron, attendant que le couperet tombe et que le bourreau fasse son office. Il croyait connaître la flic par cœur et s'attendait à ce que la belle Elise gise morte, son sang tâchant le pont en teck de la cabine de son yawl au grand désarroi de l'ours toujours aussi stoïque. Je suis enceinte. Le cœur de Lee manque un battement et le monde s'arrête soudainement de tourner. Avait-il bien entendu ? Ses yeux se rouvrent, interloqués, et son visage se tourne lentement vers celui de Cameron, comme s'il prenait doucement conscience de ce qu'elle venait réellement d'avouer. De 6 semaines. Il n'est pas mathématicien mais sait pertinemment à quand remonte leur aventure. Sa bouche s'ouvre, béante. Aucun son ne parvint à sortir de sa bouche et son cerveau ne semble plus à même d'effectuer toute connexion logique. Harper ne réagit même pas lorsqu'il sent le jus d'orange couler sur son bermuda. Il reste interdit lorsque l'allemande fait demi-tour et s'engage sur le ponton de la marina, les bras ballants le long du corps. Coup de massue, KO., victoire parfaite.  « Lee... Lee, regarde-moi. Tu ne vas pas la croire, hein ? Tu ne vois pas qu'elle fait ça pour nous séparer ? » Le quadragénaire ne la regarde même plus, yeux rivés vers l'extérieur. Sa voix de crécelle l'insupporte alors qu'il se lève doucement, prenant difficilement appui sur les coins de la table.  « Lee, je te préviens .. » Le flic l'écarte gentiment de son passage alors qu'il ne lui prête toujours pas la moindre once d'attention. La sentence est irrévocable et une énorme gifle sonore le frappe de plein fouet.  « Gros con. » A cet instant, il n'en a plus à rien à foutre de la blonde avec qui il s'imaginait plus quelques heures auparavant. Tout ce qui lui importe, c'est de savoir. Alors il s'élance, et sort pieds nus de la cabine à la recherche de l'allemande, qu'il cherche désespérément du regard. Tous les cafés du monde n'auraient pu lui conférer une telle énergie et une telle vivacité, et pourtant, malgré ça, il ne peut s'empêcher de se vautrer lamentablement lorsqu'il saute sur le ponton, ses jambes vacillantes et chancelantes ne supportant pas son poids. Son nez commence à saigner mais il n'en a cure et commence à courir, se dirigeant instinctivement vers la sortie de la marina, apercevant soudainement la robe bleue qui s'éloigne à un rythme forcé. Alors il donne tout ce qu'il a, maudit intérieurement la nicotine qui lui a empoisonné les poumons et qui lui coupe son souffle mais il parvient enfin à la rattraper. Lee l'arrête délicatement en posant sa main sur son épaule et la retournant face à lui.  « T'as .. t'as dit quoi là ? » Mains sur les hanches, il reprend difficilement son souffle. Il est pathétique, le nez en sang, ses vêtements tâchés et pieds nus comme un vagabond....

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Elle fulmine, jamais des talons ne lui avaient permis d'avancer aussi rapidement qu'elle le faisait actuellement, des clics sonores émanaient d'elle. Au diable son petit panier d'osier, les roulés à la cannelle et le jus d'orange, non, là ce dont elle avait besoin c'était de se rendre au stand de tir ou mieux, s'isoler dans un coin verdoyant de Miami afin de vider le chargeur de son arme de service et crier de rage un bon coup. Pour qui se prenait-il, n'étaient-ils pas proches au point de comprendre qu'elle avait quelque chose d'important à lui annoncer, Cameron se trouvait déçue de constater que le lien fort qu'elle s'imaginait les unir, n'était rien de plus qu'une idée farfelue de bonne femme stupide qui lit l'horoscope. De la merde, merde, merde ! rageait-elle en continuant sa course en direction de chez elle. Grand bien fasse à Harper de s'être trouvé une bibiche à cajoler afin de l'aider à tuer l'ennui et dans d'autres circonstances, Cam aurait certainement fait l'effort de se montrer polie pour s'entendre avec sa nouvelle petite amie. Les choses étaient différentes, malheureusement. Noyée dans ses pensées, l'allemande ne prêta pas attention à celui qui lui faisait suite, le bruit de ses pieds nus sur le bitume, son souffle saccadé. Rien à foutre, merde ! C'était la pire des manières d'annoncer une grossesse à un père selon elle, et si sa mère avait été là, elle l'aurait incendiée. Tu ne fais jamais rien comme tout le monde, avec ton sale petit caractère, pour qui te prends-tu ?! ha ça oui, elle l'entendait pester la mémère Alden. On la retient, doucement, elle ralentit et se laisse guider, la mâchoire serrée, les poings tout autant. Il saigne du nez, la blonde ne peut s'empêcher de regarder par dessus son épaule. "C'est elle qui t'a fait ça ?" qu'elle a demandé avec surprise avant de réussir à comprendre les mots qu'il venait d'aligner, la question qu'il avait formulé. Ca n'avait pas la même saveur maintenant qu'elle savait qu'il lui portait toute son attention, un rapide coup d’œil en l'air et un soupir. "J'suis enceinte." confessa Cameron en détournant le regard un instant, le visage fermé. "J'suis désolée d'avoir débarqué comme ça, promis la prochaine fois je préviendrais." a articulé amèrement la jeune femme, dévisageant désormais de ses grands yeux le quadragénaire. Non, pas comme ça, pas ici, pas de cette manière et pourtant, c'était déjà trop tard.  "Tu les collectionne les blondes ou c'est moi qui ait un problème, dis-moi, est-ce que tu t'es au moins protégé avec celle-là ou j'ai eut la chance de passer entre les mailles du filet et j'ai évité de peu le sida ?" elle reprenait sa course, toujours dans le même état de nerfs, bousculant au passage de pauvres piétons venus se balader de bon matin.

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Il attend des explications, comme s'il avait encore un doute sur ce qu'il avait entendu quelques instants. Comme s'il voulait en être sûr, définitivement certain. Harper ne remarque son nez qui saigne seulement lorsqu'elle l'évoque et porte instinctivement la main à son visage, l'essuyant d'un revers du poignet. On pourrait croire qu'il tremble légèrement, comme s'il était effrayé devant la réponse qu'elle allait faire. Lee trépigne littéralement sur place et ses épaules se relâchent lorsque le couperet tombe. Enceinte. Le mot résonne dans son esprit et il n'entend même plus ce qui suit. Ses épaules et ses bras se relâchent et ses yeux s'écarquillent, prenant pleinement conscience de son avenir : devenir père. Le flic n'a même pas le temps d'appréhender la nouvelle que la furie lui tourne une nouvelle fois le dos, le laissant planté là sur ce trottoir dégueulasse de Miami. Harper ne saurait même pas définir les émotions qui le traversent mais il est sûr d'une chose : elle ne peut pas le laisser là, comme ça, avec une annonce aussi importante à digérer. Lee ne relève même pas la remarque acerbe de son ancienne coéquipière qui semble lui prêter tous les maux et les mauvaises intentions possibles de la Terre. Alors il peste de la voir s'éloigner, il enrage de la voir lui tourner le dos et réagit instinctivement entre deux insufflations. Il s'élance une nouvelle fois à sa poursuite, devant plusieurs passants et promeneurs sidérés ou interloqués par ce spectacle qu'ils donnent en public. Le flic parvint enfin à son niveau, ne pensant même plus à ses pieds endoloris par les graviers qui se sont plantés dans sa peau. Sa main parvient à attraper la sienne et à l'arrêter dans sa fuite folle, la retournant une nouvelle fois vers lui. Mais cette fois-ci, son geste ne s'arrête pas et il continue à l'attirer vers lui, lovant son corps contre le sien alors que sa main épouse la joue de l'allemande, comme six semaines auparavant. Sur ses lèvres se posent un baiser fougueux, un baiser passionné et communicatif de toute la joie qui l'envahissait depuis quelques instants. A ce moment, fini les nœuds au cerveau quant à ce qu'il pensait ressentir vis-à-vis d'Alden et tout ce qui le tracassait depuis six semaines. Ses émotions ne sont peut-être pas partagées mais il s'en moque et interrompt son baiser, posant son front contre le sien.  « C'est .. je vais être papa.. » souffle-t-il enfin, hésitant, les yeux fermés, comme s'il voulait se convaincre lui même de la réalité de la chose. Sa main se tend vers le ventre de Cameron, mais au dernier moment, il se ravise et le geste reste en suspens, tandis que ses yeux interrogent l'allemande, comme s'il s'attendait à prendre une nouvelle gifle en pleine figure. Après tout, n'était-ce pas cette même Cameron qui l'avait repoussé il y a dix jours, dans cette salle de pause ?

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Interceptée durant sa fuite, une nouvelle fois, seulement, même s'il a prit son temps pour s'emparer d'elle de nouveau, avec fermeté et tendresse qu'il l'attire contre lui. Pourtant pas résolue à se laisser faire, elle ne réagit pas, quand les lèvres de Lee viennent trouver celles de Cameron, cette dernière pose sa main contre celle de Harper et le lui retire. Quand leur baiser prend fin, la belle ne peut s'empêcher de lever les yeux vers son visage. Elle s'était pourtant entendue pour dire qu'étant la seule d'eux deux à posséder un vagin, la décision quand à la possible naissance de cet enfant lui revenait, mais c'était sans compter sur son coup de sang et son annonce impromptue. Encore sonnée par le baiser que venait de lui donner le sudiste et auquel elle ne s'attendait pas. "Lee..." elle a soupiré en se détachant doucement de lui, bien qu'elle n'en n'ai pas réellement eut l'envie, mais la sergente se devait de prendre du recul, parce que ce qu'ils s'apprêtaient à vivre n'avait rien de romantique, ce pauvre môme avait été conçu un soir d'ivresse, il naîtrait certainement avec la bouche pâteuse. "J'pense qu'on a besoin de s'asseoir." dit la jeune femme qui débarque chez son ami sans prévenir et fout son potentiel couple en l'air. Déglutissant, elle lui saisit le bras pour l'accompagner jusqu'à un banc publique non loin d'eux. Ils avançaient tous deux lentement, Cam au bras de l'ancien combattant. La peur commençait à prendre la place de la colère qu'elle avait ressenti plus tôt, avec ses mots il semait le trouble dans l'esprit de la trentenaire. Il contesterait, il devait l'insulter et lui hurler dessus, crier au complot et refuser de la voir pour toujours, c'était à cela que la blonde s'était préparée, à tout, sauf à ça. "J'crois que j'avais pas vraiment l'intention de t'en parler..." a commencé la jeune femme qui s'arrêtait et observait son ami qui prenait place sur le banc qu'elle avait repéré, elle préférait rester debout, à l'ombre d'un arbre, jouant nerveusement avec ses doigts. "Je sais même pas si je vais le garder pour être honnête." elle se sentait plus mal à l'aise maintenant qu'il lui avait, lui, partagé sa joie. Elle restait sur la retenue, encore secouée par la nouvelle. "Tien, ça ressemble aux cacahuètes qu'on donne aux perroquets." qu'elle a ajouté en fuyant du regard son ancien coéquipier tout en lui tendant la petite échographie aussi grande qu'un tirage polaroid.

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Harper reste sagement à ses côtés et la supporte du mieux qu'il peut, l'accompagnant à ce banc ou il s'asseoit le premier, reposant ses pieds meurtris. Il chercha son paquet de cigarettes dans ses poches, mais se rappela que l'allemande en face de lui portait la vie, et qu'il lui faudrait changer désormais un bon paquet d'habitudes, à commencer par la cigarette. Cameron ne semble pas partager la même joie que lui et à la voir debout, comme ça, près de lui, le surplombant dans sa robe bleue, il se prépare à entendre des choses qui ne vont probablement pas lui plaire. Comme à son habitude, le flic s'était emballé, laissé emporter par ses émotions et à aucun moment il ne s'était dit que la jeune femme ne désirait pas cet enfant. Le désirait-il lui même ? Etait-il prêt à endosser ce rôle si important ? Certainement pas. Mais il apprendrait. Harper essaie désespérément de saisir le regard fuyant d'Alden tandis qu'il attrape l'échographie du bout des doigts, comme si c'était la chose la plus précieuse au monde.  « Je ne comprends pas … pourquoi es-tu venue me l'annoncer si tu ne veux pas le garder ? » L'ancien combattant n'était pas forcément une personne très versé sur le domaine spirituel ou vers la religion, bien qu'il avait longtemps cru pendant un temps que personne n'était athée à la guerre, mais il était contre l'avortement. Il était assez mature pour assumer les conséquences de ses actes, même si cela impliquait d'énormes changements dans sa vie. Dans leurs vies. L'était-elle également ? Après tout, ce n'était pas comme si elle bondissait de joie depuis qu'elle était venue sur son voilier ce matin. Les yeux du flic se posent enfin sur le tirage qu'il tient entre ses doigts, le détaillant sous toutes les coutures, analysant chaque pixel de l'image. Il n'est même pas sur de ce qu'il fait. De ce qu'il voit. Il n'est même pas sûr de tenir le cliché dans le bon sens. Mais il a l'impression de voir la plus belle chose qui lui ait été donné de voir. Une part de lui commence à prendre peur mais il reste stoïque, comprenant enfin pourquoi la blonde n'avait pas hésité à se pointer ce matin chez lui. Il leur faudrait parler. Et longtemps. Il leur faudrait se comprendre et faire des choix qui auront forcément des conséquences sur leurs vies, sur leur relation. Et ça l'effrayait.  « C'est pas une zigounette, ça ? » demande-t-il en plissant les yeux sur la photo, interloqué par un pixel dépassant de la cacachuète. Il n'y connaissait rien …

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Pourquoi lui en parler ? Parce qu'elle n'avait pas eu le choix à vrai dire, au vue de la tournure que les choses avaient prit dans ce voilier. Une impulsion, pour sur, si les choses s'étaient déroulées autrement, Cameron aurait certainement gardé pour elle cette information, même si cela signifiait d'avoir à trahir la confiance de Lee, en quelques sortes. Alors bien évidemment que sa question tenait la route, c'était même peut-être la première fois de la matinée qu'il formulait une question sensée. En guise de réponse elle soupira en haussant les épaules, tout aussi déboussolée qu'il pouvait l'être finalement. C'était pourtant clair dans son esprit, elle y avait réfléchit et souhaitait l'annoncer à Maxwell avant même d'en toucher un mot à Lee, mais son impulsivité avait eut raison d'elle et les voilà, à demi en train de se chamailler comme un vieux couple, dehors, Harper accoutré d'une tenue plus que discutable et qui, aurait certainement, donné des cheveux blancs à n'importe quel Karl Largerfeld. Le nez plissé, concentré comme jamais, il observait l'échographie sous le regard presque amusé de la blonde qui regardait tout autour d'elle. "Non, c'est pas un pénis, on sait pas c'que c'est, c'est même pas vraiment un bébé !" s'impatienta la future maman, claquant la paume de ses mains contre ses cuisses, elle balaya la place d'un simple coup d’œil. Inutile de s'emporter contre son collègue, lui, avait certes contribué à cette divine création, mais n'avait rien demandé. "J'suis célibataire, j'ai passé 30 ans..." elle a soupiré. "Tout laisse à penser que je vais finir vieille fille, à perpétuité et qu'on va me retrouver dans mon manoir, dévorée par des bergers allemands." un nouveau haussement d'épaules accompagné d'un râle. Ce n'est ni le lieu, ni le moment de décider du potentiel avenir de ce qui pousse actuellement dans son ventre et l'allemande en a conscience. "Je ne te demanderais rien, si je venait à mener cette grossesse à terme, Lee, je l'élèverais seule."  les prunelles de la belle venaient se planter dans celles de l'ours, une esquisse de sourire étirait ses lèvres.

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Assis sur son banc, tenant fermement et continuant d'admirer le précieux cliché entre ses mains, Lee ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait ressembler à un clochard dans un tel accoutrement. Il ne partageait pas l'opinion de sa coéquipière, voyant dans le genre de haricot un parfait petit être humain qui grandissait à son rythme. Drôle de spectacle dans lequel il se donnait ainsi, mais à l'heure actuelle, il n'avait strictement rien à faire de ce que les autres pouvaient penser de lui, penser d'eux. Le flic était dans sa bulle, sur son petit nuage, ne prenant au fur et à mesure conscience des conséquences de son acte lorsqu'il écoutait la belle lui répondre. Fronçant les sourcils, il avait l'impression de l'entendre sans l'écouter, de ne plus la comprendre, ou du moins pas aussi bien qu'avant.  « Comment ça, seule ? Cam' .. je ne prévois peut-être pas d'acheter des bergers allemands, mais je pense avoir l'âge d'assumer mes responsabilités. Tu n'as pas à être seule. Je suis là. Je crois .. je crois que je suis prêt à vivre cette aventure. Ou de t'aider du mieux que je le puisse mais je crois bien vouloir représenter quelque chose dans la vie de ce microbe qui te dévore les entrailles. A moins que .. » Son ventre se serra, comme s'il continuait à prendre conscience de ce qu'elle était en train de lui annoncer.  « A moins que ce soit ce que tu veux ? » Harper plante un regard interrogateur et soucieux dans les yeux de la jeune femme. Il la connaît. Il pense la connaître. Lee sait que l'allemande est une femme indépendante et forte. Parfois trop d'ailleurs et c'était peut-être son problème et ce qui pourrait causer sa perte. Lui de son côté, ne pouvait penser une seule seconde la laisser faire ceci seule, le laissant dans l'ombre.  « J'ai besoin de savoir le fond de ta pensée, Cam'. Parle-moi, s'il te plaît ... » Son ton s'était adouci, sa voix avait légèrement tressauté. Comptait-elle le mettre sur la touche indéfiniment ? Comptait-elle faire semblant et prétendre que rien n'allait en transpirer ? Pensait-elle un instant qu'il resterait de son côté sans rien faire ? Non, bien sûr que non.

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L'hypothèse que Lee ait envie de prendre part à cette aventure ne lui avait pas vraiment traverser l'esprit, pour être honnête, la belle s'était juste montrée égoïste et avait sous estimé son ami et amant d'un soir. Cameron pensait qu'il refuserait d'en entendre parler, qu'il préférerait s'occuper de ses petites affaires personnelles et laisserait l'allemande se débrouiller avec tout cela, mais c'était tout le contraire. Perdue entre ce qu'elle s'imaginait et ce qu'il lui avoue, la sergente ne sait plus vraiment où se situer dans tout cela. Non pas qu'il ne serait pas une bonne figure paternelle, ça, la blonde n'en doutait pas. Mais il y a encore quelques jours tout se passait presque pour le mieux, elle retrouvait Maxwell et les choses s'arrangeaient entre Harper et elle et voilà qu'elle était enceinte, que le concerné semblait vouloir prendre son rôle à cœur et donc prendre une place importante dans la vie de ce futur bébé, mais pas seulement, prendre donc une place dans la vie d'Alden. Elle l'observait avec de grands yeux, c'était cela qu'elle voulait ? Priver un enfant de son père, était-ce judicieux, personne ne méritait cela, seulement la belle n'en n'avait pas fini avec son ex petit ami et jusqu'à il y encore peu, espérait qu'une suite à leur histoire soit encore envisageable, l'équation se compliquait si elle y ajoutait l'ancien militaire, la belle le savait. "Ne me regarde pas comme ça." a soufflé la jeune femme en levant les mains à hauteur de son visage en amorçant un léger demi-tour, une profonde inspiration qui, elle l'espérait, l'aiderait à éclaircir ses pensées. "Que veux-tu que je te dise, j'pensais même pas que tu le prendrais comme ça..." le regard perdu quelque part plus loin, vers l'horizon, elle mordait ses lèvres. "Y'a pas de fond à ma pensée Lee !" qu'elle a finit par lui aboyer. là n'était pas la vision d'une famille qu'elle avait depuis qu'elle était gosse. Une maison, un mariage, un couple déjà tout simplement, une palissade blanche un porche et un chien, c'était ça une famille. "Je ne m'imaginais pas tomber enceinte, comme ça..." on a été cons, voilà ce qu'elle sous entendait tout en ayant conscience que maintenant, il leur faudrait assumer leur erreur.

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L'ancien combattant semblait prendre de plus en plus de consistance au fur et à mesure que la blonde se livrait sous ses yeux ébahis. C'était peut-être la première fois qu'il la voyait ainsi, aussi vulnérable. Peut-être même encore plus nue qu'il y a quelques semaines. L'idée que Cameron pouvait aussi douter le déroutait légèrement, mais le flic essayait de rester concentrer afin d'avoir une analyse la plus fine possible de la situation. Harper lui devait bien ça, après tout. Ce n'était pas tout de lui mettre un polichinelle dans le tiroir, il lui fallait maintenant assumer ça. Mais il se sentait prêt, peut-être la faute à une foutue horloge biologique au moins aussi dérangée que son esprit. C'était complètement irresponsable de sa part, et Lee ne se posa pas une seule seconde les bonnes questions. A quoi rimait tout ceci ? Cameron et lui ne formaient même pas un semblant de couple, alors quel avenir, quel exemple s'apprêtaient-ils à donner à leur futur enfant ? Pourtant, le sudiste se leva doucement de son banc, se rapprochant de l'allemande pour venir doucement l'enserrer entre ses bras, veillant toutefois à ne pas le tâcher avec ses vêtements sales.  « Je sais. Moi non plus. Mais je pense sincèrement que c'est une chose merveilleuse qui est en train d'arriver. Et quoiqu'il arrive, même après toutes les engueulades en salle de pause que tu voudras, tu pourras compter sur moi. Je serai là, ok ? » Lee se sépara d'elle pour venir poser un baiser sur sa joue, essayant de la rassurer d'un sourire tandis que sa main se posa sur son épaule.  « Je suis certain que tu feras une super maman ... » Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle faisait déjà avec la brigade des stups depuis quelques années ? Quant à l'ours mal léché, le doute était permis. Mais il se faisait déjà la promesse de faire des efforts et de prendre pour lui. Après toutes ses années, il était peut-être temps pour lui de mûrir et de se stabiliser un petit peu. L'arrivée d'un enfant dans sa vie chamboulerait pas mal de ses habitudes et il se demande déjà comment accueillir un nouveau né sur un voilier. Le pauvre allait passer par-dessus bord …

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Plantés là comme deux glands, paumés comme deux adolescents fautifs, ils ignorent tous deux où tout cela va les mener, mais ils semblent résolus à s'y rendre. Tous les chemins mènent à Roma après tout et depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il y avait de ça moins d'une décennie, l'un avait toujours aveuglément suivi l'autre et les choses ne semblaient pas sur le point de changer. Il s'écarte, dépose sur sa joue un baiser alors qu'elle lui caresse la joue en souriant tristement. Son nez se baisse sur la main qu'il vient de poser sur son épaule, après leur étreinte, Cameron trouve ça étrange, presque trop solennel. Une super maman. Un soupire s'échappe de son sourire, parce que si Lee est certain de ce qu'il avance, l'allemande ne partage pas son avis. Elle est égoïste, peine à partager sa nourriture avec ses amis, pourtant, cet enfant elle compte quand même l'élever au diable les doutes qui peuvent subsister, elle essaiera et c'est ce que son regard retransmet. "Tu ne sais pas ce qui t'attend Harper." qu'elle souffle en se glissant sous son bras, faisant fi de son accoutrement ignorant même qu'il avait enfilé des vêtements sales. Lentement elle prenait la route des quais, là où était amarré son bateau. "Je ne crains rien, car tu es avec moi..." à t-elle récité à voix basse, sans quitter sa place, les épaules enroulées du bras de l'ancien militaire, les talons qu'elle portait claquaient contre le bitume en rythme et le son raisonnait dans la rue presque inactive. "Je ne l'ai pas encore annoncé à mes parents, je ne sais pas comment ils vont le prendre et je dois dire que j'appréhende leur réaction." leur plus jeune fille enceinte d'un homme avec qui elle n'est pas mariée, avec lequel elle ne vit pas, de dix ans son aîné ; la nouvelle risquait de faire beaucoup de bruit chez les Alden, sa mère se mettrait sans doute à s'exclamer en allemand alors que son père se terrera dans un silence glacial, le genre de silence assourdissant auquel on préfère une bonne gueulante. Dieu à brisé le moule quand il t'a faite, lui répétait sa mère et pour le coup, Cameron était effectivement tombée du pommier et avait dévalé une falaise. "Où sont tes parents ?" lui a soudainement demandé la jeune femme, n'ayant pas en mémoire le moindre souvenir d'avoir évoquer ne serait-ce qu'une fois ce sujet.

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La réponse de son amie n'avait pu empêcher un rire de sortir enfin de sa mâchoire serrée. Non, il était loin de savoir ce qui l'attendait et n'était pas sûr d'être prêt à affronter des couches sales dès les premières minutes du réveil. Il savait mieux tenir un fusil d'assaut qu'un bébé et était capable de faire une chaîne pyrotechnique complexe à l'aide de plusieurs pains d'explosifs avant de savoir préparer un biberon de lait maternel ou réchauffer un petit pot. Mais il avait l'intime conviction qu'il apprendrait sur le tas. Parce qu'il le devait, parce qu'il le voulait. Il apprendrait probablement dans la souffrance, mais il parviendrait à ses fins. Parce que le petit être qui grandissait à chaque minute dans le ventre de sa partenaire le méritait. Il méritait que l'ours mal léché lui donne le meilleur de lui-même. Le drôle de couple se dirigeait inconsciemment vers la marina ou était amarré le yawl du flic. L'espace d'un instant, il se dit que la journaliste l'avait probablement brûlé en le quittant après qu'elle l'ait vu la quitter précipitamment pour rejoindre l'allemande. Mais il préféra se concentrer sur l'instant présent et profiter de la belle blonde pendue à son bras. Il se demande où elle allait chercher toutes ses réflexions, mais se ravisa, la blonde devant connaître sa grossesse depuis quelques jours maintenant. A aucun moment n'avait-il pensé à ses parents, et maintenant qu'il était au pied du mur, il se demandait comment il allait leur annoncer la nouvelle. Ils n'étaient pas en froid, mais Lee était du genre à ne donner de nouvelles qu'à Noël …. Pas vraiment le fils idéal...  « Mes parents ? » Il hausse les épaules en lui répondant, comme si ce qui allait suivre était une évidence.  « Du côté de Savannah, en Géorgie. Ils ont une plantation de tabac là-bas … faudrait que je t'y emmène un jour, c'est chouette... » Des souvenirs d'une enfance heureuse passée en plein air lui reviennent en pleine figure. Il ne se voyait décemment pas débarquer avec une Cameron au ventre plein sans avoir préalablement chauffer le terrain.  « Ca te dit un petit-déj' ? Je crois qu'il y a quelque chose qui nous attend ... » dit-il sur un petit ton mutin, un air espiègle sur son visage. Alors qu'il posait le pied sur un des pontons de la marina, il avait l'impression que tout était revenu à la normale entre les deux flics et que l'avenir semblait devant eux …