we've done the impossible, and that makes us mighty. (leeron)

La dernière intervention du flic était loin de s'être terminée dans la gloire. Alors qu'il babysittait une bleusaille pour une nuit de patrouille afin de lui faire découvrir son métier, le véhicule de Lee fut appelé en renfort pour une intervention des stups qui avait mal tourné. Visiblement trahis par un membre des forces de l'ordre, nombre de ces derniers étaient tombés dans une embuscade qui s'était révélée être une véritable hécatombe pour les flics de Miami. Harper s'était douté qu'Alden s'était encore fourrée dans de mauvais draps et n'avait suivi que sur instinct à partir du moment ou il était arrivé sur zone, entraînant malgré lui le jeune Anderson et l'exposant à un danger inutile. Ce soir-là, plus aucune conscience professionnelle ne l'habitait, et le quadragénaire était simplement mû par un genre de haine ou de vengeance à l'encontre des membres du cartel qui osaient s'en prendre à celle qui portait son enfant. La simple idée qu'elle ne soit blessée ce soir-là l'avait mis hors de lui et l'avait fait prendre des risques inconsidérés. L'ancien combattant, malgré une expérience de plus de dix ans passés sous les drapeaux, en avait payé le prix lourd ce soir-là, puisque malgré toutes les protections qu'ils pouvaient porter, une rafale d'arme automatique au calibre élevé avait réussi à l'atteindre dans le dos, perforant son gilet pare-balles et frappant le policier à trois reprises. Si une d'entre-elles fut freinée dans sa course par le gilet, ne faisant qu'amocher et assommer le flic, les deux autres avaient manquées d'être fatales, blessant l'ours mal léché au niveau de son omoplate et de son pectoral gauche, manquant de peu le cœur du flic. Lee, sonné par ses blessures, était immédiatement tombé inconscient, sombrant dans un coma incertain alors qu'il avait perdu trop de sang, malgré les premiers secours apportés par ses collègues.

Une fois pris en charge par les équipes du Mercy Hospital, les talentueux médecins avaient finalement réussi à le stabiliser, ne parvenant toutefois pas à le sortir de son état léthargique. Bien que quelques séances de rééducation seraient nécessaires pour soigner son épaule meurtrie, il semblait qu'hormis son état second, le flic ne souffre d'aucune séquelle. Encore fallait-il qu'il se réveille un jour. Harper avait été placé dans une chambre d'une quelconque aile morbide de l'hôpital, qui ressemblait plus à un mouroir qu'à un endroit où on soignait les gens. La était l'endroit des gens, qui, comme lui, avaient sombré dans les limbes. Pour autant, plusieurs personnes étaient passées le voir dans son sommeil, marquant leur visite par quelques petits présents qui égayaient l'atmosphère morose de la chambre. On pouvait y apercevoir quelques fleurs, des photos ou autres objets plus intimes comme des chapelets ou autre. Pas grand-chose non plus, étant donné le peu de relations amicales que pouvait entretenir le sudiste. Seul le bruit de l'électro-cardiogramme venait troubler le silence lourd et pesant des lieux, marquant d'un bip strident chaque battement de cœur du blessé.

Quelle soirée mouvement avait été cette descente, au plus profond de son être, la belle allemande avait sentit que cette histoire ne se terminerait pas bien. Elle fut touchée, c'était presque prévisible finalement, puisqu'elle ne répondait plus vraiment d'elle-même depuis qu'elle avait apprit sa grossesse et pour tout dire, le Goa'uld parasite qui avait élu domicile dans ses entrailles semblait se donner à cœur joie de rendre son hôte aussi imprévisible que l'avenir pouvait l'être. Alden ne fut pas le cas le plus grave, ils avaient perdus des collègues ce soir-là et la trentenaire de bons millilitres de sang, mais pas suffisamment pour qu'à l'annonce de l'état critique de Harper lors de leur prise en charge par les secours la belle ne puisse faire une crise de nerf phénoménale au point que, même blessée, il fallu trois hommes pour la maintenir et une dose de sédatif conséquente pour endormir la lionne qui semblait avoir perdu l'esprit. Le stress est mauvais pour le bébé, voilà ce que lui avait répondu le médecin qui s'était chargé de la sergente, comme si elle n'en avait pas conscience. Il l'avait agacée plus qu'autre chose en se permettant de lui faire une pseudo morale sur son état - elle n'était pas en sucre, non, elle portait la vie et cela devait donc signifier cesser toute activité professionnelle ? - et l'avait temporairement mit sur la touche, elle ne serait pas en mesure d'aller travailler, à cause de ses blessures, mais également parce que la descente qu'avaient fait les forces de l'ordre avaient générée bien trop de stress et l'échographie fut donc avancée pour s'assurer de la bonne santé de sa progéniture. Une paire de tout, à peu près visible sur ce moniteur aussi clair que l'écran d'un nokia 3310 ce qui obligeait Cameron à plisser les yeux. Vaseuse, nauséeuse et fatiguée, sa patience était réellement mise à rude épreuve, mais quand le spécialiste lui demanda si elle désirait connaître le sexe du bébé elle acquiesça.

Chez elle, le temps lui avait semblé long et a chaque fois qu'elle était amenée à baisser le nez sur son bandage, ses pensées se trouvaient dirigées presque immédiatement vers Harper, allongé dans son lit d'hôpital, inconscient, dieu seul savait s'il sortirait de son sommeil de plomb ou non. Cam avait compté les jours et savait que chacun d'eux qui s'ajoutait éloignait dangereusement Lee de l'éveil. Du stress en plus, ce qui valu à la blonde d'avantage de jours de repos forcé, son supérieur lui était tombé dessus après avoir eut une conversation avec l'urgentiste qui s'était chargé de son cas et l'avait menacée de lui retirer ses enquêtes si elle ne s'efforçait pas de prendre soin d'elle, mais au train où allaient les choses, elle savait qu'elle passerait à peine le premier trimestre et se trouverait obligée de rester chez elle. La porte ouverte à l'obésité, végéter dans son canapé la rendrait folle, l'inactivité n'était pas son truc, si elle souhaitait réussir à dormir il lui faudrait occuper ses journées, sans quoi, ses terreurs nocturnes auraient besoin de sa santé. Alors elle s'y est rendue tous les jours, dans cet hôpital qu'elle commençait à détester, dans cette chambre qu'elle méprisait, devant ce corps allongé et sans vie avec pour seule ambiance ce foutu moniteur accompagné de ces "bip" sonores. Aujourd'hui ne faisait pas exception, assise néanmoins sur le matelas de l'ours, Cameron entreprit de raser cette barbe trop longue que les infirmières avaient laissée pousser et qui lui donnait un air beaucoup trop négligé. "Faut pas se laisser aller Harper, t'entends ?" lui dit-elle en trempant le rasoir jetable dans une petite bassin qu'elle avait remplie d'eau et déposé sur la table de chevet encombrée de divers babioles allant d'un soliflore en passant par des cartes de baseball, des cadres et des objets religieux. A la vue d'un chapelet de bois Alden se crispa légèrement et s'attelait à raser la joue gauche de son ami le légume. "J'ignorais que tu étais croyant, mais si tu ne l'es pas Lee je peux te jurer que si j'attrape la personne qui a osé foutre des symboles religieux partout je le tue." elle s'est penchée en avant, comme pour lui confier un secret, la voix plus douce. "Les gens ont-ils cru que t'allais y rester, manque plus qu'ils se mettent à bruler des cierges et ça y est, tu auras ton propre autel et ta chambre deviendra un lieu de pèlerinage." Elle a rit de sa propre bêtise, doucement, avant de regagner son sérieux, l'humour sans un bon publique n'est pas aussi drôle. Il lui manquait son - bientôt plus - barbu. Il l'inquiétait son ancien militaire.

Certains disaient que les personnes dans le coma parvenaient à ressentir tout ce qui leur arrivait ou entendre toutes les conversations, comme s'ils n'étaient que des spectateurs enfermés dans un corps qui n'était momentanément plus le leur. Dans le cas du sudiste, ce n'était absolument pas le cas, sinon il serait sorti de sa léthargie au moment même ou Cameron s'était mis dans la tête de le raser et rendre ses joues aussi glabres que les fesses d'un poupon. S'il y avait eu un onzième commandement, ce dernier aurait probablement interdit à quiconque de toucher ou de raser la barbe d'un autre homme sans autorisation. Néanmoins, et heureusement pour l'allemande, l'état léthargique du patrouilleur était stable et les médecins n'avaient malheureusement aucun pronostic pour le réveil de ce dernier. Aucun risque donc de le voir se réveiller en sursaut pour venir étrangler la bougresse qui osait lui rendre sa jeunesse. Au lieu de ça, malgré la gravité de ses blessures, le visage de Lee gardait un air serein et paisible, ne sourcillant aucunement à chacune des agressions qui venaient lâchement frapper la peau de ses joues.

La poignée de la porte de la chambre bouegea doucement tandis que cette dernière s'ouvrait avec un petit grincement métallique, annonçant à la future maman l'arrivée de visiteurs. Cette fois-ci, ni membre de l'équipe médicale ou collègue de travail venu faire son travail ou déposer une marque d'attention. La porte s'ouvre sur un couple de personnes âgées, la soixantaine bien tassée. L'homme est vêtu assez élégamment, mais son attitude dégage un air bourru et peu affable tandis que la femme, plus petite, dénote par la douceur des traits de son visage, les joues et les yeux rougis par des larmes incessantes. Ils restent un instant interdits devant la présence d'une étrangère aux côtés de l'homme qui n'est autre que leur fils mais finissent par s'avancer pour parvenir au pied du lit dans un mutisme déconcertant. La mère, prénommée Grace, finit par succomber à ses émotions avant de se jeter au cou de son fils, murmurant son prénom entre deux sanglots, tandis que le père, James, reste plus stoïque et semble ne porter son attention que sur la jeune femme qui rase son fils. Visiblement, c'était la première visite que faisaient ses parents au quadragénaire, l'annonce de sa blessure ayant probablement été retardé par le fait que le sudiste ne s'épanchait pas sur sa vie privée, et encore moins sur ses origines familiales.  « Qui êtes-vous? » demande brusquement le vieil homme, son regard s'attardant sur les courbes toujours plus arrondie du ventre de Cameron.  « Une collègue de travail ou bien .. ?» demanda-t-il de manière presque rhétorique, s'étonnant de la promiscuité de la blonde. Visiblement, le flic n'avait pas encore parlé de l'allemande à ses parents.  « James !» pesta la mère du blessé à l'égard de son mère.  « Non mais je préfère savoir étant donné qu'elle est en train de raser la barbe de ton fils ! Et tu sais à quel point il y tie.. » Le père n'a pas le temps de finir sa diatribe que son épouse le fusille du regard, ne lui laissant pas l'opportunité de terminer. Grace rabroue un sanglot avant de poser un regard étranger familier vers la jeune flic.  « Veuillez l'excuser, je m'appelle Grace, la maman de Lee et l'impoli que vous voyez là n'est autre que mon mari, James. Vous êtes une amie de Lee ? Que vous ont dit les médecins ? » s'inquiète-t-elle finalement.

Alors qu'elle fait tremper la lame dans la petite bassine emplie d'eau son attention est attirée par le bruit de la porte que l'on ouvre, Cameron n'y prête pas immédiatement attention, c'est que les infirmières et les médecins défilaient dans cette chambre et qu'elle s'en était accoutumée, pourtant c'est l'absence de mouvement de cette présence qui l'obligea à détourner le regard et à s'intéresser au couple de seniors qui venaient de pénétrer dans la chambre. Une petite dame avec de beaux yeux acier rougis par l'inquiétude sans doute et un air familier accompagnée d'un homme tout aussi âgé, mais bien plus grand qu'elle dont le faciès ne lui était pas inconnu. Se pourrait-il... ? Elle plisse les yeux et automatiquement leur sourit avec politesse en se redressant, éloignant du visage du sudiste son rasoir. La dame assaillie l'ancien militaire, se rue presque sur lui en sanglotant alors que le vieil homme l'observe durement, comme s'il cherchait à sonder son âme ce qui met l'allemande mal à l'aise. Les questions se mettent à tomber, qui est-elle, mais qui sont-ils ? Les parents de Lee, il a des parents, encore en vie ? Il n'en avait jamais touché un traître mot à la jeune femme, s'ils partageaient beaucoup, au sujet de leurs famille les deux semblaient être resté secret. Ses lèvres s'entre-ouvrent, mais avant qu'elle n'ait pu répondre quoi que ce soit, la femme aboie sur l'homme. Les minutes défilent et elle se rend compte qu'il s'agit bien des parents de l'intéressé, surtout quand le senior s'en vient à parler de la barbe de son fils. Alden lâche le rasoir et le laisse couler au fond de la bassine, mal à l'aise et le pauvre Lee se retrouve à moitié rasé. "Enchantée, madame, monsieur Harper..." légèrement décontenancée et perturbée par cette situation qu'elle n'avait pas le moins du monde vue venir, la jeune allemande se permit d'essuyer le côté rasé du visage de son ami, comme perdue entre rêve et réalité. "Je-" suis dans la merde. L'apocalypse se déroulait à cet instant même dans son esprit, le couple Harper n'avait été prévenu que tardivement de l'accident de leur fils puisqu'elle osait imaginer que s'ils en avait été avisés plus tôt, ils auraient également fait le déplacement en temps et en heure, mais en plus de ça ce dernier n'avait pas pris la peine d'informer ses parents sur sa situation actuelle, qui était : j'ai mis ma collègue enceinte parce qu'on s'est pinté la gueule. Ses prunelles se posèrent un instant sur le visage - qui pouvait bien être - paisible de l'ours en le maudissant intérieurement, ça, il ne l'emporterait pas au paradis. Elle réprimait cette affreuse sensation de malaise, celle-la même qui lui donnait envie d'ouvrir une fenêtre et de s'allonger dessous afin de respirer de l'air frais afin de garder contenance. Quelle image vont-ils avoir de moi ? se lamentait-elle intérieurement. "Ca-aa-Cameron Alden, je suis une amie de Lee et accessoirement - je vous le donne en mille monsieur Harper ! - son ancienne coéquipière." dit-elle calmement sans lâcher son fichu sourire de convenance.

Inconsciemment sa main venait caresser son ventre alors qu'elle se faisait violence afin d'éviter une crise d'angoisse malvenue, dieu qu'elle ferait payer à Lee ce qu'il l'oblige à traverser seule. "Son état est stable, ses jours ne sont pas comptés, mais les médecins ignorent quand il se réveillera et ne cessent de répéter qu'il nous faut être patients." avoue t-elle contrainte, déposant un regard bienveillant et inquiet sur l'ancien militaire alité, impatiente de le voir sortir de son sommeil de plomb pour pouvoir lui botter les fesses dignement, même si, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir responsable de son état comateux. Elle y était pour quelques chose, Cameron était les tuiles qui tombait sur le coin du nez de l'agent Harper. Tous les problèmes qu'il avait rencontré depuis qu'ils se connaissaient venaient tous, d'une manière ou d'une autre, de la blonde. Elle était le cheveux dans sa soupe, l'éclat d'os dans son parmentier, ce cil dans son œil et la cause de sa rétrogradation. Bref, la source de ses problèmes. "Je suis certaine qu'il serait ravi de vous voir à son chevet." un nouveau sourire qui transpire la tristesse cette fois, puis elle se reprend et se s'affaire à terminer ce qu'elle avait commencé, c'est à dire : raser le visage de l'ours afin de le rendre plus présentable. Même si la barbe lui donnait ce petit truc, l'idée de le voir rasé de près lui plaisait beaucoup. "Quand à la barbe de votre fils monsieur Harper, je crois pouvoir affirmer que nous sommes assez intimes pour me permettre de la lui raser." ajouta t-elle non sans humour en faisant glisser lentement la lame sur l'épiderme du sudiste. "Combien de temps allez-vous rester en ville et où allez vous séjourner ?" c'est qu'ils avaient dû faire de la route tous les deux, par politesse aussi, mais également par curiosité qu'elle posait la question. Il serait étrange pour Alden de proposer aux grands-parents de son enfant à naître de venir séjourner chez elle sans qu'ils ne se connaissent, mais ils n'étaient pas n'importe qui et le manoir étant assez grand pour leur permettre de s'y installer quelques jours, pour Lee elle le ferait.

Le sexagénaire quitte enfin le bout du lit pour venir rejoindre son épouse, la soutenant dans ses émotions en posant ses larges mains calleuses et rugueuses dans un geste incroyablement tendre pour un homme de sa carrure. Grace, elle, encore émue de voir son fils ainsi se saisit de l'une d'entre elles alors qu'elle porte vers Cameron un regard attendri, touchée de voir auprès de leur enfant certains de ses collègues de bureau.  « Cameron ?! Ouiii .. je crois me souvenir de vous, mais il me semble que Lee nous a déjà parlé de vous. Mais je dois avouer que ce n'était pas en des termes très flatteurs, mais c'était il y a maintenant quelques années, probablement à votre rencontre. Je suis ravie de constater que les choses semblent avoir changé et  qu'il n'est peut-être pas aussi têtu que son père ... » Un sourire amusé étiré ses lèvres de vieille dame, alors qu'un regard espiègle se porte vers son mari, parvenant pendant un moment à changer ses idées malgré la gravité de la situation. Il fallait croire que l'humour était un exutoire apprécié chez les Harper, tandis que le père roulait des yeux en quittant sa femme, s'approchant de son fils pour déposer un baiser sur son front avant de lui murmurer quelque chose d'inaudible.  « Nous le serons. C'est un battant, il en a vu d'autres. »affirme calmement l'ancien Marine alors qu'un regard ferme ne quitte pas des yeux l'homme alité. James hausse les épaules et daigner enfin gratifier Cameron de son attention.  « Je l'ai toujours préféré sans .. » avoue-t-il à demi-mots avec un semblant de sourire, alors que le mot « intime » semblait avoir attisé la curiosité de la vieille dame, qui feignit de ne pas le relever.  « Oh, nous descendons dans un hôtel du centre-ville, non loin d'ici. Nous avons prévu de rester quelques jours, mais James devra retourner à Savannah pour gérer ses affaires. Ce n'est pas si loin, vous savez ? Vous travaillez toujours ensemble ? » poursuit-elle sur le ton des banalités, alors que sa mine s'adoucit, comme si elle préparait un mauvais coup.  « Je ne sais si je vais oser .. oh si, désolé, ça me brûle les lèvres … vous en êtes à combien de mois ? » minaude-t-elle alors que ses yeux brillent à la vue du ventre arrondi de la jeune policière., alors qu'une de ses mains se pose sur celle de Cameron.  « Grace ! » Les rôles semblent inversés alors que le patriarche rappelle fermement son épouse à l'ordre.  « Vous n'êtes pas obligé de répondre, vous savez. Après elle risque de vous bassiner pendant des heures sur ses envies de devenir grand-mère.... »

La fameuse Cameron, celle qui fait des remous, celle qui fout son bordel, l'ingérable et indomptable connasse. Elle n'a jamais minaudé elle au moins, quitte à se prendre des déferlante de la part de l'ancien militaire et en venir parfois aux mains. Celle-là même. Se faire bassiner sur l'envie d'être grand-mère de la part de James Harper, les lippes entre ouvertes, le sourire figé comme un vieux fond de sauce, Cameron détourne son regard vers le couple de retraités après avoir enfin terminé de raser le visage de leur fils. Il ne leur a rien dit, intérieurement la colère la gagnait, jamais elle n'avait eu autant hâte qu'il se réveille de son hibernation l'ours, parce que la mandale qu'il risquait de se prendre au réveil risquait d'être monumentale. Peut-être que pour son bien le sudiste ferait mieux de ne pas se réveiller. "Oh..." elle a soupiré en baissant le nez vers l'arrondis de son ventre. "Trois mois depuis quelques jours et..." parler du sexe du bébé, ne rien dire, annoncer aux parents de Lee qu'il s'agit là de l'enfant de ce dernier, se taire et le laisser annoncer la nouvelles à ces derniers de vive-voix, mais s'il ne sort jamais de son coma, ils n'auront jamais la chance et le plaisir de voir grandir la chair de leur chair. "C'est qu'il s'agit de... Je pensais que Lee vous en aurait parlé." elle se racle la gorge, adresse un regard désespéré à l'homme inerte dans son lit bien trop blanc et aux traits bien trop paisibles. "C'est pas vrai ? -Prenez un siège James, Grace..." si sa voix se voulait douce, enjouée et chantante, la fin de sa phrase sonnait tout autrement. Elle l'a maudit, sentant une boule se former au fond de sa gorge du diamètre d'un ballon de soccer, les paumes moites et le palpitant sur le point de quitter son logement afin de s'en aller battre plus loin de cette cage thoracique bien trop exiguë. Je suis tombée enceinte par accident, votre fils en est le père et nous ne sommes pas ensemble, mais on va l'élever et le garder hein. Salut je suis une pute, le résultat était le même. Le taureau par les cornes. "Votre-petit-fils." la voilà qui balbutiait, incapable de savoir comment se sortir de cette situation abracadabrante et incroyable, comment allait-elle se tirer de là. "La fameuse Cameron est tombée enceinte de votre fils, accidentellement." l, elle se lève et quitte le matelas pour se planter juste à côté de la tête du lit d'Harper, hésitant un instant à ouvrir une fenêtre pour aérer la pièce et prendre l'air, parce que là où elle se trouvait, elle s'asphyxiait.

Grace dodeline de la tête, buvant littéralement les premières paroles de l'allemande avant que son sourire ne s'efface, peu sûre de ce qui va sortir ensuite de la bouche de la policière. James, lui, reste stoïque, écoutant d'une oreille distraite alors que ses yeux restent posés sur le visage de son aîné. La situation pouvait être semblable à celle que vivaient les habitants d'Hiroshima au matin du 6 août 1945. Les gens vaquaient à leurs occupations tranquillement, échangeaient des banalités routinières. Mais c'était avant que la bombe ne tombe d'Enola Gay. Un ange passe dans la chambre d'hôpital alors que deux paires d'yeux écarquillés se tournent vers l'allemande, le stupeur pouvant aisément se lire sur leurs visages ridés.  « Quoi ? Mais ..» balbutiait doucement la mère du sudiste, n'étant pas vraiment sûre d'avoir vraiment entendu ce que Cameron venait d'avouer malgré une audition excellente.  « UN PETIT-FILS ! JE VAIS AVOIR UN PETIT-FILS ! »s'exclame brusquement le patriarche avant de laisser échapper un grand rire tonitruant et caverneux de sa gorge.  « Toi, mon gars, j'peux te dire que t'as pas intérêt à te réveiller de sitôt parce que je te jure que tu vas manger celle-là pour nous avoir caché ça ! » menace-t-il son fils de sa grande paluche, ses paroles dénotant avec sa mine ravie et son air enjoué.  « James ! » Le prénom de l'ancien claque dans l'air avec martialité, tel un ordre aboyé par le pire des sergents instructeurs. Mais l'invective est efficace puisqu'elle stoppe net le retraité dans son élan. Doucement, Grace cherche Cameron du regard avant qu'elle ne se lève du lit, la rejoignant sans un bruit auprès de la fenêtre. Elle pose une main sur son épaule, l'invitant à se retourner avant de s'approcher d'elle pour la prendre dans ses bras.  « Oh mon enfant .. »clame-t-elle d'une voix quasi-maternelle au creux de son cou.  « Je suis .. je me sens tellement désolée pour vous qu'il vous ait mise dans cette situation à devoir nous l'annoncer. Je .. je sais que ce n'est pas un bavard et qu'il n'est pas du genre à s'épancher mais .. je suis tellement ravie pour vous. » De son côté, le futur grand-père trépignait de joie, hésitant à s'approcher du couple de jeunes femmes. Les deux retraités ne semblent pas daigner le côté « accidentel » de la chose. Profondément croyants, issus tous deux de familles conservatrices du sud des Etats-Unis, ils ne pensaient pas une seule seconde que ce genre d'évènement était un accident, mais bel et bien une des joies profondes de la vie dont il fallait profiter.  « En tout cas, vous êtes belle comme un ange ! Et toi, mon p'tit bonhomme, j'ai hâte que tu grandisses pour que je t'apprenne à chasser ! » s'exclame-t-il soudainement avant de claquer une bise sonore sur la joue de l'allemande.  « Je .. peux? » demande Grace poliment en baissant ses yeux et en tendant sa main flêtrie.  « Oh, nous avons tellement de choses à nous dire ... »

Effusion de joie, éclats de voix dans la petite chambre d'hôpital où séjournait Lee et tout cela venait surtout de son père qui semblait être aux anges après avoir apprit la nouvelle. Un petit fils, le rêve. Seulement ils donnaient l'impression d'avoir appris les noces prochaines de leur enfant et non pas une naissance non programmée, fruit d'une erreur d'adolescents commit par deux adultes consentant sous les effets de l'alcool, mais cette partie, les deux vieillards n'étaient pas obligés d'en entendre parler. Puis l'intéressé fut menacé de l'index par son paternel, décidément, il allait lui en arriver des choses quand il ouvrirait les yeux. Un soulagement aurait put se faire sentir, malheureusement ce ne fut pas le cas, la situation, les choses, tout semblait lui échapper alors que les Harper accueillaient la nouvelle avec bonheur. Un moment, elle l'enviait le quadragénaire, parce qu'elle aurait aimé que de son côté de la famille les choses se soient passées de la même manières, mais ce ne fut pas le cas, loin de là. Seule sa mère avait daigné accepter la nouvelle et encore, quand à son père, elle préférait ne pas y penser. Frôlant la syncope, à deux doigts de déverser sur le linoléum de la chambre d'Harper. Sale ours mal léché. "Je pensais qu'il vous en avait parlé, mais effectivement, il n'est pas très bavard et bien que je sois restée dans ses pattes tout ce temps, nous n'avons pas réellement prit le temps de parler comme des adultes." des beuveries, Cameron était devenu la partenaire de l'ancien militaire et rapidement, la jeune femme avait été placée au rang de copain. Vraiment, il semblait oublier parfois qu'en face de lui, l'ours, se trouvait une femme, ce qui ne déplaisait pas à cette dernière. Pas de restriction, ils parlaient de tout, mais surtout de rien d'important et passaient de très bons moments en compagnie l'un de l'autre. Puis le sujet de la chasse fut évoqué. Un sourcil arqué au dessus de ses prunelles bien trop bleues alors qu'alternativement elle opinait du chef afin de laisser la future grand-mère poser sa main sur sa bedaine. "James, mon fils ne pratiquera jamais la chasse, le tricot si Grace en a bien envie, le poker si son père est tenté de le lui apprendre, mais-pas-la-chasse." sans réellement s'en rendre compte, la jeune femme avait fait preuve de fermeté, peut-être trop et le ton qu'elle avait employé pouvait sembler agressif, mais voilà ce qu'elle pensait. Hors de question de donner une arme à feu à son bambin afin qu'il aille chasser le lapin, le cerf ou toute autre créature comestible dans les bois en compagnie de son grand père. "La pêche ?" ajouta Cameron d'une petite voix, les poissons ça ne la gênait pas, non, tôt on lui avait apprit a les attraper, les vider, mais également les cuisiner et n'avait rien contre ça.

Grace ne s'était pas laissée prier pour poser hâtivement mais délicatement une main curieuse. La simple sensation de poser cette dernière sur l'arrondi du ventre de la jeune femme semblait lui remonter le moral, la ramenant des années en arrière. Leurs regards se croisèrent une nouvelle fois et Cameron pouvait y lire de la gratitude à l'état brut et peut-être même une once de culpabilité pour le comportement de son fils visiblement mal éduqué. Harper senior jubilait dans son coin, pensant déjà à comment il allait occuper ses prochaines années, revivant ses années de jeune papa à courir la campagne avoisinant leur grande plantation mais il fut tiré de ses rêveries familiales par le répondant et le mordant de la lionne, ce qui eut pour effet de l'arrêter net dans ses effusions de joie. James cherche un peu de soutien dans le regard de sa femme avant de pointer du doigt celle qu'il venait définitivement d'adopter pour son caractère.  « J'l'aime bien, elle, elle a du répondant ! » confesse-t-il avant de se retourner vers Cameron, haussant les épaules.  « Va pour la pêche alors. Le golf aussi, ça me va. Sans vouloir vous commander, hein. » Il lui aurait presque donné le bon dieu sans confession. Ce qu'il fallait retenir de tout ceci était que James Harper avait appris à son fils à jouer au poker, et aussi à quel moment il devait bluffer. Ce moment était particulièrement choisi pour appliquer sa longue expérience. Que Cameron ne laisse même pas une semaine son fils en vacances chez ses grands-parents, parce que le républicain se prendrait un malin plaisir à emmener ce dernier chasser contre la volonté de sa mère. Qui sait, peut-être même lui prendrait-il sa première carte à la NRA.  « Comment vous sentez-vous ? » demanda Grace, recadrant la conversation qui dérivait trop à son goût. Sa main avait quitté le ventre de la jeune femme et elle était venu doucement s'installer sur le lit aux côtés de son fils.  « J'espère qu'il pourra être là pour .. » Sa phrase se perdit en l'air, ses mots laissant place à quelques sanglots vite ravalés. James se précipita auprès de sa fidèle épouse, l'assurant de tout son soutien en la consolant alors que la future grand-mère s'excusait de se donner ainsi en public.  « Shhh … ne t'inquiètes pas, j'ai déjà vu ça au 'Nam... tu verras, il sera sur pied dans quelques jours, tout au plus. C'est normal, après de telles blessures .. faut du repos. » Harper senior essayait de donner une certaine crédibilité dans son nouveau mensonge, cherchant du regard de l'aide auprès de Cameron. Lui aussi était un ancien combattant, et s'était même porté volontaire pour rejoindre les Marines pendant le Vietnam. Et de par son expérience, il savait pertinemment que l'issue de ce genre de blessures revenait à lancer les dés.

Il lui arrache un léger sursaut lorsqu'il s'exclame, mais pas seulement, un sourire naît alors sur son visage et est à peine perceptible, James est de ces gens spontanés et plutôt bruts que Cameron admire et apprécie. Elle ignorerait qu'elle marquerait des points en s'opposant à l'idée d'envoyer son bambin chasser e compagnie de son grand-père, mais le résultat ne lui déplaisait guère. "Le golf..." elle a répété bêtement en hochant la tête, comme-ci elle dirait amen aux propositions qu'il ferait peu importait de quoi il s'agissait. Question de correction, sans doute. Alden ne s'était pas projetée si loin à vrai dire, son fils pratiquerait ou non les sports qui lui feraient envie et s'il lui prenait d'enfiler des robes de princesses dans le salon, elle le laisserait faire, ça elle en était certaine. "Inquiète, comme nous tous je suppose, mais ça va." comme une femme enceinte tiraillée par la culpabilité et qui attend le réveil du père de son enfant plongé dans le coma. L'oxygène se fluidifiait, l'envie d'ouvrir une fenêtre lui passait, celle de défaillir s'envolait également. Le 'Nam. Monsieur Harper avait été mobilisé là-bas donc, son respect envers ce dernier ne cessait donc de grandir, mais elle réalisait aussi que la pomme ne tombait jamais loin du pommier, Lee avait combattu comme elle en Irak et avait fait l'Afghanistan, militaires de père en fils. L'allemande espérait néanmoins que sa progéniture ne s'engage pas et aspire à tout autre chose qu'à défendre sa nation bien gardée, il ne devrait pas connaître les affres de la guerre ni même en subir une, elle savait ce que c'était et se refusait de le laisser traverser de pareilles épreuves. Certains hommes en reviennent changés, d'autres n'en reviennent jamais vraiment, quelques uns y laissent leur vie et d'autres préfèrent se l'ôter une fois rentrée du front. "Je viens le voir tous les jours, les médecins parlent de signe encourageant concernant son activité cérébrale et lui lui arrive parfois de remuer et des doigts et des jambes." assure la jeune femme, souriant doucement en s'approchant lentement du lit d'Harper en le fixant. "Votre fils est robuste, il se réveillera bientôt j'en suis certaine." qu'elle espérait la blonde, portant un regard tendre mêlé à une pointe d'inquiétude qu'elle tentait de dissimuler afin de ne pas peiner la pauvre sexagénaire. La réalité était qu'elle nourrissait l'espoir qu'il ouvre les yeux au plus vite, plus vite il sortait de ce coma, moins longue serait sa convalescence.

Maman Harper ne pouvait empêcher les sanglots, enfouissant son visage du regard des autres dans le cou de son enfant. L'idée de ne le revoir jamais lui-même la terrifiait, et l'annonce de l'heureux événement avait suffi pour saper son moral fragile, s'effondrant devant le drame qui se jouait devant elle, impuissante.  « Je .. suis .. désolée .. » hoquetait-elle difficilement, reniflant difficilement ses pleurs. Malgré tout, elle se sentait rassurée par la présence et le discours de son rustre mais aimant de mari, qui savait toujours trouver les mots justes pour les calmer, même si plus de quarante ans de vie de couple ont suffi pour lui prouver qu'il racontait souvent des bobards. La présence fortuite de la mère de son futur petit-fils acheva de la convaincre qu'il lui fallait désormais reprendre du poil de la bête, et de ne pas se laisser ainsi abattre. Après tout, ce n'était pas le tempérament d'une dame du Sud.  « Merci » dit-il sincèrement à l'attention de ses camarades d'infortune alors qu'elle relevait enfin son visage rougi par les larmes. Grace quitta le flanc de son fils pour venir déposer un baiser complice sur la joue de James, avant de s'approcher de Cameron avant de la prendre dans ses bras.  « Oui, il est robuste … il nous reviendra. Il vous reviendra. » lui chuchote-t-elle à l'oreille. Elle aurait pu parler plus fort que James n'aurait probablement pas entendu pour autant, l'âge ainsi que l'explosion d'une grenade vietcong à proximité de son oreille droite n'aidant probablement pas.  « Voudriez-vous bien nous accompagner pour dîner ce soir ? Je dois avouer que je meurs d'impatience de faire un peu plus votre connaissance, Cameron. Je peux vous appeler Cameron, n'est-ce pas ? » Chassez le naturel qu'il revenait au galop. Restant quelques jours en ville, les parents de Lee virent leur souhait réalisé, apprenant à connaître celle qui portait une part de leur sang, s'attachant malgré tout à elle, remerciant le ciel chaque jour de l'avoir placé sur leur route pour ne pas avoir à affronter cette épreuve seuls. Le courant semblait être passé, où du moins, c'est ce qu'ils croyaient et savaient leur fils entre de bonnes mains tandis qu'ils rejoignaient leur Géorgie natale après quelques jours sous le soleil de Floride. Mais l'était-il vraiment?