(BLAISE) Rends-moi fou de toi.

(I) Gosse de riche, richesse infâme offerte à la naissance par une simple transmission génétique. Fils aîné d’une des familles les plus riches de Miami, il a eu le malheur de voir le monde avant son frère et sa sœur, ayant sur les épaules le poids d’héritier en première branche. Poids qui au début n’en était pas vraiment un, un sort qu’il acceptait passablement sans vraiment se poser e questions. L’argent ouvre bien des portes, parfois les mauvaises, ça semble évident. (II) Jamais vraiment à sa place, jamais vraiment comme elle, comme lui. Toujours différent, d’une certaine façon, du moins, à sa manière précoce. Gosse aux crises multiples, avec ce besoin évident d’attention, de démonstration. Jamais assez…Il n’en avait jamais assez et, rapidement, ce fut la rébellion, l’évidence même. Les conneries s’enchaînent, les crises de colère aussi. Les psys ne disent jamais rien de favorisant, au point qu’il en devient un garçon à problèmes. Beaux vêtements, bouille d’ange, sourire charismatique, de quo faire battre des cils mais les cœurs visés ne semblaient jamais vraiment comprendre ses besoins excessifs. (III) Il a fini par comprendre, par apprendre de ses erreurs. Pas proche de son père, davantage de sa mère, mais pas plus que nécessaire. L’enfant en manque d’amour, en réclamation constante a fini par s’effacer. Un adolescent plus sombre prend place, comme une évidence, comme un besoin de s’échapper, de s’éloigner. La richesse lui coule entre les doigts, l’image de sa propre petite personne aussi. Les fêtes s’enchaînent, l’alcool coule à flot, les voyages sur le yacht familiale, les voles privées dans le jet de papa. Il n’avait plus de demi-mesure, plus de contrôle. Blaise sombrait, envoyant valser les siens, sans pour autant oublier d’où il venait. (IV) Puis, papa en a eu marre. Seize ans, l’aube d’une vie, pas grand-chose, mais assez pour avoir trop déconner Séjour en pension d’un an, assez pour le couper du monde, l’isoler de ses fréquentations, de ses soucis, de sa famille. Une bouffée d’air frais, une remise en question. Et quand il revient, Blaise avait changé. Plus souriant, plus énigmatique, mais également, bien plus sérieux. Résultat de pas mal de secrets, résultat d’une identité qu’il voulait sienne. Papa n’aurait jamais imaginé la suite, n’aurait jamais cru que son fils aîné tourne le dos à la route toute tracée qu’il avait fait pour lui. Blaise refuse d’entrer dans l’immobilier, veut se consacrer aux forces de l’ordre. Malgré les cris, les affronts, c’est Blaise qui gagne la partie et la tête haute. Il refuse de céder, pour la première fois, c’est son père qui plie le genou. (V) Là-bas, il n’était que Blaise, seulement Blaise. Pas de monsieur, pas de faux semblants gâchés par l’argent. Juste Blaise. Et c’est ce qui le rendit davantage sûr de sa propre voie. Il a travaillé dure, encore et encore et sorti major de sa promotion. Etrangement, il lit la fierté dans le regard de son père. Blaise était le meilleur, dans sa branche, certes, mais son père ne voyait que ça : l’excellence. Jeune policier à la carrière prometteuse, voilà ce qui se murmurait à l’oreille, l’évidence même. Mais Blaise ne souhaitait pas s’arrêter là, préférant s’orienter vers la brigade canine, ce partage entre le chien et l’homme. Après tout, Blaise a toujours aimé les animaux, certainement davantage que les hommes en eux même. (VI) Et il s’épanoui, s’éloigne du monde de la richesse pour avancer par ses propres moyens. Pourtant, l’argent ne cesse d’arriver sur son compte en banque, papa y prends soins, souhaitant probablement le meilleur pour lui. Les années s’écoulent, Blaise devient lui-même. Loin d’être proche de sa petite sœur, cette princesse pourrie gâtée, quelques différents avec Logan, ce frère possédant son propre caractère. Mais la famille reste la famille, du moins, jusqu’à ce qu’il tombe pour la première fois amoureux. (VII) Sutton. Un prénom qu’il n’oubliera jamais et ce, même si un gout amer reste sur sa serpentine à l’heure d’aujourd’hui. Beauté qui vient se placer sur son chemin, qui le détourne de sa routine. Autrefois, il ne vivait que pour son job, mais avec elle, il se sentait bien, souriant, trop passionné et sûrement, méfiant et jaloux. Il n’a rien compris, n’a pas su comment c’est arrivé, mais il en est tombé fou amoureux. Il ne voyait qu’elle, n’aimait qu’elle et c’était une grande première pour lui. Pourtant, les cœurs sont faits pour être brisés et c’est exactement ce qu’elle fit avec le sien. Elle disparu de sa vie, en épousa un autre là où il se voyait l’épouser. Désillusion amère, cruelle. Sa première peine de cœur, ses premières larmes pour une femme. Aujourd’hui, il regrette certaines choses, pas tout, mais il aurait probablement fait les choses autrement. Une chose est certaine, il ne l’a jamais oubliée. (VIII) Et il s’enfonce de nouveau dans son job, entretient quelques liaisons ici et là, mais jamais rien de sérieux. Du moins, pendant un an. Puis, un nouveau coéquipier lui est attribué. Un beau jeune homme, quelques années plus jeunes que lui, mais assez pour éveiller des désirs que beaucoup diraient déplacés. Ils ont essayé de se retenir, de ne pas se rapprocher, pas comme ça du moins. Oui, Blaise a vraiment essayé, sans y parvenir. Une nuit, à la fin d’une enquête épuisante et sanglante, ils se sont laissés allés à l’ivresse de deux corps qui se trouvent. Mauvaise idée…Très mauvaise idée. Une fois se change en deux fois, puis trois…Jusqu’à ce qu’une relation plus sérieuse s’enclenche. Et voilà, Blaise se fait de nouveau avoir par l’amour. (IX) Je t’aime échangés contre l’oreiller. Relation secrète, interdite entre deux coéquipiers, pas permise et pourtant si belle. Un homme avec un autre…Il s’en fou, sa bisexualité n’a jamais été un secret, Blaise s’est toujours assumé quoi qu’il advienne. Ils se sont aimés, du moins, c’est ce qu’il aime se dire, ce dont il est persuadé. Ils faisaient une équipe de choc, mais rapidement, les émotions prirent le dessus sur la raison. Toujours à trop vouloir se protéger, peur que l’autre se blesse, beaucoup se sont mt à se poser des questions. Les équipes ont changées un an après, et enfin, leur relation vit la lumière. Ils n’étaient plus coéquipiers, ils pouvaient s’aimer sans souci. Du moins, jusqu’à ce qu’il apprenne que l’homme qu’il aimait fréquentait une femme en même temps que lui, lors de leurs premiers six mois de relation…Trahi, voilà comment il s’est senti. (X) Une rupture violente, trop brutale. Blaise au sang chaud, Blaise qui se sent encore bafoué par cette espérance que sont les sentiments. Alors, il s’enfonce de nouveau dans son boulot, cherche à atténuer sa colère dans le lit d’autres personnes, dans les sports de combats, la box ou encore, le karaté qu’il pratique depuis des années. Malheureusement, rien ne semble panser les plaies, alors, en désespoir de cause, il revient vers les siens sans s’en être véritablement détaché. (XI) Famille au caractère différent, mais famille soudée et c’est ce qui compte. Du moins, c’est ce qu’il a toujours cru. Bien que jamais bien loin des siens, il n’a jamais pourtant été proche. Etrange contradiction quand on y pense, mais certaine, imposante, oppressante. Il pensait que malgré ça, ils étaient unis contre l’adversité…Jusqu’à ce qu’il perce le secret de son père. Enfant illégitime, gosse hors mariage. La rage s’empare de lui, il confronte son géniteur, ça explose dans son grand bureau. Comment a-t-il pu faire ça ? Que doit-il faire maintenant, de cette foutue information ? En parle aux siens ? Mais comment ? Apprendre à connaître cet enfant inconnu ? Il est perdu. (XII) Peines de cœurs, secrets, conneries. Blaise s’enfonce dans cette tornade qui le ravage, qui gratte les frontières de sa propre force, de sa patience. Il se renferme, s’énerve davantage, sa rupture récente l’écorche encore et encore, les souvenirs ne cessant de le hanter. Alors, il se défoule comme il peut et c’est d’ailleurs là-bas qu’il tombe sur cette jeune femme. Boxeuse de qualité, à ne pas en douter, ravissante, il se plait à l’observer, la caresser du regard en souriant parfois en coin. Elle dégage ce petit quelque chose de surprenant, d’envoutant également et, effectivement, la regarder est un régale pour ses iris brunes. Il ne saurait dire ce qu’elle a de plus, mais c’est suffisant pour…l’attirer. (XIII) Les soucis ne viennent jamais seuls. Une course poursuite qui tourne mal, un coup de feu, une douleur vive à l’estomac. Il ne se souvient pas de grand-chose, juste de la douleur et du visage de son ex-compagnon penché au-dessus de lui. Blessé dans ses fonctions, une balle perdue apparemment, mais assez pour le mettre en congé pendant six mois. Il devient fou à ne rien faire, à rester au lit. Et la douleur…Ses médicaments sont devenus ses meilleurs alliés, cruelle constatation…Dangereuse dépendance. (XIV) Il ne s’attendait pas à la croiser dans la rue, cette fille aux cheveux sombres, cette fille qui lui a apprit à aimer. Sutton. Il pensait avoir oublié, il pensait que les choses seraient différentes, mais la revoir à réanimer l’amertume, les regrets, l’attirance aussi. Elle ne s’est jamais effacée, elle n’a jamais été oubliée et ça l’énerve. Oui, ça l’énerve parce qu’il aimerait juste la détester, juste la haïr pour le mal qu’elle lui a fait. En vain. L’aime-t-il encore ? Il n’en sait rien, il ne veut de toute façon rien savoir. A quoi bon ? Ils ont eu leur chance. (XV) Aujourd’hui, il n’a encore rien dit à son frère et sa sœur par rapport à l’enfant illégitime, ne sachant comment annoncer cette nouvelle sans déchirer les siens. Il a peur, peur des conséquences, peur de voir tout voler en éclat. Aujourd’hui, Blaise est plus perdu que jamais, étant encore en congé maladie pendant un mois suite à sa blessure. Aujourd’hui, son cœur semble s’effondrer, trembler, s’énerver devant l’incertitude. Aujourd’hui, Blaise est au bord du gouffre, mais n’en montre rien.