Nom complet : Reese (féminin de Rhys, son père ayant toujours souhaité un troisième garçon) Naomi Jean Hamilton. Âge, lieu de naissance : Cap de la trentaine franchi depuis deux ans, elle est née le premier mai 1987 à Miami. Nationalité, origines : Enfant sacré de l'Uncle Sam, il n'y a pas plus american que les Hamilton et Reese en particulier. Emploi, situation financière : Chirurgienne titulaire depuis le début de l'année au service de gynécologie, elle répare les femmes meurtries, et gagne pour cela un salaire très confortable. Statut civil, orientation sexuelle : une vraie feuille d'automne : a volé cinq minutes avec allégresse à l'idée du célibat, puis attend toujours sur un trottoir humide au milieu des déchets qu'un homme se rende compte qu'elle est en fait une rose. À Miami depuis : toujours, elle n'a jamais quitté la capitale de son cœur. Traits de caractère : altruiste, créative, loyale, engagée, intelligente, dévouée, sportive, entreprenante, tendre, bienveillante, responsable ≡ anxieuse, insécure, bornée, sensible, crédule, fataliste, secrète, réservée, irréfléchie, impulsive. Groupe : Sleep.
we don't deserve happy endingsL'
anxiété comme seconde peau, il y a sûrement plus de café que de sang pour abreuver ses veines et ses organes - aussi noir qu'un ciel nocturne par une nuit sans étoiles, enveloppé du nuage blanc suave et sucré que projette sa clope électronique, sacerdoce des trentenaires.
◇◇◇ La
peur clouée au ventre, elle a tout fait, tout tenté, tout élevé au degré de perfection le plus haut, pour n'arracher ne serait-ce que l'
ombre d'un sourire à son père. Reese n'a reculé devant aucune nuit blanche, aucun jupon à fleurs, aucun costume hideux à la pièce de l'école, aucune excursion à haut risque d'ennui mortel dans la société médicale de Miami, aucun cours profondément soporifique, aucun commentaire sexiste cherchant à la détourner de son futur métier.
◇◇◇ La
réputation impeccable, immaculée, de ces couronnes dorées et lourdes que les bonnes femmes font peser sur les jeunes filles bien nées. Rendez-vous compte, les Hamilton : de la sécurité, du solide, du concret, du roc. Des piliers de la société, ma bonne dame ! Garanti sans imprévus, livraison en avance. Et alors, cette petite
Reese ! Exquise, adorable, et tellement aimable ! On se demande encore pourquoi elle n'est pas mariée, mais j'ai ma petite théorie là-dessus. Ce doit être son côté un peu frigide et coincé, et pourtant, ça fait des années qu'elle consulte un psy ! Ces bouches envenimées ne savent pas de quoi elles parlent, mais tel est le sillage imprimé derrière Reese.
◇◇◇ Le
vide et le
froid pour toute récompense, pour tout accueil à l'arrivée de sa saignée quotidienne. Une claque qui fouette son visage, et qu'aucune année passant n'a su rendre plus tolérable. Il est de ces malédictions qu'on ne peut conjurer, et tous les titres honorifiques, tous les diplômes, toutes les preuves d'accomplissement qu'elle aurait pu fournir ne suffisent pas à en effacer le souvenir.
◇◇◇ La
culpabilité noyant son visage de larmes salées et irritantes : Jake, Alexander,
j'ai tué maman. Le père ne manque jamais une occasion de le lui rappeler, de l'ensevelir davantage dans sa propre amertume, sans chercher à savoir si c'était bien Resse qu'il fallait blâmer, ou le titulaire aviné qui ne s'embarrassa pas de regarder le dossier médical de sa patiente.
◇◇◇ La
solitude pour seule compagne de jeu, si Reese est sociable, si elle participe, si elle s'engage, elle n'est pas comme toutes les autres gamines. Il lui manque une étincelle au fond de l'œil, il lui manque une case... il lui manque une mère. Au fil du temps, les commérages se sont mis à glisser sur elle telle de l'eau sur un plumage, mais sa sensibilité d'enfant la rattrape toujours.
◇◇◇ Le
sourire est son masque, le plus facile à afficher et efficace en toutes circonstances. Toujours polie, jamais vulgaire. Faussement rebelle, un chouïa désinvolte, toujours attachée à sa sacro-sainte politesse. Reese ne défrise personne. Elle incarne ce féminisme timide, celui des brebis qui protestent mais pas trop fort, de peur d'être « confondues » avec l'incivile populace les mythiques « hystériques » tout droit sorties de l'imaginaire dix-neuvième. C'est l'école de la vie qui l'a formée à exécuter ces pirouettes.
◇◇◇ L'
action plutôt que les mots, la
tête brûlée plutôt que les idées claires, l'épaisse et haute fumée du feu passionné qui l'anime obscurcit son jugement. Reese fait et réfléchit après, ou pas du tout. Que l'on soit un patient, que l'on soit un ami, elle n'est point l'hôtesse de voyage idéal, car elle néglige de prévoir des issues de secours ou même de prévenir quand il y en a... Ainsi soit-elle. Imprévisible et impatiente, un feu-follet aux milles idées dans la tête et peu de patience pour les mener à terme.
◇◇◇ L'
engagement en grosses lettres capitales soulignées en gras sur son CV, des lettres d'or qui lui ont ouvert les portes de tous les privilèges. Son nom dans les colonnes des journaux : check. Une bourse d'études pour entrer en Med School : check. Une médaille citoyenne : check. Reese aime son prochain et elle le lui fait savoir. C'est une aficionados de l'associatif, du bénévolat, de la sacro-sainte charité chrétienne (bien qu'elle n'ait jamais mis les pieds dans une église) : les SDF, les personnes prostituées, les chiens et chats errants, les enfants malades et les vieux en soins palliatifs... La misère humaine, c'est son terrain. Ça la connaît, et elle ne se voit pas arrêter.
◇◇◇ Le
job, c'est toute sa vie. Ouvrir les gens, regarder dedans, remettre toutes les pendules à l'heure, refermer le bazar et faire le café quand c'est terminé... C'était sa destinée, et aujourd'hui titulaire, elle est bien avancée. Ce n'est pas seulement le nom Hamilton qui l'a conduite ici (car dans sa famille, on ne déconne pas avec la tradition —
tu seras médecin, mon... MA fille), héritage prestigieux d'un paternel aux doigts de fée, mais le travail et encore du travail. L'acharnement et la détermination. Elle est douée, volontaire, et ne réclame pas trop cher - voire rien du tout - pour aider les femmes qui poussent les portes de
son service.
◇◇◇ La
sueur qui perle au coin du front et entoure ses muscles d'une fine pellicule luisante. Reese aime se dépenser. Une vie faite d'oscillations pendulaires, métro-boulot-dodo, ce n'est pas fait pour elle. Ce n'est pas l'alcool qui lui faut, ce sont de grands shots d'air pur et d'adrénaline qu'elle s'envoie à toute heure du jour et de la nuit. Quand elle en a envie, quand elle en a besoin. C'est pour ça qu'elle débarque à dos de son fixie de compétition tous les matins (bon elle n'a pas le permis accessoirement), qu'elle surfe, boxe, court, saute, se ramasse et recommence. Au moins quand elle est essoufflée et au bord de l'évanouissement, elle s'entend vivre. Elle se sent exister pour nul autre qu'elle-même.
◇◇◇ L'
amour au fond des yeux, couve de sa lumière tendre le visage de ses frères. Pas facile d'être cette silhouette frêle et gracile, ce corps de danseuse agile et souple de petite fille, quand l'ombre de deux solides gaillards la précède, l'éclipse.
Jake et
Alexander, ses frères aînés ou les deux vrais hommes de sa vie comme ils se complaisaient à lui dire juste avant de décrocher son plexus d'une accolade virile. Dès que leurs mains surent se saisir d'objets, ils étaient penchés, frais et dispos, sur leur plateau de Docteur Maboul, à extirper les organes de leur premier patient. La médecine : ce rêve commun. Les années les séparaient mais ils se retrouveraient tôt ou tard sur les bancs de l'université, puis dans les couloirs du Mercy. Pendant un temps, le conte devint réalité. Chacun son service, chacun sa spécialité, mais ils étaient là, les trois Hamilton à la même table ronde en plastique imitation bois couvert de rayures des clefs de titulaires angoissés, à plaisanter, à gossiper... à vivre enfin.
◇◇◇ La
nouvelle tombe comme un couperet, comme l'épée de Damoclès. Une journée qui défile devant ses yeux comme une minute, Reese troque son pyjama d'interne pour ses habits de deuil. Voilà qu'en traversant les couloirs de la maison qu'il n'habitera plus, au détour de la chambre de son premier enfant, elle croise sa blouse suspendue à un cintre, vide, désarticulée. Ce n'est plus qu'un chiffon. Son frère n'est plus, la Faucheuse en a décidé ainsi. Après sa mère, son frère, mais le sieur Hamilton ne daigne pas redescendre de l'endroit où il s'est enterré pour venir aux funérailles. Tant mieux. Au moins, il ne pourra pas l'accuser. Reese ne l'aurait pas supporté.
◇◇◇ L'
horizon devant elle est un océan calme et infini, tendu vers des lendemains qui chantent ouverts à toutes les possibilités, tous les projets, tous les plans. Reese est spontanée certes, mais elle n'en est pas moins rêveuse, et sa solitude commence à lui peser.
30 ans. 30 années déjà qu'elle foule cette terre, que ses amis se sont mariés, que ses frères ont fondé leur famille et
elle, elle reste seule, le dernier crabe sur son rocher. Son appartement trois pièces est immense, tellement grand que ça l'irrite d'y vivre seule. Mais que voulez-vous, les aventures se sont succédées, ne lui laissant qu'un goût de cendre dans la bouche. Elle se donne à corps perdu, mais
ils ne restent jamais. Peut-être est-ce parce qu'au plus noir de la nuit, son rêve se transforme toujours en cauchemar... Reese ne l'a jamais avoué à quiconque, mais elle est terrifiée à l'idée de fonder une famille. Et s'il devait lui arriver la même chose qu'à sa mère ? Comment peut-elle songer imposer ce sort terrible à son propre enfant ? Alors bien malgré elle, les disputes éclatent et les portes se claquent. Définitivement.
◇◇◇ L'
appartement en question, cela fait deux ans qu'elle l'habite,
seule. Comme si c'était l'état sempiternel des choses dans la vie de Reese, de tout faire seule. C'est un trois pièces — une chambre, un bureau, une bibliothèque. Car c'est dans les livres qu'elle noie son chagrin, sa peur, ses doutes. Elle s'absorbe dans les mots des autres pour éviter d'avoir à poser les siens sur ce qu'elle vit.
Elle est
douce et
fragile Reese. Un peu amochée par son existence ordinaire et simple, son enfance un peu cliché, et surtout, l'absence d'une mère qu'elle n'ose pas imaginer, de peur de
mal s'imaginer.
Pseudo/prénom : Betty.
Âge : 21 ans.
Où as-tu connu le forum ? Par une faille temporelle.
Crédits photos : insomniac gifs (tumblr).
Avatar : Alicia Vikander.
Type de personnage : Pré-lien de la belle
@Amber Hamilton.
Un petit mot ? PIZZA.