Nom complet : Un nom de famille qui ne sera plus bientôt le sien. Monroe. Chéri jusqu'à sa dernière syllabe, il résonne jusque dans son propre coeur. Elle le sentirait presque lui caresser sa peau, embrasser ses lèvres. Un nom familial qu'elle apprécie. Malgré ses parents. Malgré lui. Malgré tout en fait. Un choix qu'elle ne regrette finalement pas. Les coups durs, il y en a toujours. Elle sait ce que sait. Mais si le venin commence à s'insérer, elle pense quand même à l'autre. Celui qu'elle va acquérir. A Adler. A ce nom qu'elle va prendre pour laisser l'autre. Non. Un prénom qui évoque beaucoup de choses. Et pourtant rien. Emma. Ancestral, il concurrence la grâce de celles qui l'ont porté. Pourtant, il sonne déjà la tragédie dès le début. Em-ma. Ai-ma. Un verbe au passé parfois bien trop douloureux à porter pour ses frêles épaules. Elle ploie sous les coups du mauvais sorts. Oh, elle se relève. Toujours. Mais à croire qu'un prénom pouvait orienter toute une vie. Presque à la hauteur d'une tragédie grecque. Âge, lieu de naissance : Elle a la beauté des étoiles dans les yeux. De celle qui brille à jamais malgré les années et les chutes. Parce qu'elle se sent immortelle. Elle a beau avoir déjà trente-deux ans, elle sent le monde qui lui coule entre les doigts. Une beauté sans pareille. Une sensation presque magique. Elle a pas envie de tout gâcher. Alors elle profite de cette vie presque éternelle. De ces années si belles et pourtant si éphémères. Presque comme les étoiles. D'ailleurs, elle est presque née sous ces étoiles. Arrivée trop tôt, elle a ouvert ses yeux la première fois sous un ciel vêtu de son manteau de nuit. Sa mère n'avait pas été préparée. Pire encore, l’hôpital le plus proche était bien trop loin. Son père a eu beau roulé aussi vite qu'il put, sa mère n'eut pas tellement le choix d'échouer la brune en ce monde à l'arrière d'une voiture. C'était un certain vingt avril dans l'état canadien. C'était il y a longtemps, certes. Pourtant, elle l'accueille chaque année en son sein comme un vieil ami. Mieux encore. Il lui donne cette force si miraculeuse. Celle-là même qu'elle tire depuis son entrée au monde. Tout simplement. Parce que cela lui a jamais fait peur les années. Le cap des trente ans est passé, elle se fait une raison. Elle préfère apprécié plutôt que gâcher et regretter. C'est mieux pour tout le monde. Nationalité, origines : Son accent ne trompe pas. Il serait même à couper au couteau. Les syllabes bien détachées. La langue qui claque à chaque phrase. C’est tout elle ça. Elle ne peut nier d’où elle vient. Cela fait partie d’elle quoi qu’elle puisse renier. Elle essaye de ne pas y penser parfois. Ça fait bien trop mal. Mais une part s’accroche à la fille qu’elle a été. A cette petite fille canadienne qui riait trop fort en courant dans les rues de Vancouver. Elle s’y accroche tellement fort. Pour ne pas perdre son innocence, cette fragilité qui la fait souffrir encore aujourd’hui. Pourtant, d’autrefois, elle aimerait oublier. Oublier cette ancienne version d’elle et ouvrir un nouveau chapitre à l’américaine. Celle qui n’a peur de rien. Celle dont le cœur a été tant de fois meurtri qu’il ne bat plus. Emploi, situation financière : Elle a travaillé, Emma, pour en arriver là. Rêve d'adolescente perdue, elle a fini par y arriver. Cela n'a pas été sans peine. Des années à s'oublier au profit des examens ou des concours. Elle ne compte plus les cafés qu'elle a du ingurgiter pour pouvoir être dans son planning de révisions. Le domaine du droit est sans pitié. La moindre faiblesse est appuyée jusqu'à l’extinction. Être une femme n'arrange rien. Elle a du se battre, Emma. Elle se bat encore. Parce qu'elle a beau avoir d'excellents résultats, elle doit encore faire ses preuves. Juge d'instruction, c'est pas donné à tout le monde. Elle en a conscience et s'en défend tous les jours. Heureusement, son dernier concours vient de se terminer et bientôt, elle rentrera à la maison. Bientôt, elle pourra exercer pleinement son métier. Ce dernier est d'ailleurs plus que rentable, chose dont Emma ne se préoccupe pas tellement au fond. Elle n’a jamais besoin de beaucoup de toute façon, ne faisant pas concrètement beaucoup de dépenses. Ce n’est pas une fille qui a besoin de confort et de souliers vernis. Elle peut vivre à la dure. Statut civil, orientation sexuelle : C’est bien ça le problème. Tomber amoureuse des mauvais. Ceux qui vont lui briser le cœur. Les hommes. Elle n’a eu d’yeux que pour eux. A l’inverse d’eux. Qui finissent toujours par lui briser le coeur. Ou presque. Parce qu’elle a fini par trouver le bon. Celui pour qui elle voit le monde à travers ses yeux. Celui pour qui elle veut tout sacrifier. Sauf qu’à présent, tout change. Les non-dits s'installent et les silences blessent bien plus que les mots. L’homme qu’elle a en face d’elle n’est plus le même. Des paroles échangées. Un espoir. Et pis ce verre qui se brise au sol. Comme un cœur qui tombe bien trop lourd pour supporter le coup porté. Il s'est détournée d'elle. Elle le sent. Sans plus de cérémonie. Je t’aime. Pas réellement. Ces paroles avaient presque été amères dans sa bouche. Des sonorités empreintes de venin en un instant. Pourtant jamais elle n’entendit. Du moins, pas ce qu’il semblait si évident. Une illusion qui subsiste encore. Un bonheur éphémère auquel elle s'accroche pour rien. Et ce bruit. Celle de l’agonie d’un cœur brisé en mille morceaux. Elle ne ramasse pas les morceaux. A quoi bon ? Elle les laisse trôner au sol. Pourtant, elle pensait qu’ils étaient heureux. Eux, durant ces années à s’aimer sous les étoiles. Il revenait toujours vers elle. Elle et elle seule. Pas les autres. Le soir quand elle dormait, elle le surprenait parfois à la regarder alors qu'il pensait qu’elle dormait encore. Elle aime si tendrement ces moments. Oh que oui. Mais à présent, un goût amer les étreint. Elle penserait que ça passerait. Elle pensait que tout rentrerait dans l’ordre. Pourtant, ça a fini par exploser. Tout entièrement. Elle a fini par franchir le pas. Par se laisser succomber une autre fois. Le moment de vérité va éclater. Enceinte. La réalité la gifle de plein. En est-il le père ? Ses lèvres tremblent, sa voix s'évanouit. Elle ne sait pas. Elle ne dit rien. Et la bague l'attend, tranquillement posée dans son boitier de velours. C'était tout ce qu'elle avait toujours voulu. Lui, le mariage. Le bonheur. Mais tout s'effondre. Elle avec. À Miami depuis : Ses huit ans. Un nouveau départ pour respirer à nouveau. Pour à nouveau pour rire, sourire. Une ville qui devint une renaissance pour toute la famille. Traits de caractère : douce, complexée, méfiante, prudente, sensible, impatiente, créative, débrouillarde, mature, honnête, rancunière, déterminée. Groupe : Sleep.
we don't deserve happy endingsUN. Une famille qui ne ressort pas du lot. Des parents. Des enfants. Rien qui ne présage une tragédie, un drame. Un foyer doux et aimant où la marmaille rit à coeur joie. Pourtant, ça commençait mal. Un couple d'adolescent. Une grossesse qu'on ne désire pas. Des discussions jusque tard dans la nuit. Et cette décision si difficile mais si salvatrice. Garder l'enfant était ce qu'il y avait de mieux. Les parents s'aimaient tendrement. Oh la vie ne fut pas facile. Des études qu'on fait à bout de bras, un bébé dont on s'occupe comme on peut et enfin un travail qui paye à peine les factures. Les parents Monroe savaient ça dès le début. Mais ils ne se sont pas découragé. Bien au contraire. Le grand-père offrit une place dans l'entreprise à son gendre. La grand-mère aida la fille à s'occuper de l'enfant. Tout était mis en place pour que cela se passe bien. Il le fallait. Ils étaient bien plus forts que n'importe quel coup du sort. Ils leur en fallaient bien plus. L'amour faisait tout surmonter. Ils en étaient persuadés. Et l'enfant unique devait bientôt pluriel. Une fille. Puis deux. Et enfin trois. La dernière d'une fratrie si solide. Si fier. Le grand frère protège ses petites soeurs tandis que celles-ci s'attachent à embêter en riant le plus grand. Une famille comme on voit dans les magasines. Si attendrissantes. Oh il y a eu des cris parfois. Des bêtises qu'on finit par regretter ou des disputes qu'on espère oublier vite après un chocolat chaud. Mais la famille Monroe n'a jamais pu se déchirer. Le cadre reste en place et les sourires se figent à jamais sur les photos qui jaunissent. Non, Emma n'aurait jamais pu rêver meilleur cadre pour venir pointer le bout de son nez.
DEUX. Mais le verre finit par se briser. Le cadre familial s'explose contre le plancher. Juste à cause d'un équilibre brisé. Juste à cause d'un coup de téléphone. Il neigeait ce matin-là. Les flocons dansaient contre le verre glacé de la fenêtre. Il n'aurait pas du sortir ce jour-là. Il n'aurait pas du partir. C'est une chose qu'elle regrettera sans doute toute sa vie. Elle aurait du le retenir. Lui dire qu'il pourrait rester. Avec eux. Mais non. Elle s'était simplement tenue là, dans les escaliers et l'a regardé refermer la porte sans prononcer un mot. Parce qu'elle pensait qu'il reviendrait. Parce qu'elle pensait que cela ne serait pas la dernière fois qu'elle le verrait. Pourtant, le téléphone finit par sonner. Un silence. Une larme qui coule sur la joue de sa mère et le combiné qui dégringole sur le sol. Elle ne comprit pas de suite. Tout semblait si flou et si clair à la fois. Il n'était plus là. Parti. Pour toujours. Son coeur se serra. Pour finir par exploser tout seul. Son grand-frère. Celui qu'elle avait toujours admiré. Celui qui avait toujours veillé sur elles, ses soeurs. Parti. Le mot n'arrivait pas à franchir ses lèvres. Ce n'était pas possible. Inconcevable. La douleur étreignait ce qu'il restait de son myocarde. Tout autour d'elle n'était que brouillard. Elle sentit simplement les bras rassurants de ses soeurs. Mais rien d'autre. Sa vie venait d'exploser à cause d'une route verglacée.
TROIS. Il ne fallait pas oublier. Non. Mais ce n'était plus possible. Pour toute la famille, cela devenait insurmontable. Revoir tous ces lieux. Tous ces souvenirs qui se bousculent dans la mémoire. C'était un déchirement constant. C'est alors ensemble qu'ils prirent la décision de quitter le Canada pour les Etats-Unis. En espérant que l'ambiance du lieu étreindrait jusqu'à leur propre coeur meurtri. C'était peut-être trop demander. Mais ils avaient espoir. Et doucement la vie reprit son coeur à Miami. Cela fut compliqué au début. Ne plus avoir ses repaires, changer d'univers complètement. Mais l'air frais fit du bien à leur âme. Il ne restait qu'à la fin les bons souvenirs. Ceux qu'on chérit tendrement en son fort intérieur. Le manque n'était pas comblé mais doucement la blessure cicatrisait doucement. La guérison était encore loin. Certes. Peut-être même ne viendra-t-elle jamais. Mais le répit accordé soulageait d'un moindre maux le coeur.
QUATRE. C'est souvent qu'elle se rendait au grenier. Dans cette pièce, où elle jouait avec ses soeurs à porter les anciennes robes de sa mère. Mais, grandissant, l'adolescente finit par rouvrir le coffre. Celui-là même où toutes ses affaires étaient entreposées. Elle pouvait passer des heures à simplement observer les couvertures de ses livres, à caresser l'écriture sur le papier à présent jauni de ses carnets. Elle ne disait rien. Les mots étaient bien de trop. Mais, elle finit par les ouvrir ces livres. C'est ainsi qu'elle découvrit les grands auteurs américains. Son frère étant un lecteur passionné invétéré. Elle tient ça de lui. Grâce à ces mots, elle s'enfermait dans son monde, dans sa bulle pour quelques heures. Elle oubliait tout jusqu'à sa propre existence. Tout était plus paisible quand elle lisait. Cela en devient presque une habitude. Elle ne sait combien de fois elle lut le recueil Feuilles d'herbe de Walt Whitman. Peut-être une vingtaine de fois. Peut-être plus. Qui savait réellement ? Elle en prit presque une habitude. Une passion qui la dévorait à présent de l'intérieur. Les mots l’envoûtaient, l'apaisaient. Ils étaient la réponse aux questions qu'elle s'était posée. Elle le sentit au plus profond de son coeur. Alors c'est devenu un besoin. Les livres devinrent presque des compagnons.
CINQ. Si son enfance a été une partie de sa vie qu'elle a toujours chérie au plus profond de son être, Emma a néanmoins quelques taches d'ombres au tableau. La soeur aînée Monroe a toujours été cette noirceur. Cette tâche au tableau qui fait encore souffrir la jeune femme, malgré l'amertume qu'elle a fini par ressentir pour son aînée. Les parents pensaient d'abord à une jalousie qui s'estomperait avec les années, qui feraient d'elles des alliés plus liées que jamais. Mais jamais le ciel ne s'éclaircit. Jamais il ne brilla pour les deux malgré les efforts de tous, dont le grand frère qui tenta de concilier les deux. La rancoeur de l'aînée n'atteignit pas le petit astre qui tentait à maintes et maintes prises se faire pardonner. Mais comment s'excuser de sa propre naissance, de sa propre existence ? Emma courrait après l'amour de sa grande soeur. Elle s'essoufflait sur une relation qui n'avait jamais tenu debout. Les reproches de sa grande soeur étaient bien trop acérés, bien trop cruels. Tout s'intensifia après la mort de leur grand frère. Le modèle qu'elle avait toujours recherché tombait en lambeaux devant ses yeux. La grande soeur chérie n'était que cette comète dévastatrice qui voulait faire imploser son propre univers.
SIX. A vrai dire, elle ne sait pas comment elle en est arrivée là. Elle a toujours été une des meilleures. Travaillant, elle ne comptait plus les heures. Pourtant, rien n'était si simple. Les portes s'ouvraient alors qu'elle ne savait plus où donner de la tête. Par ici ? Ou bien par là ? Ses soeurs ont tenté de l'aider. De la guider vers sa propre voie. Mais les possibilités se succédaient sans qu'elle ne puisse pouvoir choisir. Elle était perdue. Pourtant, la révélation finit par arriver. Et la jeune fille sut. Parfois, il suffit d'un signe, d'un geste. Ou bien d'une émission de télévision. Elle fut tout de suite fascinée. Par la prestance, par le métier en lui-même. C'était ce qu'elle voulait faire. Alors s'acharna encore plus. Et l'élève studieuse voulut se surpasser. Le territoire de la justice est cruel. Un requin en manque de chair fraîche. Elle fonce, Emma. Elle n'a pas peur de se prendre un mur malgré ses mains qui tremblent. Malgré les années d'études passées, malgré les concours enchaînés, elle a toujours cette adrénaline. Ce sentiment si fort qui l'étreint malgré tout. Alors, elle y va. Elle pense plus à rien et elle y va. C'est sur cette décision qu'elle décida de partir pour faire ses études hors de Miami, pour poursuivre sa thèse et devenir enfin juge d'instruction. But ultime qu'elle touche à présent du bout des doigts.
SEPT. C'est peut-être pour ça que ça a été si facile. Tomber amoureuse, être heureuse avec un autre. Peut-être que les mots ont fini par lui donner un cadre idyllique d'illusions. Une réalité faussée. Tout semblait si beau. Peut-être trop. Elle était jeune faut dire. Il l'était tout autant néanmoins. Ils étaient au collège. Dernière année. De celle qui fait peur par son grand saut dans un avenir incertain. De celle qui remplit de nostalgie. L'été apportait son lot de soleil et de bons souvenirs pourtant. Il l'avait approché comme tous les jours alors qu'elle révisait sur une table dans la cour. Juste quelques mots. Encore et toujours des mots. Et un sourire. Oh ce sourire. C'est sans doute ça qui la fit succomber. Qui la fit tomber amoureuse dès le début, des années auparavant. Faut dire que cela s'enchaîna vite. Peut-être trop. Mais elle n'en dit rien. C'était l'évidence après tout. Les nuages dans sa tête l'occupaient bien trop. Elle penserait que cela le serait jusqu'à la fin. Si beau, si fort. C'était une relation qui ne devrait jamais s'arrêter. Jamais se briser comme du verre. Elle en était persuadée. Peut-être était-elle trop naïve. Peut-être ne voulait-elle pas voir les premiers signes qui pointaient pourtant leur nez.
HUIT. Pourtant, elle a trouvé en lui tout ce qu'elle recherchait. La sécurité. La tendresse. L'amour pur en fait. Sans faux-semblants. Sans illusions. C'est tout ce qui comptait. Elle est tombée pour le bon. Elle en était sûre. C'était ce qu'elle avait fini par penser. Ils étaient l'évidence même. Tout leur entourage le pensait eux aussi. Ses grandes soeurs se firent tout de suite inquisitrices mais finirent par abandonner en voyant qu'Emma était heureuse, alors c'était le principal. Pour ses parents, c'était autre chose. Ils se méfiaient. Ils ne voulaient perdre leur petite fille pour un homme qui n'en valait pas la peine. Le coeur de leur fille devait rester intact. Cette dernière sait qu'ils partent d'une bonne intention mais elle aimerait simplement qu'Asher n'ait pas à se justifier à chacun de ses actes. Ils devraient avoir confiance en elle. Les repas de famille se passent néanmoins dans la joie et la bonne humeur. Sauf quand elle surprend le regard de son père sur son petit ami. Enfin presque. Car elle est presque sûre que son père avait fini par accepter à son tour. Par faire confiance à sa fille adorée. Parce qu'elle était sûre elle, elle en était certaine. C'était le bon. Bientôt, l'anneau ornera son doigt avec fierté. Elle n'a pas peur de l'avenir. Elle est confiante. Presque.
NEUF. Mais la rose si belle a ses épines. Elle ne sait pas tellement quand ça a dérapé. Peut-être que cela l'a toujours été. Peut-être qu'elle ne voulait pas le voir. C'est souvent ça. Mais elle le sentit dans sa voix. Ses mots se durcirent petit à petit. S'envolent et s'ignorent. Juste une phrase entre deux. C'est là que c'est parti en fait. De ces petites phrases qu'on est censées oublier vite. Mais petit à petit, le miroir se fend. Quand se brisera-t-il ? Elle ne sait pas et ne veut pas le voir. Car c'est là qu'elle le revit. L'adolescent qui était venue la voir à sa table sous un beau soleil. Alors, elle avance encore, pense que ça passera. Que cela pouvait arriver. Qu'ils pouvaient recommencer. Encore. Et encore. Parce qu'ils étaient plus forts que ça. Que leur amour le méritait. Encore et encore. Parce qu'elle était amoureuse de lui, Emma. Ou peut-être trop conne. Elle ne savait plus à force. Mais elle l'aimait. Et c'était tout ce qui comptait. Parce qu'au final, c'est vers elle qu'il revenait à chaque fois. Pas les autres. Il l'aimait. Elle en était persuadée. Alors, il y avait beau avoir cette petite distance, il revenait. Toujours. Même quand il lui reprochait telle ou telle chose. Elle lui trouvait des excuses. Il était fatigué. Il n'est pas comme ça. Ce n'est pas le garçon qu'elle avait connu. Cela ira mieux demain. Mais demain sonnait comme hier. Et bientôt les cloches devinrent assourdissantes à ses oreilles. Peut-être l'instant de trop. Une phrase de trop. Mais, un soir, elle bascula à son tour.
DIX. Ce soir-là, les étoiles étaient déjà bien trop haut dans le ciel. Elle ne sait combien de temps elle était restée là à travailler. Peut-être deux, peut être trop d'heures. Elle devrait rentrer. Elle devrait partir. Pourtant, elle reste. Accrochée à ce peu de chaleur humaine, sans doute. Des mois à travailler comme une forcenée pour un diplôme d'or. Les derniers mètres sont épuisants mais presque libérateurs. Il a toujours été là. La guidant, reprenant ses erreurs. Il veut qu'elle se surpasse, qu'elle soit la meilleure. Sa thèse devait être resplendissante. Il était là quand lui ne l'était pas. Il a vu ses coups de téléphone restés sans suite. Ses messages envoyés à la va-vite. La distance qui creuse dans le vif. Et il l'a vue. Petit à petit, son sourire se fane. Ses mains tremblent. Il ne faut pas. Pas pour sa thèse. Le coeur doit être mis de côté. Ou réparé. Avec quoi ? La colle ne tient jamais. Elle-même ne s'en soucie pas. Dit que ça va passer. Elle se leurre et il le voit bien. Elle se terre dans une relation qui semble être un gouffre sans fond où la lumière fuit. Ce soir-là, elle l'avait appelé. Profitant des quelques heures de décalage horaire. Les sonneries se sont succédé sans que jamais il ne décrocha. Encore une fois. Silence. Et juste un frôlement. Une main qui se perd sur son visage. Tranquillement. Avec douceur. Elle relève les yeux vers lui. Elle sait qu'elle est déjà perdue avant même qu'elle ne dépose ses lèvres contre les siennes.
ONZE. Elle n'a jamais douté Emma. Parce qu'au fond, elle l'a toujours su. C'était lui et personne d'autre. Ça a toujours été lui. Déjà, haute comme trois pommes, elle savait que leur destin était lié. Cette aventure d'un soir ne veut rien dire. C'était un moment d'égarement. Un moment de faiblesse où son coeur s'est laissé aller. Alors, elle n'en parle pas. Pas même à ses soeurs. Elle garde tout pour elle. Évoquer une telle chose ne pourrait que creuser le fossé dans leur couple. Ils n'ont pas besoin de ça. Elle finira par oublier. Le temps n'avait qu'à passer. Pourtant, elle y repense malgré elle parfois. A sa faute. Sa propre culpabilité l'enserre. Elle a toujours été fidèle. Jusqu'à présent. Et tout ça l'étouffe. Elle aimerait tellement libérer le poids qui pèse sur son coeur. Mais tout cela est impossible. Elle doit vivre avec ça, quitte à se pourrir le myocarde. Elle n'a pas le choix. Elle doit assumer son erreur. Et quelle erreur. Tout chose a ses conséquences. Si la culpabilité est l'un des effets secondaires. Il n'est pas le seul. Bien au contraire. Elle se serait bien passée de l'autre.
DOUZE. Parce qu'elle a fini par le découvrir. Oh ça ne fait pas longtemps. Quelques jours que ça lui bouffe littéralement la vie. Elle ne se sentait pas bien. Surtout le matin. De ces nausées qui soulèvent autant le coeur que l'âme. C'est là qu'elle a compris. Elle a d'abord nié. Ce n'était pas possible. Incroyable. Puis, vint le temps de la confirmation. Elle a passé les cinq minutes les plus longues de sa vie à attendre sur la cuvette des toilettes. Image peu glamour. Les yeux finirent par couler. La réalité était bien trop difficile à avaler. Parce que le doute persistait. Et si c'était lui ? Et si cela ne l'était pas ? Elle était incapable de pouvoir le définir. Incapable de mettre un nom sur le père de l'enfant qui grandissait à présent en elle. L'issue semble impossible. Comment faire ? Un événement qui aurait du l'un des plus beaux jours de sa vie se transforme indéniablement en cauchemar.
TREIZE. Elle a toujours voulu des enfants. Un. Deux. Plus peut-être. Elle a toujours eu dans son esprit l'idée de la grande famille heureuse autour d'une table. Cela a toujours été ce qu'elle voulait. Elle ne l'a jamais caché. Pourtant, elle voulait absolument finir ses études, être bien installée dans son métier et être mariée. Elle a fauté sur les deux tableaux. Si la bague à son annulaire va bientôt apparaître, elle aurait aimé être dans une meilleure situation professionnelle. Prendre son poste de juge d'instruction, alors qu'elle est déjà enceinte, est jugé irresponsable. Cette grossesse, elle ne l'a pas désirée. Pas comme ça. Plus les jours passent, et plus elle ne sait que faire. Peut-être que tout arrêter serait la solution. Ce ne serait qu'au mauvais souvenir. Mais elle hésite, tourne en rond. Pour le moment, elle décide de tout cacher. Heureusement, elle n'en est qu'à son début. Son ventre est toujours aussi plat malgré la légère courbe. Mais, à la longue, il faudra qu'elle prenne une décision, qu'elle se décide enfin. Tout n'est que confusion dans son crâne.
QUATORZE. Emma est douée pour la beauté des choses. Elle apprécie tout particulièrement la musique. Elle pourrait rester des heures à simplement écouter les accords se succéder. C'est assez naturellement qu'elle prit des cours de piano dès son plus jeune âge. D'abord pour occuper son temps libre, et finalement pour elle-même, ayant aussi trouvé une sorte d'ami en l'instrument. Le piano devint bien vite une partie intégrante de sa vie. Tout comme les livres. Il était presque le reflet de ses émotions. Les notes exprimaient ce qui pouvaient se trouver de si profonds en elle. Les mots qu'elle ne pouvait exprimés à voix haute s'attrapaient sur le clavier du piano. Les hurlements se transformaient en longues sonates désespérées. Les rires quant à eux, devenaient de jolis airs qui enchantaient toute la famille Monroe. Ainsi, le piano fut vite une extension de son âme. Un bout d'elle-même tombé presque par hasard de son être.
QUINZE. La douceur et l'innocence incarnées. Emma est à la hauteur de ses fleurs préférés. Les lys blancs. Symbole de la royauté perdue mais surtout de la pureté et de l'amour si originel, si purifié. C'est ainsi qu'elle a toujours eu l'habitude d'orner ses propres appartements de ces fleurs. Elle pense à les changer généralement toutes les semaines, embaumant alors tout son appartement.
a little bit of heaven, a little bit of hellElle ne sait pas tellement comment c'est arrivé. Ou quand. Oh que non. C'est juste ... Arrivé. Sans doute un mot de trop. Une heure de trop. Mais voilà. Sa peau frisonne à chacun de ses frôlements. Elle vibrerait presque. C'est presque irréel. Elle. Lui. C'est comme dans une autre réalité. Une possibilité non envisagée. Elle ne l'aurait pas cru. Pas même quand il a glissé doucement sa main contre la peau de sa joue. T'as cru d'abord à une blague. Une très mauvaise blague. Mais en voyant son regard, elle a compris. Elle l'a déjà vu ce regard. Dans la glace sur son propre visage. Un regard fatigué. Las. Malmené par une relation. Oui, Emma ne le connais que trop bien ce regard. Alors elle a fini par le laisser glisser sa main contre son cou. C'est sans doute parti de là. Peut-être qu'inconsciemment elle acceptait bien plus. Qui sait ? Elle-même ne sait plus trop. Elle ne réfléchit pas trop. Elle ne peut pas. Parce qu'elle le voit arriver le moment. Encore un autre. Son regard se pose sur elle. Il est différent. Plus déterminé. Plus... Désireux ? Sans doute. Et c'est là. Ses lèvres capturent les siennes. Sans crier gare. Sans lui demander. Elle ne le repousse pas. Elle n'y pense même pas. Elle n'a déjà pas repoussé sa main sur son bras. Elle la frôlait. Lui procurer des frissons. Mais son baiser... C'est autre chose. Une explosion. Un feu d'artifice. Les séries télévisées ne mentent pas. Parfois embrasser quelqu'un peut être comparé à un feu de joie. Elle le visualise très bien dans sa tête. Tellement qu'elle s'y abandonne. Elle ferme les yeux. C'est si différent d'avec lui. Son fiancé. Lui est plus brutal, plus bestial. La tendresse a déserté ses mouvements. La passion est le seul maître mot. Non. Elle ne sait vraiment pas à quel moment ça a dérapé. Sans doute quand elle a raccroché son téléphone. Toujours ces appels dans le vide. Des heures à travailler sur sa thèse, elle avait besoin d'entendre sa voix. D'être proche de lui malgré ces kilomètres entre eux. Mais la sonnerie est retombée dans le vide. Comme souvent ces derniers temps. Il est autant occupé qu'elle. Elle le sait mais elle ne peut empêcher son coeur de se tordre. C'est à ce moment-là qu'il a posé sa main sur son épaule. Tendre, affectueux. Et une autre mains sur sa joue. Il a l'air autant chanceux qu'elle. Avec les amours. Ça la fait presque sourire contre ses lèvres. C'était presque salvateur ce baiser. Ses touchers. Un contact qui te manquait. Une passion qui s'éteignait à présent réanimée. Elle sait qu'elle ne devrait pas. Que tout est truqué. Que ces sentiments sont juste illusions. Mais elle n'y pense pas. Sans doute la fatigue de ces longues heures de travail. Les étoiles brillent déjà bien dans le ciel. La fenêtre au dessus d'eux le lui témoignait assez, diffusant une douce lumière lunaire. Mais elle s'en fiche. Ce soir, elle oublie tout, elle ne pense à rien. Elle se libère le temps d'une soirée. Ses pensées étaient bien trop embrouillées pour réellement penser. Elle finit par mettre ses mains sur son visage. Elle se laisse aller à cette étreinte. Ce plus lui. Son maître de stage. Ou elle. Emma. C'est juste leurs deux désirs éphémères réunis. Leur besoin respectif d'affection. Est-ce réellement de l'amour ? Pas vraiment. Ils ne font que se combler. Ils attrapent chez l'autre ce qu'ils recherchent chez les autres : l'amour. Lui le mal-aimé, et elle la fiancée délaissée. Ça ferait un bon titre de bouquin tiens. Mais tellement cliché. Mais elle se contente de ça. Alors quoi ? Et demain ? Elle y pense pas. C'est trop loin ça. A des années lumières. Elle vit l'instant présent. C'est déjà ça. Elle peine à respirer contre ses lèvres. Mais elle n'a pas envie de se détacher. Parce que ça sera sans doute pour toujours. Parce que ça serait dire adieu à cette passion. Alors elle s'accroche à son tee shirt. Sa chemise. Elle ne sait même plus. Ses mains se baladent. Sur son corps. Sur ses cheveux. Sa respiration se bloque presque. Son coeur s'arrête. Quelques secondes. Avant de repartir. Beaucoup trop vite. Elle a l'impression qu'il sort de sa poitrine. Ça lui ferait presque mal de le sentir battre si fort. Mais ça la rend si vivante. Ses lèvres sont encore contre les siennes. Elles se frôlent. « on ne devrait pas... » Mais il ne la laisse pas finir. Ses lèvres capturent à nouveau les siennes. Elle n'est plus elle. Ou du moins elle n'arrive plus à l'être. Sans doute la passion de l'instant. Le désir presque éphémère. C'est là où ils ont dérapé. Qui aurait cru ça d'eux deux ? Ils ont dérogé à leurs propres rôles. Mais elle s'en fiche. Elle verra ça demain. Ou jamais. C'est bien aussi jamais. Elle se laisse entraîner. Oui. Parce que ce soir ils franchissent la barre de l'interdit. Le paroxysme de leur relation éphémère. Cela aurait pu lui donner le vertige. Mais elle a accueilli ce moment avec assurance. Alors elle laisse aller. Juste pour une soirée. Juste pour un moment. Et ça lui fait tellement du bien. De ne pas penser. A demain. Aux conséquences. A tout en fait. Elle lâche prise. Elle tombe. Mais elle s'en fiche.Pseudo/prénom : diane.
Âge : vingt-et-un ans.
Où as-tu connu le forum ? bazzart.
Crédits photos : elizbethdaily.
Avatar : elizabeth olsen.
Type de personnage : prélien d'asher.
Un petit mot ? 
.
Accueil 
Bienvenue parmi nous 
