hear me roar / amelia

like thunder, gonna shake the ground
- - - - - - - - - - - - - - - - -
@amelia davis

Giro et sirène sortis, elle enfonce le pied sur l’accélérateur pour suivre de près l’ambulance qui se fraie un chemin – et tant pis pour les distances de sécurité, la limitation de vitesse, de toute façon, ne compte pas en cet instant. Elle tourne, fait rugir le moteur et les klaxons quand quelques piétons font mine de vouloir traverser la rue, retient une insulte entre ses dents serrées. Le haut de l’hôpital lui apparaît enfin par-dessus la silhouette de l’ambulance et sa mâchoire se contracte davantage. Il a pas intérêt à avoir clamser sur le trajet. L’ambulance s’arrête finalement devant les portes ouvertes et les médecins et infirmières en blouse et elle a juste le temps de voir le brancard être tiré de l’arrière qu’elle se faufile pour trouver le parking le plus proche. Quand elle claque la porte derrière elle, ils sont déjà tous retournés à l’intérieur. Elle bouscule, ne répond pas aux réflexions qui fusent dans sa direction parce qu’elle a autre chose à foutre, Harry. Comme s’assurer que son putain de suspect va rester en vie pour qu’elle puisse lui passer les menottes. Elle se dirige vers l’accueil où la standardiste répond au téléphone et lui fait signe de patienter. Elle tourne la tête, les doigts pianotant sur le bois parce que la patience n’a jamais été son fort – y a pas grand-chose qui est son fort de toute façon, aujourd’hui, car y a tout qui va de travers et ça commence à la gonfler. « Vous venez d’admettre un jeune homme, vingt ou vingt-cinq ans, percuté par une moto sur la voie rapide. » La jeune femme regarde son listing, acquiesce finalement. « Vous êtes de la famille ? » Harry, elle a deux secondes d’arrêt parce qu’entre une semi-latina et un putain de blanc bec y a quand même une sacrée différence mais elle retient les mots secs qui lui viennent en premier. « Non, je suis le détective Lopez, ce gars c’est mon coupable et j’ai bien l’intention de le coffrer dès qu’il sort de la salle d’op. » Elle rajoute un sourire qui se veut le moins hypocrite possible (sans doute qu’elle fail parce qu’elle est pas d’humeur à être autre chose que sarcastique) et lorsque la standardiste lui indique le troisième étage, elle s’éloigne sans écouter le reste.

Ce n’est qu’une fois installée sur une chaise dans le couloir qu’elle autorise ses épaules à relâcher la pression qui s’y est logée depuis le début de la course poursuite. Bien sûr que Nash a pris ses jambes à son cou en la voyant cogner contre sa porte – il a pas envie de se faire coffrer pour possession et vente à des mineurs, l’enflure. Surtout pas quand l’un de ses derniers clients est un môme de quatorze ans qui a succombé d’une overdose. Nash, il sait que ça peut lui coûter cher. Elle se passe une main dans les cheveux, laisse un soupire expirer d’entre ses lèvres, refuse le café qui lui est proposé par un membre du personnel du Mercy et s’oblige à rester calme. Sans doute qu’elle aurait eu le temps de rentrer se changer, probablement commencer à taper son rapport – elle aurait pu simplement donner un numéro à appeler dès qu’il sortirait. Une voix lui souffle qu’elle pourrait en profiter pour voir comment va son père, s’il est toujours admis ou s’il a pu sortir mais elle s’y refuse et c’est avec cette obstination qu’elle gigote sur sa chaise. L’incendie au tribunal, ça commence à dater, qu’elle se répète pour se donner bonne conscience. Il est forcément sorti (de toute façon, elle le connaît encore trop et sait qu’il serait sorti contre avis médical et y a probablement C.J pour s’assurer qu’il s’en remet).

Elle a les paupières closes depuis ce qui semble être une éternité, prête à s’endormir assise sur la chaise peu confortable. Elle ne sait pas depuis combien de temps elle attend, probablement quelques heures et son dos commence à la faire souffrir. Son téléphone a sonné plusieurs fois – sa mère, son boss, son frère et encore son boss. Elle s’est contenté d’envoyer un texto à son frère pour le rassurer, lui et leur mère, a proposé aux filles de se retrouver au bar le soir-même si personne n’est de service pour boire un coup. Commence à envisager de rentrer pour faire une courte sieste quand des pas se font entendre et que son nom est appelé. Une blouse, un air las et elle se redresse aussitôt, se lève même pour aller à la rencontre de la chirurgienne. « Comment il va ? » Elle a un ton peu abrupte et la voix pleine de sommeil mais elle a besoin de s’assurer que cette ordure est en vie. Et lorsque le verdict tombe, elle s’autorise un bref sourire en coin. « Est-ce que je peux aller le voir ? J’ai plusieurs questions à lui poser et il faudrait aussi le menotter pour être sûr qu’il ne s’échappe pas. » Quoiqu’il serait sûrement capable de se couper une main pour se tirer, crétin comme il est – mais elle préfère se dire qu’il est encore trop câmé pour y penser.