Enquête n°2 ✕ shane burns & andrea teller

Shane ? J’ai du nouveau pour toi. Tu te souviens de tes fameux déboires à la brigade de protection des mineurs ? On a un cas pour toi, celui de Brad Wolf.

A l’époque Brad avait 46 ans et il avait été accusé de violenter sa fille Jennifer alors âgé de 3 ans. Cette dernière n’était pas proche des hommes qui l’entourait dans sa famille. Alors qu’un jour elle était à l’école, une des assistantes maternelles avait remarqué des bleus sur les bras de la demoiselle et avait fait remonter l’information à la directrice de l’école qui avait parlé aux parents. Ces derniers avaient niés des violences à son égard, mais la police avait été contactée. Ce fut Shane qui fut mis sur l’enquête et il était persuadé que c’était Brad le coupable, mais il n’avait jamais eu assez de preuve pour l’envoyer en prison.

Aujourd’hui, Brad avait 57 ans et sa fille 14 ans. Karla, son épouse, l’avait soutenue pendant quelques mois, avant de demander le divorce et la garde exclusive de leur fille. Brad s’était retrouvé seul, ayant seulement le droit de voir sa fille sous la supervision d’une assistante sociale et de Karla. Ca n’était pas la vie qu’il avait imaginé avoir et il n’en pouvait plus. Lors d’une simple vérification de papiers, deux agents de patrouille lui avaient demandé de lui donner ses papiers, avant de voir qu’il y avait quelque chose sur le siège arrière. Un des agents reconnu un paquet de drogue et ils arrêtèrent Brad, qui fut transféré à la brigade des stupéfiants sous la responsabilité d’@Andrea Teller qui allait prendre sa dépositions.

Mais en découvrant que Wolf était dans les locaux, @Shane Burns décida qu’il voulait voir ça de ses propres yeux et faire en sorte de faire enfin cracher le morceau à Brad sur les violences qu’il avait fait subir à sa fille des années plus tôt.


Fonctionnement

Il s’agit de votre enquête. Shane, tu vas pouvoir faire en sorte de faire craquer Brad pour découvrir la vérité de ce qui s’est passé des années plus tôt. Andrea, tu vas pouvoir de ton côté interroger Brad sur le fait qu’il avait en sa possession assez de drogue pour être accusé de possession et revente. De quoi l’amener en prison pour de nombreuses années. Vous allez devoir travailler ensemble (ou pas) pour lui faire tout avouer.

Autres informations
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à contacter Jensen Adler par MP et il vous y répondra au plus vite  

— Quel salopard de merde. Je vais pas le louper, cette fois.

Shane chasse du bras le flic venu l’informer d’une interpellation liée à une vieille affaire. Aveugle au fichu formulaire qu’il tient entre les mains, sourd aux mots qui s’échappent inutilement des lèvres fébriles. Que le messager s’adresse au sergent de la crim’ ou au mur, cela ne fait plus aucune différence depuis que le nom de Brad Wolf a résonné aux oreilles de Shane.
Un nom qui réveille colère, dégoût, révolte. Pulsion meurtrière.
Un cas en suspens. Une blessure dans son âme qui n’a jamais cicatrisé.

Celui qu’on surnomme Hound fait honneur à sa réputation. Son rictus carnassier laisse derrière lui des mines inquiètes, des visages affolés. On s’écarte devant sa démarche lourde, implacable et pesante, semblable à un rhinocéros à la charge. Un binoclard de l’administration, nez plongé dans une liasse de documents, heurte ses larges épaules dans l’escalier qui mène au rez-de-chaussée ; les feuilles se mettent à voler sans un mot d’excuse.

Shane traverse la cohorte de policiers, civils, victimes, truands, délinquants, alcooliques et drogués comme un boulet de canon tiré sur un régiment ennemi. S’arrête devant l’entrée des salles d’interrogation ; droit comme un i, mâchoire de pitbull qui s’impatiente devant sa gamelle.

— Brad Wolf. Quelle salle ? aboie Shane à l’agent Carver, jeune policier chargé de l’accueil.

Carver se détourne de son téléphone, puis lève les yeux sur l’homme en civil.
Vêtements noirs comme la mort, dégaine de traîne-potence. Il ressemble davantage aux brutes passées sous menottes qu’à un policier.

— Euh…

Shane saisit le cadet au col. L’attire à lui d’une poigne implacable, jusqu’à ce que leurs crânes se frôlent.

Carver se demande ce qui est le pire : la froide détermination dans le regard de ce fou furieux, ou la tension explosive qui fait tressauter les muscles de son visage revêche.

— Écoute, bleusaille. Je suis le sergent Burns, brigade criminelle. (De sa main libre, Shane brandit son badge accolé à sa carte d’identification.) Tu vas consulter ton putain d’ordinateur, me dire où se trouve cet enfoiré de Brad Wolf. Ensuite, tu pourras continuer à envoyer des textos à ta copine sans que je te pète les doigts. Compris ?

Shane relâche l’agent Carver, dont les fesses atterrissent brusquement sur une chaise haute. Il balbutie un mélange d’excuses et de justifications incompréhensibles ; ses mains moites pianotent bruyamment le clavier de son ordinateur.

— J-je…

— Quoi ? Accouche, petit. On va pas y passer la journée.

Carver se colle au mur derrière lui, plaçant un maximum de distance entre le sergent de la crim’ et lui.

— J-je suis dé-désolé. Il est écrit que… la détective Teller est en charge de l’affaire, et de l’interrogatoire du suspect. Elle va arriver d’une minute à l’autre.

Teller. Un nom familier. Anciennement familier.
Brigade criminelle ; ça remonte à cinq ou six ans. Brune, corps svelte – athlétique –, belle gueule qui lui a valu une couverture sur le calendrier de la police.
Partie dans un autre service. Pas sous les ordres de Lex. Et par conséquent…

— Rien à foutre de Teller. Quelle salle ?

— Numéro 2, sergent.

Sans un geste de remerciement, Shane se dirige vers la salle où patiente Brad Wolf.

L’agent Carver déglutit en avisant la femme qui passe devant lui, rapide comme le vent. Une femme dont le visage correspond au mini-portrait affiché sur son écran, lorsqu’il a cliqué sur le nom de la détective en charge de l’affaire.
A-t-elle tout suivi de la scène ?
Lui qui se réjouissait d’occuper un poste de planqué au commissariat, bien moins dangereux et stressant que la patrouille de nuit, il n’a peut-être pas réalisé une si bonne pioche…

Shane toise l’ancienne Miss Calendar de ses yeux sombres. Évalue sa détermination à l’instinct, tel un prédateur en présence d’un concurrent dans sa zone de chasse. La photo de couverture montrait Teller sous un jour plus avantageux que la flic fatiguée en habits du quotidien, mais la flamme brûle toujours dans son regard.
Et c’est tout ce qui intéresse Shane.
Il comprend très vite qu’il n’a pas affaire à une chiffe molle comme le bleu de l’accueil. Résultat prévisible : on ne passe pas plusieurs années à la criminelle sans s’endurcir le cuir.

— Tu poses la bonne question, Teller. Dommage que tu te plantes dans les réponses.

Il tapote de l’index le dossier que protège sa collègue contre sa poitrine.

— T’as lu les antécédents de cette pourriture ? Ça t’intéresse ? Ou t’en as rien à battre et tu veux juste rentrer chez toi regarder une série débile à la télé ?

Shane tend le bras en direction du mur, au-delà duquel l’homme arrêté pour détention d’héroïne patiente sur sa chaise.

— Brad Wolf était mon suspect. Des années avant que tu prennes la pose pour le foutu calendrier de la police. (Shane narre un résumé des faits.) Ce salopard maltraitait sa fille, j’en suis persuadé. Sa femme n’a pas voulu le balancer. T’as pas bossé aux mœurs, autant que je sache, mais tu connais sûrement la chanson : peur des représailles, peur du changement, espoir que la situation s’améliore. Mais les ordures dans son genre, ça change pas. Brutaliser sa gosse, c’est une frontière qu’on franchit dans un seul sens. Il a dû continuer à user de violence, à faire dieu sait quoi à sa propre chair. Ou à d’autres personnes vulnérables. La mère a demandé le divorce quelques mois plus tard, plutôt que venir tout nous raconter. Sûrement qu’elle avait honte d’avoir gardé le silence, soutenu son mari pendant toute la durée de l’enquête.

Il reprend son souffle, après son long monologue prononcé d’une traite.
Parler de cette vieille affaire a eu pour effet d’atténuer sa colère. Habituellement – presque toujours – c’est Lex qui joue ce rôle de confidente. Mais le cas Wolf remonte à l’année précédant leur rencontre. Depuis, Shane n’en avait jamais parlé à qui que ce soit.

— Et pour info, Teller, je sais toujours où je mets les pieds. Je suis pas le genre d’abruti qui se trompe de salle. Ou de cible. Alors laisse-moi interroger ce salopard, lui faire cracher le morceau. Ça fait onze ans, il y aura peut-être prescription, j’en sais rien. Mais ça enfoncera la défense que ses crevures d’avocat vont lui bâtir. Et puis sa gamine mérite de savoir quel genre de pourriture est son père. Les traces de ce qu’elle a subi se sont effacées de son corps, mais cette saleté a dû laisser des traumatismes. Des trucs inconscients, des trucs que les psys décrivent avec des noms à la con. C’est avant tout pour elle, pour Jennifer qu’on doit se remuer le cul.