all in this together. (rose)

Les minutes s'écoulaient sans qu'elle ne puisse calmer les tremblements de ses mains. Elle ne savait depuis combien de temps, elle attendait. Peut-être dix minutes. Ou peut-être une demi-heure. Les minutes devenaient des heures. Elle détestait cet endroit. Elle l'avait toujours détesté. Ces murs blancs immaculés. Ces lumières aveuglantes. Et toutes ces danses de blouses blanches lui donnaient la nausée. Elle aurait tant voulu fuir. Partir loin de tout ce raffut. Mais elle était paralysée. Ses jambes ne répondent plus. Elle reste là, assise sur cette chaise trop froide en métal. Ses yeux coulent parfois vers la grande horloge. Les patients semblent défiler sans que jamais son nom ne soit appelé. Le voulait-elle vraiment, être appelée ? Elle était dans une situation de gel. Elle n'arrivait pas à partir mais ne voulait pas non plus entrer dans ce cabinet. Elle avait bien trop peur de ce que les médecins pourraient lui dire. Chose qu'elle savait pourtant déjà. Mais l'entendre d'un professionnel, voire même d'une autre personne qu'elle-même, viendrait à rendre la situation réelle. Et elle ne voulait pas. Qu'est-ce qu'elle avait été idiote. Comment avait-elle pu se mettre dans un tel bourbier ? Elle se le demandait elle-même. Elle qui avait été toujours si droite et fidèle, tout venait d'exploser. A cause de ça. Sa grossesse. Cette chose -elle ne savait à vrai dire comment le prendre- qui grandissait en elle. Elle aurait du être heureuse, se réjouir qu'un tel événement arrive alors qu'elle s'apprêtait à se marier. Elle aurait du se sentir la plus heureuse des femmes. Mais ce n'était pas le cas. Si seulement, elle n'avait pas fauté ce soir-là. Si seulement, elle n'avait pas été si stupide, elle aurait su -sans aucun doute possible- qui était le père de l'enfant qu'elle portait. Pourtant avec des "si", elle pourrait refaire le monde. A présent, elle devait assumer. Elle devait prendre ses responsabilités. Mais lesquelles ? Celles d'avouer à son fiancé qu'ils allaient avoir un enfant sans savoir si c'était vraiment le père ou non ? Celles d'assumer son erreur et de tout avouer à son fiancée, en sachant pertinemment que leur couple bancal ne survivrait sans doute pas à ce genre de révélations ? Celles de fuir et de pouvoir aussi tout arrêter ? Elle y avait pensé. De nombreuses fois depuis sa découverte. Arrêter tout avant que la roue infernale ne se mette en route. Emma n'était pas contre ça. C'était un droit qu'elle pouvait prendre. Le cauchemar serait alors étouffée dans l'oeuf. Mais, le doute s'insère et l'incertitude paralyse. C'est pour ça qu'elle a pris ce rendez-vous. Sans son fiancé. Elle avait besoin de conseils et surtout d'informations. Elle avait besoin de parler et de dire tout ce qu'elle avait sur le coeur sans être jugée ou influencée. Un soupir franchit ses lèvres. Elle avait besoin de café. Elle en prenait toujours quand elle était stressée ou quand elle travaillait trop. Vu sa manie à se tordre les mains depuis des dizaines de minutes, sa boisson devenait presque vital. Heureusement, elle avait repéré un distributeur dans un couloir, pas très loin d'ici. Elle préféra s'y rendre plutôt que de trop penser. Elle la trouva assez rapidement. Finalement, elle n'avait pas un si mauvais sens de l'orientation. Heureusement, personne n'avait décidé à prendre un café comme elle. Le petit coin détente -ou salle d'attente, elle ne avait pas- était pas rempli, sans doute des gens qui comme elle étaient dans l'attente d'un rendez-vous. Elle se dirigea alors vers la machine. Elle appuya alors sur le bouton voulu -un café noir bien serré- mais le temps qu'elle sorte son porte-feuille de son sac, la machine se réinitialisa sur le menu de départ. Elle fronça alors les sourcils. Ce n'était pas le moment. Elle soupira avant de remettre une mèche de cheveux en place presque d'agacement. « Mettez vos pièces avant d'appuyer sur les boutons, ça vous évite de vous dépêcher. » La voix derrière elle l'interpella. Elle se retourna et se retrouva alors face à la jeune femme brune qu'elle avait entraperçu en entrant dans la pièce. « Ces machines sont assez capricieuses. » finit-elle par dire. Emma acquiesça doucement. La jeune femme brune semblait savoir de quoi elle parlait. « Hm. Je vois. » Elle réitéra son opération suivant les conseils de la brune et miracle, son café arriva à bon port dans le petit gobelet en plastique. Ne pouvant faire trop de trajet avec un bol aussi chaud, elle le posa alors sur la table juste à côté de la machine et de la jeune femme qui l'avait aidée. Elle l'interpella à son tour en désignant son café. « Merci au fait. » avec un petit sourire en coin. Au moins, ça lui avait fait oublier le temps de quelques minutes son prochain rendez-vous. « C'est la première fois que je viens dans cet hopital, alors je suis un peu perdue, je l'avoue. » finit-elle par dire quelques secondes plus tard. C'est vrai qu'elle n'avait jamais été dans des hôpitaux en général, étant jamais malade ou presque. Mais c'était presque rhétorique. Perdue dans tous les sens du terme. La machine a café n'était que la partie immergée de l'iceberg.