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 Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)

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Message () Sujet: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptySam 15 Juin - 18:17



Headstrong persons make sparks




Assis devant son bureau dépouillé, Shane serre un poing rageur, masse de chair et d’os qu’il balancerait avec soulagement sur l’écran de son ordinateur. Cette machine diabolique souligne en rouge le quart des mots qu’il tape laborieusement au moyen de son seul index droit. Un rire électronique, sardonique s’échappe de ses entrailles chaque fois qu’il clique sur le bouton « Validate », faisant apparaître une nuée de panneaux d’avertissement suspendus au bout d’une pique. Elias, le geek du service info, lui a fait remarquer que ces saletés clignotent pile au bon rythme pour déclencher une crise d’épilepsie.

Pourtant, ce ne sont pas les interminables rapports à composer sur cet ordinateur obstiné qui lui tapent sur le système depuis vingt minutes infernales.

À l’origine de son agacement se trouve une voix qui piaille, jacasse, caquète, braille crescendo. Un son en comparaison duquel le crissement de dents métalliques sur une vitre sonne comme le chant d’un rossignol.
Les doigts de Shane pianotent la poignée d’un tiroir. Celui qui contient des écouteurs reliés à un vieux walkman à cassettes. « Je ne veux pas de baladeurs dans mon service, ce n’est pas professionnel », avait ordonné Lex. Facile, pour elle ! Depuis sa promotion elle travaille dans un bureau clos, dont l’isolation acoustique fait saliver Shane comme les beignets de chez Marcy’s Bakery.

Le sergent de la criminelle pousse un soupir. Plutôt un long grondement sourd, du type que produisent les lions de mer. Il s’adosse à son siège, résigné. Puis tourne la tête vers l’étrange créature à l’origine de cette cacophonie.
Étrange, car la femme assise face à DeLeon ressemble plus à un spectre qu’à une trentenaire de Miami. La carnation diaphane de sa peau produit un contraste saisissant avec le teint chocolat de DeLeon, nettement plus agréable. Son visage fin, sans défaut, parfaitement lisse à l’exception de pommettes arrondies, évoque celui d’une poupée de porcelaine. Un visage qu’une cascade de cheveux noir de jais rend encore plus irréel, sépulcral. Deux billes céruléennes s’agitent sous la frange, rehaussées d’un léger maquillage. Elle ressemble à une noyée, se dit Shane. Ou plutôt à la Lilith du Talmud, avec ses lèvres d’un joli rouge sang.

— Bordel, DeLeon, qu’est-ce que t’attends pour nous virer cette démone à coups de balai ? marmonne le Newyorkais des quartiers juifs.

Shane jette un regard envieux aux chaises vides de ses collègues sur le terrain. Quelques autres plissent le front, manifestent des gestes nerveux. Si ça continue, l’un de ces gars va sortir son pétard et plomber cette maudite pie.

La voix de DeLeon s’élève, lui qui est connu au sein de la brigade pour son calme à toute épreuve. Mais infoutu de tenir la dragée haute à Lilith.

— Je suis sincèrement navré, mademoiselle Bloom, mais je vous répète que l’enquête suit son cours. Soyez assurée que nos services font le maximum. Maintenant, je vous prie de quitter ce bureau et laisser les détectives travailler !

Suit une réplique de Bloom, qui porte bien mal son nom. Ou alors la floraison de myosotis blancs, espèce particulièrement invasive. D’ailleurs, ses longs cheveux dissimulent peut-être de grandes oreilles de souris. En tout cas, elle impose suffisamment sa présence pour qu’on ne l’oublie pas. Quant à l’herbe d’amour, un autre nom commun de cette fleur remarquable, qui se prendrait d’affection pour une grande gueule pareille, une femme pénible comme du chiendent ?

Shane se lève brusquement de sa chaise, comme mu par un ressort invisible.
Plusieurs regards se portent dans sa direction. Trop tard pour reculer. De toute façon, la coupe est pleine. Trop pleine pour rester le cul vissé sur sa chaise.

Son pas lourd, résolu le conduit directement au bureau de DeLeon. Les têtes se baissent sur son passage, mais les yeux se lèvent pour ne rien rater du spectacle.

— C’est quoi le souci ? dit Shane en abattant une main sur l’épaule du détective.

Le geste semble amical, mais infligé avec trop de force pour rassurer DeLeon.
Qui déglutit.

Shane foudroie l’impertinente du regard. Elle n’a pas l’air si vilaine, vue de près. Il se heurte néanmoins à des iris tout aussi électriques que les siens, dont la couleur azurée souligne l’intensité.
Match nul pour ce premier face-à-face : personne ne se résigne à céder.

DeLeon se racle la gorge, lève la tête vers son chef d’équipe.

— Ce n’est rien, sergent Burns, une affaire de meurtre sur le point d’être classée.

Idiot. La poitrine de Bloom s’est brusquement soulevée lorsque DeLeon a maladroitement prononcé les mots « ce n’est rien ». Comédie ? Ou cette affaire lui tient beaucoup à cœur ? L’instinct et l’expérience de Shane le font pencher pour une émotion sincère.
Visage durci, pupilles dilatées, il sent un jet de représailles acides affluer sur les lèvres bien dessinées. Maquillées d’un rouge vif comme la colère.

— Et vous êtes ? se hâte de questionner Shane avec l’espoir de prendre la femme à contrecoup.

— Mademoiselle Bloom, s’empresse de répondre DeLeon à la place de l’intéressée. Le vieux détective s’est manifestement aperçu de sa bévue, et tente de rectifier le tir. Elle remplace madame Pelton, l’assistante de direction du grand patron.

Shane fronce les sourcils.
Il avait vaguement remarqué que le ventre de madame Pelton prenait du volume ces derniers mois, mais sans chercher à savoir si elle enfournait trop de hamburgers, ou si elle portait un autre genre de brioche au four.
À présent la nervosité inhabituelle de DeLeon s’explique : il craint que Bloom, avec ses allures de charmante poupée de porcelaine, fasse les yeux doux au Big Boss. Et quand le Big Boss tape sur les doigts d’un détective, celui-ci est bon pour tenir son gobelet de café avec des moufles.

Tape amicale sur l’épaule de DeLeon, puis Shane jette sur Bloom un regard de défi.

— Écoutez, mam’zelle, et ouvrez grand vos oreilles. Vot’ poste de gratte-papier d’mes deux, il vous autorise pas à pousser une gueulante dans mon service et empêcher les gars de bosser. Ici, les affaires avancent pas au piston. C’est comme ça. Le détective DeLeon fait partie de mon équipe d’enquêteurs et je réponds de lui. Alors si vous avez un problème, c’est l’moment où jamais. Déballez vot’ sac fissa, dans une salle privée si vous voulez la confidentialité, ou foutez le camp.
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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptyVen 21 Juin - 14:01


Headstrong persons make sparks

Shane Burns & Sidney Bloom



Pension Murillo, matin

Nez à nez avec le propriétaire de la pension où elle réside, Sidney Bloom distingue beaucoup plus de détails qu’elle ne veut – les pores dilatés, les points noirs, les poils qui échappent au rasage matinal – et perçoit les relents d'une haleine de tabac froid. Tant d’agressions sensorielles qu’elle cherche à se dispenser de bon matin, cependant, Murillo possède une ouïe de tarsier, en plus d’en avoir les yeux globuleux et la corpulence trapue. Chaque matin, il jaillit comme un diable d'une boîte pour la saluer et lui souhaiter la bonne journée, ce qui est une intrusion – fort importune – dans sa brume de somnolence.

- Bore da, miss Sidney !
- .. 'jour..., marmonne-t-elle en se redressant en sursaut et d’un pas sur le côté, elle rase le mur pour contourner le bonhomme.
- Conformément à sa réputation, Magic City nous offre un nouveau jour de fortes chaleurs ! Et de rajouter dans un sifflement sirupeux qui n’a pour effet que de rebiffer encore davantage la Galloise : Dios mío, vous m’en mettez toujours plein les yeux ! Jamais vous ne sortez autrement que dans une tenue parfaitement composée ?

S’en suit un bombardement d’autres questions auxquelles Sid coupe en se ruant vers la sortie. N’étant pas fixée sur un long terme à Miami, le séjour en pension s’est présenté comme une alternative confortable pour son petit budget et en comparaison du canapé de Mallory, la copine de son défunt frère. De plus, la Pension Murillo, avec son atmosphère familiale et sans chichi, lui plaît. Et si un jour, Murillo-le-tarsier peut capter de lui ficher la paix au saut du lit, ça sera un nid au paradis !

Dans sa trotte vers l’arrêt de bus, les bruits de la circulation lui parviennent, par intermittence de plus en plus rapprochée. Autour d’elle la ville s’éveille. Çà et là un quidam s’engouffre dans son véhicule, prêt à attaquer sa journée. Bientôt la Galloise sera plus libre de ses déplacements. Dans un garage des environs, elle est tombée sous le charme d’une Pontiac Firebird de première génération. D’occasion et d’un vert profond, elle n’a pu résister à faire sienne le petit bijou. Au souvenir du ronron fluide du moteur parfaitement réglé et de l’étincelant emblème de l’Oiseau de feu, un frisson d’impatience la parcourt. Toutes ses économies y passeront, mais vivement le feu vert du garagiste qui s’occupe de terminer la mise en parfait état de la belle mécanique !

- Aaarf... bêle-t-elle subitement, tandis que sa nuque s’effondre vers le bas.

Ça lui revient l’épisode malaisant. Dans un papotage bien innocent, elle a raconté sa récente installation dans cette ville qu’elle ne connaît absolument pas. Le garagiste lui a alors mentionné un neveu. Paraît que le (vieux) garçon sera heureux de la sortir si elle ne sait pas où boire une bière. Sidney relève la tête à temps avant de rentrer dans une dame qui promène son chien.

Le bus dans lequel la jeune femme est montée, avance tant bien que mal, pris en sandwich entre une voiture de voirie et un camion de livraison. À cette heure, il n’en faut pas plus pour créer un mini embouteillage et rallonger le temps de trajet. Or la nouvelle employée au bureau du Chef de police ne manifeste pas de contrariété, contrairement aux autres passagers. Elle est ailleurs ; son attention portée sur les moindres inflexions dans la voix de Luke qui raisonne dans ses écouteurs.

- Sissi, écoute, j’ai un imprévu. Je t’envoie ma copine, faites connaissance, je viendrai te récupérer chez elle. Désolé sœurette, ne me fais pas la tête !

Rien dans les intonations de Luke ou dans ses dires ne dénote une inquiétude pour un quelconque péril. Tout au plus semble-t-il ennuyé du contretemps qui l’empêche de l’accueillir à l’aéroport. Quel imprévu n’a-t-il pu remettre à plus tard ? Elle n’aurait pas tant d’interrogations si Luke ne lui avait pas laissé une procuration pour un coffre-fort dont le contenu suggère une autre vision que la vie de petite frappe qu’on lui a dépeinte sur son frère. À qui appartient cet insigne de police ? À Luke ? Un ricanement sans joie s’échappe spontanément de ses lèvres. Lui flic et elle bientôt journaleux ; il a dû rigoler de l’ironie de leur choix de métier. Et cette clé UBS, pourquoi le dossier S.B à son intention ne se déverrouille-t-il pas avec le code connu d’eux seuls ? Sortant son téléphone, elle pianote un sms.

SMS de Sidney à Mallory a écrit:
Salut, j’espère que ça a été ta nuit au club. Tu as des nouvelles de l’enquête ? On ne les lâche pas. Merci de m’appeler à ton réveil.


Commissariat central, dans l’après-midi

- L’affaire est classée, c’est ce qu’on t’a dit ? Mais c’est inadmissible ! s’insurge-t-elle à mi-voix dans son téléphone, dos plié avec son corps pratiquement engouffré sous son bureau.
- Il n’y a pas eu besoin, Sissi. Ça fait plus d’un mois et la police n’a rien de plus qu’au moment où on l’a retrouvé. J’en peux plus de tout ça.
- Mal, il n’a que nous pour croire en lui. Pour Luke, on doit-…
- Luke est froid, Sissi, il est mort. On l’a enterré. Il ne reviendra pas. Jamais. Arrête de te raconter des histoires. Il ne faisait pas des choses bien. La dope, il la dealait. Elle l’avait fait plonger en taule une fois, mais il ne l’a pas lâchée. Et voilà : des shootés l’ont buté pour une dose et le fric sur lui.

La barmaid reprend son souffle, préparant une nouvelle salve, mais Sidney lui raccroche au nez. Cette dernière se déplie dans son siège et balance son téléphone qui fuse au bord de la table. Avec la fureur ainsi que le chagrin qui l’envahissent, elle aurait éprouvé de la satisfaction à voir l’appareil chuter vertigineusement et se fracasser en mille débris. Nerveusement, elle pince et triture son annulaire, à le tordre. D’accord Mallory a très mal et en veut à Luke, l'amant dans les bras duquel elle ne dormira plus jamais.

- … N’empêche quelle garce-de-salope-de-lâcheuse ! maugrée Sid entre ses dents.

À l’avenir, elle renonce au soutien de Mallory-la-nombriliste à qui d’ailleurs, elle ne s’est pas décidée à confier les découvertes du coffre-fort. En revanche, elle ne renonce pas à la colère noire causée par un crime impuni qui lui a enlevé un frère aimé. Elle compte bien se déchaîner contre les lamentables enquêteurs sur l'affaire !

À la brigade de la Criminelle, la secrétaire du Chef de la police abat ses mains à plat sur la surface du premier bureau occupé. Entre autres choses, le porte-stylo tressaute dans un tintement.

- Bloom. Bureau du grand Chef. Remplaçante de Mme Pelton. Vous avez tous dû recevoir une notification qui m'annonce.

Ses prunelles bleutées prennent connaissance de l’identité du policier sur le chevalet porte-nom. Les secondes s’égrènent le temps qu’elle trouve la correspondance entre l’abréviation et le grade.

- Détective DeLeon.

La colère affleure des tréfonds de son être qu’elle réprime de plus en plus difficilement. Le dénommé DeLeon va payer pour d’autres, tant pis pour lui, elle doit sonner des cloches.

- Il a été porté à ma-notre connaissance une affaire de meurtre. Un homme retrouvé mort vers des hangars désinfectés. Il y a un mois. Dépouillé de ses valeurs. Roué de coups. Battu à mort. Seul contre des assaillants sans pitié. Aucune nouvelle avancée de l’enquête depuis le début. Aucune garde à vue, aucune arrestation. Et j’apprends que l’affaire va être classée ?! (A partir de ce moment-là, la voix de Sid dérape dans le haut perché pour ne plus en redescendre.) Pourquoi ça, détective DeLeon ? Pourquoi ? Est-ce que sur cette affaire, vous fournissez des efforts en dilettante parce que la victime était connue comme un dealeur ? N’estimez-vous pas que tout homme mérite qu’on essaie vraiment de coffrer les assassins qui l’ont sauvagement tué ? Qu’on cherche à lui rendre justice ? Comment pouvez clore l’enquête et passer à autre chose, vous pensez à ses proches qui le pleurent ? A leur amertume à l’encontre d’une police qui méprise leur perte ? Ne me regardez pas comme si j’étais une hystérique et expliquez-vous, détective DeLeon ! (Sid tape sur la table.) Comment pouvez-vous fermer l’œil dans votre lit en sachant que des meurtriers courent en tout impunité à cause de votre manque d’acharnement ? Parlez, détective !

Le policier tient une défense du fond de son siège avec un ton parfaitement raisonnable qui exacerbe le grand courroux de la Galloise. Sur le point de craquer à l’emportement d’envoyer son front percuter celui de DeLeon, Sid se recule et tombe sur une chaise.

- L’enquête suit son cours ? Vous faites le maximum ? Je vous en prie, détective, ne vous payez pas ma tête en prime ! L’enquête est au point mort, parce que vous n’en avez rien à faire ! Vous, vous êtes de ceux qui pensent qu’un dealeur ne vaut pas la peine que la police fasse son travail, c’est ça ? Et si la victime était un vieillard, à qui il ne restait plus qu’une journée devant lui ? À lui aussi, vous ne rendriez pas justice et ne chercheriez pas à condamner les coupables qui lui ont privé du droit de vivre sa dernière journée ? (Soudain, elle bondit de sa chaise, qui se renverse. Elle frappe à nouveau sur la table.) Quelle que soit la victime, un meurtre reste un meurtre !

Respirant à peine, réfléchissant encore moins, la Galloise ne ressent dans sa poitrine que le charbon brûlant de la colère. De crispation, ses doigts se referment, froissant les feuillets sur le bureau. À la rescousse, un bon Dieu de chevalier – à qui on n’a rien demandé – s’invite dans la confrontation. Ignorant d’abord le nouveau venu, Sid rive au bout du compte ses yeux dans les siens et là c’est… le bouquet ! Ou le pompon ! Ou quoi que ce soit d’autres ! Le croyez-vous, devant elle, l’intimidant du haut de sa posture debout, l’espèce de rhinocéros qui lui a foncé dessus l’autre jour dans l’escalier. Quel toupet de la foudroyer de son air mauvais, l’autre jour, il ne s’est même pas excusé, ce mufle ! C'est bon, elle l’a vraiment très mauvaise, toutefois, elle ne remarque pas moins que la brute épaisse ne dégaine pas la même férocité rageuse qui lui avait foutu un peu la frousse à leur première rencontre.

Ravalant des récriminations pour la bousculade qui d’ailleurs lui a cassé sa seule paire de lunettes en plus de lui avoir mélangé une centaine de pages, la Galloise vrille son regard sur DeLeon. Celui-là n’en rate pas une pour enfoncer son cas ! Ce n’est rien, qu’il ose dire !!? Les mâchoires serrées de Sidney sont parcourues de tressaillements : elle a tout le mal du monde à contenir une terrible explosion. Or, ce n’est pas dans ses intérêts de se mettre à dos toute cette brigade – au mieux de tire-au-flanc, au pire de pourris.

- Sergent, s’adresse-t-elle au dénommé Burns. Si demander à votre brigade à la fois d’enquêter convenablement sur un meurtre et de rechercher la vérité est une faveur, apprenez-moi, en quoi consiste le travail d’un policier à la Criminelle ? Veuillez pardonner mon ignorance. Nous autres gratte-papiers, menons des vies étriquées dans notre tour d’ivoire, ironise-t-elle d’un ton belliqueux.

Elle se penche pour relever la chaise. Repartir dans une discussion avec Burns n’apportera rien ; il est certainement celui qui fait le tri des priorités dans les enquêtes des hommes à sa botte.

- La victime est peut-être une vermine à vos yeux, mais c’est quand même une victime de meurtre et dans ma conception du droit, la police est responsable de lui rendre justice. M’écouter vider mon sac, c’est le seul effort que vous consentirez pour cette enquête ? Et je dois vous en être reconnaissante, j’imagine ? sonde-t-elle les deux policiers et sans leur permettre d’en placer une, elle tire des conclusions chargées d'un ressentiment qui date d'une vingtaine d'années : Faire classer les affaires pour lesquelles on ne vous jettera pas des fleurs, ça en dit long sur les valeurs déshonorantes qui régissent le travail des enquêteurs de la police.

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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptySam 22 Juin - 9:00



Headstrong persons make sparks




Wynwood, six semaines plus tôt

Deux hommes dans une ruelle faiblement éclairée de Wynwood, portant tous deux casquette et sweat à capuche.

— T’as une seule gueule, Luke.

— Tu t’es pas regardé. C’est pas sous un camion que t’es passé, cette fois, mais un tanker !

Rires.
Une fois n’est pas coutume, Shane porte des traces de lutte sur le visage. Des cernes noires qui lui dessinent autour des yeux des lunettes de panda.

— Nan, j’suis juste tombé dans l’escalier. Un long escalier. Tu m’connais, j’suis un grand maladroit. Et toi, c’est quoi ton excuse ?

— Manque de sommeil.

Rires secs, qui meurent rapidement sur des mines embarrassées.

— Je sais pas trop quelle merde tu prends en ce moment, mais si tu continues comme ça, un jour tu vas t’endormir et plus jamais te réveiller.

— C’est pas mon plus gros souci, en ce moment…

— Ah ouais ?

Soupir de Luke.
Silence. Regard fuyant, agité. Hésitations.

— Ouais.

— Comme tu veux. Toi et moi on n’est pas vraiment potes, mais t’es un bon indic, Luke. C’que tu balances, c’est pas de la merde comme j’en reçois souvent. On a pu coincer une poignée de salopards grâce à tes tuyaux. Personne le saura jamais, mais moi, je sais. Et ça compte. Alors si t’as un blème, tu m’le dis et on règle ça ensemble.

— Merci, Shane, c’est sympa. J’apprécie, vraiment. Mais ça va aller.

Le visage contrit, fatigué de Luke, ses gestes nerveux crient le contraire.

Haussement d’épaules de Shane. Encore un problème de toxico à la con. Ou avec sa connasse de copine.

— OK, je me répèterai pas. Alors qu’est-ce t’as sur mon affaire ?

* * *

Bureaux de la brigade criminelle, maintenant

Shane note intérieurement de se renseigner sur la date de retour de madame Pelton. Il ne s’imaginait pas regretter un jour une gratte-papier, mais voudrait distordre le temps afin de hâter le moment où elle pondra sa marmaille et reprendra son poste. Pelton est discrète, professionnelle. Jamais elle ne venait leur briser les noix inutilement et la tranquillité, c’est tout ce que Shane attend des gens à lunettes.

Bloom est un sac à nerfs qui bourdonne, s’époumone, exaspère. Une bleusaille stupide et incompétente qui brasse du vent. Une nuisance qu’on chasse – qu’on écrase – d’un coup de patte rageur.

— Bingo, Princesse-je-sais-que-dalle. Tu sais rien. Rien de rien. Et quand on tête encore au biberon, on évite de venir donner des leçons aux grandes personnes qui se salissent les mains pour que les gens comme vous dorment sur leurs deux oreilles.
Vous bossez avec le grand chef ? Très bien. Renseignez-vous sur les grilles de budget, les statistiques de la criminalité et les priorités annuelles. Vous descendrez d’un étage de votre foutue tour d’ivoire. Toujours dans les nuages, mais leur couche inférieure. De là où on commence à avoir un vague aperçu de l’océan de merde sur lequel on navigue tous les jours, sans nous plaindre, à bord d’un vieux rafiot doté d’une moitié d’équipage. Et on se débrouille avec des épuisettes trouées pour chopper les étrons qui flottent à la surface ; de temps à autre on a le temps et les moyens pour enfiler la tenue de plongée et fouiller les profondeurs.
Voilà, c’est ça la réalité. Notre réalité.


Une grimace déforme le visage de DeLeon. L’on pourrait imaginer qu’il se retient de déféquer, à cause du contexte que vient de décrire son supérieur, mais il souffre de la poigne implacable de ce dernier, dont les doigts puissants écrasent ses épaules et ses clavicules comme des serres d’aigle.

— Toutes les affaires sont traitées convenablement, mademoiselle Bloom, mais on a pas les ressources pour creuser toutes les affaires. Alors oui, on priorise. On doit prioriser. La justice, elle est rendue dans les tribunaux ; nous, on cueille autant de méchants qu’on peut. Et personnellement, quand les méchants se butent entre eux, j’aurais pas tendance à faire du zèle. Question de priorité, vous pigez l’truc ?

Shane n’en reste pas moins intrigué sur la raison qui pousse Bloom à montrer une si grande détermination dans cette affaire en particulier. En treize ans de carrière, il a emprunté maints chemins jalonnés de douleur auprès de familles, proches de victimes, mais peu réclamaient justice avec une semblable débauche d’énergie.

Il pose une fesse sur le bord du bureau, entre Bloom et DeLeon, de sorte à les avoir tous les deux dans sa ligne de mire. S’empare d’un stylo bariolé de motifs londoniens – DeLeon a toujours eu des goûts étranges – et le fait tournoyer entre ses doigts.

— Jerrel, c’est quoi cette affaire de meurtre ? T’as le dossier ?

DeLeon ouvre de grands yeux, pousse un soupir agacé. Il a toujours détesté qu’on envahisse son espace vital, qu’on touche à ses affaires, qu’on le dérange dans son travail. Sa femme – et son mariage – en ont d’ailleurs fait les frais. Entre l’hystérique du grand patron et le molosse de la lieutenante, le détective senior se sent pris au piège entre les mâchoires impitoyables d’un piège à ours.
D’autant que…

— Il n’y a pas de dossier, sergent.

DeLeon déglutit.
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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptyLun 24 Juin - 22:26



Sidney a débarqué dans les bureaux de la Crim’ sinon scandalisée, du moins convaincue du bien-fondé de son courroux à l’encontre des incompétents dépêchés sur l’affaire du meurtre de son frère. Depuis, une semaine qu’elle est en activité au commissariat, elle a surtout rencontré les hauts gradés plus fréquemment en contact avec le commissaire. À ses rares heures perdues, elle a commencé à éplucher les dossiers des agents de la brigade des stupéfiants. Sans dire qu’elle va au pif, elle navigue à vue avec les notes laconiques et les clichés flous enregistrés dans la clé UBS auxquels elle a pu accéder sans mot de passe. Tous ces éléments font penser à une surveillance. De qui, de quoi, pour qui ? Rien n’est limpide. Luke ne lui a pas facilité la tâche ; croyait-il réellement qu’elle saurait par quel bout tirer pour démêler les nœuds ? La journaliste qu’elle espère devenir va-t-elle faire ses armes sur la complexité de ce dossier, ou se prendre un mur ? En tout cas, à la Criminelle, elle ne connaît que le visage du lieutenant Fox, vers qui elle aurait sans doute dû se tourner d’ailleurs. Mais aucun raisonnement soigneusement établi à l’avance ne l’a transporté dans les présents locaux.

Fondant sur le premier bureau occupé, elle est reçue par un détective DeLeon impassible, stoïque et détaché ; autant dire qu’elle s’en est trouvée encore plus furibonde. Le culot et la fougue qu’elle déploie alors pour mettre en demeurer le policier ne sont pas des aspects de sa personnalité qu’elle étale normalement face à un public. Mais dans ce monde où Luke n’est plus, réaliser que son existence sombre si hâtivement dans l’indifférence délie en elle la virulence du sentiment d’indignation.

À l’arrivée d’un renfort, aucune lueur révélatrice de surprise – aussi fugace soit-elle – ne trouble le feu de la colère dans les yeux de Sid. Ce genre de scène racole tôt ou tard un sauveur, mu par la grandeur d’âme de voler au secours de l’opprimé, ou plus prosaïquement, le devoir de solidarité envers un collègue. Le nouveau venu ne fait pas retomber la tension dans l’air. À cause de la collision dont il n’a pas considéré poli de s’excuser, Sid lui portait un ressentiment qui menace désormais de virer à l’aversion caractérisée. Or la contre-attaque du bouillonnant sergent la déstabilise. En dépit de la masculinité un peu fruste qu’il donne à voir, le flic est fine mouche. Il a parfaitement su débusquer un point de vulnérabilité chez elle. En qualité d’assistante de direction du Chef de la police de Miami, elle maîtrise les compétences de secrétariat, mais pas les arcanes de son nouvel environnement de travail, dans cette nation qui n’est pas la sienne. Ce n’est pas faute de mettre les bouchés doubles pour s’instruire et compenser ses lacunes de profane. Mais elle n’est pas aidée, à commencer par cet imbuvable Burns ! À cause de lui, elle a perdu un temps considérable à remettre dans l’ordre une pile de feuilles, qui plus est handicapée sur le moment par sa vision de taupe. Avec la prévision de l’achat d’une voiture, la dépense supplémentaire pour se procurer une nouvelle paire de lunettes fait bien mal ! Alors ce type qui se paye le luxe de la recadrer, ça met à vif son esprit frondeur qui ne compte pas se laisser démonter.

- A la manière dont vous m’étiquetez, les gens comme moi, vous n’en avez pas rencontré beaucoup. Sinon vous devriez faire réviser votre réservoir à déductions avant la panne sèche.

Cependant, elle sait que l’avenir de l’enquête sur la mort de Luke est en jeu, et les intérêts de celle-ci outrepassent l’envie de rabattre le caquet du sergent. Car si l’enquête se fermait, c’est la fin de la brèche dans laquelle elle tente de s’engouffrer pour découvrir la vérité.

- Je vous l’accorde, dans la tour où je m’endors, les armes chargées sont très souvent des pistolets à eau. Nouveau-née trébuchant dans votre réalité, je n’ai pas de légitimité à vous donner des leçons, croyez-vous, messieurs ? Pourtant si je donne l’air de ne tenir que grosso modo sur mes jambes, c’est que ma nature est celle d’une sirène. Au chant tout hurlant. Pour mettre votre conscience professionnelle en alerte. De la négligence dont vous feriez preuve à attaquer une enquête avec des idées préconçues sur les raisons d’un meurtre. Je n’attends pas d’excès de zèle de votre part, c’est évident, mais ne doutez-vous jamais de commettre une erreur d’appréciation, sergent ? Au moins, accordez à cette enquête une considération décente avant de la classer.

Burns s’assoit sur un coin de table, quittant le mode du proviseur qui s’emploie à sermonner l’élève indisciplinée. Une des paroles de la Galloise a-t-elle fait douter son personnage imbu de lui-même ? Mais bon, à la décharge du policier, il vaut mieux avoir confiance en soi dans un métier de poigne. Ce dernier pioche un stylo aux couleurs caractéristiques, avec lequel il se met à jouer. Sid demeure un instant le regard vide, tandis que ses pensées voguent vers un autre temps. Vers une vie emplie d’aspirations dont elle a laissé le bonheur lui échapper, trop apeurée d’avouer de qui elle était la fille. Or c’est son silence qui a creusé la fosse de sa relation avec l’homme qu’elle aimait.

Le soupir agacé de DeLeon la ramène rapidement dans le moment présent. Enfin alors Sid partage une certaine compréhension avec le détective. Ordonnée jusqu’à la maniaquerie en ce qui concerne son sanctuaire de travail, elle supporte difficilement qu’on déplace d’un iota ses affaires qu’elle a pris soin d’arranger avec harmonie. Or Burns à lui seul est un désordre ambulant ! Mais regardez donc tous les plis sur ses vêtements… si elle était désinhibée de toute bienséance, elle le désaperait sur le champ ! Elle ne fera rien de tel, ni d’approchant, évidemment. En revanche, elle s’avance assez près du flic pour que tendant la main, elle lui chaparde le stylo.

Soudain, le projet tatillon de reposer le stylo à sa juste place est balayé de l’esprit de l’assistante de direction. A-t-elle bien entendu ?! Il n’y a pas de dossier, a dit DeLeon. Pas « je n’ai pas le dossier sous la main », mais bien « il n’y a pas de dossier »… Comment ça, il n’y a pas de dossier ??! Quelqu’un l’a-t-il perdu ?! Qui ? Comment une chose pareille est possible !? Mais n’y a-t-il jamais eu un dossier ouvert pour le meurtre de Luke ? Tout de suite, les billes de la Galloise fusillent le sergent, responsable tout désigné de cette irrégularité.

- Toutes les affaires sont traitées convenablement, répète-t-elle d’un ton saturé de sarcasme. Est-ce que dans votre dictionnaire, le sens du mot convenable est synonyme de lamentable, sergent ? Nous ne pêchons pas dans la même langue, je le comprends à présent. Je vais vous laisse travailler. Si vous avez encore de quoi faire. Ah ça vous et votre équipage, pouvez vous vanter de savoir prioriser. Le jeté à la mer de dossiers qui vous mettent en échec, comme c’est commode.

Ils doivent être satisfaits qu’elle se décide à débarrasser le plancher, mais il lui faut un repli stratégique pour se renseigner sur l’état de service de Burns & compagnie. Le dossier de Luke ne doit pas être le premier dont cette équipe peu scrupuleuse se débarrasse à la déchiqueteuse. À moins, évidemment, que ces deux-là aient une implication coupable dans la mort de Luke...


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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptyVen 28 Juin - 5:51



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Elle se croit spéciale, unique, la pimbêche ? OK, elle crie fort. De surcroît elle possède un regard magnifique, dangereusement hypnotique lorsqu’un homme commet l’erreur de s’y attarder. Le bleu électrique de la foudre fascine depuis des temps immémoriaux. Les eaux turquoise de la Méditerranée, qui appellent au grand plongeon de l’âme, ont inspiré maintes légendes de sirènes ensorceleuses.
Mais quand la petite-fleur-fragile-qui-loge-dans-une-tour-et-joue-au-pistolet-à-eau lui balance un joli couplet sur le doute, le risque de négligence, Shane lui renvoie un pantomime d’applaudissements moqueurs. Sourire narquois aux lèvres. Quelque part Bloom lui rappelle la jeune Lex, dix ans plus tôt, dans sa manière d’en appeler à sa conscience professionnelle.
Mais Shane n’a aucun besoin qu’on lui rappelle. C’en est même insultant. Et Bloom n’est pas Alexa Fox. Elle n’est même pas flic. L’envie d’écraser cet insecte bourdonnant sous le talon démange sa paire de rangers. Si Bloom-la-gueularde tient à jouer son rôle de sirène, elle pourra toujours hurler un signal de détresse !

Pov’ conne.

DeLeon prend son supérieur à contrepied. Foutu DeLeon. Jamais le mot pour faire rire, plutôt celui qui fait chier son monde. Mais rarement à tort, raison pour laquelle Shane le voulait dans son équipe.
Médusé par la révélation, Shane ne mord pas la main de l’odieuse pique-assiette qui lui dérobe manu militari le stylo bariolé. Inscrit cependant dans un coin de sa tête qu’en plus de son piaillement de kookaburra, la remplaçante s’accable des vilains agissements d’une belette.
Une remplaçante qui va être rapidement mise au rebut – ou passée à la déchiqueteuse en compagnie de ses maudits papelards.
En attendant de sauter Bloom… à la gorge (évidemment !), Hound braque un visage revêche sur DeLeon. Ses yeux sombres de prédateur transpercent le détective comme des crocs acérés.

— Comment ça, pas de dossier ?

DeLeon déglutit. Avise Bloom, qui vilipende à présent le sergent. C’est sur elle que Burns devrait grogner, pas sur lui !
Soupir.
Qu’est-ce qui l’empêche de parler, après tout ? Il n’a pas voulu donner de détails à l’assistante de direction, dont le travail n’a aucun lien direct avec les enquêtes en cours. Des myriades de documents sensibles lui passent néanmoins sous le nez, et le Chef de la police en personne lui a accordé sa confiance.
Avec le sergent qui attend une réponse, autant lâcher le morceau.

— Pas chez nous, en tout cas. L’affaire a directement échoué chez nos confrères des stups. Les informations sont vides ou verrouillées.

Le détective sait que Burns ne se contentera pas de si peu. Et que cet échappé de l’ère préhistorique (d’un chenil de la préhistoire, si pareille chose existait) est incapable de se renseigner par ses propres moyens sur un poste informatique.
Soupir.
Répétant l’opération effectuée plus tôt, lorsque la frappadingue est venue lui gâcher sa journée, DeLeon tape  « Luke Pritchard » à l’intérieur du champ de recherche. Tourne l’écran vers son supérieur avec un air complaisant, hors du champ de vision de Bloom.

— Voici la preuve : Luke Pritchard. Décès par homicide à Wynwood.

À la grande surprise du détective, le visage de Burns se fige dans une expression de stupeur. Regard ancré sur la photo à l’écran, lueur de tristesse dans ses prunelles opaques. Yeux écarquillés, cils frémissants. Mâchoire serrée qui retient une volée de jurons.

Putain, Luke !? Mais qu’est-ce que t’as foutu ? Dans quel pétrin tu t’es fourré, bonhomme ? Les poings de Shane se referment avec une force effrayante, dans un craquement de doigts qui évoque des os qui se brisent.
D’un geste vif, il s’échappe du bureau et se remet sur ses jambes. Tourne sur lui-même, exhibe son dos à ses deux interlocuteurs.
De mémoire, Shane passe en revue le film de leur dernière rencontre, peu avant la date du décès.

— Merde ! Merde de merde !

Plusieurs visages se lèvent au-dessus des bureaux ; leurs regards se braquent sur l’agitateur.

DeLeon vérifie la page affichée sur l’écran, sourcils arqués d’étonnement. Aurait-il sorti une autre fiche par mégarde ? Celle d’un collègue récemment abattu en service ?
Non. La fiche d’état civil de cet inconnu ne diffère pas de millions d’autres citoyens américains. Hormis l’accès verrouillé à des éléments annexes, notamment son passif judiciaire et le rapport détaillé de son décès.
De toute évidence, Burns connait – connaissait – cet homme et venait d’apprendre son malheureux épilogue.

Bordel, j’aurais dû insister ! Suivre mon instinct jusqu’au bout. Le sortir de là avant qu’il soit trop tard. Le poids de la culpabilité lui comprime la poitrine. Shane déteste perdre un indic. Surtout un bon indic comme Luke. Malgré son aversion pour les consommateurs de drogues, il aimait bien ce type.
Luke portait en lui quelque chose de différent. Une forme de lumière, au milieu des légions de loques qui constituaient son monde dépravé. Une lumière étrangement familière qui mettait Shane à l’aise. En des circonstances plus favorables, ou avec du temps, les deux hommes auraient certainement développé un lien d’amitié.

Le feu de la colère l’emporte rapidement, dévorant toutes les autres émotions sur son passage, ne laissant que des cendres derrière lui. T’aurais dû me prévenir, Luke. Accepter la main que je t’ai tendue, pendant qu’il était encore temps.
Disparue, consumée, la tristesse dans son regard sombre. Une ardente détermination séjourne à présent dans ses pupilles.
Qu’il fixe sur Bloom, après un pas conquérant en direction de l’enquiquineuse.

— OK, très bien. On dirait qu’c’était pas du pipeau, votre histoire de sirène d’alerte.

Sans quitter la femme du regard, le flic saisit d’une main ferme le haut de l’écran, l’oriente d’un geste sec face au visage blafard.
Photo récente de Luke Pritchard sous le nez de Bloom. Prise au renouvellement d’une pièce d’identité.

— Pourquoi nous questionner sur ce type ? Il en meurt à la pelle, des camés comme lui, dans les rues de Miami. En plus vous êtes mal renseignée sur l’affaire, puisque vous saviez pas que les stups s’en occupaient. L’ordre vient donc pas d’en haut. (Silence. Shane laisse mariner.) Mais ça veut pas dire que ça m’intéresse pas.

Un intérêt que ne partage pas DeLeon, qui profite de l’interlude pendant lequel les deux belligérants s’observent en chiens de faïence pour récupérer son stylo des mains de l’importune. Non mais !
Un peu plus et cette brute de Burns cassait le pied de son écran. 270° d’amplitude horizontale. Ni plus, ni moins. Il va quand même devoir nettoyer la grosse empreinte de pouce dont il aperçoit les vilains reflets.
Ça lui apprendra à se montrer trop gentil. À ne pas envoyer Bloom directement chez les stups, afin de ne pas perdre la face en tant qu’agent de la criminelle. On lui aurait de toute façon servi le même discours que le sien, seriné depuis toujours dans les postes de police.
Car Bloom n’est pas une flic. Pas l’une des leurs.
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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptyJeu 11 Juil - 16:33

Luisant d’indignation, les iris de Sissi dardent les deux policiers. C’est un sentiment dont elle est en proie depuis qu’elle a raccroché au nez de Mallory et qui la ravage plus fort que sa volonté. Un geste, une parole aussi minuscules et insignifiants qu’ils soient suscitent alors en elle une émotion incisive. Pourtant, perdre le contrôle de soi, se laisser aller à ses émotions et ainsi s’offrir en spectacle contrecarrent son plan de se tenir à l’écart de la curiosité au sein de cette niche de – soi-disant – fins limiers. Elle qui ne souhaite pas servir de sujets de conversation ni de rumeur, rentrez les tambours, elle patine vers le fiasco ! Tendue de la tête aux pieds et les bras le long de son corps, elle roule le stylo entre ses doigts graciles. Suppléant la bague de fiançailles rendue, elle tripote le stylo, comme un petit talisman à qui on demande du courage. Si elle ne s’applique pas fort à recouvrir une once de bon sens et de sang-froid, elle va griller sa couverture. Or les deux énergumènes en face d’elle rivalisent pour la mettre hors d’elle, aussi doit-elle battre en retraite. Elle leur annonce les laisser retourner à leurs occupations oiseuses pour tuer le temps jusqu’à leur fin de service, cependant alors qu’elle marque un pas en arrière, elle se bloque, avortant subitement son demi-tour. Le dossier est chez les stups… bon Dieu de bon Dieu, Jerrel DeLeon, pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt !?

Abasourdie par la nouvelle révélation de DeLeon, Sid épingle ses yeux écarquillés et interrogateurs sur Burns qui a l’air également de tomber des nues. Elle balance alors entre deux envies jubilatoires. Celle de hacher menu comme chair à pâté détective-je-m’amuse-à-faire-de-la-rétention-d’infos-depuis-une-demi-heure, ou à tout le moins de le fustiger du temps qu’il lui a fait perdre. Et celle de se payer la tête du sergent-plomb-dans-l’aile qui à chaque renseignement de son subordonné perd sa superbe, alors même qu’il s’est ramené tout fringant en homme de la situation… Attendez, à quel titre la brigade des stups déleste-t-elle les collègues de la Criminelle d’une enquête de meurtre ? C’est bizarre, décrète-t-elle tandis que la méfiance étrécit ses yeux tout d’un coup. Ça fait un bon mois qu’elle sert de rappel à Mallory pour l’appel quotidien aux enquêteurs sur le dossier de Luke, n’est-ce pas curieux que cette dernière ait omis de lui faire mention de cette particularité ? Même si elle n’a pas explicitement dit à la barmaid qu’elle mène sa propre enquête – ni même informé de son nouvel emploi au commissariat –, Mallory doit avoir fait ses déductions sur les raisons qui la font prolonger son séjour à Miami où rien ne la retient plus depuis l’enterrement de Luke. Non : elle ne marche pas dans ce numéro de comique où le duo Burns et DeLeon se donne la réplique. Ces deux foutus malins la prennent pour une imbécile finie, s’ils croient la persuader que le dossier de Luke n’est pas négligé au fond d’un de leurs tiroirs ! Tandis qu’elle s’apprête à réclamer une fouille en règle des tiroirs de tous les bureaux de la Crim’, le détective lui coupe le sifflet en déclamant la preuve ultime...

Soudain glacée jusqu’au bout des doigts, Sidney essaie de chasser de son esprit les images du visage massacré de son frère que son imagination n’échafaude pas à partir d’un souvenir. Elle n’a pas vu le cadavre de Luke. Elle s’était bien gardée de s’annoncer pour l’identification du corps, prétendant à Mallory qu’ils s’étaient trop longtemps perdus de vue, alors qu’en réalité, c’était un piteux mensonge pour justifier sa lâcheté. Elle a eu peur, et le mot est faible, elle a ressenti de la terreur à l’idée qu’on lui fasse porter la responsabilité des vies horriblement bousillées par le trafic de son frère. La répugnance qu’elle s’inspire redirige alors sa colère sur son être méprisable. Elle qui a choisi de se protéger plutôt que d’honorer son devoir de proche parent, toujours hantée par les centaines de fantômes de son passé. Pour ce moment de faiblesse trouvera-t-elle un jour le moyen de se pardonner ?

Désireuse d’échapper aux tourments de ses culpabilisantes pensées, la Galloise cherche à tout prix une diversion. Au bruit d’un craquement d’os, son regard s’agrafe sur le sergent dont les réactions lui paraissent tout à la fois instinctives et incompréhensibles. Brusquement, elle le voit se redresser et leur tourner le dos, à DeLeon et à elle, comme pour se couper de leur présence et ainsi s’accorder un instant de réflexion. De manière inattendue, le sergent Burns devient soudain un individu d’intérêt majeur à ses yeux. À quoi ce type a-t-il besoin de réfléchir ? À quelles questions est-il avide de trouver des réponses ? Pourquoi, bon Dieu, paraît-il sincèrement affligé par la nouvelle de la mort de Luke ?! Quelles circonstances les ont mises en relation l’un l’autre ? Car il semblerait que Burns connaissait… non. Burns connaissait Luke, c’est une certitude, mais quelle sorte de lien les unissait ? C’est ça, la seule question qui importe au fond.

Trop de questions sans réponse obnubilent Sid qui garde néanmoins le silence. Un silence quelque peu surnaturel après tout le foin qui a envahi l’open space. Tout d’un coup Burns fait volte-face et s’avance vers elle dans une approche d’intimidation. Il plante dans le sien son regard plus sombre que jamais, mais dans lequel elle ne décèle aucun cafard. Elle a mal interprété ou mal compris le comportement du sergent. Si ce dernier regrette la disparition de Luke, ce ne sont certainement pas pour des raisons bien jojo. Quels démêlés houleux entretenaient son frère et le flic ? Burns comptait-il parmi les clients que livrait Luke ? Ou fermait-il les yeux en contrepartie d’une ponction dans les recettes du dealer ? Brutalement, Burns pivote l’écran du PC. Sidney sent son sang se figer, elle reste immobile. Sur la photo, Luke a un visage déchiré au-delà des méfaits de l’âge. Très loin du visage juvénile d’autrefois ; la peau marquée par le combat qu’il livrait contre les assauts de son addition. Malgré tout, il n’a pas l’air pitoyable ou à la dérive. Ses yeux marron, si semblables à ceux de leur père, reflètent une détermination forte. Livide – si elle peut l’être davantage – par le choc qui l’a empoigné, Sissi lutte pour retenir les larmes de son désarroi. C’est sans doute aberrant – pour ne pas dire que ça l’est fichtrement en fait –, mais Luke et elle ne se sont pas revus durant ces vingt dernières années. Les nouvelles qu’ils se donnaient à travers des cartes postales et des appels s’étirant dans de longs silences se résumaient à des variations guère détaillées de « ça va pour moi, et pour toi ? ». Elle a du mal à l’expliquer, mais ça leur a suffi et leur attachement ne s’est pas étiolé. D’un accord tacite, ils se sont préservés l’un l’autre en gardant une distance, sachant que rien de ce qu’ils pourraient se dire ne ferait disparaître leurs noires pensées.

Le regard direct et scrutateur du sergent pèse sur elle, l’acculant psychologiquement. S’efforçant de paraître calme et sure d’elle, elle tourne ses prunelles sur l’homme avec l’envie de reculer, tant il empiète dans son espace intime. Mais elle sait comment ce recul sera interprété. Et elle détesterait cela : se dévoiler faible face à quelqu’un qui la menace. Leur singulier duel devient un cran plus insupportable durant le temps suspendu par le silence que l’expert en interrogatoire fait sciemment durer. Cependant, elle a déjà subi la pression d’enquêteurs de tous bords – policiers, journalistes, assureurs, avocats de familles de victime – qui la pressaient de cracher que son père broyait du noir.

- Aucun de vos hommes ni vous n’êtes enquêteur sur ce dossier. Je n’ai pas besoin d’invoquer votre cinquième amendement pour résister à l’envie de ne pas satisfaire votre curiosité.

Dans un refus d’être distanciée par Burns dans le cas où il aurait l’impression de supériorité dans le jeu, Sid avance d’un petit pas vers lui. Entre eux, il y a peut-être désormais l’espace pour intercaler bout à bout trois stylos… Tiens d’ailleurs où est passé celui qu’elle tenait ? L’a-t-elle lâché par mégarde ? Elle ne baisse pas les yeux pour vérifier s’il traîne au sol, poursuivant plutôt avec effronterie :

- Mais afin que vous ne perdiez pas du temps à vous creuser la cervelle, je vous livre tout de même les raisons de mon intérêt : l’esprit d’initiative et la rigueur professionnelle. En bonne assistante, je me dois de connaître l’emplacement des mines au-devant du parcours du commissaire. Pour cette affaire, j’entrevois tous les signaux pour enflammer les commentaires d'injustices sociales à l’encontre d’une police influençable qui ne met ses forces que dans les affaires médiatiques.

À force de dévisager le sergent, la Galloise prend le temps de l’examiner ; il ne se trahit pas avec les expressions torves d’une ordure. D’ailleurs, il a un côté crapule trop assumé pour en être un radicalement. À vrai dire, elle a une insaisissable impression de familiarité. Elle ne sait pas quoi penser. S’il doit y avoir un parmi ces Américains qu’elle imaginerait en vacances sur sol britannique, ça serait le dandy DeLeon.

- Je comprends que ça vous déroute, messieurs, vous n’êtes pas habitués à faire plus que le strict minimum.

Comme, en son âme et conscience, Sidney sait être en train de tenter d’embrouiller les flics dans le but que le grand chef n’ait pas vent de son esclandre, elle a le bon goût de ressentir un début de remords sur cette dernière pique gratuite. De plus, si les deux flics peuvent oublier de trop réfléchir au comment elle a eu connaissance de l’existence d’une affaire dont elle n’a visiblement pas eu le dossier sous les yeux… N’empêche que Mallory va devoir lui rendre des comptes ! Il ne fait pas un pli que cette pipeauteuse de salope n’a jamais contacté le commissariat.

- Et ne me la jouez pas à l’envers, sergent, choisit-elle l’attaque comme ligne de défense. C’est plutôt à vous de me justifier pourquoi la Criminelle écoule son stock de dossiers d’enquête de meurtre à la division des démenteleurs de trafics.

Pour pousser son avantage et prendre Burns à son propre jeu d’intimidation, elle réduit encore la distance entre eux. Avec un petit sourire de défi, elle le provoque sur son territoire, mais qui la cherche la trouve.

- Quoi que vous pensiez me faire, sergent Burns, épargnez-moi la redondance d'un nouveau plaquage au sol.

Il n’y a que DeLeon pour l’entendre, mais ce dernier compose une audience suffisante pour embarrasser Burns. Ça lui apprendra à la grosse brute de bousculer une gratte-papier et ne pas s’excuser… Oh mais comble du pire, réalise-t-elle soudain, le bougre ne souvient même pas d’elle en fait !
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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptyDim 14 Juil - 14:50



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Cheveux d’ébène le défie. Avec la force d’une vaguelette d’eau douce, à peine mousseuse comme une bière trop chaude, elle part à l’assaut du roc qui lui fait face. Un massif bloc de pierre qui a traversé les âges sans perdre ses aspérités.

C’est ça, face de succube. Viens te casser les dents, tes minables petits crocs de belette, sur un mec qui a brisé les os à plus coriace que toi.

Pourtant Shane apprécie sa verve. C’est la malédiction du combattant, qui trouve du plaisir dans la confrontation aussi bien verbale que physique. Qui s’en nourrit. Y puise ses forces. Rien n’est plus stimulant qu’une personne au fort tempérament, plus fascinant qu’une femme en émoi.

Déjà droit comme un i, il bombe le torse quand Bloom ose un pas dans sa direction. Réaction primaire, instinctive du molosse qui exhibe les muscles de son poitrail comme autant de menaces. Qui affiche sa supériorité et sa dangerosité au reste du monde.
Bordel, il bosse ici depuis dix ans et porte des galons de sergent. Ce n’est pas une petite conne sortie de nulle part qui va lui remonter les bretelles ! Assistante ou non du pacha, Bloom ne fait en outre que passer, le temps que madame Pelton ponde sa marmaille et la couve quelques mois.

À moins que Bloom soit davantage suce-boules que casse-couilles ? À voir le zèle qu’elle met à servir son patron, Shane ne serait guère surpris. (D’ailleurs, qui est le vrai père de l’enfant de madame Pelton ? La question mériterait une enquête de la brigade des mœurs…)

La-démone-chieuse-belette-kookaburra a quand même piqué Shane au vif, touché un point sensible. Intime, personnel. Ne s’est-il pas « volontairement » exilé de New York pour des faits qu’elle lui reproche ? À cause du foutu agenda des médias grand public assoiffés d’audimat, et des politiques basant leurs directives sur les prochaines élections.

Le flic revêche dresse une main recourbée comme pour saisir la gorge de l’effrontée. L’enserrer de ses doigts puissants et la soulever en poussant un grondement de rage. Du calme, Shane. Il lui est difficile de se maîtriser sans la présence stabilisatrice de Lex, mais les collègues du bureau ont aussi les yeux braqués dans sa direction.
Alors sa main se referme, à l’exception d’un index accusateur pointé sur Bloom.

— Les mines, vous marchez en plein dedans, remplaçante. Retirez tout d’suite vos accusions de merde, avant qu’on doive vous ramasser à la p’tite cuillère. C’est de la calomnie, des affirmations à l’emporte-pièce qui méritent qu’on vous foute dehors à coups d’pied au cul. (Shane regarde autour de lui, appelle les collègues à témoin.) Alors comme ça, nous autres de la crim’, on branle que le strict minimum ? (Shane secoue la tête en produisant un « teuh-teuh-teuh » avec sa langue.) J’peux pas vous laisser dire ça. Pas comme ça. On est compréhensifs envers les familles des victimes qui insultent sous le coup de la colère, mais vous, c’est pas pareil. (Il sert les dents, grogne plus qu’il ne parle.) Vous bossez ici, vous êtes pas impliquée personnellement, alors vous avez aucune excuse. (Il s’humecte les lèves.) Moi, j’le connaissais ce type. Et c’est pas l’genre que j’voulais voir finir dans une putain d’boîte six pieds sous terre. Alors j’vous remercie d’avoir tiré la sonnette d’alerte, mais vous allez arrêter tout d’suite de nous faire chier.

Le dossier de Luke échu aux stups a piqué la curiosité du sergent de police, l’indigne plus qu’il ne l’embarrasse. Cela arrive, à titre exceptionnel, mais pour un banal indic comme Luke ?
De toute évidence, le drogué était d’une façon ou d’une autre lié à une grosse affaire. Ou à un nom, que les stups (le service, ou une poignée d’enquêteurs en particulier ?) s’efforcent de garder secret.

— C’est vous qui bossez avec le patron. Ce genre de transfert entre services, ça se valide en haut lieu. Sauf quand c’est fait en sous-marin. Nous les petits fonctionnaires, on voit rien passer. Et si par hasard on entend quelque chose qu’on devrait pas, on a que notre gueule à fermer. (Grincement de dents, frémissement des lèvres qui dessine un vague sourire.) En principe.

Heureusement pour Bloom, c’est lui et non Lex, pourtant la cheffe du service, qu’elle accable de ses piquantes accusations. C’est ce qui lui permet de se contrôler, de ne pas saisir l’animal griffu par la fourrure du cou et s’en débarrasser dans la cage d’ascenseur.
Un animal drôlement mignon, par ailleurs. Shane doit bien le reconnaître quand sa frimousse insolente approche à un poil de moustache de son visage.

Il arque un sourcil en entendant l’ultime accusation. Un placage au sol ? Le flic n’a pas le souvenir d’avoir menotté cette Bloom au cours d’une arrestation musclée, ou de la compter parmi la longue liste de ses anciennes amantes. Et Shane n’a jamais été le genre d’homme à se saouler jusqu’à oublier le visage d’une femme. Encore moins un joli minois comme celui de l’assistante casse-bonbon.
Bloom est pour Shane une inconnue. Shane a bonne mémoire. Par conséquent… Bloom affabule pour emmerder le sergent de la crim’. Conclusion logique, mathématique ; raisonnement indémontable.

— J’songeais à vous donner à bouffer aux alligators, si vous voulez tout savoir de mes pensées. Vous préférez ça, ou un bon plaquage au sol ? Et n’y voyez aucun sous-entendu : j’suis sûr que ni vous ni moi n’aimerions ça. Pas du tout. Mais alors pas du tout, répète-t-il comme pour s’en convaincre.

Contrairement à l’assistante, Shane n’a pris aucune mesure pour modérer l’intensité de sa voix. Si bien qu’une cacophonie de rires résonne discrètement dans la pièce.
Tous les gars de la crim’ connaissent depuis des années le sergent Burns, son parler brut de décoffrage. De même qu’ils le savent réellement capable de plaquer l’intruse et l’expulser manu militari, si elle continue de lui taper sur les nerfs et qu’il s’estime en droit d’agir ainsi.

Mais quelque chose le bloque.

Quelqu’un le bloque : Luke. Au fond, c’est de lui dont il est question. Et c’est grâce à cette Bloom que Shane vient d’être informé de sa mort. Une mort indigne, traitée de manière suspecte.
La nouvelle assistante est peut-être une connasse – Hound a le sentiment que ce n’est pas le cas, malgré les paroles exaspérantes –, mais il lui doit une fière chandelle.

— Maintenant, j’propose qu’on se concentre sur c’qui est vraiment important. Qu’on cherche chacun de notre côté. Vous avez accès à des infos que j’ai pas, dans votre fichue tour d’ivoire, et j’ai aussi mes sources. Des pruniers à secouer, avec des fruits mûrs qui tombent parfois dans la main. Deal, la remplaçante ?

D’un geste vif, il avance une main en direction de Bloom, si proche que l’extrémité de ses doigts frôle le vêtement qu’elle porte. Shane a bien envie d’accueillir la main fragile, la serrer. Serrer fort, jusqu’aux craquements des phalanges et au son délicieux des cris qui les accompagnent.
Plus encore, il désire tirer cette affaire au clair. Savoir ce qui est arrivé à Luke, dégommer les coupables – non, les arrêter et les présenter devant la justice, dirait Lex, voix de sa conscience.
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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptyMer 17 Juil - 11:25



C’était une vacherie, Sid en convient, aussi à peine a-t-elle prononcé les mots insultants qu’elle regrette d’avoir poussé le bouchon dans un procès d’intention indigne. Il n’y a aucun bien-fondé dans sa critique puisqu’elle a connaissance que les manquements – pour autant qu’il y en ait – ne sont pas à imputer aux enquêteurs de la Criminelle. L'espace d'un instant, elle songe que le fait de se montrer aussi vindicative, aussi fielleuse, est révélateur du ressentiment et du désespoir qui fermentent en elle durant toutes ces dernières années, bercée d’illusions sur sa capacité à s’en guérir en refoulant. Il lui faut apprendre à leur accorder une place et les combattre de front. Loin de vouloir reculer, l’imposant policier lui pointe un index hostile pour l’engueuler, dégoûté qu’il est pour tout le sacré travail qu’elle se borne à dénier. Sachant mériter une volée, elle ne se rebiffe pas à la manière désobligeante dont il la remet à sa place éjectable. La colère de Burns est légitime et ses paroles honnêtes. Les excuses qu’il réclame sont au bord de ses lèvres bourrelées de remords, mais ne sortiront pas. Sans crier gare la lame des remontrances perce dans des plaies encore douloureuses. Ses yeux clairs s’assombrissent tandis que les souvenirs de n’avoir essuyé que la défiance et la haine en lieu et place des condoléances lui étreignent le cœur. Elle sent sur le point d’éclater son cœur devenu trop lourd. Toutefois, ses larmes ont été stériles pour son père ; elles le seraient également pour son frère. Réprimant son émotion, elle écoute le sergent en serrant les dents alors si fort, à s’en faire mal à la mâchoire.

Le flic laisse entendre que le sort de Luke lui importait… La bonne blague ! Sissi n’est pas dupe ; un camé, comme il l’a désigné, pourquoi réellement s’en soucierait-il !? Visiblement, Burns et Luke n’ont pas tissé un lien où l’un l’autre s’inquiétaient d’une absence de signe de vie depuis un bon mois. Elle le laisse dire, s’il n’y a que ça. Par la suite, elle attrape un début de piste : un transfert entre services doit être validé en haut lieu. Logique en somme, mais tout l’environnement est si nouveau pour elle, et sans confident avec qui se concerter, tout est un peu plus laborieux à connecter. Elle échafaude de remonter les traces des communications qui ont dû être échangées avant qu’elle n’ait été en poste. Soudain son visage prend une mine plus perplexe, alors que ses mirettes bleutées s'attardant sur la bouche d’où a pointé un fugace sourire. Encore la sensation diffuse de déjà-vu... Mais à quoi Burns joue-t-il ? Derrière son en principe, elle a comme entendu une perche sur des embardées au large des clous. Non, en fait, elle s’en tape ! Elle a déjà son compte de pétrins avec les récriminations de clients en quête de leur dû prétendument payé à l’avance. Nulle envie de se compromettre en plus avec un flic dont la conduite est sujette à caution.

Toutes informations prises, Sid devrait lever le camp. Sauf que comme le prétendument irréprochable Burns ne bouge toujours pas, ça l’entête d’autant plus à le faire se carapater. Toutefois, la honte qu’elle voulait lui mettre en mentionnant l’inconduite n’est pas à la hauteur de ses espérances. Elle le voit méditer sans qu’il montre signe d’avoir resitué l’incident qu’elle lui reproche. Elle se sent bête à devoir soutenir le regard avec un air hautain, alors que de toute évidence, elle ne lui saute pas à la mémoire… Est-ce que ce type bascule des nanas, enfin, bouscule des gens à tour de bras ?! La liste qui défile dans la tête du chatouilleux de la gâchette paraît interminable dans leur proximité. Non mais franchement, il n’en étend-n’en étale pas tant que ça ! Le silence génère en elle une tension qu’elle aurait la possibilité de désamorcer d’un pas en arrière, mais elle est allée trop loin, se condamnant à tenir le siège… Alligators ? Sitôt elle baisse la tête qu’elle secoue – bien obligée pour ravaler un hoquet rieur. C’est une pointe d’humour tellement incongrue ! Et pourtant, si à propos au regard de la faune qui peuple la ville. Burns lance une alternative scabreuse qui ne les tenterait ni l’un ni l’autre. À l’évidence ou ça va s’en dire, aurait-elle pu abonder, si elle n’étudiait pas les muscles des épaules et des bras du sergent-bon-plaquage-sans-aucun-sous-entendu. Remarquant des rires qui ne sont pas les siens, Sid cligne des yeux, et se rendant compte de son égarement, se décide à reprendre la main.

- Nous sommes tous coupables d’avoir abouti un jour ou l’autre à une conclusion erronée, ne le croyez-vous pas ?

C’est une question qui se veut désarmante, et qui, dans le silence que la Galloise laisse planer quelques secondes, doit leurrer sur la chicanerie qui s’abattra pourtant implacablement.

- A l’exception de vous bien sûr, un homme omniscient, comme vous me l’avez prouvé, lève tout doute avec sa seule certitude.

C’était assez digne non ? Elle peut s’écarter majestueusement sur cette réplique ? Le temps qu’elle hésite, le sergent la prend au dépourvu avec une association qui pourrait bien la servir. Et s’il ne l’énervait pas tant, elle ne fulminerait pas alors en cherchant encore à le contrer. Elle pince les lèvres pour ne pas fuser une parole irréfléchie, les yeux baissés sur la main qui frôle un bouton du buste de sa robe. Ce matin devant sa glace, elle a pensé à laisser le bouton libre. Ça lui a paru alors trop dévoilé… Bon ce n’est pas le propos ! Elle quitte la main pour s’adresser à DeLeon, remarquant au passage le stylo qui a été récupéré sans qu’elle n’y ait prêté attention. Furtif comme un lézard le gus !

- Détective, un grand merci pour votre complaisance à me renseigner. Un siège à l'accueil du commissariat vous tend les bras.

Sur ce sarcasme, elle se recule aussitôt, et se tournant, elle agrippe la main du sergent qu’elle entraîne bon gré mal gré en direction d’une salle de réunion. Devant une porte, elle lui lâche la main et passe prestement derrière lui pour le pousser dans le dos.

- Allez, faîtes pas d’histoires, Burns, maugrée-t-elle, mais sans mauvaise humeur, pour l’encourager à entrer.

Étouffant l’hilarité ambiante, la porte se referme d’un claquement sur leur manège. Rideau. Sid expire, puis inspire des goulées d’air pour parvenir à reprendre son souffle. En fait, la confidentialité s’impose pour les termes du deal. Après tout ce n’est pas vraiment réglementaire, ou sinon très mal vu, de piétiner sur les plates-bandes d’un autre service. Et la confiance que Burns peut avoir envers ses collègues de la crim’, elle ne la partage pas. Elle garde même un fond de méfiance envers lui, mais elle va passer outre, si ça peut débloquer un bout son enquête.

- Bon alors… Si c’est pour faire les pieds aux stups ou je ne sais quelles affaires, vous aviez avec la victime, très bien, vos oignons. Nos raisons respectives, c’est notre jardin secret, vu ?

Ce qui importe à Sid, c’est de savoir comment ils vont procéder. Le flic l’a assez relevé, son temps à elle est compté au commissariat.

- On se dit quoi, dans une semaine ? Un rendez-vous clandestin pour échanger notre corbeille de fruits, demande-t-elle avec une pointe d’excitation dans la voix pour le côté espionnage de leur coopération.
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Message () Sujet: Re: Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney)   Headstrong persons make sparks (Shane + Sidney) EmptySam 20 Juil - 10:18



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Cette petite conne sait de toute évidence très bien manier sa langue. Elle lui rappelle une femme de sa jeunesse tumultueuse, rencontrée dans un bar irlandais. Une blonde qui n’avait pas froid aux yeux et lui avait tenu un discours insensé sur les bouilloires… Le regard du flic décroche du léger décolleté que son doigt accusateur frôle par inadvertance. Le moment est mal choisi pour se perdre dans ce genre de… souvenir.
Quand on subit une attaque en règle, seul importe le présent. Un présent où il faut montrer les crocs, sous peine de se faire bouffer – se faire piétiner comme un chewing-gum dans un hall de gare.

— Me comparez pas à ces péteux – et ces pétasses – qui nous prennent de haut avec l’assurance de toujours avoir raison, même quand ils n’y connaissent rien et se plantent comme une bagnole dans un palmier. Oh, ça correspondrait pas à la description d’une assistante-remplaçante-pète-couilles, à tout hasard ? dit-il en sabrant la poitrine de Bloom d’un coup d’estoc.

Miss Grande Gueule a un problème de bouton ? sans doute de l’urticaire, avec une tête de pioche pareille… Toujours est-il que l’index se fraye un chemin entre les deux pans de la robe. L’extrémité – calleuse à force de frapper, bricoler et manipuler des armes en tout genre –, entre en contact avec la peau laiteuse et… c’est le coup de foudre.

Pas le coup de foudre qui fait remonter le cœur jusqu’aux lèvres, celui qui allume une constellation d’étoiles dans les mirettes, élève la femme sous ses yeux au rang de déesse de l’amour.
Non, il s’agit du vrai coup de foudre. Authentique. Celui qui foudroie. Que l’on ressent en glissant les doigts dans une vieille prise électrique, ou qu’on ouvre la portière de sa bagnole par temps froid et sec.
Le coup de foudre désagréable qui fait chier comme un laxatif pour éléphant.

Et merde…

Shane jurerait face à un tribunal, main posée sur la Bible (un ramassis de fadaises bon à recycler en papier toilette, sans la force symbolique qu’elle représentait pour des millions d’Américains), que la décharge entre Bloom et lui a produit suffisamment d’étincelles pour allumer un feu de prairie.

Décontenancé, il retire son doigt et renouvelle l’expérience avec la curiosité d’un scientifique témoin d’un phénomène surnaturel.
Rien.

Rien, même si Bloom relève les yeux non pour l’invectiver, mais pour gifler verbalement DeLeon avec une virulence qui inspire la colè… non, l’admiration ! Bon sang de bonsoir, DeLon est quand même un détective de la crim’ sous ses ordres, un homme que Shane se doit de protéger. Mais (il y a toujours un mais)… Jerrel le mérite peut-être un peu, avec son côté snobinard – péteux qui prend les gens de haut.

Les lèvres de Shane frémissent d’hésitation, prises dans un dilemme entre sa loyauté, son devoir et le satisfecit de ce dénouement inattendu. Le sergent laisse planer un moment d’incertitude qui ne lui ressemble guère. Un moment de répit dont Bloom tire parti avec la roublardise d’une belette : elle plante ses griffes dans la main épaisse de Shane, qui se trouve emporté manu militari dans la salle de réunion.

— Mais (il y a toujours un mais)

Shane ouvre de grands yeux, décontenancé par la tournure des événements. Se laisse entraîner sans zèle, sans opposer néanmoins de résistance particulière.
Quelque chose ne tourne pas rond !
C’est lui, en principe, qui saisit les poignets. Qui les enserre dans une poigne impacable, solide comme les bracelets en titane des menottes haute sécurité. Qui les écrase pour que le suspect la boucle. Qui tire sur les bras afin de mener les gens où il veut, au moment où il le décide.

Je lui ai pourtant dit qu’aucun de nous deux n’apprécierait ce plaquage-sans-entendu !

Car il n’y a pas d’autre raison pour les entraîner dans une salle privée, aux cloisons insonorisées, n’est-ce pas ?
Un simple « oui » à la proposition que Shane avait formulée aurait suffi à clore cet entretien. À se débarrasser de Bloom, restaurer le calme dans l’open space de la crim’ et se pencher sérieusement sur le meurtre de Luke.

Et en plus, les gars se foutent de ma gueule ! réalise-t-il en franchissant le seuil de la porte. Laquelle se referme dans un claquement qui envoie un message clair : « venez pas nous déranger, ou ça va barder sévère ! »

Seul face à l’énergumène qu’il domine de sa carrure imposante, Shane reprend vite sa posture habituelle. Son air de flic-pas-commode-qui-fronce-les-sourcils-quand-on-lui-cache-des-choses. Ou qu’on veut le rouler dans la farine. S’il a échoué à prendre l’initiative de la parole, Bloom lui tend la perche d’une belle riposte.

— Rien à foutre des oignons qui poussent dans les jardins secrets. Je fonctionne pas comme ça. J’ai laissé à Luke son jardin secret, et aujourd’hui il sert de terreau pour les myosotis qui vont lui pousser dessus. Alors si on doit creuser cette affaire ensemble, vous et moi y faudra qu’on ait une franche discussion.

Même si la pièce où ils se trouvent se prête à la discrétion et aux confidences – et bien d’autres choses –, Shane ressent dans ses tripes que le moment est malvenu. Le flic ne se pose la question de savoir s’il existe une explication rationnelle à cette dérobade. Il se fie à son instinct.

— Vous avez quand même une drôle de façon de causer, Bloom, lance-t-il en méditant sur le signification de la corbeille à fruits. De toute évidence, cette nana n’est pas native de New York. Il aura tout le temps de se renseigner sur elle, après leur imminente séparation. J’vous donne rendez-vous samedi prochain à 8h tapantes, au Sparks Garage de Miami Beach. Ma Mustang aura passé sa révision et s’ra prête à nous emmener où nos pistes nous conduiront.

Pas de temps à perdre avec une connerie de rencontre au resto, ou de faire prendre le risque à cette fille visiblement peu dégourdie de se pointer chez lui, à deux pas d’alligators à l’appétit vorace.

Une semaine, c’est bien suffisant pour découvrir des personnes à interroger, des lieux à visiter. Et le moteur puissant de la Mustang noire, avec sa ligne racée, devrait suffir à calmer sa « partenaire » de circonstance. À lui montrer qu’elle roule pour lui, et non l’inverse.
Les cylindres vrombissants de la Pony car, lustrés avec soin par l’oncle Danny, ont toujours été un régal pour les sens. « Un flic de caractère a besoin d’une voiture de caractère », avait dit le garagiste passionné en lui montrant cette beauté. Et Shane en était tout de suite tombé amoureux.
Sourire dédaigneux aux lèvres, le flic s’imagine la gratte-papier volant d’un tapecul au moteur asthmatique, qui trime sur les côtes comme un mangeur de beignets ventripotent sur les pédales de son vélo. Au grand dam de Shane, hormis quelques passionnées, les femmes d’aujourd’hui ont perdu le goût des belles mécaniques.
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