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 Foxhound in stakeout (Shane + Alexa)

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Message () Sujet: Foxhound in stakeout (Shane + Alexa)   Foxhound in stakeout (Shane + Alexa) EmptyVen 14 Juin - 18:19



Foxhound in stakeout





— Si notre suspect se pointe pas dans l’heure qui vient, on va finir en poulets frits, grogna Shane.

Foxhound avait été contraint de garer la voiture en plein soleil. Ils n’avaient guère l’embarras des emplacements pour surveiller avec efficacité le cimetière d’autobus en contrebas.

Les températures dépassaient les seuils habituels en ce mois de mai. Une chaleur moite, étouffante emplissait les poumons d’un air épais. Les mains de Shane glissaient sur le volant humide, où ses doigts pianotaient sans aucun sens du rythme. L’ombre des sièges apportait un maigre répit aux bouteilles d’eau stockées à l’arrière, chaudes comme un café du distributeur.
Shane maudissait le plat épicé que Delgado lui avait fait goûter. Foutue cuisine cubaine. Des bouffées de chaleur lui remontaient depuis les profondeurs de l’estomac, quittaient sa gorge brûlante comme les vapeurs d’un poêle.

Il jeta un coup d’œil à Lex, tranquillement adossée au siège passager. Sa coéquipière paraissait à l’aise et bon sang, qu’est-ce que Shane l’enviait. Son front luisait d’une fine couche d’humidité, seule marque apparente d’inconfort. Même son visage fouetté par le souffle chaud de la ventilation ne manifestait aucune rougeur inhabituelle. Born in California, se dit le natif de New York dont l’organisme tolérait mieux les rudesses de l’hiver. Un contraste parmi tant d’autres entre la blonde aux allures de cadre dirigeante et le brun au nez cassé, qu’on imaginerait davantage au fond d’une cellule.

Toutefois, s’il était en train de cuire comme un œuf à la coque, Shane ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.


« Où est susceptible de se rendre notre meurtrier ? » avait questionné Lex.

Delgado, fervent catholique et vif comme l’éclair quand il s’agissait de manier sa langue, avait immédiatement répondu « chez sa famille ».
DeLeon, le spécialiste des gangs, avait misé sur « une planque avec ses vieux potes ».
« Foutaises » avait statué Shane, « il ira sniffer son crack dans un coin paumé parce qu’il est plus accro à cette merde qu’à n’importe qui sur cette Terre. Et puis, je crois qu’un salopard assez stupide pour se faire cueillir chez des proches n’aurait pas réussi à envoyer Hernandez et Miles à l’hosto avant de se faire la malle. »


Oscar Petrones, leur suspect numéro un dans une affaire d’homicide, s’était à présent rendu coupable d’une double tentative de meurtre sur les policiers venus l’interpeler. Hernandez se trouvait encore dans un état critique ; les larmes de sa famille inondaient sans discontinuer les couloirs du Mercy Hospital.
Lex avait aussitôt réagi en mobilisant des moyens conséquents. Elle voulait arrêter cette ordure sans délai. Tous avaient suivi la lieutenante dont la détermination, la rigueur et l’intelligence l’avaient propulsée si jeune à la tête d’un service. Elle avait même choisi de participer à une planque, activité à laquelle Lex avait peu de temps à consacrer depuis sa prise de fonction.
Les détectives de la brigade criminelle la respectaient d’autant plus. Ils appréciaient que leur cheffe prenne soin des leurs, occupe le terrain plutôt que tout diriger derrière un bureau, telle une monarque sise sur son trône.
Et les gars le lui rendaient bien.

Ainsi l’équipe de Delgado surveillait sans interruption le domicile familial ; DeLeon enquêtait sur les relations de Petrones.
Foxhound surveillait le terrain vague où gisait plusieurs rangées de grandes carcasses métalliques, résidus squelettiques des compagnies de bus que le climat tropical de Floride dévorait comme une épidémie de lèpre. Selon les enquêteurs qui avaient coincé Petrones, le criminel avait autrefois l’habitude de s’approvisionner et se shooter dans ce repaire de toxicos.
Traqué et acculé, il avait aujourd’hui toutes les raisons de replonger. Du moins, c’est ce que l’instinct de Shane lui avait soufflé. Instinct que la pensée réfléchie de Lex avait validé.

— Le méchant se fait attraper, dans la série télé dont tu m’as parlé la dernière fois ? Avec leurs fichus drones et caméras haute résolution, je me dis que dans vingt ans, ça s’ra fini. Il n’y aura plus de flics comme nous pour poiroter en plein soleil, fondre comme deux glaçons sur le sable de la vallée de la Mort, à attendre qu’un abruti nous passe sous le nez.

Les planques avaient toujours été pour Foxhound des moments privilégiés. Parfois sérieux, souvent légers, durant lesquels ils discutaient de sujets variés afin de passer le temps, apaiser la tension de l’attente.

Les regards de Shane et Lex ne cessaient pas moins de scruter les bus rongés par la rouille, où des junkies étendus sur les vieux sièges de cuir planaient sans se douter de leur présence.
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Message () Sujet: Re: Foxhound in stakeout (Shane + Alexa)   Foxhound in stakeout (Shane + Alexa) EmptyMer 19 Juin - 13:31



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Alors que son coéquipier était en train de se liquéfier à ses côtés, Lex pour sa part ne ressentait qu’une chaleur modérée, transpirant à peine sous les assauts ininterrompus des rayons du soleil à travers le pare-brise. Contrairement à Shane, elle n’avait toujours connu que ce climat. D’abord sur la côte Ouest, puis finalement sur la côte Est. De Los Angeles à Miami, la météo n’était pas si différente. Mais bien sûr, on ne pouvait pas en dire autant de NYC. « Perds pas espoir, un jour tu finiras t’y habituer. Après tout, ça ne fait que dix ans que tu vis en Floride… » lâcha-t-elle sans prendre la peine de dissimuler son petit sourire taquin.

La vérité était qu’elle aussi en avait marre. Certes, elle aimait ce soleil et ces températures, seulement elle aurait préféré en profiter depuis sa jolie terrasse plutôt que le postérieur vissé au siège de la voiture, à observer des camés en plein trip ou en passe de l’être. Toutefois, Lex avait l’intime sensation que Foxhound se trouvaient au bon endroit. Avant même que Shane n’exprime son propre avis sur la localisation potentielle de leur suspect du jour, elle n’imaginait pas ce dernier ailleurs qu’ici. Les idées de Delgado et DeLeon étaient malgré tout des pistes à ne pas négliger, et Lex avait donc donné ses ordres en conséquence. Il n’en restait pas moins que si Petrones devait montrer sa face de rat quelque part, ce serait au milieu de ces cadavres de bus. Elle le ressentait jusque dans ses tripes, tout comme Shane. Les deux coéquipiers avaient beau être différents – Lex préférait le mot complémentaires – sur de nombreuses choses, ils partageaient le même instinct. Et c’était principalement ce qui faisait d’eux l’un des meilleurs duos de flics de toute la ville. « Il va venir, » affirma-t-elle alors à voix haute, sûre d’elle, comme une conclusion de ses pensées.

Ses yeux ne quittaient pas le cimetière en contrebas. Elle balayait les lieux d’un bout à l’autre, lentement, prenant bien le temps d’assimiler le moindre visage, le moindre détail, le moindre mouvement. Au moment où Alexa s’octroyait quelques gorgées d’une eau déjà chaude, Shane brisa le court silence en faisant allusion à une série dont ils avaient discuté ensemble. Et, par conséquent, à l’avenir de leur métier à une époque où les nouvelles technologies se développaient plus vite que jamais. « Le fait que les méchants se fassent plus facilement attraper est sans doute le seul point positif dans tout ça. Et encore. Le reste est jute… effrayant quand on y pense. Dans notre métier, une machine mal programmée ou hackée pourrait faire tellement de dégâts, » annonça-t-elle en songeant justement à certaines scènes d'Altered Carbon. Puis, Lex lâcha un rire amusé et ajouta. « Si je continue à regarder ce genre de trucs, il y a de fortes chances pour que je finisse comme toi ! » Shane Burns, l’anti high-tech par excellence qui s’arrangeait presque toujours pour qu’un collègue – ou un bleu du département informatique à qui il inspirait autant de respect que de terreur – parcourt les bases de données à sa place pour rechercher des infos dans le cadre de ses affaires.

Le hasard voulut que l’un de ces instruments du Mal, a.k.a. le portable personnel quasiment dernier cri de Lex, sonne à ce moment-là. Sa voisine et amie venait de lui envoyer un texto pour lui confirmer qu’elle avait bien récupéré Jace à l’école et qu’après une pause goûter bien méritée, ils attaqueraient les devoirs. La lieutenante pianota un chaleureux remerciement sur son clavier tactile, promettant qu’elle la tiendrait au courant dès que possible de son retour. Cristina avait l’habitude des horaires compliqués d’Alexa. En retraite depuis un an, elle adorait garder Jace et le jeune garçon le lui rendait bien. « Au fait, » reprit la lieutenante en levant les yeux sur Shane. « T’as un truc de prévu ce soir, après le boulot ? » Sous-entendu, s’ils arrivaient à quitter le commissariat à une heure à peu près décente, mais cette précision entre eux était inutile. « Ça fait plusieurs jours que Jace me réclame une soirée pizza avec toi… Même si je sais pas si c’est la pizza ou toi qui lui manque le plus, » conclut-elle, espiègle. Elle éclata de rire, se disant que ça devait sans doute être un peu des deux, les soirées pizzas étant principalement réservées aux visites de Shane. Une habitude qui avait fini par s’installer comme ça, sans qu’ils ne le fassent vraiment exprès, comme un rappel des nombreux repas de ce genre pris à la va-vite dans leur véhicule de fonction au gré de leurs services, alors que Foxhound n’étaient encore qu’à leurs débuts.
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Message () Sujet: Re: Foxhound in stakeout (Shane + Alexa)   Foxhound in stakeout (Shane + Alexa) EmptyJeu 20 Juin - 18:10



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S’habituer au climat de Floride. Shane rit – jaune – à la boutade de Lex, tourna la tête du côté de la vitre brûlante.

— Ouais, tu parles. Ma sœur qui a fait des études de bio-je-sais-pas-quoi m’a collé un zéro sur l’échelle du Darwinisme. En gros, ça veut dire que j’tiens plus du dinosaure que de l’Homo Sapiens, question facultés d’adaptation. Et tu sais c’que je lui ai répondu ? (Shane afficha un sourire amusé, ménagea son effet.) Que j’préférais être un reptile inadapté de six tonnes avec une mâchoire grande comme une broyeuse à vérins, plutôt que l’humain qui lui sert d’amuse-gueule.

Shane tenait davantage du pitbull que du gigantesque tyrannosaure ; la comparaison n’en restait pas moins valide.

— Eh ouais ! ajouta-t-il après une tranche de rire.

Créature archaïque, certes, mais pourvue d’un remarquable instinct de chasseur utile à leurs enquêtes, surtout quand on le combinait à celui de Lex, plus subtil.
Et comme son réfractaire coéquipier, celle-ci pressentait les conséquences épouvantables de ces fichues avancées technologiques qui allaient beaucoup trop vite. (Sur ce sujet particulier, il arrivait à Shane d’extrapoler les déclarations de Lex ou d’autres personnes à son avantage.)

— Le jour où tu voudras monter un club d’anti-techs, tu pourras compter sur mon adhésion ! Plutôt deux fois qu’une ! Mais bon, sans rigoler, j’crois que les méchants trouveront toujours une parade. En tout cas les plus malins. Les criminels ont commencé à enfiler des gants quand le fichier d’empreintes digitales a été créé. À se couvrir de cagoules, de capuches ou de casquettes depuis les portraits robots, et maintenant les caméras à chaque coin d’rue. Demain, les crapules avec un peu de jugeote se baladeront avec des p’tits bidules électroniques pour embrouiller la flicaille 2.0, comme disent les jeunes.

À parler de p’tits bidules électroniques… celui de Lex se mit à sonner.
Shane se tut aussitôt, détourna le regard.
Si Foxhound n’avait pas de secrets l’un pour l’autre, le natif de New York respectait scrupuleusement l’espace privé de sa coéquipière. Vieille école jusqu’à la moelle. Sa mère lui avait inculqué des préceptes stricts, ancrés dans sa personnalité comme un codex de lois gravées dans le marbre. En présence de civils ordinaires, avec ses amis, Shane montrait une décence qu’on ne lui soupçonnait guère dans l’exercice abrupt de son travail.

— Ce soir ? J’pensais secouer les puces à JBN, au cas où il aurait un tuyau dans l’affaire du Raleigh Hotel.

JBN, dit John Blue Night, de son vrai nom Johnathan Irvin, employé dans un club de nuit, était un indic bien renseigné sur les activités crapuleuses du secteur de Miami Beach. Il avait beau s’entourer d’une armée de sous-fifres et collaborateurs, Shane trouvait toujours le moyen de l’atteindre… et ses membres supérieurs toléraient mal les torsions.

Lex lui dévoila alors le motif de sa question, ce qui leur inspira tous deux un rire franc, spontané.
Pourtant, au même moment, Shane continuait de parcourir du regard le terrain en contrebas. Automatismes acquis lors de son entraînement militaire dix-huit ans plus tôt, affûtés par des milliers d’heures de pratique.

— C’est un futé, ce p’tit bonhomme. J’crois que Jace a déjà saisi le concept de « faire d’une pierre deux coups ». Dans pas longtemps, il te dira comment optimiser ta consommation pour faire des économies et sauver la planète. Les gamins apprennent ce genre de truc à l’école, aujourd’hui. Ouais, c’est des p’tits génies. Ils savent même faire des calculs compliqués avec un téléphone, tu t’rends compte ? (Pour Shane, l’application calculatrice était une fonction avancée qui tenait encore du miracle.) À leur âge, moi, je suais encore sur les tables de multiplication – tu vois, même à New York je suais déjà !

L’ex-élève difficile remua sur son siège, se frotta machinalement le menton en rigolant.

— Ah, j’te jure… Enfin, j’dis ça, mais je parie qu’il testera d’abord ses découvertes avec moi, histoire de pas décevoir sa chère maman. Faut bien quelqu’un pour essuyer les pots cassés ; (Shane se toqua la tête) quelqu’un qui a la tête dure et sait pas dire non à un sourire innocent.

Shane n’aurait vraisemblablement jamais de fils, et ne considèrerait jamais Jace comme le sien. Mais il adorait ce gosse, né à la même période que son amitié avec Lex. La jeune mère lui avait fait le récit de ses premiers pas hésitants, de sa première rentrée des classes émouvante. Un lien particulier, indifférent aux descriptifs, s’était noué entre eux après la disparition tragique de James.

— Va pour la soirée pizza ! Le petit ogre sera rassasié bien avant les douze coups de minuit, et c’est à cette heure que JBN se montre le plus loquace. Préviens-le que j’me laisserai pas faire, cette fois, s’il tente de chaparder un quartier de pizza dans mon assiette !
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