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 Piège en os troubles ft. Shane

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Message () Sujet: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyVen 14 Juin - 12:01


Piège en os troubles
ft. Shane
00h10
C’était l’heure qu’affichait l’ordinateur lorsque j’eu terminé de taper mon compte rendu, suite à l’examen d’ossements retrouvés dans un hangar abandonné dans les Everglades. Inconnu de sexe masculin, caucasien, taille approximative entre 1m75 et 1m80, âge estimé entre 35 et 45 ans. Cause du décès : indéterminée. Aucune marque suspecte sur le squelette. J’éteignis mon moniteur, et rassemblais mes affaires, sentant poindre un début de migraine. Je rêvais surtout de retrouver mon lit. Ma nuque me tirait, après être restée penchée des heures durant sur les ossements de mon inconnu. Un dernier coup d’œil sur l’écran de mon téléphone portable, je me quittais mon bureau.

Le gardien du parking du DPD m’adressa un bref signe de tête à mon passage. Il semblait plongé dans le visionnage d’un match de foot. Je grimpais rapidement dans ma Mazda, et me faufilais dans la circulation, direction Miami Beach, où je possédais une petite maison qui ne payait certes pas de mine, mais où je me sentais en sécurité. J’y vivais seule, avec mon chat, un gros angora blanc qui répondait au nom de Birdie. A mi temps, j’avais également – au grand désespoir du chat – la garde de Boyd, un chow-chow que mon ex mari Peter a récupéré il y a quelques années. Je m’engageai dans le tunnel de déviation, rêvant à un bon bain moussant bien chaud, quand soudain le moteur de ma voiture se mit à hoqueter de manière inquiétante. Et merde. J’avisais rapidement une aire de secours à une cinquantaine de mètres de là, priant pour que mon tacot daigne encore rouler jusque là. In extrémis. « Fait chier » grommelais-je tout en fichant un coup de poing rageur sur mon volant. Je n’avais plus qu’à appeler une dépanneuse. Mon bain moussant me paru soudain inaccessible. De même que mon lit. J’en aurais pleuré de frustration. Je coupais le contact, actionnai les feux de détresse et me mis à la recherche de mon portable dans mon sac, quand un coup brutal frappé à ma portière me fis sursauter violemment.

« Toi la gonzesse là ! Sors de la voiture ! Tout de suite !!! » éructa le type qui avait le nez collé à ma vitre, mais ce que je vis surtout, c’était le canon de son flingue qui était braqué sur moi. Une vague de panique déferla en moi, en même temps qu’une décharge d’adrénaline. J’avais encore ma main dans mon sac, mon téléphone sous mes doigts. J’avais également une bombe lacrymogène. Mais c’était l’un ou l’autre. Le type avait l’air d’être un camé en manque, au vue de la sueur sur son visage et des tremblements de sa main qui me tenait en joue. Nerveux aussi. Ce qui était très très mauvais pour moi. « Magnes toi, sors de là ou je te bute !! » Je blêmis. Serrant compulsivement mon téléphone dans ma main, je m’exécutais alors et descendis de la voiture, lentement. Trop lentement sans doute, car le type me saisit par mon corsage pour me plaquer contre le capot de la Mazda. C’est alors que je vis qu’il n’était pas seul. Mon sang se glaça dans mes veines. « Regarde un peu le joli p’tit lot qu’on a là mon pote !!    - Ouep. On va se marrer. » Le second m’attrapa à son tour, saisissant mon visage entre ses doigts, m’examinant. « Intéressant…. » Je crois que c’est à ce moment là que la vraie, la pure panique s’empara de moi. La reviviscence de ma mésaventure avec un tueur en série à Montréal il y a deux ans de cela me revint de plein fouet. J’étais là, dans un tunnel à la lumière blafarde, dans un renfoncement de la bande d’arrêt d’urgence, seule, avec deux lascars qui n’avaient très certainement aucunes limites. Le second type s’aperçu alors que j’avais mon cellulaire dans ma main. Je le serrais tellement fort que mes jointures étaient blanches. J’ignore à quel moment précis, mais je parvins à appuyer sur l’appel d’urgence, tandis que le salaud m’écrasait de tout son poids, essayant de me peloter au passage. « Lâchez-moi ! » couinais-je, en me débattant tant bien que mal, mais le gars était costaud, et mes mouvements limités. Je parvins malgré tout à lui placer un coup de genou. Son emprise se relâcha un instant, j’aspirais une goulée d’air. Shane… j’espérais qu’il avait reçu mon appel.

« La pute, elle a son téléphone ! » L’autre gars m’arracha mon portable des mains et le balança dans l’obscurité, tandis que l’autre m’asséna une gifle. Je me sentis soulevée, puis de nouveau plaquée, mais ce coup ci je sentis la dureté du sol. Une douleur vive explosa à l’arrière de mon crâne tandis que le goût métallique du sang emplit ma bouche. J’hurlais. Une main s’abattis sur ma bouche, me meurtrissant les lèvres. « Ta gueule salope ! » Je retins un sanglot, sentit la bile remonter dans ma gorge. Je sentis la lame d’un couteau sur mon cou, descendre le long de ma clavicule. « On va bien s’amuser toi et moi…. Et après ce sera le tour de mon pote, ok ?? » Autre coup sur ma tempe. Je manquais d’oxygène, des étoiles dansaient devant mes yeux. Dans quelques secondes, je sentais que j’allais perdre connaissance.




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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptySam 15 Juin - 10:04



Piège en os troubles




Une main sur le volant, Shane grimaçait en se massant le flanc gauche, regard rivé sur la chaussée. Bricoler chez son oncle garagiste avait réveillé la douleur, celle d’un mauvais coup qu’il avait reçu lors d’une séance d’entraînement au combat rapproché. La grosse blague, c’est en apprenant à contrer les frappes que je me fous en l’air.
Shane réprima un bâillement. Minuit passé, déjà. Increvable dans l’action, l’ennui de la circulation fluide provoquait chez lui un effet soporifique.
Il baissa la vitre pour laisser entrer l’air salé, vivifiant de l’Atlantique. Encore dix minutes de route le séparaient de sa vieille bicoque en bordure des Everglades. Une bonne douche et je me pieute. Cela faisait des années que Shane consacrait tout son temps à son travail et ses proches, sans s’accorder de vrai repos.

Un automobiliste dépassa le pickup arrêté à un feu rouge, jeta un rapide coup d’œil de part et d’autre du croisement, puis tourna à droite.

— Hé, connard ! cria Shane en glissant la tête à travers l’ouverture de sa portière. Les feux rouges, c’est pas pour faire joli !

Le conducteur leva un majeur en direction du sergent de la criminelle, puis fit rugir le moteur de sa BMW équipé d’un double pot d’échappement.

— L’enfoiré !

Le pied de Shane titilla rageusement la pédale d’accélérateur. Son pickup chargé d’outils ne faisait pas le poids à côté du monstre de puissance, mais Shane savait en tirer le meilleur parti.

À cet instant le bruit d’une sirène retentit. Une sonnerie stridente, distordue par la faible qualité du haut-parleur qui s’époumonait  à la restituer.
Shane s’empara aussitôt de son téléphone, qui vibrait de toutes ses forces entre ses doigts.
Une seule application était réglée avec cette sonnerie particulière, celle que produisaient les alarmes des abris antiatomiques qui pullulaient au début des années 70, en pleine guerre froide. « Rétro, mais éloquent », s’était amusé le geek du service informatique qui lui avait installé ce programme d’urgence.

Sur l’écran, un point rouge clignotait au centre d’une carte de Miami.
En en-tête s’affichait un nom : KENDRA TREMAINE.

Le pied de Shane écrasa la pédale de l’accélérateur, comme si sa propre vie en dépendait. Les pneus du pickup crissèrent sur la chaussée, libérant une odeur de caoutchouc brûlé. Le véhicule bondit en avant, frôla une voiture qui arrivait sur la gauche.
Derrière lui, le feu passa au vert.

— Bon sang, Kendra, dans quel pétrin tu t’es fourrée ?

Shane sentait son cœur marteler sa poitrine, battre contre ses tempes emperlées de sueur.

Deux ans plus tôt, il n’aurait jamais imaginé voler au secours de l’anthropologue, sinon dans le cadre d’une intervention officielle. Incapables de tenir une longue conversation sans s’accrocher, leur présence dans une même pièce suffisait à électriser l’atmosphère.
Tout s’était pourtant déroulé si vite après l’expérience traumatisante de Kendra, sans qu’aucun des deux ne s’y attende.
Sans réflexion, sans jeu de séduction.
Avec un plaisir insoupçonné.

Shane manœuvra son pickup entre deux camions, pressait le klaxon comme un forcené. Ne prêtait aucune attention aux appels de phare, aux invectives que suscitait son pilotage musclé.
Un coup d’œil à son téléphone confirma que le signal ne changeait pas de position. Était-ce de bon augure si le portable de Kendra ne bougeait pas ?
Par chance, il se trouvait à proximité lorsqu’elle avait invoqué son aide d’urgence. Delgado, le Cubain de la crim’, aurait loué le Seigneur en baisant sa fichue croix.
Shane ne ressentait guère le besoin de prier un dieu : il possédait l’expérience, les compétences, et les couilles de s’en servir. Chaque mètre qui le rapprochait de Kendra augmentait sa force, sa détermination. Il ne ressentait plus aucune fatigue et se sentait prêt à dégommer une horde de salopards, s’il fallait en passer par là pour que Kendra soit en sécurité.

Bientôt la croix localisant le portable de Shane rejoignit le point clignotant. Un tunnel à l’éclairage sépulcral ouvrait devant lui sa gueule menaçante. Le flic balaya les alentours du regard, par habitude. Aucun ennemi en vue.
Mais il savait que ces passages souterrains mal entretenus, parfois désaffectés, abritaient quantité de vermine. La plupart à quatre pattes, sales et puantes – les plus inoffensives. Le véritable danger provenait des zombies qui déambulaient sur leurs deux jambes, s’agglutinaient sur la chair fraîche comme des affamés.
Il ne faisait pas bon de rester dans un tel endroit.
Et le point clignotant restait immobile.

— Bordel. De. Merde.

Shane s’engouffra dans la bouche de l’enfer sans aucune hésitation.

* * *

— Tout va bien, m’dame ?

La main de Shane serrait la crosse de son arme de service, dissimulée à l’arrière de son pantalon.
Pickup arrêté derrière lui, portière ouverte. Les phares puissants aveuglaient les toxicos, dont les yeux rougis par l’acide évoquaient des lapins surpris dans leur tanière.
Le flic scruta rapidement l’intérieur du tunnel. De nombreuses silhouettes semblables à des spectres formaient deux rangs le long des parois crasseuses, décorées de graffiti sans queue ni tête. Des queues et des têtes, aussi, mais figurées de manière obscène – grotesque. Street art version défonce. Trois corps fantomatiques traversèrent le faisceau des phares, le regard absent. Un homme au physique écorché se grattait un bras veineux, piqueté d’ecchymoses violacées. Une femme d’à peine trente ans bavait sur sa poitrine obèse. Ça puait la pisse, la merde et le foutre.

Kendra remua faiblement la tête. Haut de la chemise ouverte, hématome sur la tempe, traînée vermeille coulant d’entre ses lèvres.
Vision choquante, insultante. Révoltante.

Bande de pourritures.

Un junkie pointait une lame tremblante sur la gorge de Kendra, étendue sur l’asphalte couvert de crasse.
Shane brûlait d’envie de le flinguer. De lui loger une balle à l’intérieur du crâne. De lui éclater sa putain de gueule de dégénéré. D’infliger le même traitement à toutes les crevures qui observaient la scène, un sourire débile aux lèvres. Un sourire libidineux, pour le costaud avec la bosse qui déformait le haut de son pantalon. Celui-ci, Shane voulait qu’il souffre longtemps avant de rendre le dernier souffle de son haleine puante, méphitique comme un pet du diable.

Shane respira un grand coup. Fixa son attention sur Kendra, seule créature de lumière dans cette antichambre de la dépravation humaine.
Elle était consciente, apparemment indemne en dehors de ces légères blessures. Terrorisée, s’imaginait Shane. Kendra lui avait tout dévoilé de son calvaire.
Il se jura qu’aucun de ces porcs ne la toucherait plus, quoi qu’il en coûte. Soutint son ancienne amante du regard. Lui communiqua par ce lien invisible la force et la détermination qui bouillonnait dans ses veines.

Shane dressa une dernière évaluation des drogués qui convergeaient en nombre croissant dans sa direction. Tics, tressautements erratiques, fronts luisants de sueur ; une bonne moitié aux réactions imprévisibles, capable de tout et n’importe quoi s’il brandissait son insigne. Ou un flingue.

— Écoutez, les gars. J’me fiche de c’que vous faites ici. C’est pas mes oignons. Mais j’peux pas vous laisser faire du mal à cette dame, vous comprenez ? Alors vous allez la laisser se lever, rejoindre tranquillement ma bagnole et nous laisser partir. J’peux même vous filer un peu d’argent, pour l’dédommagement. Deal, les jeunes ?

Allez, bordel de dieu, une ouverture. C’est tout ce que Shane réclamait pour mettre Kendra à l’abri.
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptySam 15 Juin - 19:26


Piège en os troubles
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J’avais les poumons en feu, et l’impression que ma tête allait imploser. Tout se mélangeait désormais dans mon esprit, j’étais de nouveau dans la cuisine de mon appartement à Montréal, deux ans plus tôt, aux prises du dénommé Léo Fortier, tueur en série de son état. Alors que nous venions de mettre le doigt sur son identité, les forces de l’ordre et moi-même, il débarquait chez moi pour me tuer. J’avais découvert les corps de ses victimes, je les avais identifié, chose qu’il n’avait pas supporté, faisant de moi sa cible ultime en quelque sorte. Du moins, après s’être défoulé sur ma meilleure amie et m'avoir envoyé une photo de son visage sans vie.

Il m’avait passé un collier étrangleur autour du cou pour s’amuser un peu avec moi. Lui aussi avait un couteau dont la lame avait entaillé ma gorge, à deux endroits. Je m’en étais sortie avec cinquante sept points de sutures. Et de multiples contusions. Je pouvais encore sentir l’odeur des gants en latex de chirurgien qu’il avait enfilé, et celle, acre, de sa transpiration. Sans oublier sa voix, sirupeuse, écœurante.  Lui aussi voulait s’amuser avec moi. Lui aussi m’avait écrasé de tout son poids, meurtrie dans ma chair. Cette nuit là, j’ai pu me défendre, le poignardant avec un de mes propres couteaux de cuisine. Bilan : Fortier perdit un œil, et pourrit en prison. Quant à moi… j’ai la chance d’avoir une bonne cicatrisation,  mais ma santé mentale en prit un sacré coup. En plein stress post traumatique, je trouvais mon soutien là où je l’attendais le moins : le sergent Shane Burns. Le flic le plus têtu et insupportable que j’ai été amenée à  rencontrer au cours de ma carrière. Et grande gueule par-dessus le marché. Mais un putain de bon flic. Et il devint mille fois plus indispensable que ma psy. Entre Burns et moi, les relations sont comment dire… explosives. Autant en joutes verbales que corporelles. Et paradoxalement, c’est probablement le seul sur lequel je peux compter en cas de coup dur. J’en eu la preuve il y a deux ans. Et encore maintenant. Cet appel d’urgence sur mon portable, avec géolocalisation, c’est son idée à lui.

« Alors poufiasse, qu’est ce que tu aimes ? » La voix nasillarde de mon agresseur me ramena à la réalité, se supplantant à mes reviviscences. La douleur qui me vrillait le crâne me filait la nausée. L’odeur rance que dégageait l’ordure couchée sur moi me soulevait le cœur également, sans compter toutes les émanations du lieu en lui-même.

— Tout va bien, m’dame ?

La voix familière se fraya un chemin dans mon esprit, me sortant sensiblement de l’état de tétanie dans lequel je me trouvais. Je parvins à hocher légèrement la tête, tandis que la pression sur ma poitrine s’allégea imperceptiblement. Je sentis des larmes de soulagement gonfler sous mes paupières. Shane. Il était là. Sa satanée application d’urgence s’était avérée utile et efficace ! Une boule se forma dans ma gorge et je savais que mes nerfs étaient à deux doigts de lâcher. Il était là, debout face à mes agresseurs, paraissant si sûr de lui et de sa force, si déterminé, que cette vision à elle seule m'apporta un sentiment de soulagement. Il chercha mon regard du sien, comme pour me délivrer un message de soutien silencieux. Je m’y accrochais, telle une véritable bouée de sauvetage.

Mais pour l’heure, camé numéro deux avait encore son couteau sur ma gorge, et son compère à côté avait toujours son flingue. Une nouvelle vague de peur déferla sur moi, mais pour Shane cette fois. Ce dernier tenta une négociation à l'amiable, vouée très probablement à l'échec. La confirmation vint sans attendre. Un rire gras retentit, provenant de camé number one. « Parce que tu crois vraiment qu’on va lâcher ce petit bijou comme çà ? On en voit rarement des pareils, çà vaut un bon rail de coke çà mon pote ! » A gerber. Mon cœur martelait dans ma poitrine, redoutant ce qui allait suivre. Number two était toujours affalé sur moi, mais paraissait un chouilla plus hésitant sur la conduite à tenir face à Burns. J’aurais aimé crier à Shane que le premier était armé mais ma bouche meurtrie refusait d’articuler un seul mot. Sans compter la main tremblante de number two prolongée par la lame tout aussi tremblante qui menaçait à chaque mouvement de s’enfoncer dans ma chair. Inutile de chercher à jouer les héroïnes.  

« Va te faire foutre ducon ! » beugla alors number one, tout en braquant son arme sur Shane. Un filet de sueur glacé glissa entre mes omoplates. Ce type était agité, en manque, et sans aucun raisonnement logique. Bref, une bombe à retardement, et son acolyte n’était pas mieux. Afin de tenter de faire refluer ma panique, je me concentrais sur Shane, ne le quittant pas du regard autant que possible. Pourvu qu’il ne lui arrive rien. Cette phrase tournait désormais comme une litanie dans ma tête. Car après tout, c’était de ma faute si il était là, dans la ligne de mire d'un taré.





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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyDim 16 Juin - 19:06



Piège en os troubles




Bordel, mais qu’est-ce que j’fous.

Jamais Shane n’agissait de la sorte.
Tenir la causette à des grillés du cerveau, trouver les mots capables d’infléchir l’attitude d’un barge armé d’un couteau, ce que les négociateurs de la police appelaient « parlementer » et toutes ces conneries de « méthodes douces », c’était le truc de Lex. Sa coéquipière savait y faire avec ces choses-là.
Lui, son rôle, c’était de montrer les crocs. Tordre les bras pour soutirer des renseignements. Cogner les récalcitrants. Éliminer les menaces léthales. Shane excellait dans ces disciplines.

Mais ce soir, Shane était seul. Seul devant Kendra avec une lame menaçant sa gorge innocente.
Et il avait la trouille – pas pour lui : le Pitbull se sentait capable de bouffer cette bande de dégénérés l’un après l’autre.

Une terrible angoisse lui comprimait la poitrine, figeait la main qui enserrait la crosse de son arme. L’angoisse de voir la pointe du couteau entailler la chair tendre du cou, faire jaillir un filet de sang avant qu’il n’explose la cervelle de l’agresseur. Avant que les débris de celle-ci n’éclaboussent, ne souillent le beau visage qu’il avait chéri de ses lèvres et qui avait déjà souffert. Hors de question que Kendra subisse un nouveau traumatisme à cause de ces petites merdes. Elle avait déjà crevé l’œil d’un sadique qui désirait sa mort ; c’était suffisamment d’horreur pour une seule vie.

Étrangement, Shane se détendit lorsque Camé number one lui renvoya un refus. Un refus qui sonnait comme la sentence d’un tribunal.
La tête de Shane pivota sur le côté ; un ricanement quitta sa bouche.
Si Lex avait été présente, elle aurait tout de suite compris que son vieil acolyte s’apprêtait à agir. À faire ce qu’il savait faire le mieux. Elle aurait donné ses ordres en conséquence, pour brider son dangereux partenaire ou pour l’encourager.

Mais ce soir, Shane était seul. Seul devant Kendra avec une lame menaçant sa gorge innocente.
Et tout sentiment de peur l’avait quitté.

— T’as raison, connard. C’est un bijou que ce foutu rat puant, ton espèce de jumeau consanguin qui a la tremblote asphyxie de son haleine fétide. Je vous flaire d’ici, dès que vous ouvrez la gueule pour débiter vos conneries. À croire que vous avez bouffé un gâteau à la merde pour le dîner. (Shane cracha par terre.) Par contre, les gars, vous auriez mieux fait d’en rester à la coke. Parce que c’est pas un rail de poudre qui va vous remonter par les narines, mais une putain de locomotive lancée à grande vitesse.

Les yeux du drogué s’étaient écarquillés, changés en globes injectés de sang. Il siffla un juron, puis sortit un calibre .44 dissimulé sous ses vêtements. Pointa le pistolet sur Shane, axe incliné sur le côté, bras tendu comme dans les mauvais films de gangsters.

— Amateur, marmonna Shane à voix basse, qui avait relevé un autre détail essentiel. Cette nana a plus de cran et de jugeote que vous tous réunis, ajouta-t-il en plongeant les yeux dans ceux de Kendra. Comme quoi, les blondes peuvent nous surprendre en gardant la tête froide et rester immobile.

La remarque fit rire les junkies. Shane observa que l’homme couché sur Kendra avait les dents noirâtres. J’avais peut-être pas tort, pour le gâteau à la merde.

Le flic était persuadé que sa collègue recevrait le message.
Derrière la peur, il distinguait dans ses prunelles l’éclat lucide de son intelligence vive. « Nous ne sommes que 88 anthropologues judiciaires agréés dans tous les États-Unis », se plaisait-elle à lui rabâcher lorsque Shane remettait ses analyses en cause. Jusqu’ici, en dépit de l’angoisse terrible qu’elle devait vivre, Kendra avait eu le courage et la sagacité de ne pas tenter un acte désespéré.
Il fallait qu’elle continue, refuse de céder à la panique.

L’homme au couteau leva son visage hilare en direction de son acolyte.

Ouverture.

Prise assurée sur le canon de son pistolet, calé à l’arrière de son jean noir comme un gouffre sans espoir.
Grognement.
Projection, avec une force insensée, du pistolet sur le front du violeur. La cible s’affaissa aussitôt sur le corps de Kendra, la protégeant involontairement de son corps. Une vilaine trace rouge apparut entre la base du nez et la base de ses cheveux gras. Il respirait encore.
Châtiment clément. Très clément pour une ordure de son espèce.

— Fils de pute !

L’autre camé pressa la détente du calibre .44. Une fois. Deux fois. Jurons de panique. Supplications. Une série de cliquetis répondit à ses appels frénétiques.
Il hocha la tête en examinant l’arme, puis un éclair de compréhension traversa ses pupilles rongées par l’acide.
Trop tard.
Le temps que son pouce épouse la forme du cran de sûreté, le flic ultraentraîné enfermait déjà le poignet dans un étau implacable. S’emparait du flingue, qu’il jeta dans un lancer vif et précis à l’arrière du pickup. Martela la tête du tireur comme une enclume. Enfonça ses chairs gémissantes jusqu’aux ténèbres de l’inconscience.
Puis Shane se baissa pour ramasser son arme. S’accroupit à côté de Kendra, l’aida à se débarrasser du corps inerte, pesant de son agresseur.
Il joignit une main maculée de sang à la sienne, qu’il embrassa du bout des lèvres. Entrelaça leurs doigts poisseux.

— Pas très polis, tes nouveaux copains. Plus jeunes que les momies desséchées qui passent habituellement entre tes doigts. Tu viens peut-être de rater le meilleur coup de ta vie, jolie blonde ; ils avaient l’air raides… raides dingues de toi.

Dans ce genre de situation, il fallait dire quelque chose comme « c’est fini, je suis avec toi maintenant » ou un simple « ça va aller ».
Mais entre Shane et Kendra, jamais les choses ne se passaient comme il fallait.

Le sergent de la crim’ affichait un rictus qui ressemblait à une caricature de sourire. La gueule carnassière, imposante d’un ours au milieu d’une meute de loups. Dans son élément, sûr de sa force. Il attardait son regard sombre, dénué de la plus petite lueur d’inquiétude, sur le visage de Kendra comme si le reste du monde avait basculé dans le néant.
Néant dans lequel une cohorte de junkies sortaient de leur léthargie, appétit de vengeance dégoulinant de leurs babines retroussées.

— La pouffiasse et le fils de pute ont buté Ed et Johnny ! La pouffiasse et le fils de pute ont buté Ed et Johnny !

D’un geste assuré du bras, Shane aida Kendra à se remettre sur ses jambes. Ne relâcha pas la main serrée contre la sienne. Une part de lui l’intimait de conserver ce contact rassurant.
Deux spectres se ruaient déjà sur eux. Shane repoussa le premier d’un coup de semelle au milieu du thorax, abattit la crosse de son pistolet sur le crâne du second.
Le cogneur pivota sur lui-même afin de faire face à Kendra. Souffle haletant ; visages à un cil de l’autre.

— Apparemment, t’es pas aussi populaire auprès des autres dégénérés. Moi… j’ai l’habitude. Tu me laisses cinq minutes leur donner une correction, ou tu veux te barrer illico de cette fosse à merde ?
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyLun 17 Juin - 16:21


Piège en os troubles
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N’eut été ma position pour le moins inconfortable et ma terreur bien palpable, j’aurais pu profiter pleinement du spectacle qu’offrait Shane, seul face à mes agresseurs. Je devais admettre qu’il était impressionnant dans son rôle de pitbull. J’aurais même pu m’amuser de sa diatribe. Il n’avait pas tord concernant l’haleine fétide et rat puant seyait bien en descriptif du déchet humain qui m’écrasait de tout son poids. Son contact m’écœurait au plus haut point et si j’avais pu je lui aurais bien écrasé mon poing sur la figure. Mais pour l’heure, j’étais plus proche de l’hyperventilation qu’autre chose, à deux doigts de la crise de nerf. Notamment quand Number one sortit son flingue. Mais Shane lui ne se départit pas de son calme apparent, soutenant férocement mon regard de biche apeurée. Plus de cran. Un éclair de lucidité traversa mon cerveau engourdi par la peur et la blonde que je suis saisit le message qu’il avait cherché à me faire passer. Cet imbécile de toxico avait laissé le cran de sûreté sur son arme ! Je clignais des yeux, ne sachant pas trop si il allait en déduire que j’avais compris ou non. Rester immobile. De toute manière, je n’étais même pas certaine de pouvoir esquisser le moindre mouvement si je le souhaitais tellement j’étais tétanisée. Paradoxalement, mon impuissance me rendait furieuse contre moi-même. Je détestais me sentir aussi vulnérable, et perdre le contrôle de mes émotions.

Ensuite, tout s’enchaîna rapidement. Shane projeta son propre flingue sur le crâne luisant de sueur et de crasse de Number two, qui s’affala mollement sur moi, inconscient. Je sentis un liquide chaud couler sur mon corsage. Son sang. Son acolyte beugla un juron, et j’entendis le cliquetis métallique de la détente sans la détonation derrière. Mon fardeau humain m’empêchait de voir la scène mais je devinais aux bruits sourds que Shane était déjà sur lui à le neutraliser, et pas de la manière la plus douce qu’il soit. Qu’ils crèvent ces ordures, songeais-je haineusement. Un bruit de pas me ramena à la réalité, et le poids mort qui pesait sur ma poitrine disparu dans la foulée. Shane était accroupi à mes côtés, et entreprenait de me dégager du corps inerte de Number two. Je dardais mon regard sur lui, mêlant mes doigts aux siens tandis qu’il me prenait la main. Lorsque ses lèvres effleurèrent ma peau, des sanglots muets secouèrent ma poitrine. Soulagement, certes, mêlé à une multitude d’autres émotions. Sa réflexion m’arracha un pauvre sourire. « Je préfère les momies » marmonnais-je d’une voix chevrotante. Ses prunelles sombres étaient accrochées aux miennes, avec une intensité qui me coupa le souffle. L’espace d’un instant, j’en aurais presque oublié ce qui nous entourait, dévorée par l’envie subite de me blottir contre son torse solide.  La voix aigrelette d’un des autres junkies nous ramena brutalement à la réalité.

Shane m’aida – ou plutôt me tracta – afin de me remettre sur mes deux jambes. Ces dernières étaient mal assurées et flageolantes. Mon palpitant cognait à tout va, et ma tête me tournait. Burns ne me lâchait pas la main, et loin de moi l’envie d’ôter la mienne. Une douleur pulsatile m’élançait à l’arrière du crâne jusqu’à ma tempe droite, mais je n’eu guère le temps de m’attarder dessus, que deux junkies venaient au contact. Mon pitbull attitré les rembarra avec ce qu’il me paraissait une facilité déconcertante, avant de me faire face, passablement essoufflé des efforts qu’il venait de fournir. Quant à moi, j’avais l’impression d’être dans un état second, mon corps probablement en overdose d’adrénaline, envahie de tremblements incontrôlés. La retombée serait rude. Je redoutais d’ailleurs de tomber dans les vapes d’un moment à l’autre, si bien que le choix fut vite fait lorsque Shane me demanda si je le laissais donner une correction ou si je souhaitais déguerpir.

« All…. Allons-nous en. S’il te plaît. » parvins-je à articuler - ou plutôt à glapir - tout en essayant de maîtriser les trémolos dans ma voix. Je devais paraître pitoyable. Malgré tout, je puisais mes dernières ressources en Shane, m’imprégnant de sa force et de sa chaleur. Chaque parcelle de mon corps était consciente de la proximité du sien. Et je savais pertinemment ce que les picotements dans mon ventre signifiaient. Je voulais qu’il me ramène chez moi, et surtout je pris conscience que je voulais qu’il reste avec moi cette nuit. J’avais besoin de lui, même si je me serais écorchée plutôt que de l’avouer à voix haute. Je ne savais même si il était blessé, même si apparemment le sang qu’il avait sur lui n’était pas le sien. De toute manière, je n’étais guère mieux. Je soutenais son regard ténébreux, sachant pertinemment qu’il était capable de lire en moi à cet instant précis comme dans un livre ouvert. Mais avant qu’il ne puisse me répondre, une troisième silhouette – plus massive que les deux précédentes – fonça droit sur nous.






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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyMer 19 Juin - 18:19



Piège en os troubles




Kendra doucha les espérances de Shane en quelques mots. Des mots hachés, expirés qui l’atteignirent en plein cœur, telle une fusée de détresse dont la flamme brûlante déchirait le voile de la nuit.
Kendra n’était pas une victime comme les autres : elle lui avait confié sa douleur, ses tourments. Il avait épongé ses larmes entre ses doigts calleux, inadaptés à la douceur de sa peau soyeuse. À quelques occasions ils avaient partagé la chaleur – le plus souvent torride – de leurs corps enfiévrés. Ce soir encore elle avait fait appel à lui, personnellement, comme un pari insensé sur son avenir.

Shane brûlait d’envie d’écraser sous sa botte les parasites, les créatures abjectes qui ambitionnaient de la souiller. De forcer sa dignité, ternissant à jamais sa pétulance.
Plus encore, il voulait honorer la confiance qu’elle plaçait en lui. Incarner le roc, la présence stable et rassurante que beaucoup voyaient en Shane Burns, l’allié fidèle qui n’abandonnait jamais ses proches.
Il caressa le front hâlé d’un geste tendre, écarta une mèche de cheveux blonds.

— Y faut toujours que tu dises le contraire de c’que j’veux, pas vrai ?

Et il fallait toujours que la langue de Shane dérape en présence de Kendra, sauf quand elle épousait les reliefs de son corps frémissant.

Shane entendit l’appel de sa voix dissonante, déchiffra le besoin de compagnie dans ses yeux las, embués du stress épouvantable qu’elle avait subi.
Il se coupa volontairement des signaux que lui envoyait son organisme. Écarta les pensées et les émotions qui risquaient de le divertir.

Pas assez vite.

Kendra n’eut aucun besoin de crier. Shane saisit d’instinct la nature du danger quand les yeux  s’écarquillèrent, rivés sur une forme en mouvement au-dessus de son épaule.
Shane poussa la femme encore tremblante sur le côté ; pur réflexe de protection.
Puis se sentit propulsé en avant par une force colossale.

Shane essaya d’opposer une résistance à l’aide de ses cuisses, mais trébucha sur le corps endormi du violeur. Enfoiré de merde, il va nous faire chier jusqu’au bout ! La protection de ses avant-bras lui épargna un choc à la tête. Étalé sur le bitume, il essaya aussitôt de se remettre sur ses jambes. Un coup de pied puissant, brutal, lui arracha un cri de douleur.
Shane porta une main sur son flanc gauche, à l’endroit où le choc avait ravivé sa blessure.
Voilà ce qui en coûte de te bagarrer sans cesse et ne pas te soigner ! La voix de sa mère dans sa tête, qui lui avait seriné ce discours durant toute son adolescence.
Têtu, il se redressa sur ses genoux mais fut cueilli par un coup de poing au visage. Shane crut un instant que sa mâchoire allait se déboiter. Tourna la tête sur le côté, cracha un glaviot maculé de sang. Éructer son ricanement mauvais.

— Alors quoi ? C’est tout c’que vous avez ? Vous êtes vraiment que des gros sacs à merde, avec des balloches remplies de chiasse.

Le bras qui tenait encore son arme se dressa à la verticale, puis il pressa la détente.
Mouvement de panique chez les junkies. Hésitation de l’armoire à glace qui lui avait enfoncé les côtes ; il ressemblait à un joueur de la NBA croisé avec un Big Mac. Feulement chez le moustachu qui l’avait cogné au visage ; un œil vitreux de toxico, l’autre curieusement vif, celui d’un boxeur.

— Kendra, monte à l’intérieur du pickup et enferme-toi !

Courbé sur le côté, une main en soutien de son flanc gauche, Shane se redressa en espaçant ses tirs, canon du pistolet orienté vers le haut. Il invectivait ses adversaires, les défiait du regard.
Toute l’attention convergeait sur lui. Parfait. La plupart des junkies s’étaient dispersés ; seuls les deux costauds restaient immobiles, tels des prédateurs à l’affût. Ceux-là devaient posséder un genre d’instinct animal qui les différenciaient du commun des mortels, les avisaient des réelles intentions du policier en civil.

Shane attendit que Kendra se réfugie à l’intérieur du véhicule, puis tira sa dernière balle.

— Je resterais bien jouer avec vous, les dégénérés, mais une dame m’attend. Et j’aime pas faire patienter les dames. C’est pas très poli.

Big Mac fut le premier à s’élancer. Shane ne chercha même pas à esquiver la charge, qui l’entraîna jusqu’à la paroi taguée du tunnel. La douleur sur le côté paralysait tout le gauche de ton torse, l’empêchait de jouer les acrobates. De toute manière, il n’avait jamais été doué pour jouer les danseuses de ballet sur un ring.
En revanche, Shane possédait une rare faculté à cogner et encaisser les coups.
Son dos s’écrasa sur la surface dure. Le choc lui arracha un gémissement. Bras prisonniers de l’étreinte de son colossal adversaire, Shane lança son front à l’assaut du visage adverse. Lui fractura l’os orbital, puis lui éclata le nez.
Le monstre relâcha enfin sa prise en poussant des couinements, semblables aux cris des porcelets. Il enfouit sa figure meurtrie entre ses immenses paluches.

— T’inquiète pas, mon gros, on s’y fait.

Shane avait subi cinq fractures du nez, et s’attendait à en subir d’autres d’ici la fin de sa carrière.
Il s’écarta du monstre, frappa du coin du pied l’extérieur d’un genou, qui plia dans un horrible craquement.

Une masse fendit l’atmosphère diaphane ; s’abattit sur le bras qui protégeait son flanc gauche. Le boxeur portait des coups rapides et précis, mais s’essoufflait vite. Manque d’entraînement en plus de la came, ça pardonne pas.
Shane resta sur la défensive, attendit une ouverture et répliqua par un coup de genou suivi d’un violent crochet du droit.
À sa grande surprise, son adversaire secoua la tête et lui retourna un coup identique. Échange de frappes puissantes, brutales. Shane s’agaçait. Puis il comprit que la drogue que consommait ce type le rendait insensible à la douleur. Handicapé par sa blessure, Shane reculait sans cesse jusqu’à déraper sur un corps inerte. Putain, c’est pas possible ! Encore le violeur, qui tenait là une nouvelle occasion d’accomplir sa vengeance.
Le moustachu fondit sur Shane, dos à terre comme une tortue sur sa carapace. Il fléchit une jambe in extremis et repoussa son adversaire du pied. Le flic se releva, encaissa une nouvelle frappe à la tête, puis décida que le combat avait trop duré.

Kendra assistait à l’affrontement brutal , et ne devait pas vraiment apprécier le spectacle.

Ignorant sa blessure, ignorant la douleur, il saisit son adversaire à la gorge de ses deux mains. Le souleva de terre en hurlant, l’entraîna jusqu’à la Mazda. Plaqua le corps frétillant sur le capot, agité comme un poisson tiré sur la berge. Les coups plurent sur son torse, ses bras. Une véritable averse d’été.
Shane tint bon, l’étrangla jusqu’à sentir la tension faiblir entre ses doigts implacables. Il colla une dernière droite au moustachu, cadeau d’adieu pour le plonger dans une profonde inconscience. Puis il s’affala contre la portière de la voiture en panne, cœur battant la chamade contre sa poitrine.
Trop essoufflé pour appeler à l’aide, il leva un pouce comme un autostoppeur au bord de la route.

Nom d’un chien, qu’est-ce qu’il faut pas faire pour qu’une jolie blonde nous conduise chez elle au milieu de la nuit.
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyMer 19 Juin - 20:40


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Je n’avais guère besoin d’un décodeur pour deviner que les pensées de Shane rejoignaient les miennes. Ses doigts effleurèrent mon front dans une caresse, repoussant une mèche dorée. Je mourrais d’envie de m’abandonner à son contact, si bref fut-il, fermer les yeux et nicher mon visage dans le creux de sa main. Un pauvre sourire étira mes lèvres quand il releva mon esprit de contradiction. Je sentais bien que dans l’intonation de sa voix, l’agacement était feint, et l’inquiétude prédominante. Rajoutant à tout çà un soupçon de tendresse un peu bourrue. Hélas ce petit interlude fut de courte durée.

Shane me bouscula sur le côté tandis qu’une armoire à glace lui tombait dessus, lâchement, par derrière. J’avais à peine eu le temps de l’apercevoir fondre sur nous. Une fois de plus impuissante, je vis Burns projeté à terre et son agresseur lui asséner un coup de pied dans les côtes. Un cri de douleur lui échappa et mon sang se glaça dans mes veines. Impuissante une fois de plus et tétanisée, j’essayais de faire fonctionner les rouages de mon cerveau du mieux que je pouvais. Allez Tremaine, fais fonctionner tes neurones ! Tandis que Shane accusait une méchante droite, je cherchais autour de moi une potentielle arme ou projectile. En vain.

Bang !

La détonation me fit violemment sursauter et je réprimais un cri d’effroi. Les junkies semblaient hésitants soudainement, certains prirent la tangente. Bon débarras. Shane m’intima alors de monter dans son pick-up et de m’enfermer dedans. Mon premier réflexe fut de contester, refusant de le laisser se débrouiller seul. Mais finalement, je devais admettre que je ne lui étais pas d’une grande aide, voire même un poids car en s’inquiétant de ma sécurité il ne pouvait pas se concentrer uniquement sur ses agresseurs. Je déglutis péniblement, ordonnant à mes jambes de m’obéir et de se mouvoir jusqu’au véhicule. Tandis que je me hissais dans l’habitacle et verrouillais les portières, Burns se relevait non sans peine, gardant les junkies à distance en tirant des balles dans les airs. A chaque détonation je n’avais pu m’empêcher de sursauter tellement mes nerfs étaient tendus à l’extrême. Malgré tout, je parvenais à ne pas céder totalement à la panique. Mes yeux parcoururent le tableau de bord et les rangements des portières, à l’affût du moindre objet qui pourrait s’avérer utile. En relevant le nez de la boîte à gant – où je n’avais rien trouvé hormis une lampe torche et des munitions – je vis qu’il ne restait plus que deux gars en lice, toujours prêts à en découdre de toute évidence. Je frémis. Nouveau coup de feu.  

Un des types – l’armoire à glace – se jeta de nouveau sur lui. Effarée, je vis Shane heurter le mur du tunnel et encaisser les coups qui pleuvaient sur lui. Les mains crispées sur le tableau de bord à me faire mal, j’assistais à ce combat, gémissant à chaque coup que Burns recevait, retenant mon souffle. Une certaine satisfaction m’envahie quand je le vis reprendre le dessus et lui fracturer le nez. Malheureusement son répit fut bref, le second type venant à l’assaut à son tour. Shane n’avait pas refait usage de son arme, je n’avais pas compté mais il ne devait plus avoir de balle dans son chargeur.

« SHANE ! »

Je n’avais pu m’empêcher de crier. Le flic qu’il était avait de l’entraînement et possédait la force et l’endurance, mais je savais qu’un drogué était capable de repousser beaucoup de limites également. Vu la violence des attaques de ses adversaire, Shane ne pourrait pas encore résister bien  longtemps à ce rythme là. Et c’était ma faute…. Tandis qu’il tentait de maîtriser le second type sur le capot de ma voiture dont les feux de détresses éclairaient de façon sporadique la scène, je déverrouillais la portière du pick-up. Mue par un pressentiment, je récupérais à la hâte la boîte de munition que j’avais découverte dans la boîte à gant. Je découvris alors Shane affalé contre la Mazda, hors de souffle, pouce en l’air.

Je crois qu’à ce moment là je ne réfléchissais plus. Comme une flèche je sortis du pick-up et me jetais dans ses bras, à la limite de l’hystérie. « Shane, bon sang ! » Je sentais des larmes mouiller mes joues mais n’en avais cure. Fébrilement, j’entreprenais de palper son torse, son crâne et son visage, examinant ses plaies et contusions, cherchant à en évaluer la gravité. « Je suis désolée…. Je suis désolée… » ânonnais-je comme une litanie. Nul doute qu’il n’apprécierait pas le fait que je sois sortie aussi rapidement du pick-up, mais cela m’était égal. Je n’aurais pas pu tenir une seconde de plus enfermée là dedans. J’étais prête à affronter ses foudres. Néanmoins mon examen sommaire me rassurait quelque peu, dans le sens où il ne souffrait d’aucune blessure grave en apparence. En revanche, il serait endolori pendant un petit moment. La frayeur passée, je pris conscience de tous les risques qu’il avait pris pour moi en voulant jouer les héros solitaires. « Espèce d’idiot ! » m’écriais-je en lui martelant index tendu la poitrine à chaque mot. « Tu ne pouvais pas demander des renforts ou venir t’enfermer dans le pick-up avec moi au lieu de vouloir jouer les gros bras ! »  Je sentais mon ton grimper dangereusement vers les aigus. Folle d’inquiétude, je plantais mon regard dans le sien. « Tu vas pouvoir marcher jusqu’au pick-up ? » Il fallait que l’on parte de là. Et vite.





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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyJeu 20 Juin - 18:12



Piège en os troubles




Shane réprima un gémissement de douleur lorsque le corps Kendra se pressa contre le sien. Sa carcasse barattée par la chair qui cogne, l’acier qui tranche et transperce, s’en était plutôt bien sortie. Seul son flanc gauche déjà blessé avant l’affrontement lui arrachait un feulement étouffé à chaque palpation.
Son visage affichait-il des dommages plus sérieux ? Car les larmes se déversaient sur le visage de Kendra comme s’il ressemblait à un cadavre ambulant. Ou qu’elle pleurait à sa place.

— Bordel, Kendra, tu vas pas te mettre à chialer… Pas pour moi, en tout cas.

Shane détourna le regard du visage en larmes, scrutant par automatisme les deux côtés du tunnel à l’affût d’une nouvelle menace.

Depuis sa plus lointaine enfance, il avait toujours été sensible aux larmes innocentes, en particulier celles des femmes et des enfants. D’abord les pleurs infantiles de ses quatre sœurs, puis les lamentations des victimes afghanes et irakiennes. Depuis qu’il était flic, les larmes de maltraitances et autres crimes odieux parmi les habitantes de New York et de Miami.
Il ne supportait pas ces épanchements de la souffrance humaine ; ressentait chaque fois un sentiment d’impuissance, de défaite. Comme s’il avait failli quelque part, échoué à protéger les personnes qu’il avait prêté serment de défendre.

— T’as pas à être désolée. C’est moi qui ai décidé de venir. De pas flinguer tout le monde. D’y aller aux poings. C’est moi. Et puis ça m’a fait un bon exercice. Ouais, un foutu bon exercice, même. Parce qu’y faut sortir de sa routine, de temps en temps, tu vois ? Sinon on s’ramollit. On devient bon à rien.

Instant de faiblesse durant lequel il n’accablait pas Kendra de reproches, comme il l’aurait fait d’habitude.
Évidemment, Kendra le traita d’idiot et Shane ne lui donnait pas tort. Il avait foncé comme une bête, comme d’habitude. Fait ce qui lui semblait juste ; n’en éprouvait aucun regret.
En revanche, le timbre suraigu de sa voix l’agaçait au plus haut point.

— Oh, c’est bon. Me fais pas chier avec tes conneries de renforts. Et j’suis pas le genre de couille molle à rester planqué dans une bagnole pendant que des connards font régner leur loi. C’est comme ça, c’est tout. J’suis comme je suis.

Au prix d’un effort surhumain, Shane se remit droit sur ses jambes et fit deux pas en direction du pickup. Ce qui lui donna l’occasion de fuir le regard de Kendra. Deux pas qui, espérait-il, donnaient l’illusion que tout allait bien.
Plutôt crever la gueule ouverte qu’avouer sa faiblesse, reposer sur son aide.

— Bien sûr que j’peux marcher. Et même courir, s’il le faut. C’est rien, tu vois ? (Il continua à marcher, un pas lent après l’autre.) Dans deux jours, j’pourrai même courir un foutu marathon sur une jambe.

Après les quelques mètres les plus interminables de sa vie, les mains de Shane prirent appui sur le capot.

— Si tu veux t’rendre utile, t’as qu’à prendre le volant. Enfin… à condition que t’arrêtes de t’la jouer malade de Parkinson. J’ai quelques appels à passer.

Les tremblements de Kendra s’amenuisaient, mais Shane savait par expérience que la tension ne disparaissait pas toute seule, sauf pour une poignée de privilégiés au sang froid de reptile. Des privilégiés dont lui-même ne faisait pas partie.
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyJeu 20 Juin - 20:01


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Comme beaucoup de représentants du sexe masculin, Shane était de toute évidence mal à l’aise face à mes larmes. A moins que ce ne soit ma sollicitude qui le dérange. Son ton était bourru. Mais, signe que son état n’était pas si grave que çà, sa gouaille habituelle lui revenait rapidement. Lorsqu’il commença à me baratiner sur le fait qu’il avait besoin d’exercice, je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel. « Bon à rien ? Et mort, tu seras bon à quelque chose peut-être ? » ne pus-je m’empêcher de rétorquer un brin exaspérée par tant de bêtise gonflée à la testostérone. Autant d’entêtement et de fierté mal placée dépassaient l’entendement.

Je l’observais sans mot dire, me retenant de rouler des yeux une fois de plus. Je retrouvais devant moi le Shane qui savait si bien me faire sortir de mes gonds. Le gros dur que rien n’atteint, le mâle dominant dans toute sa splendeur. Je savais que c’était une parade, un genre qu’il se donnait, car j’avais déjà aperçu à plusieurs reprises – et pas plus tard quelques instants auparavant – le vrai Shane, sans le masque. Celui qui avait des sentiments, des faiblesses. Même si hélas cela n’arrivait pas souvent. Pas assez à mon goût.

Pour l’heure, plus je l’écoutais rouler des mécaniques, et tenter de donner le change, plus je sentais mon agacement augmenter. Comment faisait donc cet homme pour avoir autant d’effet sur mes nerfs ? Avec lui, je démarrais au quart de tour, quel que soit le contexte. Aucune demi-mesure. « Y a une différence entre couille molle et candidat au suicide ! » Je l’observais dans sa démonstration du « je vais bien, tout va bien », voulant me prouver par A+B qu’il s’en sortait très bien tout seul, même pour marcher, alors qu’il était flagrant que la réalité était toute autre. « Wouahhh j’avoue. Un vrai garenne, tu m’épates. » raillais-je dans son dos, tandis qu’il regagnait laborieusement le pick-up. Il commençait fortement à me taper sur les nerfs, et ces derniers étaient déjà soumis à rude épreuve. La fureur supplantait peu à peu la peur en moi. Bien sûr c’était temporaire, j’en étais consciente. Mon taux d’adrénaline n’était toujours pas redescendu, et c’était çà qui m’aidait à tenir le choc pour l’instant. Je savais aussi que cette nuit, je ne dormirais pas, ou alors que mon sommeil serait peuplé de cauchemars où Fortier et les junkies tiendraient les premiers rôles. Mais là, j’étais vraiment à deux doigts de péter un câble. D’exploser. Et çà risquait de ne pas être joli joli.

Shane avait atteint le capot de son véhicule, son faciès trahissant les difficultés qu’il avait eu à parcourir ces quelques mètres. Personnellement, ma tempe droite me brûlait, et une douleur sourde pulsait toujours à l’arrière de mon crâne, où je soupçonnais un bel hématome. Mon corsage était plein de sang, mais ce n’était pas le mien, C’était celui de l’ordure qui avait tenté de me violer. Shane arborait des contusions multiples, et son visage passerait très probablement par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel dans les jours à venir. Et il n’était pas impossible qu’il ait quelques côtes fêlées. Sans compter son amour propre. Mais rien qui ne pouvait engager son pronostic vital.

— Si tu veux t’rendre utile, t’as qu’à prendre le volant. Enfin… à condition que t’arrêtes de t’la jouer malade de Parkinson. J’ai quelques appels à passer.

Je me figeais, avec l'impression que je venais de recevoir un coup au plexus. Je lui décochais un regard noir, lèvres pincées. Son comportement soudainement odieux me faisait l’effet d’une douche froide.  « Bordel, tu sais que t’es vraiment un chieur quand tu t’y mets ? » répliquais-je d’une voix blanche. Je l’aurais volontiers giflé dans l’instant, et je me mordis la joue pour ne pas embrayer sur une flopée d’injures. Je devais admettre qu’effectivement j’étais saisie de tremblements incoercibles que je ne maîtrisais pas, et je savais également que c’était une manifestation psychosomatique suite à mon agression, mêlée aux résidus du stress post-traumatique d’il y a deux ans.  Je n’étais pas non plus certaine de pouvoir prendre le volant, mais de nous deux, j’étais malgré tout la plus apte, il fallait être réaliste. Et nous ne pouvions sous aucun prétexte nous attarder encore plus longtemps dans ce tunnel maudit. Ne cherchant pas à dissimuler mon énervement, je me hissais sur le siège conducteur du pick-up, attendant que Shane en fasse de même côté passager. Une fois chose faite, je mis le contact, desserrais le frein à main et passais la vitesse, gardant mon regard ostensiblement fixé droit devant moi. « J’ai froid si tu veux tout savoir ! » Bon, ok j’avoue, c’était de la mauvaise foi pure et dure. Je n’avais absolument pas froid. Mais après tout, il n’avait pas le monopole dans ce domaine. Je sentais encore des larmes me brûler les paupières. Mélange de frustration, de colère, d’épuisement. Comment pouvait-il se montrer et éveiller en moi des sentiments aussi contradictoires en l’espace de si peu de temps ? Malgré tout, je savais pertinemment que s’il me touchait, je serais incapable de lui résister, comme à chaque fois. L’attraction qu’il exerçait sur moi était trop forte, même si j’essayais de me persuader du contraire. Tout comme je m’entêtais à refluer les sentiments qu’il éveillait en moi. Maigre tentative de me protéger. Je crispais mes mains sur le volant, tentant ainsi de masquer leurs tremblements. Finalement, me concentrer sur la conduite me ferais le plus grand bien.

« Et à moins que tu ne veuilles aller à l'hôpital, ce dont je doute, je vais devoir panser tes blessures. Tu ferais mieux d'éviter de contrarier ton infirmière. C'est un conseil. » Je lui coulais un regard en biais. Moi aussi je pouvais me montrer exaspérante.





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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyVen 21 Juin - 18:05



Piège en os troubles




Shane traîna la jambe, poussa un grognement, ouvrit la portière côté passager, lança un juron et s’installa sur le siège comme un blessé de guerre dans son fauteuil roulant. Il détestait se sentir faible, diminué. Plus encore quand une personne le voyait dans cet état. Et par-dessus le marché, il fallait que ce soit Kendra.

— Quelle connerie, maugréa le vraiment chieur. Tout ça à cause d’une vieille poubelle qui devrait même pas avoir le droit de rouler. Faut rien avoir dans l’caisson pour conduire une marque de piles électriques.

Entre Shane et Kendra il y avait toujours des échanges de tirs, une bataille à livrer. Une guerre sans fin qui trouvait de temps à autre une trève dans – paradoxe de leur relation – un corps à corps plus endiablé qu’un pugilat.

— T’es à moitié à poil ; t’étonnes pas d’avoir froid.

Les vêtements souillés, le corsage maculé de sang offraient une vision trop indigne pour stimuler la libido de Shane. Kendra était une victime. Victime d’une agression des plus odieuses. La vision du sale porc aux dents noirâtres, courbé sur la poitrine recouverte d’une fragile couche de tissu, continuait à nourrir le feu de sa colère.

Le moteur du pickup se mit à ronronner. L’oncle de Shane, qu’il avait toujours connu les mains noircies de graisse, faisait des miracles dans son garage à la réputation irréprochable. Chez les Burns, on aimait le travail bien fait et on ne rechignait pas à la tâche.
Le véhicule glissa à côté du violeur étalé sur l’asphalte crasseux. Main agrippée à la poignée de porte, Shane voulut demander à Kendra de s’arrêter trente secondes. Trente secondes pour rouer de coups cette créature abjecte. Lui laisser une trace indélébile, comme un nez de travers ou un lobe d’oreille arraché avec les dents. Que cette pourriture se souvienne à jamais de son acte et de ses conséquences.

Ou peut-être que Shane désirait évacuer la colère qu’il dirigeait contre lui-même.

Cette fois, Hound sentait qu’il était trop loin. Qu’il avait dépassé les bornes. Qu’il aurait dû fermer sa grande gueule, ou mieux : l’utiliser pour exprimer des mots réconfortants. Et Kendra, évidemment, n’était pas en reste. Pourquoi fallait-il toujours qu’ils partent en vrille ? Cette nuit, il avait toutes les raisons de ne pas la provoquer, de se montrer aux petits soins avec elle.

Comble de l’ironie, Kendra lui proposait à présent ses compétences d’infirmière. Lui offrait de traiter les nouvelles blessures qu’il avait récoltées. Blessures que Shane avait la fâcheuse habitude de négliger, comme cette douleur dans les côtes qu’il aurait dû prendre en charge depuis longtemps.
Une erreur qui aurait pu avoir d’effroyables conséquences.

— Toi non plus, t’es pas belle à voir, dit-il en avisant l’aire violacée de sa tempe. Pour moi, ça change pas grand-chose. Avec sa gueule cabossée d’origine, Shane n’aurait jamais le visage gracieux d’un Apollon. (Il soupira, résigné.) De toute façon, j’aime pas les hôpitaux.

Ainsi qu’un tas d’autres choses qui souvent l’exaspéraient.
Notamment son incapacité à lui dire merci, comme si par ce biais il concédait à Kendra sa défaite.

Shane remua son téléphone entre ses mains poisseuses. Visage agité, lèvres sifflantes qui s’ouvraient par moments, commençaient à murmurer quelque chose, puis se scellaient à nouveau.
Et puis merde…

— Écoute… j’suis désolé, Kendra. J’aurais pas dû dire ces trucs. Pas après c’que tu viens de traverser. (Silence embarrassé.) Désolé, voilà. C’est tout. Y a rien d’autre à en dire.

Il porta son téléphone à l’oreille, coupant court à toute initiative de discussion.
Ça lui en coûtait de présenter des excuses. Plus encore que d’endurer les signaux de douleur que lui retournaient ses nerfs.

— Ici sergent Burns, brigade criminelle. Matricule…

Shane dressa au MPD un rapport concis des événements. Professionnel, clair et précis. Il articulait ses mots avec soin. Épurait son langage de la plupart des termes vulgaires, parfois orduriers, qui avait jailli de sa bouche à l’intérieur du tunnel. Censurait son zèle à infliger une sévère correction au groupe de junkies. Il assura cependant qu’il rédigerait un « rapport complet dans les 24h », accompagné de la « déposition de la victime ».
Le rire de la standardiste satura le médiocre haut-parleur du téléphone lorsqu’il préconisa d’envoyer deux fourgons pour embarquer les suspects. Le terme familier de « camion d’éboueur qui ramasse les sacs à merde » avait échappé à la vigilance du flic qui se donnait bonne figure.

Shane raccrocha, puis tourna son visage vers Kendra. Sa collègue semblait aller mieux, tremblait beaucoup moins. L’humidité de ses yeux ne coulait plus sur ses joues qui reprenaient des couleurs. Toutefois, ses phalanges blanchies autour du volant indiquaient qu’elle restait sous tension.

— Au petit matin, il faudra faire constater les marques de ton agression par un médecin. Et venir au commissariat dans la journée pour ta déposition. Les petites merdes seront vite relâchées, mais les deux qui t’ont physiquement agressée prendront cher, si t’acceptes de déposer une plainte. Je sais que c’est pas facile, après ce qu’ils ont voulu te faire – après ce qu’ils t’ont fait. Mais il faut rien leur lâcher, à ces enfoirés. On peut pas les laisser faire. Laisser cette vermine infester nos rues. Chaque jour passé au trou ou en désintox, c’est un jour de moins où ils traînassent dehors, à foutre en l’air notre monde et cibler d’autres victimes. Des femmes comme toi, qui ont pas toutes un chien de garde pour veiller sur elles.

Il lui adressa un sourire mi-gêné, mi-amusé, puis reprit son téléphone.

Une dépanneuse fut expressément chargée de conduire la vieille Mazda en panne au garage de l’oncle Burns. Shane aurait préféré envoyer la capricieuse épave directement à la casse, mais s’imposa cette alternative. Puisque Kendra refusait d’abandonner son tas de ferraille envers et contre tout, il fallait que le tas de ferraille bénéficie d’une rénovation en bonne et due forme en plus d’une maintenance efficace.

— Mon oncle te fera un prix sur les réparations, si tu acceptes de passer tous les deux mois à son garage pour un contrôle de routine. Ça te va ?

Plus jamais la Mazda ne devait mettre sa propriétaire en danger. Plus jamais Kendra devait craindre pour sa dignité ou pour sa vie, dans un sombre tunnel de Miami ou n’importe où ailleurs.
L’idée qu’un nouvel incident se produise et qu’il n’arrive pas à temps inspira à Shane une coulée de sueur froide.
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptySam 22 Juin - 11:44


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J’écoutais Shane bougonner d’une oreille distraite, tentant surtout que concentrer mon attention sur ma conduite. Ma voiture en prit pour son grade. Dans le fond, il n’avait pas tord : la Mazda était vraiment pas fiable du tout, mais n’était pas spécialement un fana des voitures, en changer n’était pas particulièrement en tête de ma to do list. Je ne relevais pas la réflexion sur ma tenue vestimentaire. J’étais encore trop habillée à mon goût, rêvant de jeter au feu mon corsage souillé. Nous n’étions pas très loin de chez moi, et j’attendais avec impatience de pouvoir ôter mes frusques et me glisser sous le jet de ma douche. Avec Shane ? L’idée me traversa, des images s’imposant peu à peu dans mon esprit, accélérant imperceptiblement mon rythme cardiaque. La voix de mon compagnon m’arracha à mes élucubrations. Pas belle à voir. Je grimaçais. C’était si moche que çà ? J’hasardais un coup d’œil dans le rétroviseur central. Aïe. Effectivement, ma tempe n’était pas reluisante. « Il faut désinfecter. » me contentais-je de lui répondre. Ma colère à son encontre s’était évanouie aussi rapidement qu’elle était apparue. C’était souvent comme çà entre nous. Jusqu’au prochain clash.

L’attitude de Shane s’était modifiée également. Il avait perdu de sa bravache, et semblait même… embarrassé. Hésitant. Faisant mine de ne rien remarquer, je conservais silencieusement mon regard sur la route, attendant qu’il se décide. Il prit la parole, et les mots vinrent laborieusement. Je savais combien il avait du lui en coûter pour prononcer ces paroles d’excuses. Je tournais mon visage vers lui, mais il me stoppa toute tentative de réponse ou de remerciement en lançant une conversation téléphonique. Cela me fit penser que mon propre portable gisait quelque part dans le tunnel, probablement cassé. Je pouvais faire une croix dessus. Tout comme mon sac à main resté dans ma voiture. Je réprimais un soupir.

Shane faisait de son côté un rapport des évènements au MPD. Les termes déposition, victime, parvinrent à mes oreilles, et avant même qu’il ne me le dise de vive voix, je savais que j’allais devoir passer ma journée du lendemain dans les démarches, entre les constatations médico-légales et le dépôt de plainte. « Un chien de garde… » Je répondis à son sourire, mais avant que je n’ai le temps de rétorquer quoi que ce soit, il était de nouveau sur son téléphone. Je me retins de lever les yeux au ciel.

Je quittais la voie rapide pour m’engager dans l’avenue qui menait à mon quartier résidentiel. Je baissais la vitre, inspirant à plein poumons l’odeur d’iode de l’océan mêlée à divers parfums fleuris. La nature du nouvel appel de Shane me surpris. Le fait qu’il s’inquiète des réparations de sa voiture et l’envoie chez son oncle – arrangement compris- me laissa sans voix. Je hochais la tête. « Je… oui. » Je lui lançais un regard empli de gratitude. « Merci. » Nous étions arrivés devant mon allée. J’y garais le pick-up, tandis que mon éclairage extérieur se déclenchait. Tout était calme, apaisant. On pouvait entendre le ressac des vagues sur la plage, cette dernière étant tout près. Fort heureusement, mes clés étaient demeurées dans le fond de la poche de mon jean, et non dans mon sac.

Je descendis du véhicule et alla ouvrir et désactiver l’alarme, attendant que Shane me rejoigne à son tour. Birdie nous observait nonchalamment du haut des escaliers. Une fois la porte d’entrée refermée et l’alarme remise en route, je sentais mes vannes dangereusement sur le point de céder.
Je me tournais vers Shane. Je n’avais pas changé d’avis sur le fait qu’il allait falloir panser nos blessures, mais d’abord nous devions nous ôter toute cette crasse de vermines qui nous souillait. Et le sang séché. Je défis mon corsage, le laissant choir au sol, et m’attaquais à son tee shirt, prenant soin de ne pas lui faire mal aux points sensibles, le cœur battant à tout rompre. « Avant toute chose, on a besoin d’une bonne douche je crois. » murmurais-je, effleurant du bout des doigts les ecchymoses sur son torse.  






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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyDim 23 Juin - 14:47



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Observer la route depuis le siège passager laissait à Shane une impression étrange, inconfortable, comme s’il roulait à l’anglaise. Lorsque Shane Burns montait dans un véhicule, une règle tacite statuait qu’il prenne le volant. Toujours. Et personne n’osait lui contester ce privilège.
Pourtant il se faisait conduire par une victime d’agression comme un coq en pâte, dans son propre pickup.
Ses appels téléphoniques atténuèrent les sentiments tourbillonnants de honte et de colère qui lui remuaient les entrailles. Enfin il reprenait les choses en main, clouait le bec à Kendra qui ne contesta aucune de ses initiatives. À son grand soulagement, le traitement des sujets pratiques s’étira sur toute la durée du trajet jusqu’à la belle demeure de Kendra, aussi bien assortie à sa propriétaire que la vieille bicoque malmenée de Shane.

Le flic descendit du véhicule en grondant, mâchoires serrées et babines retroussées tel un animal prêt à mordre. Au sommet des escaliers, le gros matou de Kendra fit volte-face et cessa de jouer les sentinelles. C’est ça, boule de poils, casse-toi. Shane ne se sentait pas d’humeur à supporter ses feulements. Entre eux le courant ne passait pas. Sauf en de rares occasions, imprévisibles, où l’animal se frottait contre lui avec une avalanche de ronronnements sonores. Leur relation chaotique mimait curieusement les rapports que Shane entretenait avec la maîtresse des lieux.

L’homme abîmé étira ses muscles raidis par l’effort, contusionnés par les chocs subis. Sa tête lui tournait un peu. Il endigua cette faiblesse passagère en la secouant vigoureusement. Bon sang, c’est quand même pas une p’tite baston de rien du tout qui va m’faire tourner de l’œil !
Il s’attarda dehors, inonda ses poumons de l’air frais, vivifiant du littoral. Après la bataille qu’il venait de livrer, la tranquillité quasi surnaturelle de l’endroit lui paraissait incongrue, décalée. La maison de Kendra était un havre de paix, un refuge, un nid douillet où il avait vécu de très beaux épisodes nocturnes.

Shane se rappelait les fins de nuit somptueuses, bercées par les mouvements de la marée et la joyeuse ritournelle des oiseaux. Il se remémorait la sensation de bien-être, chaque fois que pointaient les premiers rayons de l’aurore, le souffle chaud et régulier de Kendra caressant sa poitrine.
Seul le maudit clébard dont elle partageait la garde avec son ex-mari jouait parfois le trouble-fête. Boyd grattait alors la porte de ses pattes impatientes, mu par une curiosité qui le poussait à vérifier ce que sa maîtresse fabriquait avec un pitbull dans son lit. Ou alors il s’inquiétait de leurs remous, gémissements et cris qui fracassaient sans pudeur la quiétude de la nuit.

Shane rejoignit son hôtesse-infirmière à l’intérieur, ragaillardi et sourire aux lèvres.

— Ta baraque me fait toujours…

Parole étouffée sous le corsage jeté à même le sol. Langue clouée par les mains qui déjà lui ôtaient son t-shirt avec une délicatesse contrôlée.

À près de quarante ans, Kendra exhibait encore un corps à faire tourner les têtes. En tout cas celle de Shane, que les photos de mannequins en bikini laissaient pourtant dans une relative indifférence. Car l’important, pour lui, avait toujours été la manière de s’en servir. Une loi universelle qui s’appliquait à toutes les formes de corps à corps, du plus tendre au plus violent. Il avait découvert que Kendra savait employer le sien comme un formidable instrument de plaisir et de désir.
Shane attribuait ses qualités d’amante exceptionnelle à la personnalité forte et énergique de la femme libre, plus que jamais résolue à vivre depuis qu’elle avait frôlé la mort.
Aujourd’hui encore, après l’écueil qui aurait pu la briser, Kendra chérissait à nouveau la vie de ses mains entreprenantes, appelait au rapprochement éphémère de leurs âmes vagabondes.

— Et moi, je sais qu’on a tous les deux besoin d’un autre genre de soin, affirma le patient de sa voix rauque.

Saturé d’hormones après les événements de la soirée, le corps de Shane réclamait à grand cri des ébats intenses. Il sentait le désir couler dans ses veines, chasser douleur et lassitude. Ses oreilles entendaient déjà la clameur de leur jouissance, écho de leurs passions déchaînées.

Il leva le menton de Kendra entre deux doigts, écrasa sa bouche sur les lèvres douces et sucrées. Le violeur les avait-il effleurées ? Souillées de sa gueule abjecte ? L’amant engloutit sans hésitation la langue familière, qui rejoignait sa compagne gourmande pour une danse endiablée. Il effacerait toute trace de cette ordure. Enfoncerait le souvenir de son contact odieux dans les tréfonds du gouffre de l’oubli, à la force de ses bras ardents et de ses baisers fougueux.

Déjà Shane déboutonnait son pantalon avec fébrilité. Fit tomber celui de Kendra à ses pieds. S’attaqua aux derniers reliquats de leur pudeur.
Puis s’interrompit, frappé d’un malaise à la poitrine.

Non.

Shane crut d’abord à une affliction physique, tant le coup fut soudain, impérieux.

Non, pas comme ça, crétin.

Shane réalisa que la femme en face de lui n’avait pas seulement besoin d’assouvir un besoin physique, une pulsion charnelle. Ou crut le comprendre, guidé par sa conscience et l’amitié qu’il portait à sa collègue.
Il maîtrisa le feu cuisant qui lui consumait l’entrejambe. Enlaça Kendra avec tendresse. Frotta sa joue indemne contre la sienne.

— Je retire ce que j’ai dit, tout à l’heure, lui susurra-t-il à l’oreille. Tu es toujours belle à voir. Et tu seras délicieuse à croquer après une bonne douche.

L’amant enfiévré devint plus calme. Ôta leurs sous-vêtements avec langueur, plaisantant sur ses blessures,  félicitant Kendra sur le galbe affriolant de ses jambes. Quel était leur secret ? Il saisit les cuisses par l’arrière, souleva la femme mise à nu, colla sa poitrine contre la sienne.
La douleur sur son flanc gauche se réveilla ; Shane décida de l’ignorer.

Kendra lui paraissait si légère, si fragile. Comme un oiseau aux ailes brisées, qu’il désirait protéger et chérir dans la morne solitude de cette nuit squalide.
Elle glissa ses bras autour du cou solide de l’homme dévoué, croisa ses jambes derrière son dos musclé.

Lesté de son joli chargement de chair et d’os, Shane marcha à pas lents jusqu’à la salle de bain. Souriait à sa vis-à-vis de sa gueule tuméfiée, avec l’espoir d’en atténuer la laideur. La harcelait de baisers – moyen à coup sûr plus efficace.

— Je suis pas super doué pour les massages, dit-il en pénétrant dans la cabine de douche, mais t’es pas en droit de faire la fine bouche, ce soir.

Le pommeau cracha une eau tiède – à Miami, l’eau courante donnait rarement la chair de poule – qui glissa sur leurs peaux comme un baume purificateur.
Shane remplit la paume de sa main d’une giclée de gel douche, qu’il se mit à appliquer sur la poitrine de Kendra. D’abord avec gaucherie, puis une gestuelle plus assurée – une sensualité croissante.
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyMar 2 Juil - 16:13


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Le contact des lèvres de Shane sur les miennes m’électrisa toute entière. Elles étaient fermes, exigeantes, et chacune des cellules de mon organisme étaient unanimes et répondaient à cet appel impérieux du désir. Je répondais à son baiser avec la même ferveur, le même sentiment d’urgence. Je ressentais ce besoin vital de le toucher, de lui appartenir. Je me liquéfiais entre ses bras, brûlante d’impatience, fébrile.

Pourtant, depuis mon divorce avec Peter je menais une vie relativement sage et accès sur mon travail plutôt que sur mes fréquentations masculines. Il y avait eu cet avocat à Montréal. Rien d’explosif, ce fut même relativement froid si je puis dire. Il y avait eu quelques soirées avec Peter, en « souvenir du bon vieux temps », mais tout ceci était avant ma rencontre avec Léo Fortier. Puis il y eu le après. Le après à Miami. Et Shane. Entre nous, c’était électrique depuis un bail, mais sans jamais franchir la limite. Pas de mélange entre vie privée et vie professionnelle, c’était ma ligne de conduite jusque lors. De toute manière, nous ne pouvions rester ensemble plus de cinq minutes dans la même pièce sans nous balancer des piques à tout va. En revanche, dans le même lit….. çà pouvait durer des heures en parfaite symbiose. J’avais ainsi découvert une autre facette du pitbull. Et entre ses bras, je me découvrais plus femme que je ne l’avais jamais été, même avec mon ex-mari. Un comble s’il s’en faut. Ce que je ressentais pour Shane m’échappait totalement de par sa nature et son intensité. Et jusqu’à présent, je me refusais à tenter de l’analyser, sans doute par peur de ce que je pourrais découvrir. Je me contentais de vivre pleinement ces instants volés que nous pouvions partager comme en ce moment précis.

Soudain il se figea, et je me retins d’exprimer ma frustration, tandis que je reprenais mon souffle, le cœur au bord de l’implosion, frémissante d’impatience. Il aurait pu me prendre là, contre le mur, je l’aurais accueillit avec un plaisir décuplé. Au lieu de çà, il m’enlaça tendrement, et je me blottis contre lui, avide du contact de sa peau, de son corps, tandis qu’il me murmurait à l’oreille un mélange d’excuses et de compliments. J’avais tellement envie de lui, de le sentir en moi que çà en était presque douloureux. Mais Shane avait visiblement décidé de prendre son temps, et me mettait au supplice. « Si tu ne te dépêches pas un minimum, je vais me consumer sur place. » lui soufflais-je d’une voix mutine, tandis qu’il finissait d’ôter les dernières barrières de dentelle qu’il me restait et qu’il me soulevait dans ses bras. Je verrouillais mes chevilles dans son dos et m’accrochais à son cou comme si ma vie en dépendait. Ce qui n’était pas totalement faux dans un sens. Je répondais à chacun de ses baisers avec ardeur, jusqu’à ce qu’il me dépose dans la douche. J’admirais son corps musclé, tandis qu’il entreprit de me savonner. Le contact de sa main sur mes seins me coupa la respiration. Mes sens étaient décuplés, ma peau électrisée. Je me saisis du gel douche à mon tour, afin de lui rendre la pareille et laisser glisser mes mains sur son torse, son dos, émerveillée par cet homme qui m’appartenait pour cette nuit. « Moi je trouve que tu t’en sors très bien. » murmurais-je tout en lui mordillant l’oreille, avant de laisser glisser mes lèvres dans son cou. Je laissais mes mains s’aventurer plus bas sur son anatomie, tandis que je plaquais mon corps contre le sien tout en ondulant des hanches. Peu à peu, l’eau et le savon effaçaient les stigmates de ce début de soirée chaotique, entrainant avec eux sang séché et autres impuretés dans leur sillage. Je l’enlaçais, dos à la paroi de la douche, mon bassin s’appuyant contre le sien, comme pour lui montrer l’urgence que je ressentais en cet instant qu’il me possède toute entière. « Shane, je t’en prie… » hoquetais-je dans un râle. Je n’étais plus que sensations et désir, complètement déconnectée de la réalité. Seul importait nous deux.





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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyMer 3 Juil - 18:33



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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyJeu 4 Juil - 17:19


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« La prochaine fois, faudra essayer dans un lit. » soufflais-je, un brin provocatrice. J’espérais bien que cette prochaine fois serait dans un avenir extrêmement proche. Ma chambre était juste à côté. Et j’avais la ferme intention de profiter pleinement de cette nuit à deux. C’était étrange cette alchimie entre nous, dans l’intimité, alors qu’en dehors nous étions comme chien et chat. Shane était un excellent flic, mais un connard fini quand il s’y mettait. Pourtant, avec lui je pouvais laisser tomber les barrières, dévoiler mes faiblesses. J’avais entièrement confiance en lui et pouvait lui confier ma vie. Entre ses bras, j’en oubliai toute retenue. Et dans des moments comme celui là, j’avais l’occasion d’entrevoir le vrai Shane, sans sa carapace. Du bout des doigts, je parcourais les lignes abruptes de son visage, mon front contre le sien, savourant ces instants précieux. « Un penny contre tes pensées. » m’entendis-je murmurer. Une curiosité tout à fait féminine que de découvrir ce à quoi songeait un homme après le sexe. Les sentiments que je pouvais lui inspirer demeurait un mystère pour moi. Je devais compter un minimum pour lui, autrement il ne volerait pas ainsi à mon secours. Et pourtant, je lui étais clairement insupportable les trois quart du temps. Même si je devais admettre que je prenais un malin plaisir à le titiller également. Et dieu sait que je me donnais du mal pour çà !






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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyVen 5 Juil - 18:28



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Ils s’enlacèrent et Shane, reprenant son souffle, couvrit lentement Kendra de baisers dont la tendresse contrastait avec la fièvre de leur coït.

Pourquoi une femme comme Kendra, dont moult diplômes et lauréats tapissaient la belle demeure, s’accordait si bien sexuellement avec un molosse comme lui, cela restait pour Shane un mystère.
Il imaginait davantage Kendra amatrice d’intellos en costard, à grignoter de la bouffe de riche autour d’une bouteille de vin, dissertant d’élucubrations scientifiques auxquelles il ne comprenait rien. Passer des nuits sages et ennuyeuses avec monsieur Tête d’ampoule, se livrer deux fois par an à des jeux érotiques débiles dont raffolaient les nantis.
De même, la blonde n’était pas le genre de femme avec qui Shane s’acoquinait jadis. Elle tirait une grande fierté de son job à la con (un artisan boucher en savait plus qu’elle sur les os…). Le faisait constamment chier avec des conneries dont il n’avait rien à foutre dès qu’ils avaient le malheur de se croiser. Kendra l’exaspérait.

Et pourtant…

— J’ai encore les couilles en feu, et tu m’parles de remettre le couvert alors que ton pieu se trouve juste à côté. À quoi j’pense, à ton avis ?

Si Kendra espérait tirer des idées romantiques de son amant du soir, elle courait à la déception.
Shane ne s’encombrait jamais de mensonges, des mots doux et creux que prononçaient certains hommes pour charmer leurs partenaires. Les rendre accros avec des citations de romans de gare. Quand il disait quelque chose, critique ou compliment, c’est qu’il le pensait vraiment.
Et Shane réfléchissait peu.

Il coupa le robinet de la bouche, ouvrit la cabine et arracha une grande serviette. Commença à essuyer Kendra de pied en cap.
Évidemment il prenait son temps, s’attardait plus encore sur les zones érogènes de son anatomie, dessinait de lentes circonvolutions dès qu’il sentait la chair se tendre sous le tissu. Ce qui arriva à maintes reprises.

— J’ai p’tête pas un doctorat, madame l’anthropologue, mais je sens quand ma soi-disant infirmière a envie de tripoter les muscles d’un homme à la place de ses os pourris.

Collé au dos de Kendra, Shane glissa avec assurance la serviette entre les cuisses tandis qu’à l’autre extrémité, son autre main empoigna un sein encore ferme. Il huma le parfum fruité de ses cheveux – Kendra savait choisir son gel douche –, puis la flagrance subtile de son cou. Pourquoi les femmes dégageaient une odeur ennivrante après l’amour, c’était un autre mystère qui échappait totalement à sa maigre compréhension.

— C’est le flair du policier, tu vois. (Il lècha quelques gouttes résiduelles au creux de son cou, puis lui mordilla l’épaule.) Même votre intuition féminine peut pas rivaliser, à c’qu’on raconte.

Une fois le séchage terminé, Shane confia la serviette à Kendra afin qu’elle lui rende le même service.

— Et j’ai l’impression que ça faisait longtemps, qu’un homme t’avait pas apporté du plaisir. Pourtant t’as l’air de rudement apprécier. Alors pourquoi ?

Déformation professionnelle d’enquêteur à la criminelle, inquiétude pour cette peste à qui il restait malgré tout dévoué, ou simple curiosité, la question était partie toute seule bien que la vie affective de Kendra ne le regardait pas.
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyJeu 11 Juil - 15:32


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Je profitais de cet instant de répit, nimbée dans une sorte de félicité – merci les endorphines – savourant la tendresse dont faisait preuve désormais Shane. Je me sentais vidée, déconnectée. Je me sentais bien, tout simplement. Mon apollon me fit comprendre dans une verve digne des plus grands poètes de ce monde qu’il songeait à un second round lui aussi. Je ne pus m’empêcher de sourire. Shane avait un franc parlé brut de décoffrage bien à lui, pouvant heurter les oreilles sensibles, ce qui fort heureusement n’était pas mon cas, loin s’en faut. Lorsque je me rendais à Montréal, ce langage contrastait par ailleurs fortement avec celui de mon chef au Laboratoire des Sciences Judiciaires et de Médecine Légale, le Dr Pierre LaManche, qui lui exerçait un français châtié, choisissant ses mots avec grand soin.

      « — J’ai encore les couilles en feu, et tu m’parles de remettre le couvert alors que ton pieu se trouve juste à côté. À quoi j’pense, à ton avis ?
— A trouver un extincteur ? » répliquais-je, pince sans rire.

Fini la douche, Shane entreprit de me sécher d’une manière plutôt….langoureuse. Il connaissait mon corps par cœur, s’attardant sur les zones sensibles, éveillant aussitôt en moi de nouveau des papillons dans le ventre. Je sentais mes jambes faiblir par moment, me laissant aller contre lui, mon dos contre son torse. Tripoter des os pourris ? Mmmhh….

     « —  Pour ta gouverne, çà ne pourrit pas un os. C’est pourquoi on trouve des squelettes qui ont des millénaires… » Ma voix se voulait ferme voire sarcastique, en vain. Les caresses que me prodiguait mon amant me faisaient perdre pied, et cela se traduisait par des trémolos incontrôlés. Le contact de sa main sur mon sein et sa langue dans mon cou réduirent à néant mes dernières pensées.  Sans compter sa façon de me sécher l’entrejambe. J’avais bizarrement de nouveau trop chaud.

Shane me tendit la serviette afin que je lui rende la pareille. J’avais bien l’intention de le mener au supplice à son tour. Je commençais par son dos et son torse, avec délicatesse sur les zones meurtries, veillant à ne pas lui faire mal. Je suivais avec délectation le contour de ses muscles, m’attardant parfois sur le dessin d’une cicatrice.  C’est alors que la voix de mon compagnon déchira le silence quasi religieux qui s’était instauré entre nous. Perspicace le bonhomme. Effectivement, ma vie sexuelle  - et sentimentale il faut bien le dire – était plus que calme ces temps-ci. Et oui, j’aimais le sexe. Alors pourquoi ? Oui, pourquoi ? Mes mains se figèrent un instant au niveau de ses hanches, tandis que je relevais mon visage vers le sien afin de croiser son regard.

  «  —  Peut être parce que j’aime choisir mes partenaires triés sur le volet. Je suis difficile moi m’sieur. D’ailleurs je prépare ma retraite de vieille fille, j’ai déjà un chat. » Je haussais un sourcil. « Et en prime… je pourrais te retourner la question ? » Mes mains glissèrent lentement un peu plus bas. « A force de côtoyer des flics, je commence à avoir du flair moi aussi.» Mes dents taquinèrent sa pomme d’Adam.
Plutôt m'arracher une dent que d'avouer que si je ne fréquentais personne depuis un moment déjà - en dehors de nos ébats ponctuels - c'était tout simplement parce que les autres hommes que je venais à rencontrer n'étaient pas lui. Il m'énervait et m'attirait inextricablement, un véritable pôle magnétique. Et je ne savais fichtrement pas pourquoi je réagissais ainsi avec lui et pas un autre.






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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyDim 14 Juil - 14:52



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— Oh oh. Tu sais que t’es une marrante, quand tu t’y mets ?

C’est à dire les rares moments où elle s’abandonnait à lui – à moins que ce fut l’inverse. Le reste du temps, Kendra faisait chier son monde et donnait envie de l’étrangler. En tout cas, c’était l’image que ses gants en latex inspiraient habituellement à Shane.

Entre deux rires et une autre blague située au niveau de la ceinture, « cette histoire de feu aux couilles et d’extincteur m’a donné envie d’un barbecul », Shane enserra Kendra et posa ses lèvres sur l’une de ses joues.

Il éprouvait un immense plaisir à caresser son amante – le séchage n’était qu’une conséquence pratique de la manœuvre –, à sentir les contractions de ce corps familier sous ses mains provocatrices, sensuelles. À l’image du désir, le bonheur de l’instant présent se propageait comme un feu de prairie d’une personne à l’autre.
Une chaleur agréable réchauffait la poitrine de Shane, apaisait les afflictions de son thorax blessé. L’homme était un cogneur, un bagarreur. Pourtant le plaisir de se battre lui paraissait bien terne face à la gratification de satisfaire une femme. De la rendre heureuse.
Est-ce qu’il se ramollissait ?

La réplique de Kendra sur la pourriture des os aurait suffi à amorcer une dispute, en temps ordinaire. Cette fois Shane se montra joueur, répliquant sur le ton de l’hilarité.

— Mouais. Si les clébards veulent pas les mâcher, tes os millénaires, c’est qu’ils doivent avoir le goût… (Shane avait vu pas mal de fractures ouvertes au cours de sa vie, avait lui-même brisé pas mal d’os, sans jamais avoir la répugnante idée d’y glisser la langue.) … le goût d’os pourri ! Appelle ça comme tu voudras. Les cleps, ils savent c’qu’ils font. Même un vieux sac à puces en sait plus que tes microscopes à mille dollars.

Shane, quant à lui, aimait le goût d’une peau tendre. Il savoura une dernière fois celle de Kendra, puis lui remit la serviette.

Le flic n’avait jamais l’occasion de se faire bichonner. Il avait de nombreux amis, de la famille, mais personne ne prodiguait de soins à son corps malmené par les entraînements aux sports de combat et les arrestations musclées. Sinon à l’hôpital, quand il était trop tard. Le reste du temps, il se rafistolait lui-même.
Ses yeux le piquèrent lorsque Kendra passa derrière lui, glissa la serviette avec un mélange d’audace et de douceur, avec d’infinies précautions sur les hématomes et contusions qui attendaient le moment de le harceler, telles des créatures de malheur tapies dans l’ombre.

Bordel, je vais quand même pas me mettre à chialer !

Kendra bascula à l’avant et Shane reprit sa contenance habituelle. Hors de question de paraître faible, vulnérable. C’était un réflexe, une question de survie : les faibles se faisaient bouffer – se faisaient buter. Et les vrais mecs ne pleurent. Boys don’t cry, lui avait asséné sa mère, jusqu’à ce que ses yeux de petit garçon s’assèchent totalement.
Shane se sentit néanmoins très faible et vulnérable lorsque la serviette essuya le contour de ses hanches, approcha son intimité. Sa virilité était passée du sabre de cavalerie fièrement brandi au vieux soldat rabougri, mais cela n’entravait en rien les sensations du contact charnel.

Alors, Kendra ? Pourquoi cette apparente solitude ?
Partenaire trié sur le volet ?

— Attends, je rêve ou tu viens d’me faire un compliment ?

Shane allait se fendre d’une boutade quand son amante le pris au dépourvu en lui retournant la question. Quand ses mains titillèrent le soldat rabougri, subitement revigoré, tandis qu’elle accrochait son regard.
Il déglutit.
Combattre une montagne de cent vingt kilos était plus facile que résister au défi d’un tel regard !

— Moi, j’pense pas à la retraite. Et les chats qui s’aventurent près d’chez moi, ils finissent dans la gueule des alligators. C’est p’têt pour ça que j’tâte pas souvent des minous.

Sourire amusé du poète en herbe.
La véritable raison, Shane l’ignorait lui-même. Pris par le travail, les services rendus à ses proches, il était devenu vieux garçon sans même s’en rendre compte.
Comment dire à Kendra qu’il avait perdu le goût de séduire, l’envie de rapports sexuels après la folle soirée qui les réunissait ? L’excuse ne tenait pas debout.

— De toute façon, les confidences se font sur l’oreiller à c’qu’on dit, pas dans les cabines de douche. En tout cas, on peut dire que le sevrage nous réussit tous les deux…

Joignant l’acte à la parole, Shane jeta la serviette humide et entraîna la propriétaire des lieux jusqu’à sa chambre. Leurs corps enlacés tournoyaient, leurs lèvres distribuaient des baisers en abondance.
Birdie les regarda traverser le couloir d’un œil fatigué, puis se roula paresseusement en boule dans un confortable fauteuil. Shane crut le voir secouer la tête avec langueur, l’air de dire « ah la la, ces humains… ». Puis il se ravisa : cette stupide boule de poils ne connaissait rien aux affaires humaines, déjà trop compliquées pour les humains eux-mêmes.

Arrivés dans la chambre, Shane souleva Kendra, la déposa précautionneusement sur le lit telle une princesse de minuit. Une princesse nue, dont il observa avec gravité le corps irradiant de chaleur.

— Tu sais, Kendra, tu pourrais trouver mieux que moi. Un mec bien, j’veux dire. T’es encore jolie, attirante, mais ça va pas durer éternellement. Dans ta liste de partenaires triés sur le volet, y’en a pas un qui est de meilleure compagnie que ton foutu chat ?
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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyDim 14 Juil - 16:57


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De la pomme d’Adam, mes lèvres ont remonté jusqu’à sa mâchoire inférieure, en suivirent la courbe, afin de se perdre au niveau de son lobe d’oreille. J’aimais ces rares moments où nous étions en symbiose, où dans une sorte de trêve tacite, des échanges légers et taquins se disputaient à la passion et la tendresse mêlées. Bien loin de moi l’envie de m’agacer lorsque Shane ironisa sur les qualités gustatives des os millénaires.

« J’avoue. Mes microscopes n’ont pas d’odorat. » marmonnais-je, ma bouche contre sa peau. J’étais fascinée par le pouvoir que je semblais détenir sur cet homme, ce roc de la nature, qui n’hésitait pas à foncer tête baissée dans une horde de junkies armés, mais qui frémissait sous mes caresses. J’aurais tellement aimé parvenir à abattre complètement cette carapace qu’il s’était forgé. Mais si j’arrivais parfois à la fissurer, jamais elle ne s’effondrait réellement, à mon grand regret. Pour l’heure, occupée à ma lente exploration de ce corps masculin, je m’émerveillais de ses réactions les plus primaires. Je sentais ses muscles tressaillir sous mes doigts, et sa respiration se suspendre par moment, ou bien se faire plus profonde. Attention ma vieille, tu te diriges vers un terrain glissant. Sans vilain jeu de mot. La dernière fois que j’avais pris autant de plaisir à m’occuper d’un homme, je l’avais épousé. Je savais pertinemment que je courais sur une corde raide avec Shane, que l’attirance que j’éprouvais pour lui n’était que la partie émergée de l’iceberg. Mais je me refusais à mettre des mots sur ce que je ressentais, je faisais un blocage quant à identifier mes émotions à son égard. Lâcheté, peur de souffrir ? Instinct de survie ? Cet homme était tellement inaccessible, du moins en apparence, que je redoutais de m’y brûler les ailes, c’est certain.

« Mmmh, un compliment ? Possible… » Mon audace le prit visiblement au dépourvu, si j’en croyais le regard interloqué qu’il me lança. Je vis sa pomme d’Adam faire un va et vient. Etais-je parvenue à mettre mal à l’aise Shane Burns le pitbull ? Il s’en tira d’une pirouette, un mélange d’alligator et d’un jeu de mot « félin », faisant taire momentanément mes interrogations sous ses baisers, m’entraînant direction la chambre, étroitement enlacés. A l’instar de sa virilité qui avait retrouvé toute sa fierté, mes reins étaient de nouveau en feu. Il avait vraiment un effet dévastateur sur ma libido. Dévergondée va ! semblait vouloir dire Birdie, en nous observant d'un air blasé.

Shane rompit le contact en me déposant sur le lit. Je sentais son regard brûlant sur ma peau, le souffle me manquant subitement face à son intensité. Qu’attendait-il pour me rejoindre ? Alors que je m’apprêtais à tendre la main vers lui, ses paroles me laissèrent un instant sans mot, décontenancée par sa soudaine gravité. N’avait-il donc pas conscience qu’il était lui aussi un « mec bien » ? Mieux que lui ? Et si je n’en avais tout simplement pas envie ? Et si je n’aimais pas la perfection justement ? Croyait-il vraiment que j’avais établi une liste des meilleurs partis m’entourant, sélection à l’appui ? Je roulais sur le côté, et attrapais sa main pour l’encliner à s’allonger à mes côtés. Je me rapprochais de lui, apposant une main sur son visage anguleux.

« Tu ne crois pas qu’en tant qu’emmerdeuse patentée, je me ferais royalement chier avec Mr Parfait ? » Je plongeais mon regard dans le sien, tentant d’en sonder les abysses. « En attendant tu n’as toujours pas répondu à ma question. » Je me collais un peu plus, mes seins frôlant sa poitrine en une douce caresse. « Tu es un mec bien Shane, n’en doute jamais. La preuve, malgré tes envies quotidiennes de m’étrangler, tu voles à mon secours la nuit venue.» Sans attendre de réponse de sa part – je ne voulais pas non plus qu’il se sente acculé par mes états d’âme – je repartis à l’exploration de son corps, mes lèvres supplantant mes mains.  



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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyLun 15 Juil - 18:31



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Shane se laissa entraîner sans résistance sur le lit confortable, assez grand pour accueillir le déchaînement de leurs fougueux ébats, suffisamment étroit pour forcer l’intimité. Un nid parfait, selon les critères de Shane qui appréciait aussi les claquements de la tête de lit contre le mur.

Il écarta une mèche de cheveux blonds, encore légèrement humides, qui menaçait de couvrir l’œil de son amante.

— Tu sais, si j’avais su qu’tu passerais aux aveux, emmerdeuse patentée, j’aurais emporté un magnéto. Et ensuite, j’aurais repassé l’enregistrement chaque fois que tu nous tapes sur le système.

Shane parlait évidemment d’un magnétophone à cassettes, un de ces vieux modèles analogiques qui se vendaient encore quinze ans plus tôt. Il avait d’ailleurs profité des ultimes déstockages pour s’en constituer un stock à un tarif imbattable.
Hors de question pour lui d’utiliser les outils numériques dont on ne voyait même pas la bande magnétique. Encore moins un smartphone qui lui filait déjà de l’urticaire pour passer un simple coup de fil.

Il s’apprêtait à en rire lorsque la divorcée revint à la charge.

Les femmes et leurs questions… les questions qui faisaient réfléchir à des sujets auxquels Shane n’aimait pas réfléchir. Et comme un con, c’était lui qui avait inauguré le bal. Scié la branche sur laquelle il était assis.
Il lui suffisait pourtant de profiter du moment, de jeter toute son énergie dans leur corps-à-corps amoureux, puis de repartir le lendemain matin avec un agréable sentiment d’allégresse dans le pantalon.
Une simple nuit de bonheur, sans complications.

Comme au bon vieux temps.

Sauf qu’on était plus au bon vieux temps, à l’époque où les filles minaudaient autour du bad boy de New York à la réputation de tombeur. Des prétendantes que Shane se faisait alors un devoir de toutes satisfaire. Après tout, n’avait-il pas juré de protéger & servir ?
Cette époque lui paraissait tellement loin à présent… et le regard insistant de Kendra le tirait de sa rêverie.

— Je sais de quel côté d’la barrière j’me situe, Kendra. T’inquiète pas pour ça. Mais…

Shane sentait les pointes durcies des seins contre sa poitrine, la douceur des lèvres qui cajolaient à présent sur son corps.

Et puis merde…

Il glissa un bras dans son dos. La pressa contre lui, comme pour marquer son intention de la faire sienne, le temps d’une nuit.

Les discours n’avaient jamais été son fort. Pas plus que les nœuds au cerveau.
Deux adultes sans attache qui se désiraient et prenaient du bon temps ensemble : la situation n’était guère plus compliquée. Shane n’avait aucune raison de chercher plus loin.

Alors il se délecta de la peau parfumée. Mordilla l’épaule nue à la manière d’un fruit savoureux que l’on goûte. Grogna de satisfaction.
À l’intérieur de leurs poitrines serrées, soudées l’une à l’autre, leurs cœurs battants s’élançaient dans un assaut sauvage. Un galop rapide qui essayait de s’accorder pour rendre la ballade plus harmonieuse, plus intime.
Il glissa sa main libre dans les longs cheveux blonds. Tira dessus ; imposa de détacher la bouche qui réjouissait son corps. Scella aussitôt leurs lèvres. Pactisa en nouant leurs langues avides.
Pacte muet de jouir l’un de l’autre, dans la simplicité de leurs désirs partagés.

Comme au bon vieux temps, en fin de compte.


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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptyJeu 18 Juil - 19:02


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La vision d’un Shane, magnéto à la main, me suivant dans les locaux du MPD en repassant en boucle ma voix s’imposa à mon esprit, brièvement, avant que je ne chasse l’opportune. J’hésitais entre effroi et rire. Parce qu’il en serait capable le rosse. Je savais que mes questions le mettait à mal, il n’avait pas pour réputation de déverser ses émotions, encore moins de faire dans la guimauve. Les barrières qu’il avait érigé autour de lui pour se protéger étaient en béton armé. Sauf pendant nos ébats.

— Je sais de quel côté d’la barrière j’me situe, Kendra. T’inquiète pas pour ça. Mais…

Mon exploration sensuelle fut interrompue par mon amant,  qui chercha avidement mes lèvres. Je répondis à son baiser avec ferveur, mue par un désir primaire et charnel. « Qui te dis que j’ai besoin de plus ? » répliquais-je malgré moi entre deux baisers. Shane se dépréciait selon toute évidence. Il avait des défauts, comme tout le monde, moi la première. Mais de là à prétendre qu’il n’était pas assez bien pour moi ? N’était-ce pas à moi d’en juger ? Je n’insistais pas dans l’immédiat, et un gémissement langoureux m’échappa tandis que je sentais son érection peser sur mon entrejambe en feu et qui titillait adroitement un de mes mamelons tendu à l’extrême. Je mis mon cerveau en position « off », laissant mes sens s’exprimer à la place. Il n’y avait pas à dire, nos ébats avec Shane avaient quelque chose d’explosif. Rien de comparable à mon compteur en tout cas, même si j’avais pris beaucoup de plaisir par le passé avec mon ex-mari.




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Message () Sujet: Re: Piège en os troubles ft. Shane   Piège en os troubles   ft. Shane EmptySam 20 Juil - 10:20



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