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 chill, it's only chaos ( yashem )

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Message () Sujet: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyVen 14 Juin - 17:40

chill, it's only chaos
@Yashem Adler-Knight

Le temps est lourd. Lourd à en friser l’orage. Il assomme les hommes et les bêtes, mais pas suffisamment fort pour faire oublier à Livio que son corps réclame à grands cris sa dose. Tout est moite, il exècre ce temps qui rend même pénible le moindre effort. Le ciel finira par crever c’est certain, et il se persuade qu’il ferait mieux de se secouer avant que ça n’arrive. De partir en quête du saint graal de la lente agonie avant qu’une averse lave les rues et sa carcasse par la même occasion. Trouver une force mystique pour sortir de chez soi, sortie de nulle part ou peut-être du fin fond de ce qu’on appelle l’instinct de survie. L’aspect retord de la drogue réside dans sa capacité à mettre à genou, à devenir vitale au point le corps court à sa perte, qu’il continue ou qu’il se sèvre. Parasite puissamment logé dans des entrailles.
L’esprit encore embrumé il erre dans les rues les moins fréquentables. Dix ans qu’il va et vient dans les pires coins de la vie, sans l’ombre d’une appréhension, à raser les murs, à être transparent, muet. Observateur de la vie des autres. Il trouve son bonheur – si tant est qu’on puisse appeler les amphétamines comme ça – et oublie l’idée de faire des courses comme une personne adulte et sensée, prêt à retourner se cacher dans son terrier sans délai. Programme idéal de toxicomane un jour de repos.

Pourtant du coin de l’œil, le drame : capter une forme connue. Embrayer un fil de réflexions, relever le nez, scruter l’autre côté de la rue à la recherche de ce qui a pu faire émerger un brin de cohérence dans son crâne en manque de sommeil. Une fois, deux fois, l’attention va et vient, détaille les visages de ceux qui vont et viennent les mains dans les poches, le pas rapide ou le pas lent. Et puis dans le lot, cette tête connue. « Fait chier. » marmonne l’étudiant en médecine entre ses dents. Pas qu’il l’aime pas ce môme, mais plutôt que maintenant qu’il l’a aperçu il sait que son planning rempli de néant vient de changer. Yashem. Même au comble de sa lassitude il ne pourrait pas se résoudre à le laisser traîner seul dans cette partie de la ville. Fait chier parce qu’il faut redevenir un adulte. Être responsable. Sauver Willy. Ne pas le laisser ici, ne pas le laisser prendre des risques stupides. Intervenir tout court. Il traverse la rue sans tourner le regard. Sa mère en serait encore plus folle si elle savait qu’elle avait engendré un irresponsable pareil, presque suicidaire, même si la mort donnée par quelques tonnes de carrosserie ça ne sera pas pour aujourd’hui. « Yashem ! » crie-t-il pour interpeller le lycéen et s’éviter de devoir lui courir après. C’est un gentil gamin. Qui brasse un peu ses entrailles dans sa façon d’être, comme s’il sortait des cadavres du placard d’un simple regard franc.

Il lui tape sur l’épaule en lui servant un sourire. Miracle. Incroyable de voir comme une présence tiède peut suffire à ramener un peu de vie dans ses prunelles décharnées. « Qu’est-ce que tu fous là. Tu devrais pas traîner seul par ici. » Sa voix lui parvient comme un écho et il réalise. Il réalise à quel point il est mal placé pour faire la morale, pour venir donner des leçon à grand coup de pseudo autorité de vécu. Le jeune homme secoue mollement la tête pour chasser cet élan premier. Comme si Yashem lui devait la moindre justification. Avec sa majorité approchante, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire l’avis de quelqu’un qui n’était personne. « Tu veux rentrer avec moi ? C’est pas l’Hôtel Ritz, mais t’es le bienvenu, je tiens pas à prendre ma garde dans douze heures et te retrouver sur un brancard aux urgences. Tu peux rester autant que tu veux. Deal ? » Une main maladroite passée dans ses cheveux en pensant aux fringues qui traînent sans gêne dans le salon, à son frigo qui ne transpire pas vraiment le repas frais et sain ou à ses clopes qui traînent sur la table basse. Pas vraiment un milieu idéal pour un adolescent. Sous couvert d’une proposition polie il sait qu’il ne lui laissera aucun choix. Que s’il refuse il l’accompagnera dans son errance. Il n’est pas responsable du gamin, mais quelque chose le pousse à vouloir limiter la casse comme un sursaut de conscience qui signifierait je vais te surveiller pour que tu ne finisses pas comme moi.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyVen 14 Juin - 22:57

L’arrêt du bus qui s’est marquée il y a quelques temps déjà, aucune idée d’un chiffre valable. Pas la destination escomptée en tous cas, si l’adolescent se réfère à ce qu’il s’est entendu raconter plus tôt dans la journée – lui qui a vraiment tenu à aller au karaté, comme il l’a dit, mais qui en chemin s’est perdu dans ses pensées. Aucune idée de la durée de la dissociation qui l’a conduite ici, sincèrement de quoi s’en fustiger à l’aube de la dan fraîchement passée,  juste une impossibilité totale de se remettre en route vers une direction plus appropriée. L’impression de ne pas être vraiment présent depuis quelques heures, les gestes automatiques qui se perdent dans sa propre incompréhension, lui qui n’est certainement pas capable de se donner de meilleures indications. C’est l’idée de blâmer le dernier procès qui lui vient en tête pour s’expliquer une telle lenteur d’exécution, un mois depuis le début du procès et la première audition au poste de police qu’il avait pourtant à ce point tenté d’éviter – la promesse faite à sa famille que ça irait, sans que la logique même suive. Bien sûr que ça ne serait pas le cas. Leurs grandes tailles d’adultes, les badges et cette odeur d’insécurité qui ne peuvent pas faire sortir la vérité, et un blocage terrible alors que les questions se sont multipliées. Ils ne seront pas de son camp. Ils ne chercheront pas à savoir ce qu’il s’est passé. Il ne devrait rien faire ici et il est en danger. Yashem qui s’est à nouveau précipité dans les situations qui l’avaient rendu muet.

Un regard vers la route, l’impression qu’il devrait chercher quelqu’un, le bus qui est parti depuis longtemps et même pas l’idée de pouvoir s’arrêter au bon endroit une fois de plus. Il y aurait forcément l’un des enfants de l’asphalte ici, eux qui comprendraient, ou au moins ne chercheraient pas à le faire, le silence des traumatismes répétés et l’impression de ne pas être tout seul avec sa croix à porter. Eux qui sont bien plus abîmés, pas de couples pour les prendre en main et leur offrir absolument tout ce qu’ils pourraient donner, les consommations de stupéfiants dont il s’est toujours tenu éloigné, certainement parce qu’il aurait toujours fait partie des premiers à se faire attraper – et par volonté de ne de pas décevoir les parents qui avaient eu la sympathie de l’adopter. Juste l’impression d’en être plus proche que des jeunes avec qui il partagerait ses deux prochaines années d’études, de ne pas pouvoir rester avec autre chose que des rescapés à l’heure qu’il est. L’appel qui s’entend du bout de la rue, et son air hagard qui se tourne avec un certain retard, le temps que l’information remonte et une lenteur insupportable pour tout interpréter.

- Liv, qui finit par sortir alors qu’il ne s’entend même pas le dire, sale impression d’être soi-même hanté, alors que le plus vieux approche rapidement, apparemment pas envie de le rater. Les propos qui sont risibles, en soi. Yashem qui n’a pas à apprendre le danger puisqu’il l’a décidé, les anciennes vies dont il est revenu comme garantie qu’il n’en mourrait jamais. Fausse impression que ce n’est pas si dangereux pourvu qu’on en parle la langue et qu’on sache réagir suffisamment rapidement, que ce serait l’aîné dans un état probablement second qui aurait le plus à risquer. - Je ne savais pas qu’il fallait un âge spécial pour se rendre seul au karaté, tout en sachant qu’il capterait sans doute que ce n’était pas la bonne route, sans vouloir plus qu’autre chose s’en préoccuper. Les yeux qui croisent les siens en espérant que l’alibi fonctionne, histoire de regagner au travers de son regard une forme de crédibilité. - C’est pas forcément mieux pour toi non plus, tu sais. Et la certitude que c’est vrai. L’un qui a plus de chances de se faire racketter que l’autre, et cette fois-ci rien à voir avec l’apparence aisée. Yashem qui pourrait dans le doute passer pour le petit frère d’une de ces personnes à ne jamais emmerder, et Livio comme le fils de un peu paumé à qui papa a beaucoup d’argent à donner, sans que les faits soient véridiques pour l’un comme pour l’autre.

La proposition qui lui apporte tout le réconfort du monde en même temps qu'il s'en étonne, aucune idée vraiment de ce qui a pu convaincre Liv maintenant de traverser la route - résolu à l'idée ne pas philosopher sur l'état qu'il devait présenter. Une main dans les cheveux désordonnée, toute la compassion dont le résident serait capable dans un geste qui lui donnait enfin un sens des réalités, d'être là, maintenant, pas ailleurs, pas coincé il y a quelques années. - Je suppose qu'à la base, tu étais ici pour quelque chose d'autre que pour espérer tomber sur moi, prononcé d'un ton calme mais définitif, Yashem qui n'a sur ce point rien à lui offrir et qui ne sait que trop ce qu'il arrive aux personnes qui se mettent en travers d'un usager et de quoi le soulager, même inconsciemment, même en étant suffisamment proches. - Y a eu la première audition, ils ont posé vraiment beaucoup de questions. L'adolescent qui reste vague sans vraiment vouloir préserver l'énigme, juste une façon de se protéger en forçant son esprit à moins y penser, les mots qui restent enfermés entre la gorge et les poumons, depuis longtemps coincés. Pas de réponse en soi pour un départ vers l'appartement qui lui est depuis familier, juste une docilité extrême partout où il voudrait l'emmener, parce qu'il serait en sécurité - et que si ce n'était pas vraiment le cas, il s'en sortirait.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptySam 15 Juin - 11:09


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@Yashem Adler-Knight

La partie de ping-pong n’est pas mauvaise mais Yashem oublie sans doute que son interlocuteur a inventé des mensonges bancals bien avant lui. Un sourire amusé étire pourtant ses lèvres. Bien tenté. « Le karaté. Ici. Et ça s’appelle Fight Club ? » Ironie du bout des lippes, plaisanterie sans aigreur pour souligner qu’il est drogué, pas idiot. Mais le gosse aurait aussi bien pu lui dire de se mêler de ce qui le regarde. Pas complètement faux mais comme tout futur médecin rongé par le syndrome du sauveur, peu de chance que la conversation aboutisse sur une séparation de corps sur une trajectoire opposée, chacun retournant à ses non-occupations. Touché, coulé. Pas forcément mieux pour toi non plus. Il ne doit pas être mauvais en arts martiaux le salaud, qu’il grogne intérieurement. Un sourcil se soulève alors que l’autre s’abaisse dans cet air à mi-chemin entre l’interrogation et la désapprobation. Mais la pente est savonneuse, Livio le sait. Evidemment que ce n’est pas forcément le meilleur endroit sur terre. Qu’il pourrait passer pour cette jeunesse dorée désabusée qui se défonce chaque soir dans une villa différente avec vue sur l’océan, pieds dans le sable. Le petit américain à la jolie vie, aux gentils parents et au portefeuille dans la poche arrière gauche de son jean.
Mais rien de tout ça n’est réel, et s’il sonde sa poche il n’est même pas certain de trouver un peu de monnaie. C’est aussi ça, rôder ici. Apprendre à vivre léger. A ne jamais rien posséder de façon ostentatoire. Rester en t-shirt même sous la pluie battante. « Mais toi tes parents mettront le feu à la ville s’il t’arrive la moindre égratignure. Et je préfère de très loin avoir des emmerdes ici plutôt que prendre tes parents sur la tête alors discute pas. Tu traînes chez moi si tu veux traîner, mais je ne veux plus te voir ici, seul. Tu trouveras bien une autre façon d’aller au karaté. » Ses parents n’avaient jamais été dur avec lui, pas un souvenir d’un mot plus haut que l’autre. Des encouragements, des discussions posées mais jamais de dispute, jamais de reproches, jamais de colère entre eux. Alors il se sent incapable de secouer le gosse, de lui passer un vrai savon même sous le coup de l’inquiétude de le voir seul par ici, biche au milieu des loups aux dents un peu longues. Il peut faire illusion, mais combien de temps peut tenir le masque ?

Ses pensées vagabondent, déjà prêt à traîner le gamin s’il le faut jusqu’à chez lui lorsqu’il lui porte le coup de grâce avec cette décontraction maladive. Livio répond par un grognement défensif. Ils savent tous les deux de quoi il est question. C’est irritant, désagréable. Le caillou dans sa chaussure. Evidemment qu’il a besoin de sa dose. Evidemment qu’Yashem n’a pas été inscrit au planning du jour. Mais il préfère de loin les non-dits. La fausse innocence qui pousse à faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. C’est son quotidien, donner le change, nier, dire que ça va, qu’il est juste fatigué, qu’il a besoin de dormir. Ce n’est pas faux. C’est même sacrément vrai, mais les amphétamines ruinent tout potentiel sommeil réparateur. Des bribes de sieste par ci par là. C’est le serpent qui se mord la queue. En prendre pour être plus performant, plus concentré, puis sombrer dans le délire inverse, ne plus parvenir à dormir, ne plus parvenir à s’en passer, en prendre pour être simplement un peu moins mort de l’intérieur tout en sachant qu’à court terme il va y avoir un problème.
Et l’adolescent lui jette ça à la figure sans coups, sans cris, mais le calme peut être tout aussi violent. « T’occupes. » C’est tout ce qu’il trouve à replacer. Parce tout ça est trop vrai pour lui, pour qu’il l’accepte de but en blanc au milieu d’une rue grisâtre. Et puis tout ça n’a aucune espèce d’importance. Yashem dans le blanc des yeux, mais les pilules de la mort dans le fond de la poche. Mauvaise équation mais résultat gagnant à tous les coups. L’étudiant en médecine sonde le môme, à la recherche d’information supplémentaire non verbale. Ca lui rappelle qu’il a pas eu une vie facile jusque-là. Qu’il mériterait d’un peu de calme dans sa tourmente au lieu d’avoir un procès comme l’épée de Damoclès au-dessus de sa jolie tête. « Et il y en aura sans doute encore beaucoup d’autres, des questions. Viens. » D’un mouvement de tête il indique la direction de l’appartement. Il n’est pas celui qui déploie milles phrases banales visant à rassurer. Pas de stupide ça va aller. Il vomit tous ces gentils mensonges qui n’ont aucune portée. Aucune forme. Les mains dans les poches il emboite le pas, le regard allant et venant sur la rue sans plus vraiment la voir, l’esprit focalisé sur l’adolescent. « T’es pas obligé de bien le vivre. T’es pas non plus obligé de dire si ça va ou si ça ne va pas, mais personne s’attend à ce que ça te laisse indifférent. T’es humain. Tu veux en parler ? » Une proposition ouverte dénuée de curiosité. Livio, pour ce qu’il sait, Yashem peut se murer dans le silence ou vider son sac, il ne juge ni dans un cas ni dans l’autre. Il est cet élément extérieur qui prend les choses comme elles viennent, et ils trouvent toujours à passer du temps ensemble, que le gamin veuille se confier ou non.

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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptySam 15 Juin - 14:45

Un sourire qui marque son visage quand la mention de ses parents est annoncée, pas sûr de savoir comment réagir après les avoir presque oubliés - pas d'ignorance qu'il avait une famille, juste un sursaut qui lui permettait de savoir combien il était aimé. Yashem qui ne sera certainement pas livré à lui-même un jour, même en ayant du mal à s'habituer à l'idée de façon systématique. Bien sûr qu'ils retourneraient toute la ville, et ce dans la minute même. Qu'ils le défendraient jusqu'au bout, même s'il ne l'avait pas forcément mérité. Aucune idée de là d'où ils pouvaient sortir tout cet amour après quatre procédures d'adoption, alors que pour la sienne il aura fallu fournir un travail acharné. Et le savoir qu'ils seraient déçus qu'il traîne ici, que sûrement qu'ils ne comprendraient jamais - que malgré l'air décidé de l'aîné qui lui fait face, c'est ici qu'il avait sa place. Que même avec une dizaine d'années d'expériences supplémentaires, Liv n'était qu'en passe d'égaliser son nombre d'années dans ce genre de quartiers. Ou du moins le mince espoir dont il se nourrit encore sans chercher à se renseigner d'être toujours légitime dans le genre de coin qui ont accueilli des premiers pas dont il ne se souvient pas. Yashem qui vit la vie d'un bourgeois sans la comprendre, qui s'y habitue mais ne peut pas l'intégrer, qui passe pour un ovni et qui tait combien c'est pareil de son côté. Le mal de mer incompréhensible après avoir vécu plus dur, comme un syndrome du survivant en solitaire. Et peut-être ici la raison de continuer à provoquer l'adrénaline en espérant qu'ici elle ait sa place, alors que la tranquillité des beaux quartiers virait à l'étouffement des crises d'angoisse toujours répétées.

Yashem qui s'apprête à suivre comme il garde le silence, et la vérification déjà faite, Liv qui a apparemment déjà su trouver sa dose et qui consommera dans la soirée. Rien à faire d'autre que de rester dans les parages, il le sait, les signes du manque qu'il a longtemps connu chez les autres adolescents des foyers, jusqu'à l'épilepsie possible pourvu que le produit soit suffisamment fort pour endommager les synapses suppliciées. Peut-être chez les autres une impression qu'il suffirait de les convaincre de ne pas le faire de mille façons, jusqu'à les interdire frontalement d'en user, utiliser l'amitié comme une monnaie d'échange comme si elle suffirait, lui qui sait pertinemment qu'il n'y fera rien si facilement, malgré toute l'attention du monde, le cancer dont on ne se débarrasse pas à force de bonne volonté et d'une sympathie mal-orientée. Au moins il y aurait quelqu'un ce soir pour l'ancrer un peu dans la réalité, et l'adolescent qui décide qu'il en a vu d'autres, la vie précaire toute proche de la frontière mexicaine, l'accès aux substances habituelles encore plus aisé, la dépendance créée au berceau pour la plupart des enfants confiés aux institutions, rien qui l'impressionne dans la situation, pourtant la connaissance, quelque part, que ça devrait. - Ok, lâché comme un constat, pas besoin de tergiverser, le fait qui pourrait surtout lui le mettre en danger pour peu qu'il insiste et se décide à le pousser. Livio qui ne ferait jamais de mal à personne, mais pas vraiment d'idée sur ce qui pourrait arriver pour peu qu'il tente de le coincer sur des choses aussi essentielles pour lui que de respirer. Sa tranquillité qui ne devrait pas exister, mais l'adopté qui s'assure un drôle de réconfort dans les situations compliquées. Au moins Liv comprendrait.

Les propos qui sont brutes, mais bizarrement ceux qu'il attendait. Comme ses couvertures lourdes qu'on avait eu tendance à donner aux enfants en crise dans la ville, histoire de s'assurer une présence, le sursaut qui assure que l'on est vivant, que l'on réagit. Yashem qui avait déjà avant décidé qu'aucune parole douce ne saurait le satisfaire, tant que la personne n'en savait rien. Bien sûr que ça n'irait pas, déjà suffisamment d'arguments qui n'attendent qu'à être déballés, l'explosion à la manière d'une bombe sans arrêt retardée par un adolescent qui n'a jamais su s'exprimer, qu'ils se feraient tous complètement avaler, aucune chance de s'en tirer. Un point dans le procès où il avait encore à se convaincre que ce n'était pas sa culpabilité que l'on recherchait. - Honnêtement, j'ai même pas envie de continuer sans trop insister, les raisons qui paraissent sans aucun doute suffisamment évidentes pour quelqu'unq qui fait l'effort d'y penser. Un mince sourire histoire d'en retirer la gravité, bien sûr que ça passerait comme il se rassurerait. Et si par miracle ils ont gain de cause alors peut-être même une compensation, là où la troupe aurait surtout souhaité une méfiance accrue des autorités, leur famille loin d'être un cas isolé. Peut-être tout ce que Maria avait espéré.

- On peut retourner chez toi, si tu veux, et le brun qui se met en marche dans sa direction, au loin le brouhaha qui commence à se faire sentir alors que le plus jeune consent, l'alarme de quelques voitures de police qui s'entendent et des bruits de courses pédestres pour les motiver. - En vrai on ferait vraiment mieux de se dépécher parce que la nuit va finir par tomber et que ça va mal se terminer, alors que le temps lourd commence à s'assombrir sans laisser place à la pluie - Yashem qui commence à réaliser combien de temps il a du errer. - Juste une heure ou deux, le temps que ça se tasse, je veux pas te déranger. En vérité la connaissance pour les deux que le climat n'a jamais su s'alléger une fois la soirée arrivée, mais le plus jeune qui a toujours eu l'impression que si aucune balle ne l'avait encore touchée, c'était parce que l'invisibilité comptait de toute évidence dans ses qualités.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptySam 15 Juin - 18:00


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@Yashem Adler-Knight

Yashem abdique et c’est tout ce qui importe. Aucune envie de se lancer dans un rapport de force. L’étudiant est inutile dans un conflit. Il baisse les bras, s’assoie, attend que l’orage passe, incapable de vraiment tenir une position et d’être vindicatif, encore plus depuis que les amphétamines rongent ses veines. C’est lourd à porter ce fond mélancolique chez le lycéen, surtout lorsqu’on nourrit l’idée qu’avant sa majorité on ne devrait pas avoir à porter de sales évènements. Il laisse couler le sujet. « Moi non plus j’aurais pas envie à ta place. » qu’il lâche sans le moindre filtre. Parce que c’est la vérité. Qu’il est pas là pour émettre un jugement. Parce que s’il savait comment soutenir le gosse dans cette entreprise, il le ferait. Mais sans aucune connaissance en droit, sans être flic, tout ce qu’il est en mesure de faire c’est de prêter une épaule. Pas forcément des plus rassurantes cette épaule, mais solide pour encaisser tous les problèmes du monde pourvu qu’ils ne concernent pas sa propre vie dont il était le grand absent. Et aussi une oreille capable de tout entendre. « J’en dormirais mal la nuit. » C’est pas complètement innocent comme remarque. Il préfère fuir les questions qui mettent mal à l’aise, parce qu’elles sont intrusives, mal perçues. C’est plus facile avec des réflexions ouvertes. S’utiliser soi pour sonder, faire un état des lieux de la situation voisine, un rapide constat de l’état dans lequel se trouve le garçon qui va lui tenir compagnie pour un moment encore.

Sa remarque sonne juste, même dans un esprit englué comme celui de Livio. Ne pas traîner. Même s’il n’est pas certain que les choses puissent vraiment mal tourner. Ils avaient eu leur lot déjà, ils ont le droit de passe leur tour cette fois non ? « T’as peur du noir ? » Il plaisante, presque d’humeur taquin. Pour alléger l’ambiance pesante de ce quartier. Pour ne pas taper un peu plus dans le sinistre.
Juste une heure ou deux. Le drogué glisse un regard perplexe en direction du gamin. Depuis quand ? A quel moment ils étaient retombés dans la banalité d’une relation fondée sur une politesse absurde ? Sa tête dodeline négativement. Comme s’il était possible de le déranger. Comme si l’adolescent était en mesure d’être gênant. De deux celui qui est le plus un parasite, ce n’est pas le cadet. Il est poli le môme. Et léger. Léger comme un chat qui peut évoluer dans les coins et recoins de l’appartement sans un bruit, présence discrète. Discrète mais agréable. Il l’apprécie, sans jamais vraiment le dire. Petit grain de sable dans le rouage, il bouscule ses habitudes, jette des mots innocents là où beaucoup n’osent pas, et c’est plaisant dans le fond, cette bouffée d’oxygène surprenante. « J’avais pas programmé une soirée de dingue. Carte blanche. Une heure, la nuit, trois jours, tant que tu préviens tes parents c’est ok pour moi. » Ses épaules se soulèvent et retombent mollement pour souligner son indifférence. Yashem ne le dérange pas. Et il ne le dérangera jamais sans doute. Il peut dormir en sachant l’adolescent chez lui. Il peut lui laisser les clefs de son appartement sans aucun sursaut de crainte, pas l’ombre d’une appréhension. Il en sait trop pour être perçu comme un étranger. Il lui sourit, le bouscule gentiment, c’est qu’il lui offrirait presque quelques minutes de conscience limpide, en le forçant à se focaliser sur autre chose que le manque qui commence à rôder comme un loup autour de la bergerie. « Avec qui je vais partager un bol de céréales si tu files au bout d’une heure ? » Il y a entre eux cette connivence silencieuse, ce je sais ce que tu vis et je le comprends. Mutuellement dans leurs malheurs, ils parlent la même langue muette. Parce qu’il ne s’agit sans doute pas de partager qu’un repas frugal.

Il est devenu parfaitement sourd à ces rues dangereuses. Ni l’hululement des sirènes, ni les éclats de début de disputes entre deux jeunes ne peuvent capter son attention. Un coup de feu lui tirerait à peine un sursaut, comme un mauvais dormeur qui s’étonne de la violence de son cauchemar. Pilote automatique enclenché pour regagner la tanière comme seul refuge valable dans la tourmente, le gamin sur les talons.  La destination atteinte, il le précède pour ouvrir la porte. Ses yeux roulent dans leurs orbites en constatant qu’il n’était effectivement pas le mec plus rangé qu’il soit. Il fallait ramener quelqu’un pour en prendre conscience. Il ramasse quelques vêtements qu’il jette dans la salle de bain sans trop s’y intéresser, pour le reste il s’agissait surtout de livres de cours, de notes incompréhensibles et de verres pas lavés. Il repoussera jusqu’à sa dernière limite pour toucher aux stupéfiants en présence du gamin, il le sait. « Toujours envie d’être infirmier alors ? Au moins mon appart te prépare gentiment. » Comme une excuse face à son manque d'organisation. Léger gloussement ironique. Quand on voit le chaos des urgences au quotidien, son appartement est presque un havre de paix et de sérénité. « Tu veux boire quelque chose Karate Kid ? »


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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptySam 15 Juin - 21:34

Un mince sourire qui arbore les lèvres quand la boutade est faite. Bien sûr qu'il n'aurait pas peur du noir. Aussi que ça ferait bébé de l'avouer, si c'était la réalité. Peut-être une époque où la tombée de la nuit ne signifiait rien de plus que des cauchemars de situations passées, à l'époque où il venait d'arriver, mais jamais de l'obscurité elle seule, certainement pas pour une personne qui a passé tellement de temps à se prouver qu'elle était complètement adulte et que rien ne devait la faire reculer. C'est autre chose qui le fait prêter attention dans ce quartier, les alarmes qu'il n'arrive pas à considérer comme celles d'éventuels alliés - pas de crime qui est combattu ici, juste la précarité, en ciblant directement ses principales victimes plutôt que leurs acteurs dans les beaux bâtiments de la côté, où à Washington là où siégeraient les plus puissants. Et la même couleur un peu moins blanche de peau considérée comme une arme suffisante pour tirer en cas de doute, malgré le privilège d'une famille bien construite et de parents qui remueraient ciel et mer pour faire justice - rien pour prévenir ni pour soigner un coup de panique. - C'est pas le noir, Liv, c'est que tu as certainement dans ta poche. Il faut qu'on y aille, alors qu'il savait très bien que l'aîné saurait parfaiement rentrer et se mettre en sécurité, pas pour rien qu'il avait survécu à plus de ce genre de soirées. Aucun vrai scrupule à pointer du doigt l'objet coupable qui pourrait très bien le mener en prison, le fait de prendre des gants qui n'a jamais été efficace dans ce genre de situations - et si Yashem normalise, alors Livio ne devrait pas s'y habituer, pour sa santé. En espérant un jour le choc qui lui donnera toute la force du monde pour se dépasser, le manque qui ne deviendra certainement pas simplement à la force de la volonté une chose facile à gérer. Juste pas d'oublis de ce qui a pu l'entraîner ici, pas de détours pour aborder ce que d'autres préféreraient ignorer. Pas le temps de le faire, et certainement pas l'envie devant une personne qu'il pourrait considérer à ce point comme un ami.

- Et je les préviendrai, promis. Je leur dirai que mon troisième père exerce son droit de me garder lui aussi, pas sûr qu'ils comprennent mais c'est toujours mieux que de leur dire exactement où j'ai pu traîner. Le chemin qui se fait rapidement vers l'appartement de l'aîné, peut-être que c'était l'intention du brun que de le rejoindre en toute hâte avant de se retrouver trop paumé dans ses pensées. Ou que le cerveau, dans sa configuration la plus instinctive, aura souhaité au moins se rapprocher de la figure la plus sécuritaire du quartier, histoire de se reposer. Aucun hasard nulle part et certainement pas cette fois, Yashem qui en est absolument convaincu - et la même chose pour Liv, peut-être, quelque part, un autre désir que celui de se défoncer ce soir. Sans accepter que lui-même serait une raison différente de déprogrammer une soirée d'ennui et de solitude profonde, le chemin qui demande encore à être fait.

Dans la maison, un désordre que l'on pourrait qualifier d'important, mais qui sait rester encore sain, quelque part. Une odeur aérée, une vaisselle qui n'est pas encore vieille d'une semaine, vraiment dans la norme de ce que l'adolescent a pu croiser avant. Juste vivante, avec une personne qui dispose de peu de temps. Aucun commentaire sur la propreté, lui qui n'était absolument pas disposé à émettre un avis sur la question même après y avoir été éventuellement invité, pas d'envie de causer un drame alors qu'il est hébergé, sans compter les difficultés énormes à exprimer à haute voix ne serait-ce qu'une idée. L'aîné qui s'agite pour ranger les cahiers qui sont forcés d'attirer son attention, les schémas de veines et de flux sanguins qu'il a cru apercevoir sans avoir la chance de tout comprendre d'affilée, mais définitivement une mémoire de ceux-ci suffisamment importante pour tenter d'en redessiner un petit tiers, sans pour autant les expliquer. Yashem qui a toujours été beaucoup plus doué avec les dessins qu'avec les mots, l'habitude de le faire passer pour un certain genre d'attardé qui a précédé un terme plus scientifique sur la question, sans que les professeurs sachent encore le prendre en compte, la balle dans le pied déjà annoncée à peine le nouvel examen commencé. Une lecture plus lente, moins fluide, et une impossibilité quasiment totale d'apprendre l'espagnol pourtant si utile dans cette partie des Etats-Unis avec la méthode scolaire présentée. Seulement l'oral, l'écrit qui ressemble pour chaque nouveau mot à de l'islandais. Les lettres qui s'entendent mais qui ne se prononcent pas, celles qui ne font aucun sens tout simplement mais que tous les neurotypiques considèrent comme légitimes au nom d'une pureté de la syntaxe, et la sentence des points retirés pour les fautes d'orthographe qui l'avaient forcément condamné à se tourner vers des schémas de plus en plus complexes pour espérer trouver les points qu'on ne voudrait pas lui donner. La question à laquelle il répond de façon cassante, tout en sachant très bien qu'il fallait bien faire quelque chose de ses dix doigts, sans avoir le moindre espoir d'avoir une chance de pouvoir terminer une année, en ayant traîné de la patte toutes les précédentes, malgré l'acharnement et le combat sans cesse mené. - En tous cas je suis inscrit maintenant, ouais. J'en ai envie, c'est juste que c'est compliqué.

L'adolescent qui dans toute sa timidité s'avance sans bruit vers un des bouquins récemment dégagé sur la table, l'ouvrir pour regarder, saisir une infime partie fascinante des cahiers. - C'est de l'hématologie, ça? La question conne dont il se rend compte en lisant un peu plus tard ce qu'il arrive à comprendre, les sourcils froncés pour prêter plus attention aux lettres dansantes, toujours pas certains de ce que la plupart signifient. - Je ne sais vraiment pas à quoi j'ai pu penser en pensant que j'avais une chance, je ne comprends rien du tout. Forcément, vu la petite dizaine d'années d'écart entre ses études et les siennes, mais le trouble qui se situe plus loin, juste trop de termes, trop longs, dans un cahier bien trop petit. Impossible de demander à l'université d'imprimer ses polycopiés dans des formats plus larges, Yashem qui est définitivement coincé. - En arrivant ici, je lisais tellement mal que le proviseur était convaincu que je ne parlais pas anglais. Imagine sa tête quand il appris que c'était ma première langue. Heureusement que je n'ai jamais eu à apprendre celle de mes parents, ils auraient été morts de honte. D'après les papiers signés à la naissance et le prénom d'origine, la quasi certitude que la mère devait parler au moins kurde, probablement arabe et anglais aussi, le père lui aussi de toute évidence bercé dans de nombreux dialectes. Et pour lui le blocage le plus total dans n'importe quel type de lecture, les différences qu'il a toujours pu voir sans pouvoir revendiquer la moindre ressemblance. - Je veux bien de l'eau, s'il te plaît, lâché au bout d'un certain instant, toujours pas certain de savoir ce qu'il voudrait face à lui-même, le problème qui ne se trouve même pas dans l'interlocuteur au point où il en est. - Il te reste encore combien d'années?
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptySam 15 Juin - 23:22


chill, it's only chaos
@Yashem Adler-Knight

Un clin d’œil. Echec et mat. Vrai que les amphétamines pourraient être une source d’ennuis monstrueux, et c’est peut-être là que ses petites origines passe-partout le sauvent quand certains se font contrôler de façon quotidienne comme une routine. Et si c’était ça, le ticket gagnant pour définitivement arrêter ? Pas le plus délicat, il en perdrait son droit d’études, le droit d’exercer la médecine et vivrait salement la prison. Mais radical. « T’as des mauvaises fréquentations Yashem. » Pas qu’il se considère vraiment comme une mauvaise personne, mais il ne tient pas à entraîner en arrière l’adolescent qui a toutes les chances pour lui maintenant qu’il a une famille aimante même si c’est encore difficile pour lui à appréhender. Livio avance sans réfléchir, sans sursaut, sans crispation à chaque personne croisée, presque naïvement et le gamin l’ancre dans cette réalité qu’il ne voit même pas défiler. Cela laisse un arrière-goût métallique en bouche, celui de la vérité dont le bât blesse mais qui est cruellement nécessaire. A ne rien céder à personne sur la question, l’étudiant n’entend que trop peu ce genre de propos, envoyés avec fraîcheur et qui font bien plus de dégâts à l’intérieur que n’importe quelle campagne publicitaire. Cette rondeur apportée par son prénom tronqué, Liv. Compenser le vent glacial que souffle chaque vérité. Et il lui est reconnaissant pour cette absence de traitement de faveur, de politesse dégoûtante ou de politique de l’autruche.
Les mots mettent du temp à faire sens dans le fond de son crâne et lorsque la lumière se fait il ne peut réprimer un éclat de rire sincère. « Attends c’est moi ton troisième père ? Ce coup de vieux que tu viens de me mettre. T’es en forme le morveux. » Sa langue claque contre son palais comme une provocation enfantine. C’est ça aussi de fréquenter un adolescent. Perdre quelques années de maturité, avoir le sentiment d’être quasiment sur un même pied d’égalité en lissant leurs âges.

Lui abandonner la permission d’errer chez lui sans pudeur, n’avoir rien à cacher. Sa blouse blanche est la seule à posséder un traitement de faveur, sagement pendue au portemanteau. Pour le reste il n’attend aucune réflexion et permet le gamin de fouiller autant que sa curiosité en a besoin.  « Mh ? » Il jette un œil en direction du livre qui attire l’attention du gamin. A tergiverser pour une spécialité il a mangé à tous les râteliers, tanguant entre la médecine générale et la traumatologie comme si la pression lui seyait à merveille.  « Les organes hématopoïétiques, le sang, leurs maladies, la joie de vivre incarnée. » A l’observer, planté dans le salon, ses lèvres se pincent en voyant Yashem lutter contre les lettres et leurs sonorités. Il goûte le manque de confiance du garçon et grimace. Le parcours sera pénible et ce n’est un secret ni pour l’un ni pour l’autre, mais il avait vu des idiots finis s’en sortir là où l’adolescent avait la tête bien mieux faite. Il renâcle comme un cheval rétif en reprenant son rangement. « Tu comprendras. Tu enregistreras. J’ai vu des abrutis qui savaient lire mais n’avaient pas le cerveau capable de la moindre intelligence s’en sortir. Et mieux vaut un intelligent détesté des écrits qu’un bonne lecture sot. » Il n’a pas l’ombre d’un doute. Peut-être que ça va lui prendre plus de temps. Peut-être qu’il recommencera sa première année. Et on se moquera de lui. On ne lui fera aucun cadeau, autant à cause de ses difficultés que de son ethnie ou son prénom, mais à cœur vaillant rien n’est impossible dit-on. « Si je m’en sors avec mes synapses en berne… » Il rit de cette étrange conclusion pourtant criante de vérité.
« Je te lirais tes cours, autant de fois qu’il faudra. Tu rêveras de plaquette et de chimie s’il le faut. » Drogué, mais fiable dans ses engagements, il est ce genre de personne entêtée qui n’est pas capable de s’occuper de lui-même mais qui ne lâche pas les autres. Qui trouve sans cesse du temps là où il semble ne jamais y en avoir pour aider. Soutenir. Porter à bout de bras, et recommencer autant de fois que nécessaire. Il prête l’oreille, patient, repousser ses démons en se focalisant sur le dyslexique. S’éclipser dans la cuisine le temps d’aller chercher deux verres d’eau. Yashem, la voie de la sagesse. Il sert le gosse et brasse entre ses livres pour en extraire deux feutres. « J’vais te montrer un truc que ton proviseur ne saura jamais. »  L’étudiant se laisse tomber dans le canapé en tapant l’assise à côté de lui pour que son invité l’imite. Il lui prend son bras et débouche son premier feutre. Tracer à même l’épiderme le tracé sinueux des veines sur le gamin. « Deux ans si je ne déconne pas trop. Si je redeviens quelqu’un de fréquentable. » Et de son autre couleur, les artères, avec une concentration sortie de nulle part qu’il ne soupçonnait même plus comme vivante dans ses entrailles. « Chacun sa croix. Artère, rouge. Veine, bleu. Ta veine céphalique là. Ta veine sous clavière là, ici jugulaire interne, pour poser une voie centrale. Facile ? »  Il continue son tatouage éphémère, s’amusant à chatouiller cette peau juvénile de la pointe du feutre. « Tu sais me dire ce que c’est une voie centrale ? » Aucune intention de mettre en échec, simplement de ne pas l’enfoncer sous des termes inconnus. Il plante ses pupilles égarées dans les yeux de son cobaye artistique et lui glisse un demi-sourire. « Faut pas te laisser effrayer pour si peu. T’en verras d’autres et tu sais que tu pourras toujours venir réclamer un coup de main. » Pas de copine, pas de copain, pas chien, pas de chat, pas de hamster. Tout le loisir d’aider, faire réviser, relire, recommencer.


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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyDim 16 Juin - 0:59

La réponse technique de l'aîné qui lui donnerait presque envie de pleurer, aucun moyen d'enregistrer de pareils mots, une prière rapide de pouvoir les transformer en autre chose ou d'être finalement autorisé à être absolument mauvais en orthographe, peut-être même avec un effort du correcteur pour voir où il voudrait en venir. Le terme prononcé en toute rapidité, sans sourciller, par le brun qui ignore encore toute l'intelligence qu'il lui reste, véritable génie bridé par des substances qui n'ont jamais su que lui donner l'impression d'être un peu meilleur, sans que ce soit pour autant vrai. Livio qui est intelligent, à la mémoire toujours aussi fiable, et à qui Yashem pourrait sans aucun doute confier sa vie même avec la connaissance de la toxicomanie de l'individu - la confiance dans le fait qu'il saurait quand même ce qu'il fait, qu'il saurait tout à fait se retirer de l'action en cas d'absolue nécessité. Ou peut-être trop d'espoirs qui ont été fondés, à force de fréquenter des camés, que rien ne serait jamais dangereux, pas même leur confier les pratiques les plus sensibles, ou la vie d'une personne en danger. Emotionnellement, pas de possibilité de les considérer comme seulement nuisibles à la société après tout ce qu'ils pouvaient lui apporter. Pour la plupart des autres, souvent des faux bonds, ou des crises de colère, de celles qui n'arrivaient quasi jamais chez le brun, et pas vraiment d'appréhension de voir ce genre d'ennuis arriver, surtout pour avoir su les prévenir autant auparavant. - Ils peuvent pas seulement donner un code couleurs aux mots? Ou en juxtaposer, ça ne coûte rien? Genre "truc du sang", puis après justifier en détaillant? L'humour certes présent masi qui n'en éloigne pas le problème pour autant, vraiment pas de possibilité de comprendre la plupart des termes qu'il serait censé apprendre et recracher d'ici la prochaine année. J'espère vraiment que hétanamopo-chose s'apprend pas en école d'infirmiers, j'ai choisi le cursus le plus court possible exprès pour éviter ça. De toute façon, même les patients ne comprennent pas. La mauvaise foi qui fait rarement partie de ses éléments de langage, juste la fatigue qui se mêle au sentiment d'échec avant même d'avoir eu la chance de pouvoir commencer et qui le fait paniquer, dans le regard de l'autre la compréhension des angoisses vu le regard attentif, le médecin en devenir qui affute le diagnostic d'une anxiété trop bien placée pour nécessiter seulement une boisson comme traitement.

- J'aimerais bien avoir la licence pour devenir infirmier, c'est le diplôme le plus bas, il prend deux ans déjà. Je ne sais même pas en combien de temps je vais devoir les faire, mais comme c'est plus de vingt mille dollars l'année, j'ai intérêt de carburer. Si ma petite soeur après veut devenir cosmonaute et manque de sous parce que je n'ai pas été capable d'écrire hématopotruc normalement, elle m'en voudra forcément. Et Mary qui serait plus proche de l'intelligence de devenir scientifique dans l'espace que d'en vouloir à son frère d'exister pour peu qu'il y réfléchisse, juste la crainte de non-dits qu'on lui cache pour lui exploser à la figure un jour, Yashem qui sait très bien combien les autres peuvent avoir de la mémoire avant de tout abandonner - qui a connu ça suffisamment de fois pour à vie se méfier. Liv qui en est apparemment loin. Qui s'assoit juste à ses côtés, lui qui le rejoint avec toujours la même docilité, donne son bras quand le plus grand lui prend sans le blesser, la respiration en suspens, complètement attentif. Juste l'espoir qu'il ne le pique pas d'un produit bizarre comme d'autres avaient déjà tenté de le faire vite chassé de sa conscience, vite calmé par la quiétude apparente de l'auteur des faits et par les feutres sortis un peu plus tôt. - Tu y arriveras en deux ans. On sera diplômés en même temps soufflé pour ne pas trop le déconcentrer, le môme complètement abasourdi par le tracé sur sa propre peau. Quelque chose de très apaisant que de comprendre son propre organisme, la douce symphonie de l'origine de la vie.

Yashem qui ne perd pas son temps pour tout mémoriser, la mémoire qui n'a jamais été faillible comme on a déjà voulu lui faire croire, lui qui enregistre la plupart de ce qu'il a la chance de comprendre pendant des années - le cours qui lui servira pour tous les jours, toutes les années où il exercerait son métier. Quelques bonnes secondes avant de savoir trouver une bonne réponse, surtout le temps de sortir du calme intense nouvellement créé - Livio qui a toujours été doué pour calmer les accès d'angoisses, et lui qui espérait qu'il était un peu le même, le résident qui n'avait toujours pas consommé depuis leur arrivée, sans s'en rendre compte, ou en tous cas le mettant de côté. - Je crois que mon père m'en a parlé, tenté pour essayer de trouver les mots qu'il faut, alors que Jensen s'était probablement adressé à Samuel plus qu'à lui-même, maintenant qu'il y pensait. - C'est une perfusion pour arriver jusqu'au coeur, non? Ils font ça aux personnes qui ont des maladies chroniques déjà je crois. L'explication qui est sûrement bien trop vague pour être acceptable, et qui s'applique à de nombreux cas de figures supplémentaires, mais Yashem qui persiste et précise toujours dans le même silence religieux quelques aspects, histoire de tenter d'approcher la compréhension franche du terme. - Elle part d'une veine, du coup, c'est ça non? J'espère que c'est fait quand tu es endormi. La réflexion conne parce qu'elle est permise, et que c'est moins grave maintenant de se tromper. - Héta, Hématopo, yétique. Hématopoïétique. Je pense que je ne saurai jamais l'écrire, et au final je ne sais toujours pas vraiment ce que ça veut dire, mais au moins je m'en souviens maintenant. Le reste qui attendra certainement. Pas d'urgence en soi, et Livio qui ne le lâchera pas, toujours là pour expliquer les mots que lui ne comprendraient pas, en espérant pouvoir un jour quelque part lui rendre la pareille. - Tu te rends compte de combien tu n'es pas vraiment une mauvaise influence, quand même? Le sourire timide alors que le regard se pose vers le bras désormais complètement dessiné.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyDim 16 Juin - 10:06


chill, it's only chaos
@Yashem Adler-Knight

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Le gosse l’amuse, dans sa fausse nonchalance, cette façon presque boudeuse de rejeter ce savoir tordu, de se dire que ça ne rentrera jamais, d’aucune façon. Mais posséder la certitude que ça finira par s’imprimer, de la même façon qu’il sait écrire son prénom. Hématopoïétiques. C’est à toi de mettre tes codes. » Reprendre, sans volonté de blesser, juste répéter pour que les lettres dansantes finissent par trouver leur place quelque part dans son esprit. Ca lui fait oublier sa fatigue, ça redonne un but temporaire à son esprit trop souvent en mode survie. Son regard se promène sur tous les livres qui lui tiennent compagnie lorsqu’il n’est pas de garde, qu’il n’a jamais voulu revendre, pas même ceux de première année. Pourtant ce n’est pas vraiment le genre de lecture qu’on recommence depuis le début avec plaisir, mais ce sont des marqueurs de temps. Des preuves tangibles d’où il en est quand il perd le nord, lorsqu’il se réveille persuadé d’avoir fantasmé la moitié de sa vie dans un sommeil comateux. « A toi de trouver une façon de ranger tout ça qui te parle. La plupart des gens ont quantité de tiroirs mentaux, et se basent surtout sur les lettres, les mots qu’ils ont lu et qu’ils relisent mentalement pour déterrer x ou y connaissance. Mais tu dois trouver comment ta propre mémoire fonctionne. T’es pas limité, t’es différent. C’est compliqué pour toi mais pas insurmontable. Range hématopoïétique dans ton tiroir rouge, ça va avec trucs du sang en effet. » Un sourire. Il pourrait donner la définition, mais il attend. Il attend que le mot tordu se niche  quelque part dans sa mémoire, qu’il vienne à définir et marquer ce jour un peu déroutant où il s’est fait rattraper dans la rue par un drogué qui tient encore plutôt bien debout. Persuadé que ça n’est qu’une question de minutes, que Yashem rechigne parce que son aîné a balancé cette atrocité alphabétique entre eux sans mesurer l’impact de la barbarie.

Il laisse le silence retomber entre eux. Beaucoup de gens ne tolèrent pas ces blancs, s’en sentent oppressés et veulent à tout prix les combler, quitter à briller par l’absurdité ou la banalité de leurs propos. Pas Livio. Il les aime pour preuve que la relation fonctionne, qu’il n’y a pas de faux-semblants, rien que du naturel et des vérités. Pas de sœur, pas de frère, et plus grand-chose d’une famille, difficile de se placer en juge. Pourtant à fréquenter le garçon il se persuade qu’une relation fraternelle ne se base pas juste sur une répartition du budget parental pour les études de chacun. « Je crois qu’elle t’en voudrait surtout si tu abandonnais pour ne pas coûter trop cher. » S’il n’avait pas chaque cellule de son corps qui réclame régulièrement son dopant, il serait déjà allé frapper chez les Adler-Knight. Simplement pour leur dire de ne pas lâcher d’une semelle l’aspirant infirmier. Pour parer à la moindre tentative de dévalorisation, pour veiller à son sommeil, à son alimentation, à son moral, parce que lui sait qu’il fera un bon infirmier. Malheureusement les justifications sont mauvaises. Difficile de présenter en avançant pour argument qu’il sait très bien cohabiter avec quelqu’un en manque, ménager la susceptibilité et prendre le relai lorsque la substance se fait nécessaire, vitale.
Et puis il y a cette vérité que personne n’ose trop prononcer dans les couloirs mais qui se vérifie souvent : ceux qui sont revenus du pire savent apporter un soutien particulier aux autres personnes en détresse. Sans un mot ils créent une connexion, quelque chose de l’ordre du je vous comprends qui apaise bien des angoisses. C’est peut-être tout ce qui sauve Livio dans le chaos des urgences. Savoir offrir un sourire çà et là indépendamment de l’épuisement ou de stress qui tire les traits. Et qui recommence ici à le sauver, dans cette concentration qui fait taire la voix pour l’instant encore faible du corps qui réclame son dû. « Parfait, ça nous laisse deux ans pour travailler ensemble et s’échanger des regards de compassion quand tu seras aux urgences. » Se découvrir sur un autre plan, partager un lieu de travail, souffrir des mêmes pressions, être confronté aux mêmes horreurs, absurdités mais aussi miracles. Survivre à deux. « Rendez-vous dans deux ans pour fêter nos diplômes. Tu me laisseras peut-être te servir autre chose que de l’eau. » Non pas qu’il veuille le rendre soul. Mais cette sagesse le fascine. C’est aussi ce qui tend à lui faire oublier qu’il n’est même pas encore majeur. Combien d’adolescents profiteraient d’être en compagnie plus âgée pour franchir les limites ? Boire de l’alcool ou bien pire, toucher à l’inacceptable ?

C’est relaxant de dessiner sur quelqu’un d’autre, de faire appel à des connaissance de base abandonnées dans un recoin, de transmettre en toute humilité. Le feutre en suspens, l’étudiant laisse l’esprit du gamin dérouler à la recherche de la réponse, sans attente particulière. Pas là pour évaluer ou mettre une note, juste l’espace de quelques minutes partager quelque chose qui lui sera précieux. C’est du temps de gagné sur les futurs cours, un paragraphe en moins à paniquer, parce qu’il en aura déjà entendu parler. Il hoche de la tête lentement au fur et à mesure que ça se précise. « Pas qu’aux malades chroniques, ça arrive aux urgences quand les veines sont trop mauvaises. Piquer un toxico qui s’est défoncé les veines c’est peine perdue. Une pose de cathéter pour s’éviter de planter quinze aiguilles à l’heure. Très bien. Si tu savais ce qu’on fait subir aux gens sans les endormir. » Ca ne l’émeut plus mais il se souvient de ses premières années, scandalisé, choqué, à se demander si c’est bien agréable pour le patient et la réponse trop souvent évidente aux urgences : non. Monter dans les autres services la boucherie est plus soignée, plus tirée à quatre épingles, mais là-bas, dans la mine on fait au mieux. Et le mieux c’est pas synonyme du confort. Son feutre vient taper l’avant-bras du gamin qui parvient à replacer le mot. Petite victoire sur la matière. « Hémato c’est le sang. Poïèse c’est faire, fabriquer en Grec. Donc des organes qui participe à la production du sang si on veut la faire courte. Donc moelle osseuse, ganglions, rate par exemple. » Il pourrait disserter dans cette direction pendant des heures. C’est facile et c’est rassurant de le constater. Etat des lieux sommaire pour compter le nombre de neurone qui lui reste, constater que son corps subit mais que la mémoire reste, qu’il n’est qu’au début de sa dépendance, loin de ressembler à un légume et c’est encore une chance.

Et les mots du gosse qui le percutent quand il s’y attend le moins. Il dévisage avec la surprise de ceux qui n’ont pas vu venir la voiture qui va leur briser les deux jambes. Il ouvre la bouche pour répliquer puis la referme, la question mérite réflexion. Plus certain de savoir où se situer sur la jauge de l’influence. « C’est plus compliqué que ça. » Il rebouche les feutres et les jette sur la table basse. Demain il retournera la pièce pour remettre la main dessus, c’est certain. A force de contorsion il enfonce la main dans son jean pour en extirper le sachet de cachet qui subit le même sort que les feutres – mais lui aucune chance qu’il le perde vraiment de vue. « Le seul point positif c’est que je cherche pas à me défoncer. A planer, fuir la réalité comme beaucoup de toxico qui ont juste trop d’angoisses pour affronter le réel. » Un doigt pointé vers l’arme du crime sur la table. « Ca c’est des amphétamines. C’est à la base un dopant. Et puis comme toute substance… t’es dépendant sans t’en rendre compte. C’est précisément ce qui fait de moi un mauvais exemple pour toi. T’as plus besoin de gens comme ça dans ta vie. Tu mérites des gens biens sous tous rapports, tu me suis ? » Et dire que malgré tout ça, le gamin est le seul à savoir tout ça, et à forcer Livio à énoncer cette vérité qui lui écorche pourtant les lèvres.



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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyDim 16 Juin - 19:57

Spoiler:

L'évidence des termes qui sonnent comme le refrain d'une chanson trop populaire, dont les paroles seraient chantées quotidiennement, de ce genre de voix criardes faites pour être entêtantes. Juste pour une fois une tension retirée, le flôt des mots qui est calme, complètement apaisé. Au moins pour une fois il sait que Livio ne s'énervera pas. Le plus jeune qui redoute qu'il pourrait toujours le faire à un moment, mais tellement de preuves de confiance à travers les expériences qu'il en vient à repousser l'idée - pas de raison de commencer à l'engueuler après avoir supporté bien pire de sa part, de ruiner toute la confiance qu'il a senti avoir tant de mal à gagner. Yashem qui hausse la tête, le fera vraiment, prêtera attention à chaque instant. Déjà l'idée mnémotechnique d'un mot que l'on range quelque part, mêlé à ce sentiment de drôle de confort, entre la vaisselle à faire et le bras dessiné. L'empreinte qui restera sans le moindre doute, qu'importe ce que les professeurs auront bien pu penser, pour lui une vraie emprise entre l'imaginaire et la réalité et à cette intersection seulement la capacité d'enregistrer les mots. - Au pire si on me dit que je l'écris mal je pourrais toujours dire que c'est le métier de médecin qui déteint sur moi, et un sourire aux coins des lèvres en imaginant la scène. Yashem qui a toujours compensé avec une calligraphie soignée, parce qu'il savait perdre des points ailleurs plus facilement, et qu'on attendrait mieux de lui bêtement, mais qui serait prêt à faire une entorse à son poignet pour aggraver sa qualité, ou tout raturer comme point final devant les yeux abasourdis des patients venus faire remplir leurs papiers.

- Tu penses que tu resteras en Floride, après? La question à laquelle il n'ose même pas avoir une réponse de peur d'avoir celle dont il n'aurait pas voulu, Yashem qui a beaucoup déménagé mais qui ne supporterait plus de perdre une personne de plus, surtout pour un avenir aussi incertain que celui de l'aîné. Livio pour qui on ne devrait pas penser trop longtemps à l'avance, toujours la crainte qui devrait exister de le voir flancher d'une minute à l'autre, l'overdose qui menace toujours d'arriver, ou la perte du logement pour il ne sait quelle dette qu'il n'aurait pas su payer. Le quartier tout entier qui craint, aussi, toujours la même insalubrité qui ne donnerait certainement pas envie de s'y projeter, et lui qui serait naïf de ne pas le comprendre, qui n'a pas oublié la précarité maintenant qu'il vit dans de plus beaux quartiers. - C'est pas la meilleure ville des USA, mais ça ferait bizarre que tu n'y vives plus. Parfois c'est sa Californie qui lui manque, surtout parce que l'Etat y est un peu plus progressiste sans doute, Yashem qui n'a jamais autant craint les arrestations que dans la ville qui regroupait pourtant maintenant dans le corps de métier jamais incriminé beaucoup de ceux qu'il pourrait appeler des oncles et des tantes, en plus de faits divers aussi impressionnants que souvent morbides. Quelque chose d'étrange qui flotte dans le climat moite, pas franchement plus encourageant que sur la Côte Est qui aura fait déguerpir ses parents, juste l'atmosphère qui donne envie de se jurer de ne pas se projeter.

Et peut-être qu'il va trop loin. Ca ne fait aucun doute d'ailleurs, quand le plus grand sort le bout de plastique, Yashem qui se sent obligé de se tendre pour l'observer. Jamais de tentation réelle de tenter pour sa part, seulement quelques trucs légers avant, même pas depuis que de vraies personnes pourraient le récupérer au commissariat pour un écart de conduite. Tous qui tentent, et l'épidémie qui se propage dans l'habitude qui s'est créée à leur insu. - Je boirai dans deux ans sans craindre que tu fasses un mélange bizarre en me suivant peut-être, prononcé avec flegme, le brun qui espère ne pas créer de déclencheurs de stress trop violents mais qui ne peut pas ne pas aborder la consommation, tente avec difficulté de trouver le juste milieu entre la discussion et la une trop grosse répression. Lui qui serait toujours là même si Livio ne s’en sortait pas, l’amitié absolument inchangée et pas vraiment de raisons de penser le contraire, juste un timide espoir d'une meilleure santé. Pas d'hypocrisie mal placée sur un supposé âge légal, l'adolescent qui trouve que c'est un peu tard maintenant d'attendre les vingt-et-un ans pour la cuite en bonne et due forme après avoir passé quelques années depuis la toute première. - Tu seras vraiment un bon médecin, tu sais. Parce que c'est vrai. Parce que malgré tout ce qu'il a déjà pu consommer, il a su garder son intégrité. Et que c'est la preuve qu'il sera toujours pareil, et que ce pareil donnerait envie de lui confier une vie.

Le regard qui s'appuie à nouveau sur le contenu, pas capable de céder et d'orienter les pupilles vers un nouvel endroit. La main coloriée qui se tend vers le paquet, l'agrippe du bout des doigts et le prend doucement, l'analyse en profitant du manque de mobilité de leur propriétaire. Peut-être que la scène faisait bizarre, de l'extérieur. Juste une façon de comprendre supplémentaire, toucher pour mieux appréhender, tenter de ressentir un minimum les effets. Les pilules qui ont l'air inoffensives, presque médicamenteuses quand il observe les nombreux cahiers de médecine qui jonchent encore les armoires. Les doigts fins qui continuent de caresser la pochette sans manipuler son contenu, pas envie de s'empoisonner il ne sait comment à son insu, ni de provoquer une crise chez le détenteur habituel dont il ne sait pas comment il réagirait à la perte. Toujours le même effet chez les camés ; l'impression de tenir le bout de leur poumon vu la tension dans la pièce, Yashem qui se demande pourquoi et qui lutte contre l'envie de comprendre de la meilleure des façons. Lui qui ne peut pas se permettre ce genre de stupidités idiotes, surtout pas avant un procès mettant en avant seulement son honnêteté, quelques excuses qu'il trouvera sur le long de la route après. - Au foyer ils étaient plus branchés cocaïne, même si c'était vraiment plus cher. Il y a une fille qui a essayé qui voulait seulement perdre du poids. Elle n'a pas perdu que ça. La morale qu'il s'évite bien, juste un triste constat. - Ca fait pas de toi un mauvais exemple. Tu crois que le proviseur l'est plus simplement parce qu'il est clean? La main qui se tend à nouveau pour lui rendre doucement, pas envie de trop le faire paniquer. - Des bons exemples supposément parfaits, j'en ai eu plein. Je suis en procès contre l'un d'entre eux, je n'en ai pas besoin de plus. Toi au moins tu te méfies de ce que tu peux faire ou dire. T'es sur tes gardes, je ne suis pas sûr que tu aies déjà tabassé un môme pour une chambre pas rangée. Le sourire qui se fait laconique, juste histoire de dissiper l'idée. Livio qui est une personne bien, quoiqu'il en pense, et certainement pas lui qui dira le contraire. Personne qui s'arrête sur sa compréhension de mots trop compliqués hors de ses parents trop occupés, aucun adulte hors du nouveau cercle familial formé pour s'inquiéter d'un futur ou d'un passé inaccessible ou trop compliqué. - Je préfèrerais sincèrement continuer de mériter des gens comme toi, et je travaille dur pour ça. Parce qu'il y a une force infinie dans les travers de l'intéressé, l'abus de stupéfiants qui traduit surtout une volonté de se soigner d'un mal que lui connaissait. Pas envie de s'éloigner de gens qui le comprendraient.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyLun 17 Juin - 12:51


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@Yashem Adler-Knight

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La Floride. Il ne se projette jamais, comme pour conjurer le mauvais sort. Pour s’éviter une énième tuile tombée du ciel, parce qu’en dehors des apparences, il n’aspire qu’à une vie rangée, tranquille. Une ligne plate avec le moins de péripéties possibles. Il rejette sa tête en arrière pour la poser mollement contre le dossier du canapé en fixant le plafond. Il s’agit de définir ses possibilités, à grand coup de conditionnel, de si et peut-être que. S’il finit bien ses études. S’il vide son sang de toutes les toxines. S’il est officiellement diplômé, spécialisé. Est-ce qu’il retourne vivre du côté de sa mère et de sa tante ? Sera-t-elle seulement encore en vie ? Ira-t-il voir un autre état, au hasard, chercher le pavillon, le golden retriever et la personne de sa vie ? Dans les irrégularités de la peinture blanche du plafond, pas de réponse qui se dessine comme dans le marc de café. Alors ses yeux abandonnent cet horizon de plâtre pour préférer le gamin qui lui arrache un sourire. « Tu crois quand même pas que tu vas être débarrassé de moi aussi facilement au bout de deux ans ? » Comme un aveu d’attachement. Tout ce qui compte aujourd’hui pour l’étudiant se trouve dans cette ville. Il ne l’aime pas. Du moins il ne pense pas l’aimer, avec sa façon de faire le grand écart entre les richesses et les classes sociales. Avec son opulence de m’as-tu-vu. Ses plages qui vomissent des corps refaits et des gens toujours en chemise manches courtes. Mais voilà, elle tient en son sein quelques personnes qui comptent pour lui. Et l’idée que s’il survit à tout ça, valide, devient titulaire, il dira peut-être adieu à ce quartier, non par arrogance, mais pour mettre de la distance avec ses démons, couper le cordon et aller chercher de l’oxygène plus loin sans sortir du périmètre rassurant de Miami. « Ma vie est ici maintenant, aucune envie de toute recommencer encore une fois. Ma mère n’est plus connectée à la réalité et je crois que je ne survivrai pas à une mission humanitaire au fond de l’Afrique. La traumato c’est déjà un sport olympique pour moi. » La misère. En souper jusqu’à plus en pouvoir mais ne jamais vraiment en sortir. Mais voilà, celle-ci lui suffit, pas d’envie de trotter à l’autre bout du globe pour se confronter à une forme jumelle d’indigence. « Moi aussi je t’aime bien l'affreux. » C’est amusant de devancer, de faire ressortir le discours d’entre les lignes pour le projeter sur le devant de la scène. Fou ce que les gens peinent à exposer leurs sentiments, comme s’ils devaient pour ça s’arracher l’organe palpitant et le poser encore tiède et si vulnérable sur la table.

Mais même s’il l’aime bien, quand le gamin vient mordre les limites ça réagit quelque part dans ses entrailles. Vague soubresaut d’ego écorché. Ses lèvres se pincent pour ravaler une réaction puérile, et sans aucun doute blessante car trop vive. Serait pourtant tellement facile de lui dire de s’occuper de ce qui le regarde, de cesser de lui taper sur le bout des doigts encore et encore pour faire rentrer la culpabilité et le pousser à mettre un terme à toute consommation. Facile à dire. Facile à penser. Dans la réalité, il manque encore quelque chose. Une force, un courage ou tout simplement la détermination vitale. Les secondes s’égrènent, le temps que l’ordre revienne, que l’ego reparte se cacher dans son trou. Le temps d’accepter que le gosse ne dit que la stricte vérité. Celle qui aiguillonne la bête blessée mais la pousse quand même à avancer et ne pas abandonner. « Noté, maman. Pas de mélanges. Même si en théorie avec deux ans d’étude dans les pattes tu seras en capacité de me sauver si je ne déconne pas trop fort. » Habituellement, il n’aime pas ce genre d’humour sinistre qui sous-entend que dans deux ans il n’aura peut-être pas avancé. Pire, qu’il commencera à faire des mauvais choix, à prendre des risques inconsidérés de mauvaises réactions. Oublier le danger du poison. Difficile de revenir en arrière, de battre les cartes et de les jouer différemment, les faits sont là et le gosse enfonce son doigt dans la plaie béante à la recherche de la balle perdue. Exercice périlleux dont pourtant il ne pourra ressortir aucune violence. Au plus sombre de la détresse Livio ne mord qu’avec les mots. Fort, assurément, revers de la médaille d’un cerveau rempli comme un dictionnaire. La langue qui claque comme un fouet mais aussitôt suivie d’un sentiment étouffant de honte et de culpabilités, de plates excuses rampantes et milles demandes de pardon suppliants. Rien d’autre. Pas une main qui menace, pas d’ongles qui meurtrissent la chair à refermer une poigne trop cruelle sur un bras tendre. Rien. Menacé par un patient il ne sera pas de ceux qui se jettent dans la mêlée comme des héros, plutôt les mains levées en guise de paix épuisée. Tape plus fort tu ne risques rien Yashem. Pas ici, pas dans ce contexte, pas dans cette relation créée qu’il considère comme assez solide pour laisser l’adolescent prendre des libertés qui hérissent jusqu’aux derniers cheveux de sa nuque.

Il détourne les yeux, aucune envie de surveiller ni la drogue, ni l’invité. Et puis ça le met profondément mal à l’aise cette image. Bien plus que de se voir mis à genoux par le manque, bien plus que de se sentir fiévreux et faible à cause de mauvais choix dans sa vie. Cette jeune âme là, les amphétamines à portée de doigts, ça pourrait le rendre malade de honte. Pire que s’il lui demandait Livio qu’est-ce que t’as foutu pour tomber si bas. C’est brûlant. Etouffant. Asphyxie de sottise comme un mal nécessaire. Mais le sentiment d’horreur ne prend pas fin aussi facilement, il faut que Yashem vienne ajouter des mots sur une action déjà perturbante. « Les choses paraissent toujours évidentes de l’extérieur, et une fois que t’es dedans, c’est l’inverse, tout te parait atrocement compliqué, comme si tu devais apprendre à ton corps à survivre sans plus jamais respirer. Tu te dis que c’est impossible, et quand tu essayes tu as tellement d’alarmes qui se déclenchent que tu as vite fait de faire demi-tour. Et ça tue des gamines, oui. Et pas que. » Ca le dégoute, mais pas assez pour faire un choix radical. Sa force se limite à secouer la tête pour refuser le sachet rendu. D’un mouvement du menton, désigner la table comme terre d’accueil pour les stupéfiants qu’il s’interdit de regarder. Il repoussera jusqu’à ne plus en pouvoir, jusqu’à ce son estomac se contracte, jusqu’à son t-shirt s’imbibe de sueur, jusqu’à ce que le gamin ne soit plus là pour constater cette déchéance. Plus tard, qu’il se raconte. Ca attendra. C’est pas la première fois, il connait les premières étapes pour avoir essayé milles fois de toute arrêter. Sans succès, seul dans la tourmente il est plus facile de céder pour retourner vers ce qui rassure plutôt que s’infliger une torture horrible. « Tes parents n’aimeraient ni l’un ni l’autre. On ne voudrait pour nos gamins que des bons exemples. Des gens biens. Vraiment biens. Et c’est pas parce que j’ai jamais mis ne serait-ce qu’une gifle à quelqu’un que ta famille serait ravie d’apprendre où tu traînes. C’est utopique mais on voudrait que tu penses aux fleurs et aux petits papillons plutôt qu’être vissé là. Que t’ailles au karaté en pensant à ton dernier crush qui t’a fait rougir et à la dernière musique en vogue à la radio. » Au lieu de quoi il donne son bras à un étudiant en médecine au bout du rouleau. Etrange tableau.
Il roule des yeux en riant. Trop de bonne volonté dans ce gamin. Et peut-être même une forme de candeur encore présente même s’il ne la voie plus de son côté. Comme s’il avait besoin de travailler pour être apprécié. Comme si être lui-même ne pouvait pas suffire à lui faire une place. « Tu restes manger un truc tant que je suis encore capable de me lever ? On tâchera de te trouver des amis qui craignent moins quand même, mais en attendant il n’y a que toi et moi. Et je n’y connais rien ni en fleurs, ni en papillon, ni en karaté. » Mais on peut s’entendre malgré tout, et c’est ça qui est réconfortant dans toute cette étrangeté.



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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyLun 17 Juin - 21:49

Spoiler:

Yashem qui baisse les yeux, touché puis coulé. Qui réalise combien il n'a pas envie de le sauver. Pas dans un sens où il souhaiterait l'abandonner sur le champ, juste pas envie de le voir souffrir et agoniser suffisamment pour qu'il doive lui apporter son aide en urgence, recueillir sa vie entre ses mains et tenter de le réanimer - la découverte que sans doute ce serait un mauvais infirmier, pour ça. Quelques fois où il a pu donner un coup de main, au moins tenter, les accidents qui ont toujours été nombreux dans de fausses familles de morveux indomptés, mais quelque chose de plus horrible encore dans le fait d'imaginer Livio à ce point en difficulté. Lui qui se tait à défaut de trouver quoi dire, pas envie de lui dire combien il ne souhaiterait pas avoir à agir pour pallier au myocarde ou aux neurones saturés par les substances, pris à son propre jeu des trop grosses vérités. L'étudiant qui fait mal en parlant de s'abîmer involontairement, et rien de plus que de l'égoïsme dans les arguments qu'il pourrait avancer. Pas le choix. Pour l'instant. Le plus jeune qui ne serait même pas capable de proposer un centre de désintoxication, ceux de l'Etat qui réussiraient surtout à le garder toute une vie à pisser dans un pot pour que l'institution se fasse soixante dollars à chaque fois pour les réclamer à l'assurance, puis après aux parents. Son ami qui reste piégé faute de mieux, malgré toute la bonne volonté des deux.

Un regard timide finalement lancé à l'encontre de l'altérité, les yeux noirs qui se concentrent ailleurs et lui qui saisit vite, ne veut pas insister. Qui le repose plus loin sur la table, délicatement, comme on s'occuperait d'une bombe à la grande sensibilité plutôt que d'un oiseau mal en point, le corps penché, le souffle en suspens sans savoir en expliquer la raison. Quelque chose de vaguement angoissant dans ce sentiment, et l'adolescent qui choisit de recouvrir le sachet d'un bout de papier trouvé, histoire de le laisser moins dans le champ de vision, la forme que l'on distingue encore et qui lui suffit déjà bien assez. Pas beaucoup qui auraient eu le courage de ne pas se jeter dessus ou de l'arracher en vitesse, et parmi les amis en commun aucun ne se serait à ce point donné la peine de lutter. - La traumatologie a l'air vraiment intéressante raisonné pour mettre fin au silence dans une certaine tranquilité, Yashem qui le pense vraiment, peut-être de quoi mettre son énergie trop longtemps étouffée à profit de quelque chose d'utile, sans s'en complexer. L'habitude de rester immobile la plupart du temps pour plaire et espérer se faire adopter qui a assassiné une personnalité qui aurait peut-être été plus sûre d'elle, plus que dans les arts martiaux qu'il a des chances de la retrouver. - Les urgences aussi, mais pas tous les jours. Et je me débrouille assez bien avec les enfants, souvent mieux qu'avec les adultes, bizarrement. Peut-être parce qu'il savait très bien qu'il ne devrait pas faire confiance aux derniers. La minorité qui continue de parler, quelque part, rien de bien méchant, même si l'adolescent ne se sent vraiment pas de passer le cap un jour, le droit de vote aux prochaines élections qui le terrifie déjà suffisamment ; c'est passer du côté de l'oppresseur sans le vouloir, être la figure impressionnante et autoritaire de plus en plus de monde en espérant ne jamais oublier ce que les plus grands ont pu lui faire, peut-être aider à rétablir un certain équilibre dans les échanges, veiller sur les gestes en sachant que les plus propres sur eux seraient capables du pire.

- S'ils avaient à ce point voulu des fréquentations parfaites, ils n'auraient pas pris Yashem Ben-Afeen Mohammed, quatorze ans, de la banlieue de L.A. Ils auraient fabriqué leur propre enfant, ils l'auraient appelé d'un nom de blancs, genre papillon, et il aurait dessiné des licornes jusqu'à ses quatre ans. Le sourire qui se coince dans un drôle de rictus, les conversations qu'il a cru comprendre d'une possibilité que l'enfant d'une mère porteuse naisse avec l'un de leurs ADN depuis, l'angoisse de Yashem sur ce point toujours tue, la suite logique de fiançailles qui sont encore cachées, Jensen qui tente encore de trouver le moment de lui passer la bague en doigt, tous les enfants depuis mis au courant. - Je ne dis pas qu'ils seraient absolument ravis que je sois ici, probablement qu'ils voudraient me rapatrier à la maison quand même, mais avec une soirée de réflexions, ils seraient pas étonnés. Ils ne sont pas cons, et savent que je ne le suis pas complètement non plus. Pas moyen de lui faire comprendre avec des mots, le vocabulaire qui manque au brun pour exprimer ses sentiments, combien être ici était bizarrement rassurant ; de quelle façon Livio pouvait l'apaiser, calmer les démons, le ramener à la réalité. - Les gens qui sont parfaitement propres sur eux, ils n'ont rien vécu. Je tente de leur parler, mais on ne deviendra jamais amis. J'en ai sinon, en cours, au karaté. Mais je ne peux pas leur parler, tu vois. Eux qui seraient sûrs de le connaître et de tout pouvoir écouter, mais qui ne voudraient en vérité rien entendre, et le passé apocalyptique qui est toujours vague, juste pour qu'ils continuent de lui parler. - Je sors du commissariat où j'ai du parler de trucs innommables, je peux pas rester avec eux juste après, ils exploseraient. Pas qu'il en parlerait suffisamment non plus, le traumatisme qui préfère rester quelque part à l'intérieur de l'estomac et ne jamais croiser le chemin des cordes vocales, pas grand-chose qui sort même quand c'est nécessaire et que les autres mômes comptent sur lui, pas envie de rendre réel des choses qui se sont surtout rapprochées d'un ancien rêve ces dernières années. - Y aussi le fait qu'ils pensent que les drapeaux confédérés font partie du patrimoine de l'Amérique et restent encore bons à accrocher, ou le fait qu'ils mentionnent Isis énormément quand je suis dans le coin, mais des potes très bien, j'en ai. Ils ne m'intéressent pas. Lui qui se retient de rouler des yeux à la plupart de leurs blagues ou de leurs commentaires sur n'importe quel sujet, qui s'est suffisamment intégré pour avoir la paix, juste des expériences diamétralement différentes qui feront qu'ils ne se réuniront jamais vraiment, les existences juxtaposées sans réellement se croiser.

La main qui couvre le bras maquillé de rouge et de bleu pour éviter de se griffer sans faire attention, le stress qui se réveille et qui s'agite pour grouiller sous l'épiderme, les mécanismes de gestion des angoisses qui ont encore une certaine vulnérabilité malgré tout le travail fait avec les parents attentifs aux signes, la grande majorité qui s'est depuis dissipée ; avant même pas une possibilité de répondre à une question sans se couper la respiration, émettre un avis qui paraissait fatal, Yashem un genre de renard, toujours à s'approcher une seconde puis à déguerpir dans la foulée. La plupart des gens normés qui ne se seraient pas attardés longtemps, comme beaucoup l'avaient déjà fait, avant un retour un peu plus stable émotionnellement, l'oeuvre de beaucoup d'entraînement. - Si tu veux, je peux t'aider à faire à manger, le timide sourire sympathique alors que les muscles des jambes se tendent pour se préparer à se mouvoir, l'envie de bouger et de se rendre utile qui ne tarde pas à se faire sentir pour devancer sa propre faim. - J'ai eu ma première dan il y a deux semaines d'ailleurs, c'est la ceinture noire. Au karaté. Il y a encore plein de passages qui vont être encore plus compliqués à avoir maintenant, mais j'ai officiellement les bases d'après les profs qui ont regardé. La fierté de son père qui tirait un sourire jusqu'aux oreilles, lui qui l'avait suivi jusque dans les gestes et sur le tatamis, au moins quelque chose de chez lui d'accompli duquel il pourrait se vanter.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyMar 18 Juin - 14:51


chill, it's only chaos
@Yashem Adler-Knight



Quelle peine. Un gamin si jeune et les ailes déjà consumées, l’esprit salit, le fond de pensées grisâtre et attristé. Du bout du doigt il gratte la fibre denim de son jean, le regard perdu alors que les rouages de ses réflexions l’amènent forcément autour de la gestation pour autrui. Comment le vivre quand on est un gamin adopté ? « Et bah ça te ferait peut-être du bien. P’tetre même que tu dessineras des licornes avec lui s’il existe un jour ce gamin-papillon. Et tu lui apporteras plein de choses dans sa petite vie hyper consensuelle. » Il manque d’ajouter qu’il pourra toujours se réfugier ici si ce gamin voit le jour et le met mal à l’aise mais offrir une fuite avant même que le problème ne se présente n’est pas une solution. Et puis c’est pas vraiment un secret non plus que la porte ne sera jamais fermé à cet adulte en devenir. Et puis le gosse souligne une vérité qu’il partage. Les gens sans ombre au tableau sont insipides, creux. « Tu sais que tu peux toujours appeler. Toujours venir. » Parce qu’il poserait pas de questions Livio, c’était pas son genre. Qu’il prend les infos qu’on lui donne et s’interdit de s’immiscer là où d’autres adorent plonger leur curiosité dans la faille. On l’appelle, il rassemble ses esprits et vient. « Mais j’ai pas l’intention de te servir du pathos jusqu’à la fin de ma vie, j’ai pour projet de devenir quelqu’un d’affreusement rasoir, sans emmerdes. » Il glousse comme un enfant fier de sa bêtise. Peut-être aussi un peu pour dédramatiser, pour ne pas être simplement le type qui remplit la case toxicomane mais gentil. « Et puis qui te dit que j’ai pas l’drapeau tatoué sur tout le torse. » Ca l’amuse de le taquiner gentiment, de faire l’idiot pour sortir de ce cadre si sérieux. Comme s’il vomissait pas ces mêmes personnes.

Et le corps juvénile déjà prêt à dégainer sa vitalité pour apporter de l’aide, un soutien, une présence ou simplement assurer partout où l’aînée sera défaillant. C’est attachant. Peut-être angoissant aussi dans une certaine mesure, de voir que c’est celui dont l’âge ne plafonne même pas la majorité légale qui dans la réalité est plus en mesure de surveiller l’autre que l’inverse. « C’est tellement un truc de couple de cuisiner à deux. » Ca le fait rire, il peut se le permettre. Presque une dizaine pour les séparer, annihilant tout quiproquo, toute tension douteuse. Ca simplifie les rapports là où tout pourrait prendre une tournure dérangeante. Pas assez jeune pour y voir une relation malsaine, pas assez vieux pour avoir un doute sur une potentiel attirance. L’équilibre fragile d’un funambule, à deux ans près ça devenait problématique dans un sens ou dans l’autre. Il rive son esprit sur le karaté. C’est un monde inconnu, toutes les images qu’il pourrait en avoir sont tirées de la télévision. Pas forcément les meilleures, mais pas les pires non plus. Mais toute nouveauté qui pourrait accaparer quelques minutes ses connexions neuronales sont bonnes à prendre pour museler un peu plus longtemps le mal. S’étirer lui parait douloureux, se lever lui coûte, mais c’est une routine connue. Quand Yashem n’est pas là il n’attend pas après l’intervention divine pour se nourrir quand il y pense. Il ramasse les verres et se force à bouger en direction de la cuisine, avec l’assurance que son électron libre n’aura aucun mal à le suivre. Pas de quoi se perdre dans un logement de trois pièces.  « Ca m’a toujours paru affreusement compliqué, toutes ces règles, toute cette discipline. Félicitations. Faudra que je vois ça un jour. » Il se demande si le gamin le fait pour lui-même ou pour son père, mais tant qu’il y éprouve un sentiment positif, ça lui semble relativement sain. Chercher la validation de sa famille, pas besoin d’être adopté pour rentrer dans ce process d’enfant en mal de reconnaissance, dont la confiance en soi a foutu le camp, quelque part sous une main adulte cruelle. « Ca veut dire que tu sais mettre les gens par terre ? » qu’il demande avec curiosité, le sourire en coin, alors qu’il s’intéresse à la vaisselle de la veille, histoire de ne pas être un mauvais exemple sur tous les plans. Et puis parce qu’il prend pas gros de risques avec une éponge deux verres une assiette.

Il tape dans placard bas du bout du pied dans ce qui lui parait déjà être une acrobatie périlleuse. « Sors-nous une casserole on va mettre de l’eau à chauffer. » La grande ambition, de se lancer dans une recette basique, pour conserver un semblant de bonne santé. « Et il y a des tomates, des oignons, on frise le grand luxe. Sauce tomate ça te va ? » Les mains dans la mousse, la concentration déjà évadée depuis longtemps, partie dans le syphon ou cavaler tout simplement ailleurs il sent à peine la morsure de la lame qui entame la chair de sa peau. Maladresse de toxico, habitudes d’étudiant égaré. La teinte carmine donné à l’eau qui s’écoule le fascine un instant, preuve que toute réactivité est partie en même temps que la concentration. Il contemple la plaie sans ciller, comme un gamin stupéfait. « Et un cours de suture pendant que l’eau chauffe, ça se tente ? » Parce que de toute façon, même pour deux points il n’aura jamais le geste assez sûr ce soir pour s’occuper de sa main, et encore moins la motivation de faire quoique ce soit pour appeler un camarade de promotion – sans même pas envisager l’idée de se traîner jusqu’aux urgences pour si peu – même si des mains chez les médecins c’est un peu tout ce qui compte après le cerveau.

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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyVen 21 Juin - 15:20

Spoiler:


Et ce n'est pas possible. Il a beau tenter encore et encore de déconstruire le problème, il ne fait que se rétablir un peu plus solide qu'avant, le bébé hypothétique qui arriverait qui ne ferait que leur montrer le privilège d'avoir son propre enfant, la véritable chair de sa chair, de lui apprendre les toutes premières choses plutôt que de compter sur une communication plus ou moins efficace avec des adolescents déjà traumatisés. L'enfant papillon qui sera exceptionnel et sur qui il veillera, mais une timide crainte qu'il ne puisse pas faire partie du tableau ; déjà pour Mary son lien de parenté qui est loin d'être évident, elle qui fait bien d'être assez vieille pour s'exprimer et mettre en confiance chaque nouveau surveillant, Yashem qui en aurait presque l'air d'un criminel à roder et attendre sans raison apparente, et l'adoption qui est franchement moins visible qui aide un petit peu la situation à s'empirer. Pas un dégoût des petits en soi, au contraire, juste la connaissance de sa remplaçabilité, même dans un corps familial aussi soudé, toujours l'ombre du doute. - Ce môme me fait déjà peur en soi, j'ai l'impression d'être un vieux téléphone qui ne sera plus mis à jour dès qu'on verra les nouvelles fonctionnalités du nouveau, toutes les options, genre "oh elle a tes yeux!", eux ne pensent pas que ça se passera comme ça mais au final on n'en sait rien. Et l'adolescent qui n'en sait pas plus en vérité sans vouloir le reconnaître, l'impression de sortir d'une université immatérielle en ce qui concerne les différentes formes familiales tout en ayant attendu la quinzième pour avoir trouvé la première appropriée. L'une d'entre elle qui a arrêté toute activité de famille d'accueil pour accueillir son propre bébé.

- Je veux pas que tu me serves du pathos, Liv. Juste que je continue de te fréquenter si tu veux bien? Si tu veux vraiment que je trouve d'autres amis, je le ferai. Mais c'est toi qui m'a invité ici et qui m'a dit que je pourrais rester. Et il n'y a pas meilleur endroit. Le plus âge a beau y croire de tout son coeur, il ne pèsera rien face à la mauvaise foi de l'altérité. Une importante loyauté et l'impression qu'il n'y avait pas plus brillant sur Miami que Livio Maitland non plus, et pas quelques cachets dont il s'est détourné pour le moment qui vont le faire changer d'avis. Sans doute que quand Liv les prendrait, il orienterait ses pupilles vers le téléphone de ses parents, à se demander pendant deux secondes pourquoi traîner loin de chez lui. Avant de lui accorder à nouveau toute son attention, l'amitié jamais défaillante, pas une chance qu'il le lâche sans rechigner même s'il y est invité. Yashem partagé entre l'envie de ne pas déranger et celle de s'accrocher, quand bien même il lui dirait de partir, de l'inonder de pourquoi autant qu'il aurait voulu le faire pour tout ceux qui l'ont quitté. Pas les moyens de perdre encore une personne d'une telle importance, une fois qu'il est mis face aux faits.

Le corps qui se lève et le suit timidement, toujours à moitié dans l'entrebaillement, pas de crainte de l'individu ni du territoire, juste l'éternelle découverte des limites et leurs vérifications constantes, réflexe d'usure qui ne s'en ira pas comme ça. - Il y a quinze minutes j'étais ta mère, on ne peut pas être en couple Livio pour marquer lui aussi le même sentiment, juste lui qui a envie de veiller, pas nécessairement autre chose. Yashem qui n'a quasiment jamais été dans une relation, et la romance masculine dont il craint qu'elle mettrait à défaut le couple homoparental, qui risquerait de faire parler tout le voisinage, malgré l'identité plus fluide que ses frère et soeurs qu'ils n'ont jamais tenté de contrôler ; jamais vraiment eu de discussions sur la question, d'ailleurs. Yashem qui s'affaire et continue de parler, sans trop prêter attention à l'aîné, lui faisant suffisamment confiance pour se débrouiller tout seul et suffisamment concentré sur les tâches demandées.

- On met rarement les gens par terre, finalement. Sauf pour les mises en pratique strictes de katas, où on doit vraiment développer chaque mouvement sur une personne qui du coup connaît sa partie et la réalise aussi, comme une chorégraphie, ça arrive rarement. En situation de combat, si on peut appeler ça comme ça, les coups de pied suffisent amplement, les mains pourvu que tu y mettes un peu du tien peuvent faire l'affaire aussi. Le but c'est de ne pas se fatiguer pour rien, pour que tu puisses continuer une heure si jamais. Donc bloquer une personne par terre serait une perte de temps si tu réussis à la démotiver autrement. La dissertation qu'il tente de limiter alors que la passion s'exprime au travers de chacun de ses mots, les arts de défense qui l'ont définitivement sauvé, quelque part, la connaissance que maintenant, si les choses se répétaient, il saurait quoi faire, comment agir. Qu'il ne se ferait plus jamais avoir par un plus grand. - Mais du coup pour les passages de grade, la plupart des katas décomposés que tu dois faire se termine avec deux personnes à terre. Tant qu'on ommettait le protocole juste après, au moins une minute trente d'exécution millimétrée rien que pour sortir du tatamis, sans quoi le grade ne serait jamais accordé.

C'est le regard qui se relève à nouveau sur l'exécution du médecin sans trop y penser, qui distingue quelque chose qui n'aurait pas du arriver. L'impression d'un grand frisson qui le traverse alors qu'il ne sait réagir à l'urgence encore, les mots qui butent dans sa trachée avant de finalement s'exprimer. - Tu veux qu'on aille voir un médecin? Tu vas avoir besoin de points! et Yashem qui se penche pour trouver l'objet coupable du méfait, pas difficile de le trouver dans l'eau désormais toute rougie, et les bulles de produit vaisselle qui font encore un drôle de constraste, quelques fractions de battement de secondes de battement avant de pouvoir à nouveau formuler une pensée cohérente, les demandes qui se joignent au gestes presque automatiquement. - Les serviettes sont propres? avant d'en saisir une blanche en bas de l'évier, Liv qui dans le doute pourra toujours se doper aux antiseptiques les prochains jours, avant que le calme incroyable du plus grand lui parvienne enfin. - Non, j'aurais vraiment trop peur de te rater, j'ai jamais fait ça, et l'angoisse qui envahit les paroles saccadées, Yashem qui n'arrive pas à comprendre qu'on puisse lui accorder ce genre de confiance dans les faits, le rappel de quelques souvenirs de secourisme qui lui viennent en tête alors qu'il tente de moins s'émouvoir, les mains qui s'approchent et compriment comme elles le peuvent, le regard qui se tourne vers le canapé dont le futur médecin n'aurait pas du bouger. Les yeux noirs qui croisent son propre bras, l'esprit qui ne peut pas s'empêcher de réfléchir à tout ce qu'il a pu lui apprendre précedemment. Une veine sans aucun doute, une artère aurait effusé comme un volcan, et la localisation de sa plaie qui ne laissait pas ce genre de craintes pour autant. Livio qui saurait être ok pourvu que lui sache l'écouter sans paniquer.
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Message () Sujet: Re: chill, it's only chaos ( yashem )    chill, it's only chaos ( yashem )  EmptyVen 21 Juin - 20:23


chill, it's only chaos
@Yashem Adler-Knight

Spoiler:

Comme envie de rappeler le gosse à l’ordre, de lui rappeler qu’ici il peut respirer. Que le second degré est une religion courante en présence de Livio. Que c’est d’ailleurs le meilleur moyen de tout prendre à la légère, de bien accepter, de mieux vivre globalement. « Je plaisantais… », qu’il se sent obligé de justifier d’une voix douce. S’il pouvait il le tiendrait en otage des jours durant, tant pis pour la famille, les obligations diverses et variées, ça lui fait toujours un petit fragment de vie qui vient faire écho à la sienne. Pas qu’il ne soit pas capable de trouver de la compagnie à droite à gauche, mais plutôt qu’elle sait reconnaître quelle présence a de la valeur et laquelle n’en a pas. Qui mérite la vérité la plus crue qui existe, et qui il vaut mieux ne pas laisser passer le pas de la porte au risque de donner un trop grand aperçu de l’intimité. Evidemment, Yashem n’effleure même pas la seconde catégorie, bien trop ancré dans la première. Il est de ceux qui ont un passe-droit. Une carte blanche. Demain il pourrait rentrer sans frapper que l’aîné hausserait à peine un sourcil sous le coup de la surprise, mais aucune contrariété, aucun commentaire désobligeant ne viendrait heurter le bord de ses lèvres. Comme un colocataire officieux. « Toujours le bienvenu, et je vais me répéter jusqu’à ce que mort s’en suive s’il faut. » Et ça sera un apprentissage comme un autre. Recommencer la leçon, la répéter, la faire tourner en bouche avant de la verbaliser, dans l’espoir qu’un jour elle parvienne envie à se frayer un chemin dans l’esprit tortueux de son invité. Qu’il imprime définitivement qu’ici il a sa place, parce qu’il n’y a pas de famille, pas besoin d’avoir un lien de sang, pas besoin de se trouver des similitudes, mais simplement être soi. « T’es pas en sursis ici. Respire Yashem. T’es même dans l’obligation de continuer à me voir. J’aurais dû te faire signer une décharge. » Sa tête s’incline, un sourire presque taquin qui étire les lèvres. Il aime ces dissonances entre eux, ces moments de flottement où leurs deux tempéraments se manquent, où il se heurte à toute la fragilité du garçon. Ce n’est pas pour autant qu’il module son humour pas très qualitatif. Il pourrait le prendre dans ses bras dans ses moments là juste pour lui souffler à quel point il est bête d’avancer des hésitations pareilles mais il réfrène. Pas d’intrusions, pas d’empiètement sur l’espace vital des animaux sauvages de peur de le voir s’envoler et s’éparpiller comme une nuée de moineaux.

Et subitement il se demande à quel moment on a trop tapé sur cette âme innocente pour qu’elle fasse preuve d’un tel pragmatisme. Ses yeux se lèvent au ciel comme pour gronder un dieu en lequel il ne croit pas avant de retrouver ce besoin absurde de continuer à frotter sa pseudo-jovialité à cet esprit à la logique imparable. « Attends c’est un râteau ça ? » Il rit, comme un imbécile, passant du doux frémissement au fond de la gorge au rire difficile à arrêter. Parce qu’il adore cette façon si sérieuse de lui rappeler la vie, comme s’il était là à lui faire un cours magistral sur les relations familiales, comme si tout ça avait un poids, une réalité. Lui, l’amour il sait que ça existe. Ca lui est tombé dessus deux ou trois fois, par erreur, sans prévenir, mais il le prend comme le reste : par-dessus la jambe. Fille, garçon, qu’importe, seule l’ivresse compte. Comme s’il avait le temps pour ce genre de torture entre deux gardes. Et remballer sa curiosité sur la vie privée du gosse qui n’a jamais parlé de ces choses – mais difficile de l’envisager subitement bavard au sujet de quelqu’un qui aurait ne serait-ce qu’attiré un peu plus longtemps ses deux pupilles.
Au lieu de ça, il accepte de parler de sa discipline, et ça suffit à remettre en route les quelques espaces encore fonctionnels dans le cerveau de l’étudiant. L’attention est aussi accrue que possible, happé par cette description presque poétique. Cela lui parait incroyablement compliqué, lui qui ne s’est jamais glissé dans le moindre karategi.  C’est rassurant, de sentir cette vie battre dans chacun des mots envolés. « Ca me parait bien plus complexe que les études de médecine. » Pour une fois, il est sérieux. Ca le dépasse. Lui ôte les mots de la bouche. Le laisse admiratif, d’une telle rigueur, de savoir développer une telle passion pour un sport qui est régi par tant de règles qu’il ignore. « Tu devrais m’en parler plus souvent. Pas dit que je comprenne, mais ça a l’air de vraiment te passionner. » Et ça lui parait si rare que le gamin cède une partie de lui, s’ouvre pour oublier sa méfiance pendant quelques instants. Ca provoque ce sentiment doucereux de satisfaction, rassuré de voir son invité capable de lui offrir ce genre d’instants.

Un médecin. Le mot le fait vaciller. Un sourcil qui se lève, l’autre qui s’abaisse, dans ce tableau d’incompréhension parfait. Pantelant, il laisse les secondes filer sans parvenir à formuler la moindre réponse. Et Yashem qui se noie dans un flot de pensées qui n’appartient qu’à lui, sans provoquer une quelconque réaction, planté là à regarder le filet de sang serpenter jusqu’au bout de ses doigts, perplexe. Hypnotique. A tel point qu’il ne sait pas répondre à la question pourtant basique. Pas affolé pour deux sous. Jamais en vérité, avec ou sans le manque de substance, toujours profondément enfoncé dans ce flegme insupportable quand la question le concerne. Pour quelqu’un d’autre il aurait eu un sursaut, le cerveau aurait enclenché des automatismes de travail. Il laisse couler les réactions du gamin. Incapable de lui en vouloir. Peut-être qu’il a besoin aussi de lire cette précipitation, ce pic de stress pour compenser son immobilisme. « C’est pas faux. Mais il faut bien commencer par une première fois. » Tendre sa main valide sous le nez de son comparse de galère pour lui faire constater les tremblements induits par le manque qui se creuse et qu’il ne peut pas contrôler. « C’est toi ou moi. Mais à toi de voir. J’ai confiance en toi, mais il faut que tu aies confiance en moi. » Pleinement conscient de le piéger, de ne pas vraiment lui laisser le choix à moins qu’il ne veuille être témoin d’un désastre. Regard sombre contre regard sombre, à la recherche d’une lueur d’espoir.  « Hors de question que je consulte qui que ce soit. » Et puis il y a encore une carte dans la manche même s’il refuse de l’abattre. Suffirait tout simplement de prendre la dose qui fait tant défaut à son organisme pour ruiner un peu plus à long terme sa santé mais retrouver un minimum de concentration et de contrôle sur ses doigts. Parce les amphétamines feront mieux le boulot que n’import qui, parce qu’un dopant est toujours plus utile qu’une drogue récréative entraînant dans un badtrip. « Je vais pas me vider de mon sang, je vais pas mourir, mais j’ai vraiment besoin de points si je veux pouvoir travailler demain. » Pas que ça serait agréable, mais ça pas besoin de le souffler si la panique est déjà difficilement contrôlable dans le corps qui lui fait face. « Dans la salle de bain. Dans le meuble j’ai encore des aiguilles stériles. Il faut aussi un porte aiguilles ça ressemble à une paire de ciseaux un peu. Et une pince. Et des gants. Je ne t’en veux pas si tu veux pas le faire, mais ça m’aiderait déjà que tu me ramènes ça. » Il prend le relai pour compresser sa paume sous la serviette, conscient d’être définitivement pas la compagnie la plus reposante qu’il soit. Et c’est désespérant de faire un constat comme celui-ci sur soi-même. « Je suis désolé. » Comme l’unique échappatoire faute de pouvoir servir à quelque chose ou être rassurant – juste des excuses sincères.


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