« Ah putain fais chier » L’élégance à la Maden. Le front appuyé contre la porte d’entrée du petit pavillon il réfléchit aux options qui s’offrent à lui. Les paramètres sont relativement simples : le stock de cocaïne se trouve de l’autre côté de la porte. La porte est fermée. La porte ne lui appartient pas et il n’en a pas la clef. Donc, putain, fais chier. Mais les menaces verbales n’ont aucun effet sur la serrurerie moderne et il le sait. « Les Marsh, vous commencez à me courir. » grogne-t-il seul face à la nuit. Ca avait l’air d’une bonne idée, d’exploiter la gamine, de planquer tout chez elle, avec son air de ne pas y toucher, sa belle tête d’innocente, c’était bien pratique quand sa tête était mise à prix par la DEA et que l’aîné Marsh n’était guère mieux loti avec la justice. Mais voilà les limites de cette idée de génie : il ne pouvait pas aller et venir comme bon lui semblait pour venir récupérer un paquet ou deux. Il aurait pu faire des pieds et des mains, se mettre à hurler sous sa fenêtre jusqu’à ce qu’elle se réveille mais il ne tenait pas à ce que tout le quartier remarque ce petit manège plus qu’illicite.
Il agite son poignet pour essayer de distinguer l’heure avec la faible lueur des lampadaires lointains. Trois heure quarante-cinq. L’heure idéale pour s’inviter et récupérer de la drogue, il en convient. Mais c’est aussi ça de travailler avec Pearks : devoir découvrir une nouvelle gestion des horaires de travail. La nuit, aux aurores, au crépuscule, mais rarement sur des heures de bureau comme toute personne respectable. Et en regardant le ciel obscur il avise un détail qui lui parait être sa seule chance : une fenêtre ouverte à l’étage. Sa chambre ? Il ne se souvient plus de la configuration de la maison mais cela lui importe peu. Ca pourrait être son dressing à culottes que ça ne le ferait pas plus hésiter. Le narcotrafiquant assure sa prise sur le treillis où grimpe une glycine et se tracte péniblement comme s’il avait encore quinze ans et qu’il était motivé à rejoindre sa petite amie en douce. Sauf qu’ici son unique amante ne l’appelle pas Nicola mais cocaïne. Et qu’il n’a aucune intention de lui faire l’amour, juste de la mettre dans sa voiture pour alimenter le trafic. Aucun romantisme. Presque fier de lui et il finit par passer par la fenêtre en se félicitant de ne pas être tombé ou de ne pas avoir insulté bruyamment la plante, la maison, les Marsh ou n’importe quoi d’autre. Mais dans la pénombre, ses yeux sont aveugles, et trop confiant il s’avance dans la pièce en pensant aller dans la bonne direction. Et voilà qu’il heurte ce qui doit être une table de chevet. S’en suit différents bruits qu’il ne maitrise pas, à commencer par un grognement de sa part puis un bris de lampe sans doute. Et face à tout ce bordel au milieu de la nuit il se sent obligé de justifier à la pénombre : « Nicola. Ne crie pas, c’est juste Maden. » Juste le pire de tous. Juste passé par la fenêtre. Juste à une heure indue. Mais elle a été à la bonne école la gosse avec son frère, clairement pas le meilleur des exemples ni un enfant de chœur. « T’aurais pas de la lumière ? Ca me faciliterait la vie quand même. »
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