(CHARISMA + SPENCER) un souffle du passé

« Félicitations, vous êtes enceinte. » Charisma n’était pas certaine que des félicitations puissent s’imposer dans sa situation. Elle n’était pas certaine de vouloir de cet enfant, elle ne savait même si elle désirait en avoir. N’ayant jamais eu une situation amoureuse stable, la psychologue n’avait pas pris le temps de se pencher sur la question. Ce qui l’inquiétait davantage c’était la réaction d’Arthur. Leur situation était déjà assez compliquée, ils n’avaient pas besoin d’ajouter un enfant à l’équation. Sauf que la nouvelle était tombée… Elle attendait un bout de chou. Charisma avait fermé les yeux en espérant que ça soit juste un cauchemar. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire ? Immédiatement, elle pensa interrompre sa grossesse sans en parler à son homme. Ça serait sûrement plus simple, non ? Il n’était pas obligé de le savoir. C’était son erreur, Cha’ avait oublié sa pilule à plusieurs reprises. Elle n’était pas obligée de mêler son amant à ça.

La brune déglutit et elle se redressa finalement de la chaise médicale. Elle sourit à l’obstétricienne avant de quitter le bureau complètement perturbée. Une fois dans le couloir, la psychologue s’adossa contre le mur et posa sa tête. Soudainement, elle avait envie de pleurer. Elle qui cachait énormément ses émotions, elle avait l’impression qu’elle allait craquer dans quelques secondes. Ce sentiment était horrible. Même si elle s’en doutait depuis quelques jours, elle avait espéré que ça soit une erreur, une simple peur et que ses règles allaient arriver. Non… Ce rendez-vous venait de confirmer ses craintes. Charisma avait les mains qui tremblotaient. Elle devait bouger, elle devait se changer les idées sinon elle allait paniquer. Ce n’était pas bon pour le bébé … Oh non… Elle était déjà en train de penser en fonction de l’enfant qu’elle portait… Au fond, peut-être qu’elle aurait l’instinct maternel qu’elle ne pensait pas du tout avoir ?

Finalement la brune se mit à marcher dans les couloirs de l’hôtel sans destination précise. Au fond, elle voulait quitter l’hôpital, mais elle était trop perdue dans ses pensées pour trouver la sortie. Elle déambulait dans les couloirs sans faire attention à ce qui se passait autour d’elle. Elle ne remarqua pas qu’on s’approcha d’elle et elle sursauta lorsqu’une main se posa sur son épaule. Son cœur se mit à se débattre dans sa poitrine. C’était soit Arthur, soit Trevor. Dans les deux cas, elle allait se faire démasquer directement. Ses deux hommes la connaissaient par cœur. Vivement, la brune s’était retournée et elle avait soupiré de soulagement lorsqu’elle se retrouva face au Docteur Wellington. Elle ne le connaissait pas beaucoup, mais ils avaient profité de la dernière convention de médecine pour échanger sur tout et rien. La psychologue lui offrit un doux sourire. « Bonjour Docteur Wellington. Je suis heureuse de vous revoir. » dit-elle dans un premier temps. « Non, je ne travaille pas ici.  J’étais… venue déjeuner avec mon frère. » mentit-elle avec habilité. Pas question de parler de son rendez-vous, elle ne voulait pas soulever des questions inutiles. « Je ne savais pas que vous étiez ici. C’est nouveau ? » demanda-t-elle. La dernière fois qu’ils s’étaient croisés, il était médecin à New York. Sauf si ses souvenirs lui faisaient défauts. Ce n’était pas impossible. Elle se sentait totalement perdue.

Le rythme de son cœur ralentissait graduellement alors qu’elle se remettait de la petite frayeur qu’elle avait eue en sentant la main de médecin contre son épaule. Si ça avait été son frère ou son homme, Cha’ aurait sûrement paniqué et elle aurait simulé un appel important pour quitter l’hôpital dans les plus brefs délais. C’était suicidaire pour elle de rester dans le coin près de personnes qui la connaissait par cœur. Elle qui avait, normalement, tant de caractère, elle s’en voulait de se laisser abattre par quelque chose. Même une nouvelle de cette ampleur ne devrait pas la mettre dans cet état. La brune se força un sourire en reconnaissant l’homme qui venait de l’aborder. Elle ne devait pas faire vivre son stress et sa mauvaise humeur à tout le monde, il y a uniquement Arthur qui y aurait le droit. Ça ne serait pas dramatique étant donné qu’il savait très bien comment la gérer. Il serait capable de la calmer en quelques minutes. Au fond, c’était frustrant d’avoir quelqu’un qui exerçait un tel contrôle sur soi, mais elle en avait besoin. Finalement dans sa tentative de se montrer aimable, Charisma parle de son frère ce qui sembla intriguer le médecin. Ça aurait pu paraître suspect si Cha’ ne savait pas que Trevor et Spencer s’étaient également rencontrés lors de la dernière convention de médecine. « Oui, il va bien. Mais comme souvent, il a une grosse journée. Je le laisse tranquille. » Elle sourit à nouveau. Un sourire vraiment sincère. Elle aimait beaucoup son frère, c’était l’une des personnes les plus importantes dans sa vie. Elle avait vraiment besoin de lui. « D’aussi loin que je me souvienne, on a toujours été très proches, oui. Il est mon modèle. » Elle n’avait aucune honte de l’avouer. Elle admirait son frère et d’être toujours debout après tout ce qu’il avait traversé. Avoir un enfant avec sa femme, ça n’avait pas été quelque chose de facile pour Trevor et Grace. Comme les enfants avaient perdu leur père très jeune, ils s’étaient soutenus au maximum et ils le faisaient encore aujourd’hui.

Attentivement, la psychologue l’écouta se confier sur sa fille, son regard foncé était posé dans celui de l’homme. Il y avait quelque chose dans son regard de rassurant et de très amical. Même si elle ne le connaissait pas énormément, il lui inspirait confiance. « Oh! Quel âge à votre fille aujourd’hui ? » demanda-t-elle sans faire de remarque sur le fait qu’elle était enfant unique. Dans certains cas, ce n’était pas par choix. Elle ne jugeait pas ça. Avant aujourd’hui, elle ne savait même pas si elle voulait des enfants. Là, tout changeait. Elle ne savait toujours pas, mais elle se voyait les choses imposées par la vie. « Oh! Félicitations pour votre nouveau poste. J’espère que vous allez vous plaire ici. Vous connaissez Miami ou c’est une première pour vous en ville ? » demanda-t-elle dans un premier temps avant d’ajouter sur un ton un peu plus taquin : « Vous êtes devenus le supérieur de ma maman ! J’espère qu’elle vous fera la vie dure. » dit-elle avant de rire et de secouer la tête. « Elle s’appelle Victoria. C’est une femme magnifique qui m’a transmise ses gênes de la beauté. Vous ne pourrez pas la rater. » Toujours ce même ton taquin alors qu’elle se valorisait aux yeux d’un inconnu. Elle débordait de confiance en elle.

Son frère était toute sa vie. C’était la personne qui la connaissait le mieux. Chaque soupir, chaque phrase, chaque mimique, il savait exactement ce que ça voulait dire. Pour une femme aussi renfermée que Charisma, c’était une faiblesse, mais en compagnie de son frère, elle l’acceptait. Arthur était en train de devenir une seconde personne qui allait comprendre ses faiblesses. Ça devrait l’effrayer et pourtant c’était tout le contraire. Elle était amoureuse et par amour, elle était prête à tout. Cha’ avait vécu plusieurs histoires, mais rien comme ça. Arthur lui faisait pousser les ailes dont elle avait besoin. Par contre, la brune haussa un sourcil lorsque le médecin parla du décès de son père. Si ça avait été récent, ça aurait pu la toucher, mais ce n’était pas le cas. La psychologue haussa les épaules. « J’étais très jeune à l’époque. Je ne m’en souviens pas vraiment, mais je suppose que c’est l’une des raisons qui nous a rapprochés. Il a été mon modèle. » Il sourit. Ça lui faisait étrange de parler de sa relation avec frère avec un inconnu, mais pourquoi pas ? C’était sa famille, elle pouvait parler de lui pendant des heures. « C’est Trevor qui vous en a parlé ? » demanda-t-elle, les sourcils légèrement froncés. C’était peu commun de la part de son frangin, mais ça pouvait arriver avec un verre de trop. « Oh, mais c’est super ! Ça doit être une vraie fierté pour vous. J’espère que tout ira bien pour elle. » s’exclama-t-elle en offrant un sourire sincère au médecin. Même si elle ne connaissait pas cette jeune femme, elle lui souhaitait vraiment le meilleur. Même si ses études avaient été différentes, elle savait très bien comment ça pouvait être difficile des études en médecine. La psy’ vint ensuite questionner l’homme sur son arrivée à Miami et elle ne put s’empêcher de rire légèrement lorsqu’il parla de la température. « Si vous aimez la chaleur, vous allez vraiment être heureux ici. Magnifique teint bronzé à l’année ! » C’était une des raisons qui l’avait mise malheureuse en Europe. Ce n’était pas le soleil de Miami. « Aujourd’hui, c’est sa journée de repos, mais il n’est pas rare qu’elle se présente quand même. C’est une surprise. » commença-t-elle par répondre à la rigolade. « Je suis persuadée que pour vous, elle peut redevenir célibataire. » Enchaîna la femme en donnant un petit coup de coudre amical au médecin. « Et si vous arrivez à la laisser à la maison lors de ses journées de congé, je vous en serai éternellement reconnaissante ! » Bon… Elle n’était pas la seule avec ce problème. Avant Arthur, Cha’ avait dû mal à rester à la maison lorsqu’elle était en congé, maintenant, son homme la gardait au lit lorsque leur journée de repos était synchronisée.