Quand le chat dort la souris dance (pv Ali Walcott)

Le docteur Walcott est dans tous ses états. Le service est pourtant calme, il n’y a eu aucune complication lors de sa seule opération du matin, mais c’est depuis cette dernière qu’il s’agite inutilement. La raison est aussi limpide que de l’eau de roche. Sofia. Sa fille de dix ans qui était présente ce matin à l’hôpital parce que son enseignante était malade, avait quitté le poste qu’il lui avait pourtant défendu de laisser. Ca n’était pas vraiment un poste, mais il lui avait demandé de rester dans son bureau et de regarder un film sur Netflix sur son ordinateur pendant qu’il était au bloc, n’ayant pas d’autre solution. Mais jamais Ali n’aurait dû la laisser sans surveillance. Il la savait très intelligente et très à l’écoute de ses patients, et s’il avait tenté de lui faire confiance puisqu’elle était capable de faire preuve de maturité, elle l’affolait à ce moment-même, parce qu’il courait dans tous les services. Il avait même feint de passer au sujet d’un patient dans le service obstétrique pour éviter d’annoncer à sa femme la mauvaise nouvelle et l’inquiéter. Elle n’avait pas pu aller bien loin. Elle n’était pas dans les chambres de ses patients, ni aux toilettes, ni aux urgences. Mort d’inquiétude, il n’arrêtait pas d’aller et venir pour tenter de retrouver Sofia, et passa même à son bureau pour voir si elle ne s’y était pas cachée. Aucune trace de l’enfant. Quittant la pièce, il longe le couloir alors que ses yeux partent dans tous les sens, sentant la pression monter d’un cran. Où a-t-elle pu aller ? Il l’ignore et il se maudit d’avoir laissé sa fille sans surveillance. C’est alors qu’il la trouve là à l’accueil en présence d’une chirurgienne traumatologue, Amelia Davis. Soulagé, il laisse échapper un soupir : « Mon dieu Sofia ! Ca fait une heure que je te cherche ! Où étais-tu, j’ai eu une de ces peurs ! » Il s’agenouille pour prendre sa fille dans ses bras et puis se relève immédiatement tandis que la jeune fille baisse les yeux un peu honteuse. Ils auront une discussion plus tard, mais le pédiatre tient à remercier Amélia. « Merci infiniment euh… Amelia c’est ça ? J’espère qu’elle ne vous a pas dérangée dans votre travail. Je suis confus, vraiment. Je n’aurais pas dû la laisser seule. » C’était sa propre erreur, pas celle de sa fille, du moins en premier lieu. Il était tellement heureux de l’avoir retrouvée grâce à Amelia qu’il était bien possible qu’il ne réprimande pas sa fille. « Vous l’avez trouvée où ? » Il se demandait ce qu’elle faisait au service traumato, ce qu’elle était allée y faire. Mais peut-être s’était-elle perdue aussi.

Ali s’en voulait terriblement d’avoir pu penser que sa fille pourrait rester sagement dans son bureau. La prochaine fois, il ferait en sorte de la rendre utile auprès d’une secrétaire, ou alors de trouver une copine avec qui elle pouvait passer la journée. Tout ce qu’il espérait c’était qu’elle n’aurait pas l’idée saugrenue d’aller en parler à sa mère ou ça serait sa fête. Amelia lui avoue que sa fille ne parle pas beaucoup et à ces mots, la petite resserre l’étreinte sur la jambe de son père. Souriant, Ali préfère expliquer la raison bien qu’il pense qu’il y ait aussi de la timidité. « C’est parce que je lui ai toujours appris à ne pas parler aux inconnus… » Ayant perdu Marissa très tôt des suites de sa leucémie, Ali a surprotégé Sofia. S’il prend le temps de lui faire découvrir plein de choses, il a tendance à en faire trop et d’ailleurs il se justifie dans un petit rire : « Stress parental ! » Ali a 46 ans sa fille n’en a que dix et bien qu’il soit déjà bien avancé dans sa vie, il reste parfois un jeune parent sur certaines choses qu’il n’a pas vécues avec son ainée. Il blêmit alors que la chirurgienne en traumatologie lui avouait qu’il était possible qu’elle ait vu des choses qu’elle n’aurait pas du voir. « Oh… Vous êtes sûre qu’elle a vu quelque chose ? Et les portes ouvertes ? C’est pas top les conditions d’hygiène… » Une salle d’opération ouverte l’inquiète bien plus que la vue du sang pour sa fille qui en étant fille de chirurgiens avait déjà vu beaucoup plus que la plupart des enfants de son âge. Le docteur Davis ajoute qu’elle a du nettoyer une plaie sur le genou de Sofia, et Ali se tourne immédiatement vers l’enfant : « Mon ange, t’es tombée ? Pourquoi t’es partie du bureau, je t’avais dit de rester… » Alors qu’il réitère les recommandations qu’il avait faites à sa fille, il n’a pas le temps de finir, qu’elle se met immédiatement à pleurer, contrariée d’avoir désobéi , d’être tombée ou tout ça à la fois. Si bien que son père l’attrape pour la porter dans ses bras, la consolant comme il le peut. « Ne pleure pas… Je ne t’engueule pas, j’étais juste inquiet. » Il dépose un baiser sur le front de sa fille, la berce alors qu’elle se blottit contre lui. « Merci beaucoup Amelia. J’apprécie. Elle ne devrait pas trainer ici, mais avec des parents chirurgiens…C’est pas évident. Vous avez des enfants ? » Qu’il questionne alors que sa fille se calme doucement.