Le chirurgien pédiatrique poussait enfin la porte d’entrée de sa grande villa. Cette maison était chère à ses yeux. C’était là que Marissa avait passé les cinq années de sa courte vie, où elle avait fait ses premiers pas et où son âme perdurait. Ali ne se voyait pas vendre cette maison, même avec le temps. Il souhaitait y vivre pour toujours. Pourtant à certains instants, ça n’était pas évident, notamment quand il a été contraint de divorcer. Refaire sa vie ici n’a pas dû être aisé pour l’autre moitié de son couple. Jersey est pourtant admirable. Elle lui montre chaque jour qu’elle est prête à faire des sacrifices pour leur couple et il s’estime chanceux. Tomber sur une personne telle qu’elle était une aubaine. La journée avait été intense pour le quarantenaire aux cheveux blonds. Il a enchainé deux opérations compliquées. S’il était confiant quant au sort des deux enfants, il y en avait une qui l’avait contrarié car il se demandait s’il avait pris la bonne décision de passer par l’acte chirurgical alors qu’il risquait d’entrainer une perte de sensibilité chez l’enfant. Soucieux, il avait décalé la deuxième opération, bien épuisé par le retard qu’avait entrainé l’autre. Il s’était isolé à l’air libre, dehors, songeant à Marissa, comme à chaque fois qu’il était anxieux à l’idée d’opérer un enfant. Ca ne lui arrivait pas souvent ces derniers temps, mais son petit ange lui manquait affreusement aujourd’hui. Il pourrait en parler à Kristen, sauf qu’il refusait d’aborder ce sujet avec elle. Il craignait de raviver une souffrance enterrée chez elle, ou de le plonger dans une dépression dont il ne parviendrait peut-être pas à s’extirper. Quant à en parler à Jersey, il considérait qu’il lui en avait déjà assez fait supporter. De toute façon, son téléphone n’avait plus de batterie. Finalement, il avait opéré le second enfant et avait terminé bien plus tard qu’à l’ordinaire. Il s’excusa auprès du personnel du bloc, comme à son habitude. Son équipe était d’une abnégation incroyable, mais ils avaient le droit à leur vie de famille aussi. Il était rentré le cœur plus léger, rassuré d’enfin pouvoir se poser auprès de sa famille bien que sa fille doive être surement couchée.
« Bonsoir mon amour. » Après avoir salué ses chiens, le docteur Walcott s’avança vers sa compagne déposant un baiser sur les lèvres de sa compagne. Il posa ensuite son sac dans le placard de l’entrée et déboutonnant ses boutons de manchettes, il fit ses plus plates excuses :
« Désolé de ne pas avoir prévenu, je n’avais plus de batterie sur mon téléphone. » Jersey regardait la télévision, un verre à la main. Souriant en s’installant à côté d’elle il ajouta : On ne se refuse rien à ce que je vois ! J’espère que tu as mangé, je n’ai pas faim. » Il était juste épuisé.
« Sofia est couchée ? » Il passerait surement la border dans quelques minutes, mais observant la femme qui partageait sa vie, i trouva que quelque chose clochait.
« Tout va bien ? » Elle semblait tracassée et à y réfléchir, ça ne lui ressemblait pas de boire de l’alcool à cette heure.
« Il y a quelque chose qui ne va pas ? » Peut-être lui en voulait-elle de ne pas avoir prévenu, et s’il pouvait le comprendre, elle savait également que son métier ne lui proposait pas des horaires de bureau mais des heures aléatoires en fonction des cas plus ou moins graves qu’il avait à régler.
« Tu as des problèmes au boulot ? » Il était loin de s’imaginer qu’il s’agissait d’autre chose.
@Jersey Aldrin